Aller au contenu

Hotepsekhemoui

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Hotepsekhemoui
Image illustrative de l’article Hotepsekhemoui
Vase en pierre d'Hotepsekhemoui.
Période Période thinite
Dynastie IIe dynastie
Fonction Souverain d'Égypte
Prédécesseur
Dates de fonction v. 2850 à 2820 avant notre ère[1].
Successeur Nebrê
Sépulture
Type Tombeau
Emplacement Saqqarah

Hotepsekhemoui est le nom d'Horus du premier roi de la IIe dynastie pendant la période thinite. Il succède au roi , peut-être après une période troubles, et précède Nebrê. Le Canon royal de Turin lui attribue 95 ans de règne tandis que Manéthon lui attribue trente-huit ans de règne[2]. Les égyptologues considèrent ces deux déclarations comme des interprétations erronées ou des exagérations et attribuent à Hotepsekhemoui un règne de vingt-cinq ou vingt-neuf ans. On situe son règne aux alentours de -2850 à -2820[1].

Attestations

[modifier | modifier le code]

Le nom de Hotepsekhemoui a été identifié par les archéologues de Saqqarah, Gizeh, Badari et Abydos à partir d'empreintes de sceaux d'argile, de récipients en pierre et de cylindres en os. Plusieurs inscriptions d'objets en pierre mentionnent Hotepsekhemoui ainsi que le nom de son successeur Nebrê, particulièrement dans sa possible tombe à Saqqarah[3],[4],[5],[6].

Signification du nom d'Horus

[modifier | modifier le code]

Le nom d'Horus d'Hotepsekhemoui est le sujet d'un intérêt particulier pour les égyptologues et les historiens, car il peut faire allusion à la politique turbulente de l'époque. Le mot égyptien Hotep signifie paisible et être heureux, mais il peut aussi signifier conciliation ou se réconcilier. Le nom complet de Hotepsekhemoui peut donc être lu comme les deux pouvoirs sont réconciliés, ce qui suggère une signification politique significative. En ce sens, les deux puissances pourraient être une référence à la Haute et à la Basse-Égypte ainsi qu'aux divinités majeures Horus et Seth[3],[7],[8].

Depuis le règne d'Hotepsekhemoui, il est devenu une tradition d'écrire le nom d'Horus et le nom de Nebty de la même manière. On pense qu'une sorte d'arrière-plan philosophique a influencé ce choix, puisque le nom d'Horus révèle une signification symbolique clairement définie dans sa traduction. Les noms Horus et Nebty étant les mêmes, cela pourrait aussi indiquer que le nom Horus a été adopté après avoir gravi le trône[3].

Hotepsekhemoui est communément identifié avec les noms en cartouches ramessides, Bedjaou de la liste d'Abydos, Bedjataou de Gizeh, Baounetjer de la table de Saqqarah et du Canon royal de Turin. L'égyptologue Wolfgang Helck pointe du doigt le nom similaire Bedjataou, qui apparaît dans une courte liste de rois trouvée sur un tableau d'écriture du mastaba G1001 du haut fonctionnaire Mesdjerou. Bedjataou signifie le fondeur et est considéré comme une mauvaise interprétation du nom Hotepsekhemoui, puisque les signes hiéroglyphiques utilisés pour écrire Hotep dans sa forme complète sont très similaires aux signes d'un four à poterie et d'un poussin dans les écrits hiératiques. Les signes des deux sceptres Sekhem ont été mal interprétés comme une jambe et un foret. Un phénomène similaire aurait pu se produire dans le cas du roi Khâsekhemoui, où les deux sceptres Sekhem du nom d'Horus ont été mal interprétés comme deux symboles de jambes. La liste d'Abydos imite cette forme de Bedjataou du nom de l'Ancien Empire. Le nom Baounetjer est problématique, car les égyptologues ne trouvent aucune source de noms de l'époque d'Hotepsekhemoui qui aurait pu être utilisée pour le former[3],[9],[10].

Le nom de la femme d'Hotepsekhemoui est inconnu. Un fils du roi et un prêtre de Sopdou nommé Perneb aurait pu être son fils, mais comme les sceaux d'argile portant son nom et ses titres ont été trouvés dans une galerie d'un tombeau attribué à deux rois également (Hotepsekhemoui et son successeur, Nebrê), la filiation royale exacte de Perneb reste incertaine[11],[12].

On sait peu de choses sur le règne de Hotepsekhemoui. Des sources contemporaines montrent qu'il a peut-être accédé au trône après une période de conflit politique, y compris des dirigeants éphémères comme Horus Oiseau et Sneferka (ce dernier est également considéré par certains comme un nom alternatif utilisé par le roi pendant une courte période). Pour preuve, les égyptologues Wolfgang Helck, Dietrich Wildung et George Reisner désignent la tombe du roi , qui fut pillée à la fin de la Ire dynastie[13] et restaurée sous le règne d'Hotepsekhemoui. Le pillage du cimetière et le sens exceptionnellement conciliant du nom Hotepsekhemoui peuvent être des indices d'une lutte dynastique. De plus, Helck suppose que les rois Horus Oiseau et Sneferka ont été omis des listes de rois ultérieures parce que leurs luttes pour le trône égyptien ont été des facteurs dans la chute de la Ire dynastie[3],[7],[14].

Les empreintes de sceaux témoignent d'une nouvelle résidence royale appelée Horus l'étoile brillante qui a été construite par Hotepsekhemoui. Il construisit également un temple près de Bouto pour la divinité peu connue Netjer-Achty et fonda la Chapelle de la Couronne blanche. La couronne blanche est un symbole de la Haute-Égypte. On pense qu'il s'agit là d'un autre indice de l'origine de la dynastie d'Hotepsekhemoui, indiquant une source probable de pouvoir politique[3],[15]. Des égyptologues comme Nabil Swelim soulignent qu'il n'y a pas d'inscription du règne d'Hotepsekhemoui mentionnant une fête-Sed, indiquant que le souverain n'a pas régné plus de trente ans (la fête-Sed était célébrée comme l'anniversaire marquant un règne de trente ans)[16].

