Delmer Daves
Nom de naissance | Delmer Lawrence Daves |
---|---|
Surnom | Del[n 1] |
Naissance |
San Francisco, Californie |
Nationalité | Américain |
Décès |
(à 73 ans) La Jolla, Californie |
Profession | Réalisateur, Producteur, Scénariste et Acteur |
Films notables |
La Maison Rouge Les Passagers de la nuit La Flèche brisée La Dernière Caravane 3h10 pour Yuma La Colline des potences |
Delmer Daves est un scénariste, réalisateur, acteur et producteur américain, né le à San Francisco et mort le à La Jolla (Californie).
Après avoir été figurant à la fin des années 1920, Delmer Daves devint scénariste et dialoguiste à Hollywood, travaillant notamment avec Frank Borzage, Ray Enright et Leo McCarey, pour lequel il signa les deux versions de Elle et lui (celle de 1939 et celle de 1957). Il passa à la réalisation au début des années 1940 avec Destination Tokyo et fut l'auteur de quelques films de guerre comme L'Orgueil des marines ou Horizons en flammes, et de polars tels La Maison rouge et Les Passagers de la nuit. Toutefois, ses plus grandes réussites furent des westerns[1] (3h10 pour Yuma, L'Homme de nulle part, La Dernière Caravane, La Colline des potences) et il fut l'un des premiers[2], avec La Flèche brisée en 1950, à présenter les Indiens comme des êtres civilisés et non plus comme des sauvages.
Homme de studios dévoué et fidèle[n 2], son œuvre n'en est pas moins personnelle[1]. Delmer Daves parvint à imposer un style qui lui est propre, notamment dans sa manière de filmer la nature[3], grâce à ses mouvements de grue et à l'attention qu'il portait à la lumière.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et débuts
[modifier | modifier le code]Delmer Lawrence Daves est né à San Francisco le . Il s'orienta d'abord vers une carrière de juriste et entra à l'université de Stanford pour y suivre des études de droit[4], où il dirigea et joua plusieurs pièces de théâtre[5]. Il obtint son diplôme et fut engagé dans un cabinet d'avocats[6], mais décida de tout abandonner pour se consacrer au cinéma, contre l'avis de son père[6]. À la fin de l'année scolaire, il passa l'été seul dans le désert de l'Arizona, notamment à Monument Valley, en compagnie des indiens pueblos et apaches[6]. Il parvint à décrocher, à son retour, un emploi d’accessoiriste[n 3] auprès du réalisateur James Cruze, qui dirigeait La Caravane vers l'Ouest : il joua même dans le film, dessina une affiche et des caractères pour un insert[5]. Il participa comme acteur, accessoiriste ou assistant à plusieurs autres films dans les années 1920, dont The Night Flyer (en) et Les Trois Coupables (avec Pola Negri). Parrainé[5] par James Cruze, il apparut comme figurant — souvent non crédité au générique — dans plusieurs de ses films, comme L’Infidèle. C'est aussi lui qui lui offrit son premier vrai rôle à l'écran, face à Joan Crawford dans La Tournée du grand duc (The Duke Steps Out)[5]. Il participa à quelques autres films en tant qu’acteur dans le cinéma muet et mit fin à cette courte carrière dramatique en 1930, juste après l'arrivée du cinéma parlant.
Hollywood
[modifier | modifier le code]Le scénariste
[modifier | modifier le code]S'installant à Hollywood en 1928, il commence comme scénariste, crédité une première fois pour la comédie So This Is College (en) produite par la MGM. Dans les années 1930, il se fit un nom d'auteur à succès, tout en apparaissant comme acteur dans de petits rôles non crédités. Il écrivit les comédies musicales Dames, Mademoiselle Général, et Vive Miss Glory (Page Miss Glory) pour Dick Powell entre 1934 et 1935. Pourtant ses plus grands succès de cette époque vinrent avec La Forêt pétrifiée (The Petrified Forest) et Elle et lui (Love Affair). Ce dernier film connaîtra une version en couleurs en 1957, toujours sous la direction de Leo McCarey avec Daves au scénario, Elle et lui (An Affair to Remember).
Carrière de réalisateur (1943-1964)
[modifier | modifier le code]Delmer Daves commença sa carrière de réalisateur en 1943 avec Destination Tokyo, sur un scénario qu'il écrivit, cherchant à filmer de la manière la plus réaliste possible la guerre, à montrer les soldats tels qu'ils étaient vraiment. Hollywood Canteen fut une commande, et Daves n'hésitait pas à en parler comme d'une « œuvre de charité, plus qu'un film véritable »[2]. L'Orgueil des marines, tourné en 1945 racontait l'histoire d'un soldat devenu aveugle à la suite d'une explosion et fut tourné dans le même style documentaire que Destination Tokyo. William Wyler s'en inspira pour tourner Les Plus Belles Années de notre vie l'année suivante[2]. La guerre terminée, il tourna un drame psychologique campagnard, La Maison rouge avec Edward G. Robinson, puis Les Passagers de la nuit, mettant en vedette le couple Humphrey Bogart-Lauren Bacall. Daves fit le choix artistique de tourner les premières minutes du film en caméra subjective (comme si c'était les yeux de Bogart). Ce dernier aurait dû être en 1948 le héros de son film suivant[7], Ombres sur Paris, rôle qui échut à Dennis Morgan, altérant, selon Daves[n 4], la force de ce film tourné à Paris, avec une équipe française et un chef-opérateur américain qu'il imposa[7] : Robert Burks. Daves tourna son premier film avec Gary Cooper l'année suivante, Horizons en flammes, dans lequel il réussit habilement[7] à mélanger stock-shots et plans filmés.
