Aller au contenu

Bifurcaria

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.


Bifurcaria est un genre d’algues brunes marines de la famille des Sargassaceae comprenant une seule espèce actuelle et une espèce fossile. Il est présent sur les côtes rocheuses et dans les mares résiduelles des côtes de l'Europe et d'Afrique du Nord-Ouest, le long de l’océan Atlantique.

Description

[modifier | modifier le code]

Les Bifurcaria sont des algues marines caractérisées par une base pérenne et rhizomateuse, formant un réseau entrelacé et fixé au substrat par des disques adhésifs. De cette base émergent des structures dressées, cylindriques lorsqu’elles sont en phase végétative. Leur croissance est assurée par une cellule apicale à trois faces. Certaines populations de Bifurcaria bifurcata présentent des renflements, mais la plupart sont dépourvues de vésicules. Les branches du système dressé se forment selon un modèle triradié, bien que l’agencement global puisse paraître irrégulier ou bilatéral. Les portions terminales épaissies des structures dressées deviennent cylindriques ou légèrement aplaties et forment des réceptacles. Les plantes, ainsi que leurs conceptacles individuels, peuvent être monoïques ou dioïques, produisant un seul œuf par oogone[1].

Le genre Bifurcaria se distingue par sa morphologie caractéristique, notamment des axes finaux cylindriques bifurqués. Bifurcaria bifurcata, l'espèce type, présente une croissance clonale et se reconnaît par une base rhizomateuse rampante, fortement ramifiée, et fixée au substrat à l’aide de nombreux petits disques adhésifs en forme de ventouses. Cette base émet de nombreuses frondes cylindriques et bifurquées. En termes de différenciation morphologique, Bifurcaria et les genres apparentés comme Cystoseira et Halidrys se caractérisent par un thalle différencié en parties apicales et basales, avec des ramifications radiales ou alternées, contrairement au genre Sargassum, où les ramifications sont uniquement radiales et où la différenciation du thalle est négligeable. Cette morphologie particulière permet de distinguer Bifurcaria des autres genres dans des contextes taxonomiques et écologiques. Elle est également importante pour comprendre ses modes de fixation et de croissance dans son habitat marin rocheux[2].

Liste des espèces

[modifier | modifier le code]

Selon World Register of Marine Species (24 novembre 2024)[3] :

Il existe en outre une espèce à classification incertaine (incertae sedis), Bifurcaria galapagensis (Piccone & Grunow) Womersley 1964 décrite aux îles Galapagos[4] dont le basionyme est Fucodium galapagense Piccone & Grunow, 1886[5].

Systématique

[modifier | modifier le code]

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Bifurcaria Stackhouse, 1809[3]. En 2024, le nom accepté comme espèce type du genre est Bifurcaria bifurcata R.Ross, 1958.

Bien que les algues brunes aient parfois été classées parmi les protistes dans des systèmes de classification plus anciens ou simplifiés, elles appartiennent aujourd'hui au règne des Chromista, un groupe distinct des protistes. Ce dernier n'est plus retenu dans les classifications phylogénétiques actuelles, qui rattachent certains organismes autrefois appelés sous ce nom aux Opisthokontes, d'autres à la lignée des algues brunes (Straménopiles) ou à la lignée des algues vertes et plantes terrestres (Chlorophyta).

Bifurcaria a pour synonyme[3] :

Étymologie

[modifier | modifier le code]

Le nom de genre Bifurcaria provient du latin "bifurcus", qui signifie "fourchu" ou "divisé en deux branches". Cette étymologie reflète probablement la morphologie caractéristique des algues de ce genre, notamment leurs branches qui se divisent souvent en deux de manière régulière ou dichotomique. Le suffixe -aria est souvent utilisé en taxonomie pour désigner des groupes présentant une caractéristique commune.

Publication originale

[modifier | modifier le code]
  • Stackhouse, J. (1809). Tentamen marino-cryptogamicum, ordinem novum; in genera et species distributum in Classe XXIV ta Linnaei sistens. Mém. Soc. Imp. Nat. Moscou 2. 50-97[6].