L'ancien historien égyptien Manéthon a appelé Hotepsekhemoui Boéthos et a rapporté que pendant le règne de ce souverain un gouffre s'est ouvert près de Bubastis et beaucoup ont péri. Bien que Manéthon ait écrit au IIIe siècle avant notre ère - plus de deux millénaires après le règne actuel du roi - certains égyptologues pensent qu'il est possible que cette anecdote ait été fondée sur des faits, puisque la région près de Bubastis est connue pour être sismiquement active[2].

Entrée de la tombe près de la chaussée de la pyramide du roi Ounas.

L'emplacement de la tombe de Hotepsekhemoui n'est pas certain. Des égyptologues tels que Flinders Petrie, Alexandre Barsanti et Toby Wilkinson pensent qu'il pourrait s'agir de la gigantesque galerie souterraine Tombe B sous la chaussée de la pyramide du roi Ounas à Saqqarah. De nombreuses empreintes de sceaux du roi Hotepsekhemoui et de Nebrê ont été trouvées dans ces galeries. Ainsi, des égyptologues tels que Wolfgang Helck et Peter Munro pensent que la tombe pourrait être celle de Nebrê et non celle d'Hotepsekhemoui[6],[17],[18],[19],[20].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Selon D. B. Redford, R. Krauss ; autres avis de spécialistes : -2828 à -2800 (J. von Beckerath), -2793 à -2765 (J. Málek).
  2. a et b William Gillian Waddell, Manetho (The Loeb Classical Library, Volume 350), Harvard University Press, Cambridge (Mass.), 2004 (reprint) (ISBN 0-674-99385-3), p. 37–41.
  3. a b c d e et f Wolfgang Helck, Untersuchungen zur Thinitenzeit (Ägyptologische Abhandlungen), vol. 45, Harrassowitz, Wiesbaden, (ISBN 3-447-02677-4).
  4. Guy Brunton, Qau and Badari I, avec des chapitres par Alan Gardiner et Flinders Petrie, British School of Archaeology in Egypt 44, London 1927, Bernard Quaritch, Tafel XIX, 25.
  5. Gaston Maspero, « Notes sur les objets recueillis sous la pyramide d'Ounas » dans : Annales du service des antiquités de l'Égypte (ASAE) Vol. III, Le Caire 1902, p. 185–190.
  6. a et b Eva-Maria Engel, « Die Siegelabrollungen von Hetepsechmui und Raneb aus Saqqara », dans Ernst Czerny, Irmgard Hein, Hermann Hunger, Dagmar Melman, Angela Schwab, Timelines: Studies in Honour of Manfred Bietak, Leuven, Peeters, (ISBN 90-429-1730-X), p. 28–29.
  7. a et b Peter Kaplony, « Er ist ein Liebling der Frauen – Ein neuer König und eine neue Theorie zu den Kronprinzen sowie zu den Staatsgöttinnen (Kronengöttinnen) der 1./2. Dynastie », dans Manfred Bietak, Ägypten und Levante, Wien, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, (ISBN 978-3-7001-6668-9), p. 126–127.
  8. Peter A. Clayton, Chronicle of the Pharaohs: The Reign-by-reign Record of the Rulers and Dynasties of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson, (ISBN 0-500-28628-0), p. 26.
  9. Edward Brovarski, « Two Old Kingdom writing boards from Giza », dans : Annales du service des antiquités de l'Égypte (numéros 71 à 80)|Annales du Service des antiquités de l'Égypte, Vol.71, 1987, Table 1.
  10. Thomas Schneider, Lexikon der Pharaonen, Düsseldorf, Albatros, (ISBN 3-491-96053-3), p. 134.
  11. Toby A. H. Wilkinson, Early dynastic Egypt: Strategy, Society and Security, London u. a., Routledge, (ISBN 0-415-18633-1), p. 296.
  12. Peter Kaplony, Inschriften der Ägyptischen Frühzeit, vol. 3, (= Ägyptologische Abhandlungen Bd. 8), Wiesbaden, Harrassowitz, (ISBN 3-447-00052-X), p. 96 as Obj. 367.
  13. Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Dictionnaire des Pharaons, Paris, Éditions Noésis, [détail des éditions], p. 177.
  14. Dietrich Wildung, Die Rolle ägyptischer Könige im Bewußtsein ihrer Nachwelt, p. 36–41.
  15. Toby A. H. Wilkinson, Early Dynastic Egypt, London, Routledge, (ISBN 0-415-18633-1), p. 285 & 286.
  16. Nabil Swelim, Some Problems on the History of the Third Dynasty, Archaeological Society, Alexandria 1983, (Archaeological and Historical Studies 7). p. 67-77.
  17. Alexandre Barsanti, Annales du service des antiquités de l'Égypte - Suppléments, Volume II, Institut français d'archéologie orientale, Le Caire, 1902, p. 249–257.
  18. Toby A. H. Wilkinson, Early Dynastic Egypt, London, Routledge, (ISBN 0-415-18633-1), p. 83 & 84.
  19. Wolfgang Helck, Wirtschaftsgeschichte des alten Ägypten im 3. und 2. Jahrtausend vor Chr, Leiden, Brill, (ISBN 90-04-04269-5), p. 21–32.
  20. Peter Munro, Der Unas-Friedhof Nordwest I, Von Zabern, Mainz, 1993, p. 95.

Liens externes

[modifier | modifier le code]