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Bouddhisme pré-sectaire

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Le « bouddhisme pré-sectaire » (traduction de l'anglais « pre-sectarian Buddhism »)[1] est, pour certains spécialistes de langue anglaise, le bouddhisme qui existait avant que n'apparaissent les diverses sectes du bouddhisme[2]. Les autres dénominations employées pour désigner cette première période du bouddhisme sont « le bouddhisme le plus ancien »[3],[4], le « bouddhisme originel »[5] et « le bouddhisme du Bouddha lui-même »[6]. Certains spécialistes japonais (tels que Nakamura[7] et Hirakawa[8]), font usage de l'expression « bouddhisme ancien » (Early Buddhism) pour désigner cette première période du bouddhisme, et de l'expression (à prendre sans nuance péjorative) « bouddhisme sectaire » (sectarian Buddhism) pour désigner la période des écoles bouddhistes anciennes qui a suivi[8].

Le bouddhisme pré-sectaire renvoie au bouddhisme entre la période qui s'étend du premier discours du Bouddha à la première division du Sangha. Cette division s'est produite (d'après la majorité des spécialistes) entre le Second concile bouddhiste et le Troisième concile bouddhiste[9]. Hirakawa place cependant le premier schisme après la mort d'Ashoka[10]. Schopen questionne le fait qu'il y ait eu un bouddhisme unifié s'étant divisé en sectes[11].

Sources concernant le bouddhisme pré-sectaire

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Les informations sur le bouddhisme pendant la période ayant précédé l'avènement des écoles bouddhistes anciennes sont fondées sur les récits de la vie du Bouddha et de ses enseignements dans les écritures du Canon Pali Theravadin, ainsi que sur les portions existantes des écritures des écoles Sarvastivada, Mulasarvastivada, Mahishasaka, Dharmaguptaka, et quelques autres, qui ne sont pour la plupart disponibles que dans leur traduction chinoise. Il existe également des écritures individuelles rédigées en sanskrit et trouvées au Népal.

Dans les années 1990, les textes gandhariens ont été découverts en Afghanistan. Le corps central de sutras dans ces textes est tellement similaire qu'ils sont considérés comme étant différentes versions du même texte[12].

Les contenus de ces diverses écritures individuelles pourraient être teintées par les philosophies particulières de ces écoles, ou par des problèmes de traduction. Cependant, puisque diverses traductions de ces textes (de diverses écoles) sont disponibles, des comparaisons peuvent être faites et des conclusions peuvent en être tirées, afin de filtrer les corruptions les plus évidentes[13]. En comparant les diverses écritures, il est même possible de révéler certaines caractéristiques du bouddhisme originel (et de son environnement) que les traditions ont elles-mêmes oubliées[14].

Opinions des spécialistes

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La notion de « bouddhisme pré-sectaire » est apparue tout d'abord chez les chercheurs occidentaux, dans les années 1890.[réf. nécessaire] Les bouddhistes, qu'ils aient été Theravada ou Mahayana, acceptaient la fiabilité de leurs canons respectifs.

La phase la plus ancienne des écritures, reconnue par presque tous les spécialistes (l'exception majeure étant Gregory Schopen, professeur d'études bouddhistes à l'Université de Californie), est fondée sur la comparaison entre le canon Pali, les Āgamas chinois, et d'autres portions de canons anciens ayant survécu. Certains spécialistes considèrent que ce noyau commun des écritures des différentes écoles donne une image substantiellement correcte des enseignements originaux du Bouddha. Ce noyau est identifié comme les quatre Nikayas du Sutta Pitaka, à savoir Digha Nikaya, Majjhima Nikaya, Samyutta Nikaya et Anguttara Nikaya, ainsi que le corps principal des règles monastiques[15], le vinaya.

Erreurs courantes dans la recherche sur le bouddhisme ancien

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Bhikkhu Sujato (en) souligne les erreurs qui affaiblissent généralement la qualité des travaux des chercheurs modernes sur le bouddhisme ancien : « Je me trouve dans l'impossibilité d’accepter nombre de découvertes des [chercheurs] modernes, tout comme d'accepter les traditions des écoles. Il me semble que, même si les travaux modernes ont beaucoup apporté, ils restent prisonniers des problèmes dans lesquels les études bouddhiques, d’une manière générale, sont empêtrées : acceptation sans critique de preuves textuelles qui vont pourtant à l’encontre des découvertes archéologiques ; a priori positif envers les traditions du sud ou celles du nord ; confiance exagérée dans des lectures biaisées ou incorrectes de sources secondaires et de traductions ; conceptions simplistes et irréalistes de la vie religieuse en général et plus particulièrement de la vie monacale ; compréhension insuffisante du Vinaya ; transposition à des époques plus anciennes de situations plus récentes ; et peut-être le plus important de tous : un manque de jugement envers le mythe, qui a pour conséquence que l'information 'historique' est coupée du contexte mythique qui lui a donné son sens. »[16]

