Félix Kir
Félix Kir | |
Le chanoine Kir en 1963. | |
Fonctions | |
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Maire de Dijon | |
– (22 ans, 11 mois et 12 jours) |
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Élection | |
Réélection | 1947, 1953, 1959 et 1965 |
Prédécesseur | Georges Connes |
Successeur | Jean Veillet |
Député français | |
– (8 ans, 3 mois et 24 jours) |
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Élection | 30 novembre 1958 |
Réélection | 25 novembre 1962 |
Circonscription | 1re de la Côte-d'Or |
Législature | Ire et IIe (Cinquième République) |
Groupe politique | IPAS (1956-1962) RD (1962-1967) |
Prédécesseur | Circonscription créée |
Successeur | Robert Poujade |
– (13 ans et 29 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Réélection | 2 juin 1946 10 novembre 1946 17 juin 1951 2 janvier 1956 |
Circonscription | Côte-d'Or |
Législature | Ire Constituante IIe Constituante Ire, IIe et IIIe (Quatrième République) |
Groupe politique | RI (1945-1955) IPAS (1956-1962) |
Biographie | |
Nom de naissance | Félix Adrien Kir |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Alise-Sainte-Reine, France |
Date de décès | (à 92 ans) |
Lieu de décès | Dijon, France |
Parti politique | CNI |
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Maires de Dijon | |
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Félix Kir, né le à Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) et mort le à Dijon, connu surtout sous le titre de chanoine Kir, est un prêtre séculier, un chanoine et un homme politique français. Résistant, il fut, après-guerre, député-maire de Dijon durant 22 ans. Dans les années 1950, son nom a été donné à un cocktail, le kir.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et carrière ecclésiastique
[modifier | modifier le code]Issu d'une famille originaire d'Alsace et installée à Alise-Sainte-Reine[1], Félix Kir naît dans ce village en 1876. En 1891, il entre en quatrième au petit séminaire de Plombières-lès-Dijon et est ordonné prêtre en 1901. Il est successivement vicaire à Auxonne ; curé de Drée ; vicaire à l'église Notre-Dame de Dijon de 1904 à 1910 ; curé de Bèze de 1910 à 1924, ministère au cours duquel il est mobilisé pendant la guerre dans les services de santé. De 1924 à 1928, il est curé de Nolay. En 1928, l'évêque de Dijon le nomme directeur des œuvres et groupements d'hommes et des œuvres de presse. Il s'installe alors à Dijon. Il est nommé chanoine honoraire en 1931.
Résistant
[modifier | modifier le code]La Seconde Guerre mondiale permet au chanoine Kir d'exercer des responsabilités publiques. Le , alors que le maire de Dijon, Robert Jardillier, a quitté la ville, le chanoine Kir est nommé membre de la délégation municipale de Dijon. Il fait évader 5 000 prisonniers de guerre français du camp de Langres[2]. Cet acte lui vaut d'être détenu par les Allemands d'octobre à décembre 1940, puis relâché ; mais il perd alors ses fonctions municipales. Il est à nouveau arrêté, deux jours, en 1943. Son attitude patriote lui attire l'hostilité des collaborateurs. Le 26 janvier 1944, il est victime à son domicile d'un attentat perpétré non pas par la Milice, mais par des Français à la solde de l'Occupant, appartenant "au Kommando Sandrin organisé par l'Abwehrstelle[3]". Blessé de plusieurs balles, hospitalisé, il se soustrait aux recherches de la Gestapo en quittant Dijon, où il revient le , jour de la Libération de la ville.
Il est nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur en 1946 et cité à l'ordre de l'armée. En 1957, il est élevé au rang de commandeur de la Légion d'honneur[4].
Député-maire de Dijon
[modifier | modifier le code]En mai 1945, le chanoine Kir est élu maire de Dijon et le reste jusqu'à sa mort, étant réélu en 1947, 1953, 1959 et 1965. Il est conseiller général de Côte-d'Or et député à l'Assemblée nationale de 1945 à 1967, et inscrit au CNI. Il fut le doyen de l'Assemblée nationale de 1958 à 1967 et présida, en tant que doyen d'âge, la première séance de la Ve République[5].
