Aller au contenu

Ernst von Pfuel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ernst von Pfuel
General Ernst von Pfuel, le prince Frédéric-Guillaume et le colonel Kellermeister von der Lund (de)
Fonction
Ministre-président de Prusse
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
BerlinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Activités
Homme politique, militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Ernst Heinrich Adolf von Pfuel (né le quartier de Jahnsfelde, Müncheberg et mort le à Berlin) est un militaire prussien. Il est général d'infanterie prussien, réformateur de l'armée, commandant de la ville de Cologne ainsi que des secteurs prussiens de Paris[1], gouverneur du canton de Neuchâtel, membre de l'assemblée nationale prussienne en 1848, gouverneur de Berlin, ministre de la Guerre et ministre-président de Prusse.

Ernst est issu de la famille von Pfuel (de) établie à Jahnsfelde dans la Suisse marchoise (de) (en référence à la marche de Brandebourg). Il est le fils du général-major Ludwig von Pfuel (de), seigneur de Jahnsfelde et ancien maréchal de la cour du prince Frédéric-Guillaume de Prusse, et de Sophie Kranz (1755–1783). Son frère est le général Friedrich Heinrich Ludwig von Pfuel

Il se marie en premières noces le sur le domaine de Lenzke à Karoline von Byern (née le à Potsdam et décédée le à Berlin), fille de Karl Wilhelm von Byern (de), seigneur de Lenzke, et de Friederike von Zinnow. Ce mariage donne naissance à une fille et 5 fils dont le général Wolf von Pfuel (de), père du général Curt von Pfuel. En 1830, le couple se sépare après 22 ans de mariage après que sa femme est reconnue coupable d'infidélité.

Deux ans plus tard, le , Pfuel se remarie sur le domaine de Randau à son ancienne amante Amalie Wahlert, née von Alvensleben (le à Rathenow et décédée le sur le domaine de Randau), la fille de Gebhard Johann Achaz von Alvensleben (de), seigneur de Randau (de), et de Karoline von Radecke (de). Amalie a également commencé à fréquenter Ernst alors qu'elle était mariée à Georg Wahlert, un membre du conseil royal. Elle divorce en 1830.

Généalogie

[modifier | modifier le code]
Christian Friedrich von Pfuel (de), (1653–1702)
            ¦     Colonel et seigneur de Jahnsfelde
            ¦
        →Hempo Ludwig von Pfuel (de), (1690–1770)
       ¦    ¦  Major et membre du conseil secret, preuß. GehRat u. Major a.D., Président de la chambre de guerre et de domaine (de) de Halberstadt,
       ¦    ¦  seigneur de Jahnsfelde
       ¦    ¦ 
       ¦     →Helene von Veltheim (de), (1657–1727)
       ¦           Fille de Gottschalk von Veltheim auf Harbke (de)
       ¦
   →Ernst Ludwig von Pfuel (de), (1718–1789)
  ¦    ¦ 
  ¦    ¦     →Kaspar Jacob von Jagow auf Pollnitz u. Kalenberge
  ¦    ¦    ¦     
  ¦     →Hedwig Sophie von Jagow, (1697–1764)
  ¦         ¦ 
  ¦          →Maria Elisabeth von Katte
  ¦                  
Ernst von Pfuel, (1779–1866) ministre de la guerre et ministre-président de Prusse
  ¦
  ¦     →Heinrich Gottfried Kranz
  ¦    ¦      Médecin du régiment Krosigk
  ¦    ¦
   →Johanna Christiane Sophie Kranz, (1755–1783)
       ¦   
        →Sophie Margarethe Hermann aus Aschersleben
         

À l'âge de 13 ans, il est envoyé par sa famille à l'école des cadets de Berlin pour y suivre une formation d'officier. Lors des guerres napoléoniennes, il participe à la bataille d'Iéna en tant qu'adjudant du général Graf von Schmettau. Après la défaite prussienne, il entre en 1809 au service de l'état-major autrichien, puis jusqu'en 1813 au service des Russes. Il participe notamment aux attaques face à l'empereur français lors de sa retraite de Russie. En 1813, il entre dans Berlin à tête d'un corps de cosaques. Il fait partie de l'état-major commandé par Blücher en 1815 et devient gouverneur des secteurs prussiens de Paris, ainsi que de la ville de Cologne. On lui doit notamment le retour du quadrige au sommet de la porte de Brandebourg en 1814. Cela vaut à la famille Pfuel de pouvoir défiler par le passage du milieu de la porte jusqu'à l'abdication de Guillaume II en 1918.

Pfuel est considéré comme assez libéral et prêt à réformer. À Berlin, c'est l'un des rares officiers à fréquenter le salon de Rahel Varnhagen.

En 1831, il est envoyé dans le canton de Neuchâtel afin de mater la révolte qui s'y déroule. En 1838, il devient commandant général du 7e corps d'armée[1]. Entre 1832 et 1848, année de la révolution de mars, il est gouverneur du canton suisse, appartenant alors au royaume de Prusse.