Références

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  1. Par exemple: « ... a souligné que le Canon écrit dans le bouddhisme est sectaire depuis le début et que le bouddhisme pré-sectaire doit être déduit des écrits tels qu'ils existent à présent » (« ... stressed that the written canon in Buddhism is sectarian from the outset, and that presectarian Buddhism must be deduced from the writings as they now exist »). Leon Kurvitz, Scripture of the Lotus Blossom of the Fine Dharma, 1976, Columbia University Press (citation via le moteur de recherche Google Scholar)
  2. sectsandsectarianism - Conclusion.
  3. "The Earliest Buddhism," How Buddhism Began, Richard F. Gombrich, Munshiram Manoharlal, 1997, p. 11-12.
  4. « Il serait hypocrite de dire qu'on ne peut rien dire de la doctrine du bouddhisme le plus ancien ... les idées de base du bouddhisme, que l'on trouve dans les écrits canoniques, pourraient très bien avoir été proclamées par lui [le Bouddha], transmises et développées par ses disciples et, finalement, codifiées en formules fixes » (« It would be hypocritical to assert that nothing can be said about the doctrine of earliest Buddhism… the basic ideas of Buddhism found in the canonical writings could very well have been proclaimed by him [the Buddha], transmitted and developed by his disciples and, finally, codified in fixed formulas »). J. W. De Jong, 1993 : The Beginnings of Buddhism, in The Eastern Buddhist, vol. 26, no. 2, p. 25.
  5. « une reconstruction du bouddhisme originel qui est présupposé par les traditions des différentes écoles que nous connaissons » (« a reconstruction of the original Buddhism presupposed by the traditions of the different schools known to us »). A. K. Warder, Indian Buddhism, 1999, 3rd edition.
  6. « Ce noyau de doctrine est présumé faire partie du bouddhisme commun de la période avant les schismes des quatrième et troisième siècles av. J.-C. Il se pourrait qu'il soit en substance le bouddhisme du Bouddha lui-même » (« This kernel of doctrine is presumably common Buddhism of the period before the schisms of the fourth and third centuries BC. It may be substantially the Buddhism of the Buddha himself »), A. K. Warder, Indian Buddhism, 1999, 3rd edition.
  7. Indian Buddhism, Japan, 1980, reprinted Motilal, Delhi, 1987, 1989, table of contents
  8. a et b History of Indian Buddhism, volume 1, Shinjūsha, Tokyo, 1974, English translation Hawai'i University Press, Honolulu, 1990,
  9. « Virtuellement, toutes les sources tardives s'accordent sur le fait que le premier schisme à l'intérieur de la communauté bouddhiste ancienne s'est produit avec la séparation de l'école Mahasamgika, ou « ceux qui ont une grande communauté », des autres moines désignés par le terme Sthaviras, ou les « anciens » ». « Virtually all later sources agree that the first schism within the early Buddhist community occurred with the separation of the Mahasamghika school, or “those of the great community”, from the remaining monks referred to as Sthaviras, or the “elders.” », MacMillan Encyclopedia of Buddhism, 2004, p. 502.
  10. History of Indian Buddhism, volume 1, Shinjūsha, Tokyo, 1974, English translation Hawai'i University Press, Honolulu, 1990, page 94 : « Ainsi de sérieuses disputes sont apparues à l'intérieur de l'ordre bouddhiste ancien avant le règne d'Asoka, mais l'ordre ne s'est pas réellement séparé en écoles avant la mort d'Asoka » (« Thus serious disputes arose within the early Buddhist order's monks before Aśoka's reign, but the order did not actually split into schools until after Aśoka's death »).
  11. Journal of the Pali Text Society, volume XVI, page 105 : « ...presque tout ce que les "historiens de l'église" et les sociologues ont découvert : si une uniformité est jamais atteinte, elle est atteinte sur des périodes plus ou moins longues au moyen d'un processus complexe ... qui travaille sur des groupes et voies originellement séparés et engagés dans une compétition mutuelle » (« ...almost everything "church historians" and sociologists have discovered: if uniformity is ever achieved it is achieved over more or less long periods of time through a complex process ... that works on originally discrete and competing groups and voices ».
  12. « When we examine the Tripitakas of the eighteen schools, so far as they are extant, we find an agreement which is substantial, though not complete. Even the most conservative of the early schools seem to have added new texts to their collections. However, there is a central body of sutras (dialogues), in four groups, which is so similar in all known versions that we must accept these as so many recensions of the same original texts. These make up the greater part of the Sutra Pitaka ». AK Warder, Indian Buddhism, 1999, 3rd edition, p. 5.
  13. « On the basis of the available sources it is possible to reconstruct a fairly reliable biography of the man who was to become the Buddha. The sources are the canonical texts of the Theravada, the Sarvastivada, Mulasarvastivada, and the Dharmaguptaka traditions », MacMillan Encyclopedia of Buddhism, 2004, page 82 ; however, some scholars hold a diametrically opposed view: « we know next to nothing about the Buddha as a person », Gombrich, Theravada Buddhism, Routledge, London, 1988, page 20.
  14. « This proves that 'the earliest Buddhism' has interesting features which we can uncover but which the later Buddhist tradition had forgotten about », How Buddhism Began, Richard F. Gombrich, Munshiram Manoharlal, 1997, p. 12.
  15. I have the greatest difficulty in accepting that the main edifice is not the work of a single genius. By 'the main edifice' I mean the collections of the main body of sermons, the four Nikāyas, and of the main body of monastic rules, Gombrich, loc. cit.
  16. "I find myself unable to accept many of the findings of the modern [researchers], any more than I could accept the traditions of the schools. It seems to me that much of the modern work, while it has accomplished a great deal, is hampered by the problems that bedevil Buddhist studies in general: uncritical acceptance of textual evidence over archeological findings; bias in favour of either the southern or the northern traditions; reliance on inaccurate or mistaken readings from secondary works and translations; simplistic and unrealistic notions of religious life in general and monastic life in particular; lack of understanding of the Vinaya; backreading of later situations into earlier times; and perhaps most importantly, a lack of appreciation of myth, so that 'historical' information is divorced from the mythic context that gave it meaning." Bhikku Sujato, Sects & Sectarianism: The Origins of Buddhist Schools, 2006. P. 4. (Lire en ligne - consulté le 27 février 2020)

Bibliographie

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