Doula
Une doula est une personne qui apporte soutien et accompagnement moral et pratique à une femme enceinte ou un couple durant la grossesse, la naissance, la période néonatale et en fin de vie. D'autres termes sont utilisés dans le monde francophone pour désigner des formations spécifiques : accompagnante à la naissance, accompagnante en périnatalité, assistante périnatale.
Présent sous diverses formes dans plusieurs cultures, le métier de doula émerge comme un nouveau métier à la fin du XXe siècle dans l'Occident moderne. En France, sa définition apparaît pour la première fois dans le dictionnaire Hachette en 2011.
L'association britannique Doula UK estimait pour sa part en 2015 qu’environ 5 000 femmes utilisaient les services d’une doula[1].
Présentation
[modifier | modifier le code]L'étymologie du mot doula vient du grec moderne doúla (δούλα) qui signifie « travailleuse/servante ». Avec le temps, les doulas ont repris ce terme à connotation péjorative (« trimeuse ») pour se le réapproprier. Les doulas ou « accompagnantes à la naissance » sont disponibles pour le couple dès la grossesse, pendant l'accouchement et jusqu’à plusieurs mois après la naissance. Une doula apporte un soutien émotionnel et pragmatique, offre une écoute, répond aux questions, discute des problèmes rencontrés et aide à trouver, si possible, des solutions. Elle accompagne dans les situations très difficiles comme une maladie, une dépression postnatale ou lors du décès d’un enfant. En général, la doula se veut de répondre aux besoins des personnes qui encourent un processus de parentalité, sans responsabilité médicale[2]. Son objectif est d’accompagner les futurs parents en leur permettant de faire des choix informés[2]. Enfin, elle s’engage à la confidentialité et se soumet au secret professionnel.
Bénéfices
[modifier | modifier le code]Une étude américaine[3] portant sur 686 femmes compte parmi les bénéfices de l'accompagnement par une doula :
- un accouchement plus facile ;
- abaissement de 50 % du taux de césarienne ;
- diminution de 25 % de la durée du travail ;
- diminution de 60 % de l'utilisation d'une péridurale ;
- de 40 % d'utilisation d'ocytociques ;
- et l'utilisation des forceps diminuée de 30 %.
Plusieurs autres études ont également montré des bénéfices similaires[4],[5],[6],[7]. Ainsi plusieurs d'entre elles montrent également une diminution de 30 % de l'utilisation des médicaments pour soulager la douleur.
L’OMS a reconnu en 2012 qu'aux Etats-Unis, pour les mères ayant le VIH, « au vu de tous les avantages et de toutes les économies possibles que la présence d’une doula peut offrir au système de santé (moindre probabilité des césariennes et de recours aux analgésiques), les décideurs politiques devraient considérer la possibilité d’une prise en charge publique d’un recours aux services d’une doula »[8].
D’autres études réalisées sur une dizaine de milliers de femmes dans une vingtaine de pays confirment que la présence rassurante et continue d’une accompagnante est corrélée à moins de risques et de recours à des analgésiques[9],[10],[11],[12],[13].
Controverses
[modifier | modifier le code]Des controverses ont surgi lors de l’apparition de cette activité. Le milieu médical s’est ainsi rapidement inquiété d’un possible exercice illégal de la médecine. En France, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes (CNOSF) et l'Académie nationale de médecine se sont prononcés en 2008 contre la reconnaissance de la profession de doula[14],[15]. L’Académie nationale de médecine, en particulier, se disait par l’intermédiaire du Pr Roger Henrion « soucieuse de l’immixtion de personnes insuffisamment formées dans le déroulement de la grossesse et de l’accouchement »[16]. Il voyait également dans l'émergence du phénomène une demande croissante d'accompagnement psychologique adapté à chaque parturiente. En effet, les sages-femmes sont davantage formées sur la technicité des évènements de la grossesse et de l'accouchement que sur ses aspects plus intimes.
En France, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a, pour sa part, classé le métier d’accompagnement à la naissance parmi les dérives sectaires en 2007[17], soit peu après son apparition sur le territoire, avant de le retirer dès l’année suivante.
Progressivement, le rôle des doulas fut mieux compris par le milieu médical, qui reconnut la complémentarité de l’apport de cette nouvelle profession au rôle thérapeutique joué par le personnel médical[14], puisqu'une doula ne s'immisce pas dans le domaine médical[18].[non neutre]
Ainsi, au Royaume-Uni, la principale association, Doula UK créée en 2001, est reconnue par le Collège royal des sages-femmes (Royal College of Midwives, RCM) et reconnaît que de « nombreuses sages-femmes parviennent à collaborer de manière très positive avec les doulas », à partir du moment où les rôles de chacun sont clairs[19].
En Pologne, la profession de doula est reconnue par le gouvernement depuis 2015[20].
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alana Apfel, Victoria Law, Silvia Federici et Geneviève Pruvost, Donner naissance : doulas, sages-femmes et justice reproductive[21].