À Dijon, sa réalisation la plus notable est le lac artificiel à l'ouest de la ville, créé pour agrémenter la ville et réguler les crues de l'Ouche. Inauguré le 20 juin 1964, il reçoit officiellement en 1965 le nom de lac du chanoine Kir. Sous les mandats du chanoine Kir, de nouveaux quartiers de Dijon sont urbanisés, notamment celui de la Fontaine-d'Ouche.
Le maire de Dijon apprécie les jumelages : il jumelle sa ville avec York et Dallas en 1957, Mayence en 1958, Reggio d'Émilie en 1963, Meknès en 1967[réf. nécessaire]. Dijon et Stalingrad sont associées en 1959.
C'était un personnage truculent, aux réparties mordantes. Il travailla de son vivant à créer sa propre légende, en s'attribuant des actions exceptionnelles. Il n'hésita pas à prendre le képi pour faire la circulation dans les rues de Dijon. À un député communiste qui l'invectivait sur sa foi, refusant qu'on pût croire en Dieu sans jamais l'avoir vu, il répondit :
« Et mon cul, tu l'as pas vu, et pourtant il existe ! »
Prêtre député, il portait, comme l'abbé Pierre, la soutane sur les bancs et à la tribune de l'Assemblée nationale[6]. À la tribune de l’assemblée, il eut cette formule :
« Mes chers confrères, on m’accuse de retourner ma veste et pourtant, voyez, elle est noire des deux côtés. »
Lors d'une visite officielle en France, le premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), Nikita Khrouchtchev, vint à Dijon le 28 mars 1960 pour rencontrer le chanoine Kir. Cette entrevue ne put avoir lieu, le chanoine en ayant été dissuadé par l'évêque de Dijon, soutenu par la Commission permanente de l'Épiscopat, en raison des persécutions commises contre les catholiques dans les pays communistes. L'après-midi du 28 mars 1960, Félix Kir quitta Dijon et n'y revint que le soir, pour éviter que se déroulent des manifestations devant son domicile, au moment de la visite de Khrouchtchev. Cet épisode, déformé par la presse, fut présenté comme un « enlèvement » du chanoine Kir. Cependant, le chanoine rencontra quelques semaines plus tard Nikita Khrouchtchev à l'ambassade soviétique à Paris, le 17 mai 1960. Puis il fut invité à lui rendre visite en septembre 1964 à Moscou, et il s'entretint avec lui au Kremlin[7].
Cette rencontre, ainsi que le jumelage (officiellement « protocole d'amitié ») de Dijon avec Stalingrad (aujourd'hui Volgograd) en 1959, firent de lui le plus célèbre « anticommuniste pro-bolchevik de l'Histoire de France ». Cela lui valut un désistement en sa faveur du candidat communiste au second tour des élections législatives de 1962 (alors qu'il était membre d'un parti nettement à droite, le Centre national des indépendants et paysans). Il fut alors réélu face au candidat gaulliste, réélection qui n'aurait pas été assurée sans ce désistement.
Décès
[modifier | modifier le code]Le chanoine Kir meurt à 92 ans le 25 avril 1968. Il est inhumé dans le cimetière d'Alise-Sainte-Reine[8]. Son adjoint, le docteur Jean Veillet, le remplace pour trois ans à la tête du conseil municipal, mais ne se présente pas aux élections municipales en 1971. Robert Poujade lui succède alors pour trente années à la mairie de Dijon.
Kir, l'apéritif
[modifier | modifier le code]Le chanoine donna son nom à une recette de vin blanc-cassis, le kir, que la mairie servait à ses invités depuis plusieurs décennies. En 1952, le chanoine concéda l'exclusivité du nom à la maison Lejay-Lagoute. Néanmoins, pour ne pas peiner les autres liquoristes de Dijon, il leur permit également d'utiliser son nom, ce qui provoqua un conflit : un arrêt de la Cour de cassation du 27 octobre 1992 réserva l’exclusivité du Kir à la maison Lejay-Lagoute, mais cet arrêt ne fut jamais appliqué[2]. Lorsqu'il se rendait à l'Assemblée, il emportait un cabas contenant une bouteille de vin blanc et une bouteille de liqueur de cassis et il offrait un kir à ses compagnons de voyage.
Décorations et distinctions
[modifier | modifier le code]- Commandeur de la Légion d'honneur[9]
- Croix de guerre –
- Croix de guerre –
- Médaille de la Résistance française
- Croix du combattant volontaire de la Résistance
- Croix du combattant volontaire
- Ordre de l'Empire britannique à titre civil (Officier honoraire, 1954)[10]
Œuvres littéraires
[modifier | modifier le code]- Félix Kir, Le Problème Religieux à la portée de tout le monde, Dijon, Imprimerie R. de Thorey, 1924, 119 p.
