Bataille de Tiburon (avril 1794)
Date | |
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Lieu | Tiburon |
Issue | Victoire britannique |
République française | Royaume de Grande-Bretagne |
• André Rigaud | • Sevré • Hardyman • Jean Kina |
2 000 hommes[1],[2] 2 canons[2] |
Inconnues |
170 morts[1] | 28 à 30 morts[1],[3] 109 blessés[1] |
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Coordonnées | 18° 20′ 00″ nord, 74° 24′ 00″ ouest | |
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La deuxième bataille de Tiburon se déroule le pendant la révolution haïtienne.
Déroulement
[modifier | modifier le code]Venues des Cayes, les troupes républicaines du général André Rigaud, fortes de 2 000 hommes[1],[2],[4],[5],[6] avec de deux canons de 4 livres, attaquent la ville de Tiburon le 16 avril 1794, à trois heures du matin[2],[4],[5],[6]. La ville est alors défendue par une faible garnison anglaise consitutée de troupes du 13e régiment d'infanterie, commandée par le capitaine Handyman — ou Hardyman —[1],[5],[6], de chasseurs noirs de Jean Kina[2] et d'un corps de royalistes français menés par le chevalier de Sevré[2],[6]. D'après le colonel royaliste Pierre Venant de Charmilly, les Français forment l'essentiel de la garnison et le détachement anglais n'est constitué que de 60 hommes[3].
Rapidement, les républicains s'emparent du poste avancé de la Vigie et les anglo-royalistes se réfugient à l'intérieur du fort[3]. À 6 heures du matin, la magasin de poudre des assiégés explose, ce qui neutralise leurs canons[1],[5]. Cependant les forces anglaises et royalistes se défendent et les républicains battent en retraite à 9 heures du matin[1],[2],[5],[6].
Pertes
[modifier | modifier le code]Dans son rapport adressé au colonel John Whitelocke[Note 1], le chevalier de Sevré affirme quant à lui que ses pertes sont de 30 morts et 100 blessés, dont beaucoup mortellement[3]. Il estime les pertes des « brigands » à 500 hommes mis « hors de combat » et précise que 150 « ont été trouvés morts sur le champ de bataille »[3].
Selon Bryan Edwards, les républicains laissent 170 morts sur le terrain, tandis que les pertes des défenseurs sont de 28 tués et 109 blessés[6],[5],[1]. D'après John William Fortescue, ce bilan inclut également les pertes des auxiliaires noirs[5].
Thomas Madiou reprend le bilan de Bryan Edwards, mais ajoute que les chasseurs noirs de Jean Kina perdent une centaine d'hommes et que les blessés succombent par la suite à leurs blessures[2]. Pour Beaubrun Ardouin, les pertes anglaises sont presque égales à celles de Rigaud[4]. Le général Rigaud est lui-même blessé lors de cette action[2],[4].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]« Monsieur le Gouverneur,
Le Capitaine Robert qui est arrivé ce matin dans notre port (& décidé à partir cette nuit,) me fournit une occasion sûre & prompte pour vous instruire des détails de l'attaque qui a été faite par les brigands, sur nos postes, hier, 2 heures avant jour.
A trois heures & demi, mon poste avancé placé à la Vigie, a été surpris par une armée au moins de 2 000 brigands, qui avaient avec eux deux pièces de campagne de 4 livres; ils ont entouré dans le même instant le fort & la ville. C'est avec peine que j'ai pu me retirer au fort avec ma garnison, où j'ai supporté une longue fusillade avant d'avoir été en état de riposter. Les brigands avaient tout en leur faveur, ils voyaient le fort, le dominaient de toutes parts, & comme il ne faisait pas jour nous ne pouvions les apercevoir. Le combat durait depuis deux heures, lorsque deux caissons de poudre, ont pris feu sur la grande batterie, & l'ont entièrement démontée en faisant sauter les canons dehors du fort. Ce malheureux événement m'a tué ou blessé vingt hommes & découragé un instant la garnison, elle s'est remis de suite & a fait un feu violent sur l'ennemi : j'ai alors ordonné à quelques nègres de Jean Kina, de sortir sur le chemin de la rivières; ils ont battu les brigands & les ont forcé de se retirer dans les hauteurs.
Je suis ensuite sorti avec environ 200 hommes Nègres ou Blancs, & j'ai marché du côté de la ville en divisant ma troupe en deux colonnes dont j'ai donné le commandement de l'une à Mr. Philibert, moi à la tête de l'autre j'ai monté pour les cerner par derrière & tacher de m'emparer de leurs pièces, mais la première colonne n'ayant pu monter assez à tems, les brigands ont réussi à emmener leurs canons.
Je n'ai pu faire poursuivre l'ennemi qui fuyait, que jusques sur l'habitation Gensac, tant mes hommes étaient fatigués de s'être battus, pendant cinq heures, sans relâche.
J'ai eu environ cent hommes victimes du combat, dont trente tués sur la place & cent blessés parmi lesquels il en mourra beaucoup; j'estime qu'ils ont au moins 500 hommes hors de combat : cent cinquante ont été trouvés morts sur le champ de bataille & les chemins, par lesquels ils se sont retirés, sont si couverts de sang, qu'ils doivent avoir un nombre très considérable de blessés.
La troupe Anglaise s'est conduite avec le courage qui la caractérise partout: le Capitaine Hardiman est digne des plus grands éloges; je suis désespéré que vous me l'enleviez, il est difficile à remplacer par ses talens & ses vertus.
Aussitôt après le combat, j'ai écrit à tous les commandans dans les tiers de la dépendance, pour qu'ils m'envoyent du secours; j'en attends à chaque moment; mais je suis bien renforcé par la présence de la frégate Alligator qui est arrivée ce matin[3]. »
— Lettre du chevalier de Sevré au colonel John Whitelocke, rédigée à Tiburon le 7 avril 1794.
Références
[modifier | modifier le code]- Everett 1934, p. 110.
- Madiou, t. I, 1847, p. 184.
- Venant de Charmilly 1797, p. 144-147.
- Ardouin, t. I, 1853, p. 445.
- Fortescue, t. IV, 1915, p. 337-338.
- Edwards, t. III, 1807, p. 165.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Beaubrun Ardouin, Études sur l'histoire d'Haïti, t. II, Port-au-Prince, Dezobry et E. Magdeleine, libraires-éditeurs, , 503 p. (lire en ligne).
- Bryan Edwards, The History, Civil and Commercial, of the British Colonies in the West Indies, t. III, Londres, John Stockdale, Piccadilly, , 477 p. (lire en ligne).
- Henry Everett, The History of the Somerset Light Infantry (Prince Albert's) 1685-1914, Methuen & Co, , 421 p. (lire en ligne).
- John William Fortescue, A History Of The British Army, t. IV, Macmillan, , 664 p. (lire en ligne).
- Thomas Madiou, Histoire d'Haïti, t. I, Port-au-Prince, Imprimerie de JH. Courtois, , 362 p. (lire en ligne).
- Pierre Venant de Charmilly, Lettre à Brian Edwards, membre du Parlement d'Angleterre et de la Société Royale de Londres, colon propriétaire à la Jamaïque, en réfutation de son ouvrage intitulé Vues historiques sur la colonie française de Saint-Domingue, Londres, T. Baylis, , 234 p. (lire en ligne).