Ensemble fortifié de la chapelle et du pont de Chevré
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L’ensemble fortifié de la chapelle et du pont de Chevré est ce qui reste d’un bourg castral du XIIe - XIIIe siècle, situé sur la commune de La Bouëxière en Ille-et-Vilaine.
Le pont, la chapelle et les ruines du donjon sont inscrits au titre des Monuments historiques depuis 1995.
Localisation
[modifier | modifier le code]L'ensemble fortifié de la chapelle et du pont de Chevré est situé au sud-ouest de l'étang de Chevré, au lieu-dit Chevré, sur la commune de La Bouëxière, sur la route reliant les bourgs de Liffré et de La Bouëxière, à 1 900 m de ce dernier[2].
Chevré
[modifier | modifier le code]Le village de Chevré[N 1] était au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime le siège d'une puissante châtellenie ayant droit de haute justice. Selon la légende, il serait situé à l'emplacement de l'ancienne ville gallo-romaine de Gannes, bien qu'aucun élément concret ne vienne soutenir cette affirmation[3].
Au XIIIe siècle, Chevré abrite le mardi un important marché fortifié et, lorsqu'en 1237 le duc (Pierre Mauclerc) veut mettre le même jour un marché dans la ville nouvelle de Saint-Aubin-du-Cormier, André III de Vitré, à qui appartient Chevré, proteste vigoureusement pour faire déplacer la tenue de ce dernier, arguant que celui de Chevré existait depuis plus d'un siècle[4].
Le village actuel comprend un certain nombre de logis datant de la Renaissance et du XVIIe siècle. Deux accès le relient à l'étang : la voie communale no 20 passant à l'extrémité de celui-ci et sur laquelle se trouve le pont « romain », et un chemin passant entre le château d'un côté et la chapelle de l'autre.
Le pont « romain »
[modifier | modifier le code]Le pont, bien que surnommé le « pont romain » date du XIIIe siècle et est placé sur une voie romaine, dont Banéat suppose qu'il s'agit de celle reliant Rennes à Bayeux[5].
Long de 15 m et large de 4,40 m, il est composé de sept arches en arc brisé reposant sur des piles formées de trois ou quatre blocs de granit. Des traces de scellement dans plusieurs des dalles de granit constituant son radier, qui laissent supposer un remploi de matériaux d'un édifice plus ancien, peut-être du pont romain originel[6].
Le pont surplombe sur son côté ouest le déversoir de l'étang[7] à l'endroit où la Veuvre reprend son cours, et est accolé côté est à une ancienne pêcherie constituée de sept pilastres en granit. Les pilastres et les piles comportent des coulisses au long desquelles glissaient des vannes lorsqu'elle était en service[6]. L'ouvrage Quelques notes sur l'histoire de La Bouëxière, du village de Chevré, du château du Carrefour & de ses environs parle de la pêcherie au présent : elle existait donc encore en 1936.
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Le pont, face ouest.
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Le pont, face est.
Patrimoine inscrit
[modifier | modifier le code]Le château
[modifier | modifier le code]Historique
[modifier | modifier le code]Le château appartient dès ses origines à la maison de Vitré. Robert III de Vitré fait édifier une motte castrale à Chevré dans le courant du XIIe siècle, dans le cadre des guerres l'opposant à Robert de Sérigné, dont la motte est située à seulement 1,6 km de Chevré[8]. Michel Brand'honneur note qu'il s'agit d'un « ouvrage à motte aux dimensions particulièrement imposantes pour le Rennais »[9] et qu'il est mentionné pour la première fois entre 1173 et 1184[10].
André III de Vitré y fait construire un donjon de pierre au siècle suivant en prévision des luttes contre le duc de Bretagne Pierre Mauclerc, vers 1225[11] ou 1230[9]. Il est ensuite pris et incendié par les hommes du duc (vers 1230[11] ou 1233[10].) Après la défaite de Mauclerc face au roi de France en 1234, André III peut à nouveau faire fortifier ce site (ainsi que ceux de Vitré et de Marcillé), avec les 6000 livres de dédommagement obtenus de ce dernier[12].
Au début de la guerre de Cent Ans, le château de Chevré est toujours aux mains des seigneurs de Vitré : Frédéric Morvan le liste parmi les possessions des Montmorency-Laval[13].
Au XVIIIe siècle, ses ruines sont exploitées comme carrière pour réparer la chaussée du moulin, ce qui explique qu'il n'en reste aujourd'hui qu'un pan de mur[11].
Architecture
[modifier | modifier le code]Le château est situé sur une motte de 11 mètres de haut et d'un diamètre de 38 mètres, entourée d'un fossé large de 16 mètres, et profond de 5[10].