- Réédition : Chanoine Kir, Le Problème Religieux à la portée de tout le monde, Paris, Imprimerie des Orphelins d'Auteuil, 1950, 136 p., avec préface de Maurice Feltin, archevêque de Paris, du 6 janvier 1950.
Adaptation télévisée
[modifier | modifier le code]- Kir, la légende et son double par Éric Nivot, avec François Chattot dans le rôle de Kir. Diffusée en 2012 sur France 3
Références
[modifier | modifier le code]- Devance 2007, p. 14-15.
- Jean Vitaux, « Des bienfaits du cassis et de la truculence du Chanoine Kir », chronique « Histoire et gastronomie » [audio], sur Canal Académie.
- Devance 2007, p. 94.
- « Notice de Félix Kir », sur BNF (consulté le ).
- « Débats parlementaires : séance du mardi », Journal officiel de la République française, , p. 1 (lire en ligne)9 décembre 1958&rft.date=1958-12-10&rft.pages=1&rfr_id=info:sid/fr.wikipedia.org:Félix Kir">
- Anne Chemin, « « La loi de 1905, étape fondamentale de la laïcisation de la République française, est libérale et tolérante » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Devance 2007, p. 308-321.
- (en) Félix Kir, sur Find a Grave
- [1], http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=NOM&VALUE_1=KIR
- Archives de la ville de Dijon, 7 Z 229
Annexe
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-François Bazin et Alain Mignotte, Le chanoine Kir a-t-il existé ?, Dijon, Massebœuf, , 183 p. (OCLC 489744287, BNF 35173750).
- Jean-François Bazin et Alain Mignotte, Pour le meilleur et pour le kir, le roman d'un mot-culte, Mâcon, JPM, , 209 p. (ISBN 2-84786-008-8 et 978-2-84786-008-5, OCLC 469982601, BNF 38916037).
- Jean-François Bazin, Le chanoine Kir : la vie fantasque d'un homme politique en soutane, Paris, Colin, 2018.
- Louis Muron, Le Chanoine Kir, Paris, Presses de la Renaissance, , 235 p. (ISBN 2-85616-801-9 et 978-2-85616-801-1, OCLC 319800634, BNF 39118908).
- Charles Marquès, Le XXe siècle à l'hôtel de ville de Dijon, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, , 316 p. (ISBN 2-84479-100-X et 978-2-84479-100-9, OCLC 77266090, BNF 40957228).
- Louis Devance, Kir, je te pardonne : Le chanoine et son assassin, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, , 271 p. (ISBN 2-84479-095-X et 978-2-84479-095-8, OCLC 75252331, BNF 40923641).
- Louis Devance, Le chanoine Kir : L'invention d'une légende, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Sociétés », , II-471 p. (ISBN 2-915552-66-5 et 978-2-915552-66-9, OCLC 470906867, BNF 41030660).
- René Rémond, L'Anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Paris, Fayard, (1re éd. 1976), X-420 p. (ISBN 2-213-60260-3 et 978-2-213-60260-8, OCLC 612532023, BNF 37181491), p. 338 sqq.Sur l'« enlèvement » du chanoine Kir.
Liens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Chanoine du XXe siècle
- Prêtre catholique français du XXe siècle
- Maire de Dijon
- Membre de l'Assemblée constituante de 1945
- Membre de l'Assemblée constituante de 1946
- Député de la Côte-d'Or
- Député de la première législature de la Quatrième République
- Député de la deuxième législature de la Quatrième République
- Député de la troisième législature de la Quatrième République
- Député de la Ire législature de la Ve République
- Député de la IIe législature de la Ve République
- Doyen des députés de France
- Conseiller général de la Côte-d'Or
- Personnalité du Centre national des indépendants et paysans
- Résistant français
- Commandeur de la Légion d'honneur promu en 1957
- Personnalité liée au secteur des alcools
- Citoyen d'honneur de Mayence
- Naissance dans la Côte-d'Or
- Naissance en janvier 1876
- Décès à Dijon
- Décès en avril 1968
- Décès à 92 ans
- Mort causée par une chute dans un escalier
- Personnalité inhumée en Côte-d'Or