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Cookie Mueller

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Cookie Mueller
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 40 ans)
New YorkVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Dorothy Karen Mueller
Nationalité
Formation
Catonsville High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
Père
Frank Lennert Mueller
Conjoint
Sharon Niesp, Vittorio Scarpati
Enfant
Max Mueller
Autres informations
A travaillé pour
John Waters
Nan Goldin
East Village Eye (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Œuvres principales
Walking Through Clear Water in a Pool Painted Black (1990)

Dorothy Karen Mueller dite Cookie Mueller, née le à Baltimore (État du Maryland) et morte le (à 40 ans) à New York, est une actrice, performeuse, critique d'art et auteure américaine.

Une enfance à Baltimore

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Surnommée Cookie par ses parents Franck et Anne Mueller, Dorothy Karen Mueller grandit avec sa sœur Judy et son frère Michael dans la banlieue de Baltimore proche de la forêt entre le chemin de fer et un hôpital psychiatrique[1]. Dès l'enfance, elle voyage avec sa famille à travers les États-Unis. Son frère décède à la suite de l'effondrement d'un arbre à proximité de la maison familiale, le 20 mars 1955 alors âgé de 14 ans[2].

À 11 ans, elle débute seule l'écriture par un ouvrage de 321 pages sur le thème des inondations de Johnstown datant de 1889. Après avoir agrafé les pages et enveloppé l'ouvrage dans une pellicule plastique, elle le dépose sur l'une des étagères d'une bibliothèque locale. Le livre n'a jamais été revu[3].

Indépendance et mouvement hippie (1968 - 1976)

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Cookie Mueller poursuit l'écriture et rejoint le mouvement hippie dès son entrée au lycée. Elle obtient un emploi au département homme d'un grand magasin et économise suffisamment pour déménager dès 1968 en Californie dans le quartier de Haight-Ashbury à San-Francisco, bastion du mouvement hippie dans les années 1960[2].

Toujours entourée, elle multiplie les séjours entre le quartier de Fells Point à Baltimore et Provincetown, ville côtière à l'extrémité du cap Cod dans le comté de Barnstable au Massachusetts[4]. À Provincetown, elle fait la connaissance de Sharon Niesp sa compagne pendant de longues années et d'Earl Devries, un danseur local rencontré à Piggy's, la discothèque de la ville et qui deviendra le géniteur de son fils Max[5]. Malgré l'arrivée de son fils, Cookie Mueller ne change en rien ses habitudes de consommatrice de cocaïne. Elle est accusée quelques années plus tard de vendre sa marchandise au cœur de la ville de New York[6]. Inquiets de son état, ses colocataires la font interner dans l'institut psychiatrique auprès duquel elle a grandi dans le Maryland[1].

En 1969, elle rencontre le réalisateur américain John Waters lors de la première de son film Mondo Trasho[1]. Spécialiste de la transgression cinématographique, il dirige l'actrice dans quatre films, Multiple Maniacs[7], Pink Flamingos, Female Trouble et Desperate Living. Cookie Mueller emménage de nouveau à Provincetown avec les Dreamlanders, muses de John Waters qui s’assure alors que l'actrice emmène bien son fils Max tous les matins à l’école[4].

The East Village (1976 - 1989)

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En 1976, Cookie Mueller s'installe dans Lower East Side[8], quartier de la ville de New York avec son fils Max et devient proche de la photographe américaine Nan Goldin, amie de l'artiste Robert Mapplethorpe[9]. La nuit, alors que la photographe est serveuse au Tin Pan Alley, un bar du quartier de Times Square, Cookie Mueller réalise non loin de là un numéro de strip-tease. Les artistes rejouent ces scènes de vie nocturne en 1983 dans Variety, film de la réalisatrice américaine Bette Gordon[10].

À New York, qualifiée de "diva de l'underground", l'artiste multifacétique côtoie la Manson Family, les plasticiens Jean-Michel Basquiat et Keith Haring, les musiciens Klaus Nomi, Jim Morrison, Jimi Hendrix, les Ramones, Patti Smith, Blondie ou encore le groupe Sonic Youth[1].