Il tourna son premier western, La Flèche brisée en 1950. Considéré comme un des premiers westerns antiracistes[n 5], ce film mettant en scène James Stewart et Jeff Chandler marqua un tournant à Hollywood dans la manière de montrer les indiens[1]. Daves, qui les connaissait bien[n 6], désirait les montrer comme des êtres civilisés, des hommes « d’honneur et de principes »[2]. Le film fut un succès et reçut même des louanges de l’ONU[2]. Il réalisa L’Oiseau de paradis, adaptation d'une vieille pièce de théâtre, avec Louis Jourdan et enchaina plusieurs films de commande : Return of the Texan (à qui il reprochait sa modernité[7]), Le Trésor du Guatemala (remake d'un film de John Cromwell, Le Chevalier de la vengeance), Ne me quitte jamais (que Daves tourna pour rendre service à Clark Gable[7]) et Les Gladiateurs (prétexte du studio à réutiliser les décors du film La Tunique[8]).
Durant les quatre années qui suivirent, il réalisa plusieurs westerns. Avec L'Aigle solitaire, il continua de montrer les indiens sous un jour nouveau, filmant comme « un cours d'histoire »[9] les guerres menées par les Modoc, en restant toutefois déçu de la prestation de l'acteur principal Alan Ladd[2]. En 1956, il retrouva Charles Bronson, entouré cette fois d’Ernest Borgnine, Glenn Ford et Rod Steiger pour L'Homme de nulle part, filmé dans des paysages sauvages du Wyoming. La même année, il réalisa en Arizona La Dernière Caravane, avec Richard Widmark et Felicia Farr, plaidoyer pour la tolérance[7] à l'époque de la conquête de l'Ouest. En 1957, Glenn Ford fut à nouveau la vedette d'un de ses films, que Daves considérait comme son meilleur western[7], 3h10 pour Yuma, avec Van Heflin. Photographié par Charles Lawton, le film raconte les relations entre un fermier et un hors-la-loi. Cow-boy, réalisé l'année suivante, en couleurs et avec le même chef-opérateur, montrait à nouveau de manière réaliste la vie des hommes de l'Ouest[7]. Pour rendre service à Alan Ladd[8], il réalisa peu après L'Or du Hollandais, avec un scénario qu'il détestait[8], puis un autre film de commande, Diables au soleil avec Tony Curtis et Frank Sinatra.
La Colline des potences fut son dernier western (ainsi que celui de Gary Cooper). Toujours à l'époque de la conquête de l'Ouest, le film traite de l'arrivée d'un étranger avec un lourd passé à l'époque de la ruée vers l'or. À la fin du tournage, Daves fut victime d'une attaque cardiaque et c'est Karl Malden qui termina les dernières scènes. Désormais restreint dans ses choix de films[n 7], il réalisa une comédie dramatique avec Dorothy McGuire, Ils n'ont que vingt ans, qui fut critiquée parce qu'elle traitait ouvertement de sexualité[8]. Toujours sur le thème de la jeunesse, il tourna en 1960 La Soif de la jeunesse, qui fut un gros succès commercial[10]. Par fidélité et amitié envers Jack Warner[1], il continua de réaliser des comédies dramatiques adaptés de best-sellers : Cet enfant est mien en 1961, dont il ne voyait pas l'intérêt[10], et Amours à l'italienne où il filma les beautés de la campagne italienne. Il revint presque au western avec La Montagne des neuf Spencer, l'histoire d'une famille (dont le père est joué par Henry Fonda) de pionniers modernes vivant dans la forêt, et adapta un épais roman d’Herman Wouk, Youngblood Hawke, qui n'était pas destiné à être adapté au cinéma[11]. Pour son dernier film, La Bataille de la Villa Fiorita avec Maureen O'Hara, Delmer Daves ne parvint pas à imposer Richard Harris, et le film fut remonté par le studio[12]. Malgré plusieurs projets (il voulait adapter au cinéma la vie de l'indien Ishi[13]), sa santé fragile interdit à Daves de tourner un nouveau film[13]. Dans les dernières années de sa vie, il donna plusieurs conférences sur son métier et mourut à La Jolla, en Californie, le .
Vie privée
[modifier | modifier le code]Daves fut marié à l'actrice Mary Lawrence (en) (Un homme change son destin) de 1938 jusqu'à sa mort le . Elle fit une apparition, non créditée, dans Horizons en flammes[14]. Ils eurent deux enfants, Michael (qui fut acteur et assistant réalisateur sur quelques films de son père, puis sur des téléfilms[15]), et Deborah.