Les sources divergent concernant la forme du château lui-même : pour Paul Banéat, il s'agissait d'un donjon en pierres non appareillées de trois étages, carré à l'extérieur et circulaire à l'extérieur, haut de 18 mètres et avec des murs épais de 3 m[14], alors que pour Michel Brand'honneur, le donjon de pierre était circulaire, d'une hauteur de 11,25 mètres et d'un diamètre externe de 15,5 mètres, et comportait trois ou quatre niveaux[10].
La chapelle
[modifier | modifier le code]Pour Paul Banéat, la chapelle date du XIe siècle[2], alors que la notice sur la base Mérimée[1] la fait dater du dernier quart du XIIe siècle, tout comme le Patrimoine d'Ille-et-Vilaine[11] qui précise qu'elle doit son origine à la motte féodale voisine.
Description
[modifier | modifier le code]Il s'agit d'une chapelle frairienne de style roman, bâtie en grès et constituée d'une nef à chevet droit. Elle a pour toutes fenêtres deux meurtrières sur la façade ouest, une autre sur la face nord et une dernière sur la façade est, où est situé le chevet. Elle fait au XVIe siècle l'objet de grandes restaurations : la charpente date de cette époque, de même qu'un monogramme en tuffeau datant de 1550 et portant le monogramme d'un membre de la famille des Montmorency-Laval, seigneurs de Vitré et Chevré[11], ainsi que des peintures et sculptures aujourd'hui disparues[15]. En 1643, la charpente du chœur est agrémentée d'un lambris peint représentant les quatre Évangélistes, qui est encore là au moment où Banéat la décrit à la fin des années 1920[2], mais a aujourd'hui également disparu[11].
Plaques funéraires
[modifier | modifier le code]Adolphe Orain décrit deux plaques funéraires provenant de cette chapelle et ayant été données au musée archéologique de Rennes[N 2] : elles sont en faïence de Rennes, et mentionnent respectivement Laurent Lemarchant, seigneur de la Touche mort le et Péronelle Angélique de la Hurerie, décédée en avril 1681[15].
Autres bâtiments notables
[modifier | modifier le code]Le Patrimoine d'Ille-et-Vilaine liste également d'autres bâtiments à Chevré, qui ne sont quant à eux pas protégés au titre des monuments historiques :
- la maison « du Sénéchal », bâtie au XVe siècle et ayant subi de profondes modifications aux XVIe et XXe siècles, et qui abrite une série de placards muraux en grès et bois datés « vers le XVe siècle », bien que celle-ci soit incertaine du fait de l'archaïsme des décorations florales des chapiteaux surmontant les pilastres encadrant les placards, et les montants XVIe siècle d'une cheminée, en granit sculptée de riches motifs représentant des feuillages, des pommes de pin, des oiseaux et des quadrupèdes[16].
- le manoir de la Colinière, lui aussi profondément remanié (une des deux tourelles carrées ayant été abattue « récemment », selon Paul Banéat[14], soit au début du XXe siècle), mais il conserve toujours une gerbière datée de 1629[17].
Paul Banéat[14] évoque également l'ancien Auditoire de Chevré, qui se trouvait à la sortie du village : démoli vers 1905, une prison y était accolée.
Sources
[modifier | modifier le code]- Paul Banéat, Le département d'Ille-&-Vilaine : Histoire, archéologie, monuments, t. 1 (A-E), Rennes, 1927-1930
- Société des colonies de vacances des écoles publiques de Rennes et du préventorium Rey., Quelques notes sur l'histoire de La Bouëxière, du village de Chevré, du château du Carrefour & de ses environs, Rennes,
- coll., Le patrimoine des communes d'Ille-et-Vilaine, Paris, Flohic, , 1781 p. (ISBN 2-84234-072-8)
Notes
[modifier | modifier le code]- Une tradition locale le nomme ville de Chevré.
- Il s'agit de l'actuel musée de Bretagne
Références
[modifier | modifier le code]- « Ensemble fortifié de la chapelle et du pont de Chevré », notice no PA00135271, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Banéat 1927-1930, p. 177
- Source : Infobretagne.com
- Jean Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, p. 180-181.
- Banéat, p. 179, qui se base lui-même sur A. Ramé, Archives de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine.
- Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, p. 782.
- Quelques notes..., p. 8.
- Martin Aurell, Noblesses de l'espace Plantagenêt (1154-1224), p. 173.
- Michel Brand'honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, p.192.
- Michel Brand'honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, p.268.
- Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, p. 781.
- Frédéric Morvan, La Chevalerie bretonne et la formation de l'armée ducale 1260-1341, p. 42.
- Frédéric Morvan, La Chevalerie bretonne et la formation de l'armée ducale 1260-1341, p. 223.
- Paul Banéat, Le département d'Ille-&-Vilaine : Histoire, archéologie, monuments, p. 179.
- Adolphe Orain, Géographie Pittoresque du département d'Ille-et-Vilaine, p. 117.
- Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, p. 783.
- Patrimoine des Communes d'Ille-et-Vilaine, p. 787.