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Don't Let Me Down

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Don't Let Me Down

Single de The Beatles
Face A Get Back
Face B Don't Let Me Down
Sortie
Enregistré 28 et
3 Savile Row, Londres
Durée 3:30
Genre Blues rock
Format 45 tours
Auteur-compositeur John Lennon
Paul McCartney
Label Apple

Singles de The Beatles

Pistes de Let It Be... Naked

Pistes de Past Masters

Don't Let Me Down est une chanson des Beatles, entièrement écrite par John Lennon bien que créditée Lennon/McCartney et enregistrée en . La chanson est parue en single le de la même année, en face B de Get Back. Lennon compose Don't Let Me Down à destination de sa compagne Yoko Ono, devenue sa seconde épouse au moment de la publication du single.

Initialement censée figurer sur l'album Let It Be, la chanson n'est finalement pas retenue par Phil Spector, le producteur de ce disque. Don't Let Me Down paraît toutefois en 2003 sur Let It Be... Naked, une version épurée de l'album original.

Composition

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Don't Let Me Down est écrite au cours des sessions du projet Get Back époque où les Beatles commençaient sérieusement à se disloquer. John Lennon notamment prend de plus en plus ses distances avec le groupe, pour passer le plus clair de son temps avec sa compagne Yoko Ono, dans les studios et en dehors.

Dans le contexte de cette relation fusionnelle, et la consommation de drogues aidant, Lennon versait toujours plus dans la paranoïa[1]. Il adresse donc Don't Let Me Down (« ne me déçois pas » et aussi littéralement « ne me laisse pas tomber ») à Ono, manifestant sa crainte d'être trahi et abandonné[2]. Paul McCartney l'interprète comme « une authentique demande, un appel », avec Lennon disant à Ono : « Cette fois, j'ai vraiment dépassé les limites. Je laisse voir ma fragilité, ne me laisse pas tomber. »[1]

McCartney reconnaît l'entière paternité du texte à John Lennon, même s'il chante avec lui[1]. Inspiré par le style artistique minimaliste de Yoko Ono, Lennon écrit là un texte simple et sans détour[2], où Ono est présentée en substance comme son premier amour (« I'm in love for the first time... »), qui doit durer pour toujours, et qui n'a pas de passé[3]. Son premier mariage avec Cynthia Powell n'était effectivement pas heureux.

Enregistrement

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Si le travail sur le titre commence dès le aux studios Apple de Savile Row[4], Don't Let Me Down est véritablement enregistrée le suivant[5]. Malgré les dissensions entre les membres du groupe, cette session se révèle plutôt productive puisque Get Back, le titre de Paul McCartney, est également mis en boîte. Déjà, le résultat de ces deux enregistrements est probant pour une parution en single[5]. Les Beatles sont accompagnés du jeune pianiste Billy Preston, ami de George Harrison et invité par celui-ci pour sortir le groupe de la torpeur et l'ambiance délétère qui l'accablent, tout au long des sessions du « projet Get Back ».

Le regain de motivation du groupe, et notamment cette session particulièrement productive, sont souvent mis au crédit de la présence de Preston. George Harrison explique à ce propos que les « vibrations dans le studio se sont améliorées de 100 % », et il compare la présence de Preston à celle d'Eric Clapton lors des sessions de l'album blanc[6]. Ringo Starr tempère :

« Je ne crois pas qu'on se soit mieux conduits à cause de Billy Preston. Je crois qu'on travaillait sur un bon titre, et c'est une chose qui nous motivait toujours. Sa collaboration y contribuait également [...] Get Back était un bon titre. Je me suis dit : « C'est un titre qui va nous donner un coup de pied au cul. Comme Don't Let Me Down. »[6] »

Deux jours plus tard, les Beatles jouent deux fois Don't Let Me Down lors du « concert privé » du , donné sur le toit de l'immeuble d'Apple Records. Une partie de ce concert est visible à la fin du film Let It Be ; on peut notamment s'apercevoir que John Lennon oublie, ou change volontairement quelques paroles de la chanson, échangeant des sourires complices avec Paul McCartney et faisant rire Ringo Starr. Ce concert se passe donc dans la bonne humeur générale, en parfait contraste avec la tension qui régnait au sein du groupe à cette époque[7].

En février, la date exacte est inconnue, la piste sur laquelle McCartney fait les harmonies vocales est effacée de la bande du pour réenregistrer sa voix et celle de Lennon, afin de corriger des imperfections dans la prestation de ce dernier[8]. La chanson est ensuite remixée par Glyn Johns le suivant[9]. On retrouve ainsi John Lennon au chant et à la guitare rythmique ; Paul McCartney pour les chœurs et à la basse ; George Harrison en guitariste soliste ; Ringo Starr à la batterie ; et enfin Billy Preston au piano électrique.