Utilisations

[modifier | modifier le code]

Le genre Bifurcaria est une source de diterpènes uniques qui pourraient présenter un intérêt pharmaceutique[7] et une étude préliminaire a montré qu'un extrait de Bifurcaria bifurcata pouvait stopper la prolifération des cellules cancéreuses[8]. Plus récemment, des potentialités anti-oxydantes[9],[10] et anti-tumorales[10] ont été à nouveau mises en évidence chez Bifurcaria bifurcata.

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Guiry, M.D. & Guiry, G.M. AlgaeBase. World-wide electronic publication, National University of Ireland, Galway. https://www.algaebase.org, consulté le 24 novembre 2024
  2. (en) Valérie Stiger-Pouvreau, Camille Jégou, Stéphane Cérantola et Fabienne Guérard, « Chapter Thirteen - Phlorotannins in Sargassaceae Species from Brittany (France): Interesting Molecules for Ecophysiological and Valorisation Purposes », dans Sea Plants, vol. 71, Academic Press, coll. « Advances in Botanical Research », , 561 p. (ISBN 978-0-12-408062-1, DOI 10.1016/b978-0-12-408062-1.00013-5, lire en ligne), p. 379–411
  3. a b et c World Register of Marine Species, consulté le 24 novembre 2024
  4. (en) H. B. S. Womersley, « The morphology and taxonomy of Cystophora and related genera (Phaeophyta) », Australian Journal of Botany, vol. 12, no 1,‎ , p. 53–110 (ISSN 1444-9862, DOI 10.1071/bt9640053, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  5. « WoRMS - World Register of Marine Species - Bifurcaria galapagensis (Piccone & Grunow) Womersley, 1964 », sur www.marinespecies.org (consulté le )
  6. (la) J. Stackhouse, « Tentamen marino-cryptogamicum, ordinem novum; in genera et species distributum, in Classe XXIVta Linnaei sistens », Mémoires de la Société Impériale des Naturalistes de Moscou, no 2,‎ (lire en ligne Inscription nécessaire, consulté le )
  7. Culioli G, Ortalo-Magné A, Daoudi M, Thomas-Guyon H, Valls R, Piovetti L, « Trihydroxylated linear diterpenes from the brown alga Bifurcaria bifurcata », Phytochemistry, vol. 65, no 14,‎ , p. 2063–9 (PMID 15279973, DOI 10.1016/j.phytochem.2004.03.014)
  8. D. Moreau, Hélène Thomas-Guyon, Catherine Jacquot, Marcel Jugé, Gérald Culioli, Annick Ortalo-Magné, Louis Piovetti et Christos Roussakis, « An extract from the brown alga Bifurcaria bifurcata induces irreversible arrest of cell proliferation in a non-small-cell bronchopulmonary carcinoma line », Journal of Applied Phycology, vol. 18, no 1,‎ , p. 87–93 (DOI 10.1007/s10811-005-9019-1, S2CID 9407256)
  9. (en) Klervi Le Lann, Camille Jégou et Valérie Stiger‐Pouvreau, « Effect of different conditioning treatments on total phenolic content and antioxidant activities in two Sargassacean species: Comparison of the frondose Sargassum muticum (Yendo) Fensholt and the cylindrical Bifurcaria bifurcata R. Ross », Phycological Research, vol. 56, no 4,‎ , p. 238–245 (ISSN 1322-0829 et 1440-1835, DOI 10.1111/j.1440-1835.2008.00505.x, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  10. a et b (en) Mayalen Zubia, Marie Sophie Fabre, Véronique Kerjean et Klervi Le Lann, « Antioxidant and antitumoural activities of some Phaeophyta from Brittany coasts », Food Chemistry, vol. 116, no 3,‎ , p. 693–701 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2009.03.025, lire en ligne Accès payant, consulté le )