Son style vestimentaire underground sera rendu populaire par Madonna[11].

En 1986, elle épouse l'artiste et créateur de bijoux italien Vittorio Scarpati, rencontré à Positano. Celui-ci décède en 1989 des suites du sida.

Atteinte également du sida, Cookie Mueller s'éteint d'une pneumonie le 10 novembre 1989 au Cabrini Medical Center de New York[12]. À la suite du décès de son amie, Nan Goldin publie et expose The Cookie Portfolio 1976–1989, une série de 15 portraits de Cookie Mueller marquant les grands événements de sa vie dont une photographie capturée lors de ses funérailles à St. Mark's Church[6].

Madonna lui rend hommage lors de son interprétation de Live to tell, durant son Celebration tour en 2023 et 2024, parmi d'autres artistes qu'elle connut, tous morts du sida[11].

Carrière professionnelle

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Cookie Mueller est principalement connue pour ses rôles dans les premiers films de John Waters[13] et sa scène la plus célèbre reste celle d'une relation sexuelle avec un poulet dans le long-métrage Pink Flamingos. Son fils Max y fait également sa première apparition sous le nom de Baby Noodles[14]. Elle retrouve le réalisateur américain et l'acteur travesti Divine en 1981 pour le film Polyester ou les aventures loufoques de la famille Fishpaw dans lequel elle incarne Betty Lalinski.

L'actrice participe à une dizaine de productions cinématographiques américaines de gogo-danceuse pour Edo Bertoglio à serveuse dans le décor omniprésent des nuits new-yorkaises comme dans le film Underground U.S.A. d'Eric Mitchell en 1980, avec comme partenaire l'actrice de cinéma transgenre et poétesse américaine, Jackie Curtis[15].

En 1983, pour les besoins du film Variety de la réalisatrice Bette Gordon, Cookie Mueller se mue une dernière fois en cliente d'un bar aux côtés de Will Patton[16].

Littérature

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Rédigé dans les années 1980, Walking Through Clear Water in a Pool Painted Black, œuvre la plus reconnue de l'auteure est finalement édité en 1990 aux États-Unis[17]. D'une portée largement autobiographique, le livre réunit une série de nouvelles souvent trash et provocantes sur le New York underground de cette époque[18]. Ces mémoires sont le récit de la vie marginale de l'artiste. L'ouvrage est publié pour la première fois en France en 2017 aux éditions Finitude[19].

En 1989, elle écrit le texte pour un livre de dessins réalisé par son mari l'artiste Vittorio Scarpati alors hospitalisé. L'ouvrage Putti's Pudding est distribué en décembre de la même année, après le décès des deux auteurs[12].

Soutenue par son ami Raymond Foye, Cookie Mueller publie Fan Mail, Frank Letters, and Crank Calls et Garden of Ashes chez Hanuman Books en 1988 et 1990[20]. L'éditeur est également à l'origine de la rencontre avec Chloé Griffin, biographe de Pablo Picasso et John Richardson qui pendant cinq années a regroupé une série de témoignages des proches de l'artiste pour la publication Edgewise: A picture of Cookie Mueller édité en 2014 chez B_Books. Chloé Griffin réunit ensemble les voix de 90 personnes dont John Waters, Nan Goldin, Etole Vison, Sharon Niesp, Lynne Tillman et Max Mueller. Près de 230 illustrations et photographies inédites complètent l'ouvrage[21].

Cookie Mueller se produit au théâtre dans différentes productions du Off-Off-Broadway. Elle interprète notamment le rôle de Sharon Tate dans la pièce The Roman Polanski Story[12].

Chroniques et critiques d'art

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Pendant plusieurs années, elle officie pour l'East Village Eye comme chroniqueuse santé dans la colonne Ask Dr Mueller. Une anthologie de ses écrits Ask Dr Mueller: the Writings of Cookie Mueller est édité en 1997 par Serpent's Tail avec la participation d'Amy Scholder. Critique d'art, elle participe à la revue d'art Bomb[22] avant de dédier sa plume les cinq dernières années de sa vie au magazine Details[20].