1848 et la révolution de mars

[modifier | modifier le code]

Pfuel est très brièvement gouverneur de Berlin : du 11 au pour être précis. Le 15, il se place devant ses troupes, qui combattent déjà les révoltés, afin d'éviter un bain de sang. Cela lui coûte son poste.

Le 21 septembre, il est nommé ministre-président et ministre de la guerre de Prusse. Il ne dispose cependant que peu de liberté pour former son cabinet. Le lendemain, il présente son programme devant l'assemblée nationale prussienne. Il y déclare qu'il veut certes défendre les droits et la dignité du monarque, il est cependant « fermement décidé à rester sur la voie constitutionnelle, à défendre les libertés fraîchement acquises, à repousser toutes tentations réactionnaires, à colporter le souci du respect de la constitution dans toutes les branches de l'administration et à considérer sacrés les droits et les libertés du peuple[2] ». Son décret militaire de septembre 1848, dans lequel il déclare qu'un officier prussien ne peut d'aucune manière manifester son opposition à la constitution, lui vaut une forte rancune parmi ces derniers. Le roi lui renvoie la responsabilité des décisions de l'assemblée nationale en octobre, dans lesquelles elle met fin à la noblesse, aux ordres et à la mention de « de droit divin » dans le titre royal. Il lui reproche de ne pas avoir réussi à résister à ces décisions, en conséquence Pfuel doit présenter sa démission le .

Fondation de l'école de natation de Berlin en juillet 1817

Fondateur de la natation dans l'armée

[modifier | modifier le code]

La réforme la plus célèbre de von Pfuel est celle du sport militaire. Il introduit le premier les leçons de natation pour les soldats et fonde en 1810 à Prague la première école de nation militaire au monde. À Berlin, un établissement de bains similaire dans les eaux de la Spree est inauguré en 1817 au 12 Köpenicker Straße (de) près de l'Oberbaum. C'est la première piscine de la ville et dès l'ouverture les civils et en particulier les écoliers peuvent y avoir accès. Elle est ouverte jusqu'en 1925 ou 1933. Cette première piscine dans les eaux du fleuve sert de modèle aux futurs établissements de bains de la ville. Elle est construite sur des pieux et est entourée par son bassin. Pour des raisons de pudeur, les bassins ne sont pas visibles depuis l'extérieur.

Fête anniversaire pour les 50 ans de la piscine Pfuel de Berlin en 1867

La conception qu'à Pfuel de la natation se rapproche de celle qu'avait du sport en général Ludwig Jahn. Les garçons (quelques hommes également mais jamais de fille ou de femme) qui sont capables de traverser la Spree et de revenir à la nage se voient attribuer un diplôme de natation (Diplom der Schwimmkunst). Parfois, Pfuel organise des fêtes de la natation à l'Oberbaumbrücke. Il contribue à la diffusion de la brasse comme méthode de nage, qu'il considère comme la plus efficace. Dans les 50 années qui suivent, près de 70 000 militaires et civils apprennent dans la piscine Pfuel la nage.

Il rend la méthode d'apprentissage Angel populaire. Elle consiste à pendre le débutant au moyen d'une sangle, tout d'abord sur un tabouret puis dans l'eau, et de lui demander de réaliser les différents mouvements de la nage dans cette position. Ce n'est toutefois pas toujours facile pour lui de convaincre ses recrues de sauter dans le grand bain.

Pfuel et Kleist

[modifier | modifier le code]

L'amitié qu'entretient Pfuel avec Heinrich von Kleist date de leur rencontre au sein du 18e régiment d'infanterie de Potsdam. Ils participent ensemble à un voyage en Suisse en 1803, qui les mène ensuite en Italie puis en France. Dans une lettre de cette période de Kleist déclare sa flamme à Pfuel[3]. Pfuel met précautionneusement à l'abri cette lettre, qui n'est découverte qu'après sa mort. Elle reste dans les archives du domaine au château Jahnsfelde au milieu des écrits et des distinctions du ministre-président jusqu'en 1945.

Pfuel en grande pompe

Distinctions et postérité

[modifier | modifier le code]

À partir de 1816, il est membre de la Société sans loi de Berlin. Une rue du Kreuzberg à Berlin porte son nom.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c (de) « Bibliographie de Pfuel dans le Adels-Lexikon » (consulté le )
  2. « fest entschlossen, auf dem betretenen konstitutionellen Wege zu verharren, die erworbenen Freiheiten zu bewahren, alle reaktionären Bestrebungen zurückzuweisen, in allen Zweigen des öffentlichen Dienstes Befolgungen der konstitutionellen Grundsätze Sorge zu tragen, die Rechte und Freiheiten des Volkes heilig zu halten »
  3. (de) « Lettre de Kleist à Pfuel du 7 janvier 1805 » (consulté le )