Guillaume Grou
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Guillaume Grou, né le à Nantes[1] et mort le dans la même ville[2], est un important négociant et armateur nantais du XVIIIe siècle, à la suite de son père Jean-Baptiste Grou. Il a joué un rôle très important dans la traite négrière à Nantes.
Biographie
[modifier | modifier le code]Guillaume fait un apprentissage à Amsterdam. Il rentre à Nantes en 1719.
La fortune familiale dépasse alors un million de livres, permettant à Guillaume d'acheter, pour 60 000 livres, une charge anoblissante de conseiller secrétaire du roi.
Il est associé aux activités de son père, qu'il poursuit après la mort de celui-ci[3], avec son frère Jean-Baptiste, né en 1708. Au total, de 1714 à 1765 la famille Grou finance 114 expéditions, plus de la moitié pour la traite négrière.
En 1741[4], il épouse Anne O'Shiell, fille de Luc O'Shiell et belle-sœur d'Antoine Walsh, un des fondateurs de la Société d'Angola. Il entre donc dans le milieu des Irlandais de Nantes, très actifs dans le grand commerce.
À la mort de son beau-père en 1745, Anne, ses sœurs Agnès et Mary, ainsi que leur frère Luc Nicolas héritent du domaine de la Placelière à Château-Thébaud. Deux ans plus tard Guillaume Grou et Anne rachètent ce dernier. Le couple fera entièrement reconstruire le manoir en 1747-1748[5].
Il joue ensuite un rôle important dans la croissance de la société Grou et Michel, fondée en 1748, deuxième plus important opérateur de la traite négrière en France après la Société d'Angola.
Entre 1748 et 1751, la nouvelle société Grou et Michel, dotée de capitaux supplémentaires, représente 21 % des expéditions négrières au départ de Nantes. La guerre de Sept Ans donne cependant un coup de frein à son activité.
Il est élu consul des marchands en 1745, échevin en 1748 et juge-consul en 1755[6].
Il fait construire, entre 1747 et 1752, l'hôtel Grou sur l'île Feydeau. Ce bâtiment est en deux parties, un immeuble de rapport, ainsi qu'un hôtel particulier où Grou s'installe, ce qui occasionne un problème à son décès : il aurait souhaité être inhumé à Saint-Nicolas, comme toute sa famille, mais l'île Feydeau relève de Sainte-Croix ; s'appuyant sur un arrêt récent du Parlement imposant l'inhumation en fonction du lieu de résidence, le recteur de Sainte-Croix s'oppose au transfert. Guillaume Grou est de ce fait un des premiers inhumés du cimetière interparoissial de la Bouteillerie, ouvert seulement le , situé dans la paroisse Saint-Donatien. Son enterrement eut lieu de nuit, son cercueil précédé de quatre-vingt serviteurs noirs portant des flambeaux[7].
Sa fortune s'élève à près de 4,5 millions de livres. Son testament comporte d'importants legs « en faveur de l'humanité » :
- 200 000 livres à l'Hôtel-Dieu et au Sanitat, destinées à la création d'un orphelinat à Nantes, afin d'accueillir des enfants qui jusqu'alors sont placés à l'Hôtel-Dieu après avoir été en nourrice ;
- 30 000 livres à l'Hôtel-Dieu, en contrepartie d'une messe hebdomadaire perpétuelle ;
- 10 000 livres au Sanitat, en contrepartie d'une messe mensuelle perpétuelle.
Faute de descendants, ses affaires sont reprises par Anne O'Shiell. Elle meurt 19 ans plus tard, le . En novembre, le comité révolutionnaire de Nantes confisque la totalité des biens de la famille, dans des circonstances controversées[réf. nécessaire].
Hommages et critiques
[modifier | modifier le code]La rue Guillaume-Grou située près du Jardin des Plantes à Nantes, lui rend hommage.
En 2009, l'association Mémoires & Partages, fondée par l'essayiste Karfa Diallo, lance une campagne publique intitulée « Débaptiser les rues de négriers ? »[8]. Celle-ci vise à ouvrir le débat sur les rues honorant par leurs noms des négriers (armateurs ou esclavagistes) dans les cinq principaux ports négriers français : Nantes, La Rochelle, Le Havre, Bordeaux et Marseille. Dès le début, l'association Mémoires & Partages suggère, soit de rebaptiser les rues honorant des personnes ayant pris part à la traite, soit a minima d'apposer des plaques explicatives. La ville de Nantes, dans laquelle l'association a recensé une dizaine de rues parmi lesquelles se trouve la rue Guillaume Grou, avait donné son accord en 2018 pour les plaques explicatives[9], puis est revenue sur sa décision en 2020[10], avant de finalement accéder à cette demande en 2023[11].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Acte de baptême de Guillaume Grou (1er avril 1698) : St-Nicolas, vue 18. Parrain et marraine : Guillaume Guillermé, seigneur de Kerobert, conseiller échevin de Nantes, et Françoise Despinoze, veuve de Gabriel I Michel
- Acte de sépulture de Guillaume Grou (29 novembre 1774) : St-Nicolas, vue 81.
- Jean-Baptiste Grou meurt en 1740.
- Acte de mariage de Guillaume Grou avec Anne O'Shiell (17 janvier 1741) : St-Nicolas, vue 8.
- Site Infobretagne
- S. de la Nicollière, p. 12. La fonction de juge-consul correspond à : président de la Chambre de commerce.
- « histoire des établissements - La Placelière », sur chu-nantes.fr, (consulté le )
- Isabelle Moreau et Philippe Gambert, « Faut-il renommer les rues de négriers ? », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « Nantes: Des panneaux pour les rues portant un nom de négrier », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « A Nantes, la ville a renoncé aux plaques dans les rues aux noms négriers », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- Site Nantes Patrimonia, « Les noms de rue, témoins de l’histoire », sur patrimonia.nantes.fr (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Didier Guivarc'h, « Grou (Guillaume) », dans Dominique Amouroux, Alain Croix, Thierry Guidet, Didier Guivarc'h (dir.) et al., Dictionnaire de Nantes, Nantes, Presses universitaires de Rennes, , 1118 p. (ISBN 978-2-7535-2821-5), p. 477-478.
- Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps éditeur, , 414 p. (ISBN 978-2-363-12000-7), p. 190-191.
- Stéphane de La Nicollière-Teijeiro, Guillaume Grou, fondateur de l'hospice des orphelins à Nantes 1698-1774, Vannes, , 16 p.
- Maurice Savariau, « L'Hôpital des orphelins à Nantes (1783-1815) », L'Hospitalier, no 26, , p. 23-25 (ISSN 1149-5340, lire en ligne).