François Bonnaffé
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalité | |
Activité | |
Conjoint |
Jeanne Boyer |
Enfant |
Nombre d'enfants : 7, dont 5 filles et 2 garçons |
Propriétaire de |
---|
François Bonnaffé (Lacaune, , Bordeaux, ) est un armateur et négociant français, l'un des principaux de Bordeaux, et l'un des entrepreneurs les plus fortunés du royaume de France à la veille de la Révolution.
Biographie
[modifier | modifier le code]François Bonnaffé est né à Lacaune le . Il est le fils d’Étienne Bonnaffé et de Françoise Calmels, marchands drapiers protestants et propriétaires du domaine de Constansi[1] à Lacaune. François était le fils cadet. Il a suivi une éducation rudimentaire à Lacaune.
À l’âge de 17 ans, il part en apprentissage pour Bordeaux, port qui avait pris une grande expansion, grâce à une décision prise au début du règne de Louis XV : une exemption de taxes sur les marchandises importées ou exportées via ce port. Il arme pour la première fois en 1751[2]. À force de travail et d’esprit d’entreprise, il va devenir un des principaux armateurs de Bordeaux, à la veille de la Révolution[3]. En 1789, il disposait même d'une fortune évaluée à quinze millions de livres, ce qui le situe parmi les 10 grandes fortunes non nobiliaires du Royaume ! Il possédait également, en 1791, deux domaines viticoles, à Ambès et Saint-Louis de Montferrand, et 23 maisons en ville, dont l'hôtel Richelieu du cours de l'Intendance[4].
François Bonnaffé n'a pas pris le risque, contrairement aux Nairac, de se lancer avec sa propre compagnie maritime dans le commerce triangulaire[5]. Il se concentrait sur le commerce en droiture (sans passer par l'Afrique chercher des captifs) qu'il jugeait plus prudent. Malgré tout, les marchandises dont la maison Bonnaffé faisait le négoce, étaient produites par les esclaves des "habitations" coloniales, et en particulier de Guadeloupe et de Saint-Domingue. Également François Bonnaffé possédait d'importantes parts dans la compagnie Romberg et Bapst, très impliquée dans le traite des esclaves et qui administrait de nombreuses habitations aux Antilles[6].
En 1756, il épouse une riche protestante, Jeanne (Anne) Boyer, fille de Boyen de Poyen, créole de la Guadeloupe devenu un important homme d’affaires de Bordeaux (il possède alors 0,2 million de livres de capital mobilier, ce qui en fait un négociant aisé[2]). Sur les onze enfants qu'ils auront, sept ne mourront pas en bas âge : deux garçons et cinq filles, ce qui explique la très nombreuse descendance actuelle[7]. Il enverra ses deux fils, Étienne et Jean, faire leur éducation en Suisse. En effet, à l'époque les collèges en France exigeaient des "actes de catholicité" que les protestants Bonnaffé ont refusé de faire[4].
De 1768 à 1777, il expédie 37 navires vers les îles. Dans les années 1770, c'est le troisième imposable de Bordeaux ; il obtient son droit de bourgeoisie durant cette période[2].
Pendant la guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783), il n'a connu aucune perte et a même profité indirectement des avaries sur d'autres navires de commerce pour valoriser ses propres cargaisons. Ces succès lui valurent le surnom de Bonnaffé l'Heureux[4].
En 1780 il rachète trois maisons contigües situées place de la Comédie et rue Daurade pour la somme de 111 000 livres (équivalent à 1,25 million d'euros[8]). À cet emplacement il fait bâtir un somptueux hôtel particulier, l'hôtel Bonnaffé, avec comme architecte Étienne Laclotte. Ce dernier, jaloux du parisien Victor Louis, aurait voulu que son édifice s’élève suffisamment pour dominer la terrasse du Grand Théâtre[4].
Il investit également dans le vignoble et achète deux domaines, à Ambès et Saint-Louis-de-Montferrand[2].