Parution et reprises

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Don't Let Me Down est publiée en face B de Get Back le [9]. Dans l'esprit du « projet Get Back », qui devait voir les Beatles revenir aux sources et jouer dans les conditions du live, sans overdubs, le single est présenté par Apple Records comme « The Beatles as nature intended » (les Beatles tels que la nature les a voulus)[10]. De tout ce qui a été enregistré par le groupe en , seules ces deux chansons sont publiées cette année-là. Le reste devra attendre près d'un an; jusqu'en mars 1970 pour le single Let It Be et en mai pour l'album homonyme[11].

Ce 45 tour est officiellement crédité « The Beatles with Billy Preston », ce que ce dernier qualifie de « grand honneur ». Il s'agit de la seule et unique fois où le nom d'un musicien extérieur est inscrit sur un disque des Beatles. Cependant, les deux titres ne sont crédités d'aucun producteur, en cause les rôles confus de George Martin et Glyn Johns[9]. En effet, si Johns était en principe assistant de Martin, il a officié dans les faits comme producteur à de nombreuses reprises. En l'absence de clarification sur les rôles joués par l'un et par l'autre, on renonce à mentionner le producteur[12].

Le single, publié le au Royaume-Uni et le 5 mai aux États-Unis, est un énorme succès mondial, N°1 des deux côtés de l'Atlantique et vendu à des millions d'exemplaires. Le titre à l'honneur est Get Back.

En mars 1970, lorsque Phil Spector se voit confier les rênes du prochain disque Let It Be, il décide d'écarter Don't Let Me Down de la liste des chansons. Celle-ci fait toutefois son retour en 2003 sur Let It Be... Naked, une version de l'album épurée du travail de Spector grâce à l'intervention de Paul McCartney. Cette version inédite de la chanson a été enregistrée lors du concert sur le toit d'Apple où le groupe l'a interprétée à deux reprises. C'est un montage des deux prestations car Lennon a fait des erreurs dans les paroles lors de chaque tentatives mais heureusement à des endroits différents[8].

Hormis ses parutions en single et sur Let It Be... Naked, Don't Let Me Down est présente sur les compilations Hey Jude, The Beatles 1967-1970, Past Masters et sur la bande-son du documentaire Imagine: John Lennon.

Musicien additionnel

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Personnel par Ian MacDonald[13]

Aucun crédit officiel du producteur n'a été inclus pour la sortie du single en raison « des rôles confus de George Martin et Glyn Johns »[9]. Cependant, selon les notes de pochette de la compilation The Beatles 1967-1970, ce serait Martin qui serait le producteur de la chanson.

Don't Let Me Down a notamment été reprise par :

Références

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  1. a b et c (en) « Interview de Paul McCartney », sur The Beatles Interviews Database (consulté le ).
  2. a et b Turner 1999, p. 172.
  3. (en) Paroles de Don't Let Me Down sur stevebeatles.com. Consulté le 21/06/2010
  4. Lewisohn 1988, p. 164.
  5. a et b Lewisohn 1988, p. 168.
  6. a et b The Beatles Anthology 2000, p. 318.
  7. Herstgaard 1995, p. 325-326.
  8. a et b (en) Kevin Howlett, Don't Let Me Down; Track By Track - Let It Be Super Deluxe Edition, 2021, Apple. (p. 73).
  9. a b c et d Lewisohn 1988, p. 172.
  10. The Beatles Anthology 2000, p. 319.
  11. Notes de l'album Let It Be (remaster 2009)
  12. Hill 2008, p. 341.
  13. MacDonald 2005, p. 332–333.

Bibliographie

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  • Les Beatles, The Beatles Anthology, Seuil, , 367 p. (ISBN 978-2-02-041880-5)
  • Steve Turner (trad. de l'anglais), L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Paris, Hors Collection, , 284 p. (ISBN 2-258-06585-2)
  • Tim Hill (trad. de l'anglais), The Beatles : quatre garçons dans le vent, Paris, Place des Victoires, , 448 p. (ISBN 978-2-84459-199-9)
  • Mark Herstgaard (trad. de l'anglais), L'art des Beatles : Abbey road, Paris, Stock, , 500 p. (ISBN 2-234-04480-4)
  • (en) Mark Lewisohn, The Complete Beatles Recording Sessions, The True Story of the Abbey Road Years, Hamlyn, (ISBN 0-600-61207-4)
  • (en) Ian MacDonald, Revolution in the Head: The Beatles' Records and the Sixties, Londres, Pimlico (Rand), , 2e éd. (ISBN 1-84413-828-3).