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Basoche

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Le basoche sur la fontaine du carnaval à Mayence, allégorie de la justice.

La basoche était une corporation d'étudiants, de juristes comprenant notaires, huissiers, juges, avocats, procureurs et gens de justice et résidant au Palais royal de l'île de la Cité (actuel Palais de justice), sous l'Ancien Régime. Le terme de « basoche » vient du mot latin basilica, lui-même issu du grec ancien βασιλική basilikḗ ; les membres de la guilde étaient désignés sous le nom de clercs de la basoche ou basochiens.

Sous Louis IX (Saint Louis), la mise en forme d'une administration cohérente se fit jour en désirant mettre en place un Parlement de Justice dans toutes les villes importantes. C'est sous Philippe IV le Bel que cet état des choses vit le jour. En créant cette forme de justice, il donna aussi ses lettres patentes à une corporation d'étudiants juristes. La bazoche (ou la basoche) était née.

Plusieurs basoches se créèrent en réalité sur tout le territoire français, la plupart inféodées à la Basoche du Palais, mais certaines se revendiquaient comme indépendantes comme la bazoche du Châtelet[1]. Elle s'étendit à tout parlement sur le territoire français, mais plus encore par contagion indirecte lorsque les étudiants partaient étudier à l'étranger comme il était courant.

Associés pour le plaisir, les basochiens élisaient un chef qui prenait le titre pompeux de roi de la basoche, avait une cour, des grands officiers, des armoiries (trois écritoires d'or sur un champ d'azur) ; ce roi faisait la revue de ses sujets tous les ans au Pré-aux-Clercs, et il leur rendait la justice deux fois par semaine. Les basochiens jouèrent longtemps des soties, des farces et des moralités : mais leur licence amena François Ier à proscrire ces représentations en 1540.

Henri III supprima le titre de Roi de la basoche et transmit au chancelier tous les droits et privilèges qui avaient été concédés à ce roi pour rire. La basoche poursuivit malgré tout ses activités sous d'autre appellations (abbé, empereurs… de la bazoche). Celle-ci vécut de manière prestigieuse jusqu'après la Révolution française. Sa longévité et la richesse de ses fastes donnèrent l'exemple aux autres corporations étudiantes. C'est ainsi que nous retrouvons de nombreux rites provenant de la logique bazochienne de nos jours encore[1]. Parmi ceux-ci, les cortèges de Saint-Nicolas des étudiants, Saint-Verhaegen

Lorsqu'ils étaient mobiles, les étudiants errants étaient rémunérés en assurant le transport du courrier, de colis, en se faisant gardes du corps d'autres voyageurs, en vendant leur capacité à rédiger, en pratiquant des soties[2]. Ils se rendaient dans toutes les universités européennes afin de se perfectionner dans l'une ou l'autre matière. Ainsi, le modèle bazochien put s'étendre bien au-delà des frontières de France.

C'est l'année où la basoche déposa ses prérogatives aux pieds du tombeau de Philippe IV, à Notre-Dame de Paris[3],[4].

Les juristes regrettèrent très rapidement la grande Bazoche comme en témoignent le nombre d'associations s'en identifiant encore[5], la quantité de bâtiments portant encore son nom, et l'opéra tardif qui lui fut consacré[6]. La carrière de monsieur Henri Dewandre témoigne également de cette survivance.

Mais dans un même temps, il est notable de voir évoquer le mot basoche comme synonyme de coterie[7].

Royaume de Basoche

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Dans la ville de Poitiers, des étudiants se sont regroupés à nouveau sous le terme de Royaume de la Basoche[8].

Dans les années 70, les étudiants poitevins de la Basoche, tentent d'inviter leur roi à des cérémonies de têtes couronnées. En 1977, Didier Piganeau, dit Didier Ier de Basoche est ainsi invité au sacre de Bokassa Ier en tant que roi de Basoche[9].

Bibliographie

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  • Adolphe Fabre, Études historiques sur les Clercs de la Basoche, 1856[10]
  • Marie Bouhaïk-Gironès, « Le roi de la basoche », in T. Hiltmann (dir.), Les "autres" rois. Études sur la royauté comme notion hiérarchique dans la société du bas Moyen Âge, Munich/Paris, Oldenbourg Verlag/Institut historique, Ateliers des DHIP, 4, 2010, p. 113-123.
  • Didier Piganeau, Le Roi chez l'Empereur, Hors collection, La Table Ronde, 2008
  • J.-B. Bertrand, « La bazoche en Valais » [PDF], (consulté le ).

Notes et références

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  1. a et b Adolphe Fabre (1819-1886), Études historiques sur les clercs de la Bazoche : suivies de pièces justificatives, 1856.
  2. François Parfaict, Histoire du théatre françois depuis son origine jusqu'à présent, , 664 p. (lire en ligne), p. 101.
  3. Lucien Genty, La basoche notariale, origines et histoire, du XIVe siècle à nos jours, de la cléricature notariale et de la cléricature en général, clercs de procureur et d'avoué, d'huissier et de commissaire-priseur, Delamotte, , 265 p.
  4. Adolphe Fabre, Les clercs du palais : recherches historiques sur les bazoches des parlements et les sociétés dramatiques des bazochiens et des Enfants sans Souci, Scheuring, , 265 p.
  5. Comme en témoigne ce court passage, page 299, de L’ermite de la chaussée d'Antin, ou observations sur les mœurs…, Volume 1 par Étienne de Jouy : « …ils cèdent la place à de petites ouvrières qui viennent, en quittant le magasin, rejoindre quelques clercs de la basoche échappés de l'étude » nous prouvant bien que les étudiants de droit en 1815 se revendiquaient encore de la basoche. [1]
  6. [2]
  7. Citation du Baron de Frenilly en 1848 : « Dans cette basoche on prédiscutait les matières, on réglait les ordres du jour, on votait, on distribuait les rôles, et le vote résolu devenait le mot d'ordre de tout le parti. » [3] p. 274
  8. « Bitard, Faluchard et Basochard… Il y a quoi sous ta faluche ? », Centre Presse, 17 avril 2015
  9. «Impostures», Les pieds sur terre, 25 août 2020
  10. Adolphe Fabre, « Études historiques sur les clercs de la Bazoche », 1856, sur Gallica

Articles connexes

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Liens externes

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