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Fernand Meyssonnier

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Fernand Meyssonnier
Fernand Meyssonnier en 2006, se tenant à côté d'un exemplaire de guillotine, modèle Berger 1872, construit vers 1890.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Père

Fernand Meyssonnier, né le à Alger en Algérie française et mort le à Fontaine-de-Vaucluse, fut un des derniers bourreaux en France[1], contractuel de la République française chargé de l'exécution de la peine capitale pendant la guerre d'Algérie.

Enfant, il désire devenir danseur et adore l'opéra. Il a pour parrain Henri Roch[2], exécuteur des sentences criminelles en Algérie. Il quitte l'école à treize ans et travaille aux ateliers des PTT. Il assiste à sa première exécution, dirigée par son père Maurice Meyssonnier, dit « Monsieur d'Alger », à l'âge de seize ans[3].

Il commence par devenir aide de son père en 1947. D'abord chargé du montage et démontage de la guillotine, il est nommé premier adjoint en 1957, chargé notamment de tenir la tête du condamné au moment de son exécution[4],[5].

Exécuteur en chef des arrêts criminels en Algérie pendant la guerre d'indépendance, Fernand Meyssonnier participa à l'exécution de près de deux cents condamnés entre 1947 et 1961[6],[5], dont deux en tant que remplaçant de son père. Le 11 février 1957, dans sa fonction de « photographe »[7] pendant la décapitation, il tint par les oreilles la tête de Fernand Iveton, seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Il en dira : « Celui-là fut un condamné à mort modèle, droit, impeccable, courageux, jusqu'au couperet »[8]. À partir de 1961, les exécutions capitales cessèrent en Algérie. À l'indépendance, l'État algérien abandonna l'usage de la guillotine, symbole à ses yeux de la colonisation, au profit du peloton d'exécution[9].

En 1961, peu avant l'indépendance algérienne, Fernand Meyssonnier partit s'installer à Tahiti et y vécut près de trente ans[10],[5]. Il y rencontra sa future épouse Simone, qui lui donna une fille. Après un début de reconversion difficile, il sut rebondir et créa plusieurs entreprises (restauration, pressing, etc.) qui devinrent florissantes.

La charge d'« exécuteur en chef des arrêts criminels » et de ses aides prit fin en 1981 lors de l'abolition de la peine de mort en France métropolitaine.

Fernand Meyssonnier rentra en métropole en 1990, où il passa sa retraite à Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse) où il a ouvert son musée de la Justice et du Châtiment, mais devant le faible nombre de visiteurs, il décide de vendre sa collection[11],[5]. Le 3 avril 2012, sa collection de 350 instruments de torture devait être mise aux enchères à Paris, sous l'intitulé « Peines et châtiments d'autrefois ». L'événement ayant cependant suscité un certain tollé, il fut annulé[12].

Souffrant d'un cancer du foie et de l'estomac[13], il meurt le 8 août 2008 à Fontaine-de-Vaucluse à l'âge de 77 ans.

Personnes exécutées

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Notes et références

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  1. Le dernier bourreau pour la métropole était Marcel Chevalier.
  2. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.96
  3. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.97
  4. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.96 : "Dès l'âge de seize ans, aux côtés de son père, il participe, en tant qu'adjoint bénévole, au montage et au démontage de la guillotine. A vingt-six ans, il remplit les fonctions de premier adjoint, tient la tête du condamné au moment de l'exécution et touche son premier salaire.
  5. a b c et d Patricia Tourancheau. Meyssonnier, bourreau à Alger. Libération, 9 octobre 2006. Lire en ligne
  6. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.96 : "De 1947 à 1961, Fernand Meyssonnier a participé à l'exécution de condamnés à mort en Afrique du Nord, où officiait déjà son père. Environ deux cents estime-t-il."
  7. Portrait du photographe : celui qui regardait la mort, documentaire de Jean-Denis Bonan, série Aléas, France 3, le 20 avril 2004 (no 2549866001001 aux archives de l'Ina, inatheque.fr et à la BnF).
  8. Pierre-Dominique Giacomini, J’ai tué pour rien, un commando Delta à Alger, éd. Fayard, 1974, p. 75.
  9. « En Algérie jusqu’en 1963, on exécutait les condamnés à mort par guillotine. Depuis, aucun mineur... », sur orientale.fr, L'équipe de Orientale.fr, (consulté le ).
  10. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.99 : "Tahiti, Fernand y a vécu près de trente ans."
  11. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.99 : "Puis, à Fontaine-de-Vaucluse, où il vit, il crée le musée de la Justice et du Châtiment. La guillotine y trône, grandeur nature ; une tête baigne dans le formol, les instruments de torture les plus sophistiqués s'alignet derrière des vitrines. Mais la noirceur sied mal à la Provence. Le touriste ne suit pas. Écœuré, le collectionneur décide de vendre la totalité de ses pièces."
  12. « La vente aux enchères d'instruments de torture n'aura pas lieu » - Le Point / AFP, 31 mars 2012.
  13. Sélection du Reader's digest n°672, février 2003, p.101

Bibliographie

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  • Fernand Meyssonnier et Jean-Michel Bessette, Paroles de bourreau, Paris 9782849524053, Editions Imago, , 320 p. (ISBN 978-2-84952-405-3, lire en ligne)
  • Frédéric Armand, Les bourreaux en France : Du Moyen Âge à l'abolition de la peine de mort, Paris, Perrin, coll. « Synthèses Historiques », , 336 p. (ISBN 978-2-262-03798-7)

Liens externes

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