- Adela Stockton, Marie-Cécile Baland et Emmanuelle Burr, Les doulas: une présence tout en douceur à la naissance[22]
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Association Doulas de France
- (en) Vidéo sur les doulas de L'école de médecine et santé publique de l'Université du Wisconsin (en)
- (en) L'évolution du rôle des doulas
- Ressources relatives à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Pregnant women employ ‘doulas’ for support during labour as NHS », sur The Independent, (consulté le )
- Andrea Ford, « Attuned Consent: Birth Doulas, Care, and the Politics of Consent », Frontiers: A Journal of Women Studies, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Susan K McGrath, John H Kennell, « A randomized controlled trial of continuous labor support for middle-class couples: effect on cesarean delivery rates », Birth, vol. 35, no 2, , p. 92-7. (PMID 18507579, DOI 10.1111/j.1523-536X.2008.00221.x) Étude prospective randomisée menée par le département de pédiatrie de l'Université Case Western Reserve de Cleveland, Ohio, États-Unis.
- (en) Klaus, Marshall H., John Kennel et Phyllis Klaus. Mothering the Mother: How a Doula Can Help You Have a Shorter, Easier, and Healthier Birth. Reading, Massachusetts: Addison-Wesley Publishing House, 1993.
- (en) Hodnett ED, Gates S, Hofmeyr GJ, Sakala C. « Continuous support for women during childbirth » Cochrane Database Syst Rev. 2003.
- (en) Scott KD, Klaus PH, Klaus MH. « The obstetrical and postpartum benefits of continuous support during childbirth » J Womens Health Gend Based Med. 1999.
- (en) Scott KD, Berkowitz G, Klaus M. « A comparison of intermittent and continuous support during labor: a meta-analysis » Am J Obstet Gynecol. 1999.
- (en) Rose Wilcher et Willard Cates, « Reproductive choices for women with HIV », Bulletin of the World Health Organization, vol. 87, no 11, , p. 833–9. (ISSN 0042-9686, DOI 10.2471/blt.08.059360, lire en ligne, consulté le )
- « RHL », sur extranet.who.int (consulté le )
- (en) ND Vignesvaran, « Massage Therapy », dans Alternative Therapies for Medical Professionals, Jaypee Brothers Medical Publishers (P) Ltd., (ISBN 978-81-8448-361-1, lire en ligne), p. 226–226
- (en) Meghan A Bohren, G Justus Hofmeyr, Carol Sakala et Rieko K Fukuzawa, « Continuous support for women during childbirth », Cochrane Database of Systematic Reviews, (ISSN 1465-1858, DOI 10.1002/14651858.cd003766.pub6, lire en ligne, consulté le )
- (en) Patricia Rosen, « Supporting Women in Labor: Analysis of Different Types of Caregivers », Journal of Midwifery & Women's Health, vol. 49, no 1, , p. 24–31 (ISSN 1526-9523, DOI 10.1111/j.1542-2011.2004.tb04404.x, lire en ligne, consulté le )
- (en) Kathleen G. Auerbach, « Midirs Midwifery Digest », Journal of Human Lactation, vol. 7, no 4, , p. 207–207 (ISSN 0890-3344 et 1552-5732, DOI 10.1177/089033449100700429, lire en ligne, consulté le )
- Principal éditeur, « La professionnalisation des doulas », sur ciane.net CIANE, (consulté le ).
- Voir à ce sujet la transcription de l'atelier Accompagner la naissance : le droit, la déontologie, les attentes des usagers [archive] aux États généraux de la naissance 2006, et le texte Où se situe la responsabilité d’un accompagnant non médical de la naissance ? concernant le droit français.
- « 08-04 Les doulas : une profession émergente ? », sur www.academie-medecine.fr Académie nationale de médecine | Une institution dans son temps, (consulté le ).
- Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, « Rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires » [PDF], sur www.miviludes.gouv.fr.
- « 5 professions incontournables de la maternité », sur www.journaldesfemmes.fr (consulté le ).
- (en) The Royal College of Midwives, « Position Statement - Doula » [PDF], sur www.rcm.org.uk.
- (pl) « Wortal Publicznych Służb Zatrudnienia prowadzony przez Ministerstwo Rodziny, Pracy i Polityki Społecznej - aktualna strona : Wyszukiwarka opisów zawodów », sur psz.praca.gov.pl (consulté le ).
- Apfel, Alana., Law, Victoria., Federici, Silvia (1942-....). et Pruvost, Geneviève. (trad. de l'anglais), Donner naissanc e : doulas, sages-femmes & justice reproductive, Paris, Cambourakis, 205 p. (ISBN 978-2-36624-290-4, OCLC 1011094947, lire en ligne).
- Adela Stockton, Marie-Cécile Baland et Emmanuelle Burr (trad. de l'anglais), Les doulas : une présence tout en douceur à la naissance, Gap, Éd. le Souffle d'or, , 189 p. (ISBN 978-2-84058-446-9, OCLC 805018155, lire en ligne)