Filmographie

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Publications

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  • 1984 : How to Get Rid of Pimples, 80 p., Top Stories (ISBN 0917061195)
  • 1988 : Fan Mail, Frank Letters, and Crank Calls, 86 p., Hanuman Books (ISBN 0937815144)
  • 1989 : Putti's Pudding, avec Vittorio Scarpati, 48 p., Kyoto Shoin (ISBN 4763685449)
  • 1990 : Walking Through Clear Water in a Pool Painted Black, 160 p., Semiotext(e) (ISBN 0936756616) ; publié en français sous le titre Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir, Finitude, 2017 (ISBN 9782363390776), trad. de Romaric Vinet-Kammerer
  • 1990 : Garden of Ashes, 120 p., Hanuman Books (ISBN 0937815365)
  • 1997 : Ask Dr Mueller : the Writings of Cookie Mueller, avec Amy Scholder, 294 p., Serpent's Tail (ISBN 1852423315)
  • 2019 : Comme une version Arty de la réunion de couture[23], 208 p., Finitude (ISBN 9782363391148), trad. de Romaric Vinet-Kammerer

Notes et références

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  1. a b c et d Ira Benfatto, « La fille que Madonna a copié », sur lofficiel.com, .
  2. a et b (en) Mallory Curley, A Cookie Mueller Encyclopedia, Randy Press, , 536 p..
  3. (en) « Icon of the Week: Cookie Mueller », sur abriegrowsinbrooklyn.com, .
  4. a et b (en) Legs McNeil et Gillian McCain, « This is the story of the summer photographer Nan Goldin and writer/actress Cookie Mueller... », sur vice.com, .
  5. (en) Alexandra Molotkow, « The unique genius of Cookie Mueller », sur theglobeandmail.com, .
  6. a et b (en) Emily Gould, « Culture - Cookie Mueller », sur interviewmagazine.com, .
  7. (en) « DVD Reviews: The Love Witch; Multiple Maniacs; Hell Drivers », sur HeraldScotland (consulté le ).
  8. (en-US) « Celebrating Nearly 30 Years of ‘The East Village Eye’ with the Howl! Happening Gallery », Bowery Boogie,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en-US) « Nan Goldin: "Nan Goldin on Cookie Mueller" (2001) », American Suburb X,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Philippe Azoury, « Cookie Story », Grazia,‎ du 17 au 23 mars 2017, p. 156-157 (ISSN 2104-5542).
  11. a et b « La fille que Madonna a copiée », sur L'Officiel de la Couture et de la Mode - Paris (consulté le )
  12. a b et c (en) « Cookie Mueller Dead, Actress and Writer, 40 », sur nytimes.com, .
  13. (en-US) « John Waters • Great Director profile • Senses of Cinema », sur sensesofcinema.com (consulté le ).
  14. (en-GB) « Stylish decadence – the fast and furious life of Cookie Mueller », The Glass Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Cookie Mueller », sur IMDb (consulté le ).
  16. Melissa Anderson, « Bette Gordon's Variety and Handsome Harry at IFC », Village Voice,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Héléna Villovitch, « Elle est libre, Cookie », sur elle.fr, .
  18. « Les mémoires d’une héroïne picaresque par Johanna Luyssen », sur next.liberation.fr, .
  19. « La chronique "H.E.R.O.I.N.E.S" de Juliette Goudot : Cookie Mueller », sur rtbf.be, .
  20. a et b (en) Jarrett Earnest, « How it Feels to be on Fire », sur brooklynrail.org, .
  21. (en) Jesse Dorris, « A New Book Celebrates the Downtown Icon Cookie Mueller », sur nytimes.com, .
  22. (en) « BOMB Magazine — A True Story About Two People: Easter 1964 by Cookie Mueller », sur bombmagazine.org (consulté le ).
  23. Recueil de textes publiés aux États-Unis dans Garden of Ashes (1990), Ask Dr. Mueller (1997) et dans le magazine Details (en).

Bibliographie

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  • 2014 : Chloé Griffin, Edgewise : A picture of Cookie Mueller, 336 p., BBooks (ISBN 3942214202)

Liens externes

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