Outre le cinéma, Delmer Daves était passionné de photographie et de calligraphie (il dessinait parfois lui-même les enseignes que l'on voit dans ses westerns)[16]. Il possédait également une riche collection de minéraux (récupérés notamment pendant les tournages de ses films[17]), qu'il légua à un musée peu avant sa mort[16], et une importante bibliothèque sur l’histoire de l’Ouest. La majorité de ses documents de travail (correspondances, scénarios, adaptations...) fut léguée aux Archives de Californie[18].
Filmographie
[modifier | modifier le code]Nominations et récompenses
[modifier | modifier le code]Nominations
[modifier | modifier le code]- Laurel Award
- 1959 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
- 1960 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
- 1961 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
- 1962 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
- 1963 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
- 1964 : Golden Laurel (catégorie Meilleur réalisateur/producteur)
Récompenses
[modifier | modifier le code]- Laurel Award
- 1960 : 3e Meilleur réalisateur de l'année
- Western Heritage Awards
- 1975 : Trustees Award (pour son exceptionnelle contribution en tant que réalisateur et producteur de westerns).
Distinctions
[modifier | modifier le code]- 1960 : Étoile sur le Hollywood Walk of Fame (au 1634 Vince Street).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ouvrages
- Bernard Benoliel (dir.), Delmer Daves, la morale des pionniers, Amiens, Éd. Vol de nuit, (ISBN 978-2-914075-00-8)
- (de) Joachim Kreck, Delmer Daves, Oberhausen, Karl Maria Laufen, 1972.
- Bertrand Tavernier, Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d'Hollywood, Arles Lyon, Institut Lumière/Actes Sud, , 995 p. (ISBN 978-2-7427-6394-8), p. 271-307.
- Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Paris, Nathan/Omnibus, (1re éd. 1991), 1268 p. (ISBN 2-258-04027-2).
.
- Articles
- Dominique Rabourdin, "Delmer Daves ou le secret perdu", Cinéma, .
- (en) Bertrand Tavernier, "The Ethical Romantic", Film Comment, janvier-.
- (en) Christopher Wicking, Interview with Delmer Daves, Screen, . .
- (en) Mike Wallington, "Auteur and genre : The Westerns of Delmer Daves", Cinéma, .
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Archives de travail de Delmer Daves (1930-1965)
- (en) « Delmer Daves », sur Find a Grave
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notes
- Diminutif naturel de “Delmer”. Le réalisateur rappelle que ses amis Apaches le nommaient ainsi. (Amis Américains, p. 291).
- B. Tavernier et J.-P. Coursodon évoquent à ce sujet une « conscience suicidaire » de la part du réalisateur (50 ans de cinéma américain, p. 411).
- Property boy dans l'interview en anglais (Screen, 1969, p. 55).
- Daves écrit : « Vous pouvez facilement imaginer combien l'histoire aurait gagné à être jouée par l'un de ces acteurs au lieu de ce Mr. Morgan » (Tavernier 2008, p. 288).
- Un autre western prenant parti pour les indiens sortit la même année : La Porte du diable réalisé par Anthony Mann.
- Dans sa correspondance avec Bertrand Tavernier, Delmer Daves rappelle régulièrement l'immense affection qu'il a pour les indiens. Il écrit : « J'ai vécu avec eux, j'ai appris leurs coutumes, je crois que je les ai comprises » (Amis Américains, p. 291).
- À la suite de cette attaque, les médecins lui interdirent les tournages trop fatigants, la Compagnie refusant de l'assurer dans le cas inverse. Daves, habitué aux tournages dans des endroits difficiles, dut se rabattre, à contrecœur, sur des films moins éprouvants. (Amis Américains, p. 285).
- Références
- Coursodon et Tavernier 1995, p. 410.
- Tavernier 2008, p. 287.
- Tavernier 2008, p. 277.
- Coursodon et Tavernier 1995, p. 409.
- Wicking 1969, p. 55.
- Tavernier 2008, p. 301.
- Tavernier 2008, p. 288.
- Tavernier 2008, p. 291.
- Tavernier 2008, p. 297.
- Tavernier 2008, p. 295.
- Tavernier 2008, p. 298.
- Tavernier 2008, p. 285.
- Tavernier 2008, p. 299.
- Casting complet du film Horizons en flamme
- Page IMDB sur la carrière de Michael Daves
- Tavernier 2008, p. 273.
- B. Tavernier, Bonus du DVD de La Dernière Caravane, Sidonis, 2010.
- Les archives de Delmer Daves sur l'OAC
- P. Brion, Bonus du DVD de La Dernière Caravane, Sidonis, 2010
- Tavernier 2008, p. 272.
- Scénariste américain de cinéma
- Réalisateur américain
- Réalisateur de western
- Acteur américain
- Producteur américain
- Personnalité liée à San Francisco
- Naissance en juillet 1904
- Naissance à San Francisco
- Décès en août 1977
- Décès à 73 ans
- Décès à La Jolla
- Hollywood Walk of Fame
- Personnalité inhumée au Forest Lawn Memorial Park (Glendale)