Jusqu’à la mort de son frère aîné Étienne en 1783, il a échangé avec lui une correspondance suivie. En 1771 et 1777, à la suite d'une grande pénurie, il envoie des secours à Lacaune pour qu’ils soient distribués.
En 1787, François Bonnaffé achète une maison avec un terrain au sol de Gouty pour en faire don à la communauté protestante de Lacaune. En 1793, son actif vaut plus de 4,8 millions de livres ; il consacre 150 000 livres de dot à chacune de ses filles et 700 0000 livres à chacun de ses fils[2]. En 1805, le pasteur Moziman fera construire sur cet emplacement le temple actuel.
Avec le déclenchement de la Révolution française, le commerce maritime est interrompu par les Anglais qui maîtrisent les mers. Les affaires de François Bonnaffé connaissent alors une période de stagnation. En 1791, la révolte des esclaves à Saint-Domingue met un coup d'arrêt brutal à la croissance de l'économie bordelaise en général, et aux affaires de la maison Bonnaffé en particulier. Cette même année, sa femme Jeanne décède. François commence alors à se retirer progressivement des affaires au profit de son fils Jean de Lance, qui doit faire face à la dépréciation des assignats, et sauve plusieurs fois la vie de son père en payant grassement des révolutionnaires[9].
Le 13 août 1809, François Bonnaffé décède à l'age de 86 ans, et la légende raconte que sa mort survient alors qu'il se trouve sur le balcon de son hôtel place de la Comédie[4].
Hommage
[modifier | modifier le code]En 1898, la ville de Bordeaux donne son nom à une rue de l'ancien quartier Mériadeck[10].
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bertrand Guillot de Suduiraut, Une fortune de haute mer, François Bonnaffé, un armateur bordelais au dix-huitième siècle, Bordeaux, éditions Confluences, , 420 p. (ISBN 978-2910550776, présentation en ligne) (Compte rendu de lecture par Jean-Pierre Poussou ; revue Histoire, économie et société, 2002, volume 21, no 2)
- Séverine Pacteau de Luze, « François Bonnaffé », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 367-368 (ISBN 978-2846211901)
- Edmond Bonnaffé et Pierre Bonnaffé, Un armateur bordelais au XVIIIe siècle : François Bonnaffé, sa famille et son entourage (1740-1809) lire en ligne, Féret et fils, Bordeaux, 1909.
Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Métairie achetée par Étienne Bonnaffé en 1698 ; (Guillot de Suduiraut 2000, p. 25-26) ; rien ne subsiste des maisons et métairies Bonnaffé ; actuellement les nouveaux bâtiments sont un centre pour enfants handicapés (Complexe de Constancie)
- Chaline Olivier, La France au XVIIIe siècle, Belin, coll. « Belin Sup », , 392 p. (ISBN 2701162424), p. 177
- Camille Jullian, « Histoire de Bordeaux ; Les grandes familles de négociants ; début de François Bonnaffé en 1740 ; », sur 1886.u-bordeaux-montaigne.fr, (consulté le )
- Edmond Bonnaffé et Pierre Bonnaffé, Un armateur bordelais au XVIIIe siècle: François Bonnaffé , sa famille et son entourage (1740-1809) ..., Féret et fils, (lire en ligne)
- (Guillot de Suduiraut 2000, p. 71-74) Les routes noires de l'esclavage
- Françoise Thésée, Négociants bordelais et colons de Saint-Domingue. Liaisons d’habitations. La maison Henry Romberg, Bapst et Cie. 1783-1793, vol. 1, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, (lire en ligne)
- (Guillot de Suduiraut 2000, p. 7, 98) Description de la famille Bonnaffé, comprenant les 7 enfants et leur parent sur le tableau de Le Noir de 1781 et liste des 11 enfants
- « Convertisseur de monnaie d'Ancien Régime - Livres - euros », sur convertisseur-monnaie-ancienne.fr (consulté le )
- Pierre Bérard, Dans le sillage de La Pérouse. Hommes de mer et d'outremer du Tarn, Un autre Reg'Art,
- Annick Descas, « Dictionnaire des rues de Bordeaux », sur Éditions Sud Ouest (consulté le )