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Bain de foule

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Un bain de foule est un comportement social consistant en une succession d'échanges verbaux, de saluts, de poignées de main, de signatures d'autographes, voire d'accolades et d'embrassades données à de nombreuses personnes[a] par une personnalité publique (star de cinéma, musicien, célébrité d'Internet, personnalité politique…) aux abords ou à l'intérieur d'une foule de badauds, d'admirateurs, de partisans et d'adversaires[1],[2]. Ce rituel de monstration est à la fois un test de légitimité et de popularité.

Le sénateur Barack Obama lors d'un bain de foule dans une forêt de micros et d'appareils photos, à la fin d'un rassemblement au XL Center, dans le Connecticut, la veille du Super Tuesday de 2008 (en).
La vedette ne peut se dérober au bain de foule improvisé ou mis en scène par le star system. Séance de bain de foule pour l'acteur Eric Bana signant des autographes et posant avec ses fans en 2009 lors du Festival du film de TriBeCa.
Bono s'enivre de ses bains de foule légendaires dont il goûte chaque instant.

Approche sociologique

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Le bain de foule a été étudié par le socio-historien Nicolas Mariot. Il explique que les bains de foule et leur médiatisation produisent des symboles dont les modalités de réception (adhésion individuelle, rejet, réserve, surjeu émotionnel, appropriation ludique) et les effets de cette réception ne peuvent s'appréhender que dans un contexte de sociabilité festive et de partage collectif[3].

Économie de la liesse

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Différentes manifestations des personnes assemblées (acclamations, vivats et applaudissements) peuvent être les témoins de popularité ou d'adhésion d'une célébrité lors d'un bain de foule, comme le suggèrent les reportages de terrain[4]. Même lorsque ces derniers se donnent les apparences du recul journalistique ou de l'objectivité informative contrecarrée par la spectacularisation de l'événement, ils médiatisent la « liesse collective » qui est souvent en partie fabriquée (du point de vue de la préparation, du déroulement, et de la mise en récit de la cérémonie de monstration ainsi que la mise en scène du soutien populaire) par l'entourage de la personnalité publique, participant ainsi à fonder une économie de la liesse qui aspire, pour la personnalité, à acquérir une légitimité par acclamation[b].

Mais ces signes extérieurs de liesse peuvent aussi être liés au contexte festif institutionnel[c].

Les bains de foule peuvent être aussi instrumentalisés par la prise en charge des acclamations par les militants du parti de la personnalité politique ou par d'autres groupements liés à la célébrité (stratégie du surjeu des émotions, pratique de la claque et de l'« accueil à l'africaine »), l'événement cérémoniel pouvant alors devenir le théâtre d'une contagion émotionnelle des foules[5].

Quelques mots peuvent être échangés lors de cette cérémonie de monstration, et pour une plus grande efficacité, il arrive que la célébrité se serve de ses deux mains de manière indépendante. Les bains de foule peuvent sembler plus chaleureux lorsque les contacts populaires comprennent des accolades et des embrassades[6].

À l'inverse, lors d'un bain de foule, la personnalité publique peut être exposée à des situations à risques lorsqu'elle est prise à partie verbalement ou physiquement (interpellations violentes, huées, insultes, crachats, agrippements…). Les bains de foule sont redoutés par les officiers de sécurité lorsqu'elle recherche le contact rapproché (poignée de main, selfies avec le public) et risque une agression plus violente (jets d'objets, attaques voire attentats tels que la tentative d'assassinat de Jean-Paul II, l'assassinat de Paul Doumer, celui de Sadi Carnot ou d'Alexandre Ier)[7],[d].

Un autre risque pour la célébrité est l'absence de pratiques acclamatives ou l'apathie de la foule, voire sa désertion, ce qui ne permet plus de couvrir la prise à partie verbale de la personnalité, d'où un certain déclin des bains de foule des personnalités politiques face à l'exposition à ce risque, bien qu'ils restent un passage obligé pour tout élu en quête de proximité[8].


Notes, références et bibliographie

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  1. Selon le site d'informations Business Insider, le président des États-Unis serre la main d’environ 65 000 personnes par an. Cf « Le président américain serre 65.000 mains par an », sur slate.fr, .
  2. « Dans les années 1890 comme aujourd'hui, même si les manières d'acclamer ont, elles, évolué, les figures journalistiques de la description des foules obéissent à la même structuration générale. On ne rencontre pas de commentaire, quel qu'il soit, qui ne propose pas, à un moment donné, ce qui doit être une description de la liesse. Celle-ci procède essentiellement par alternance entre des images collectives manifestant le bruit et les mouvements reconnaissables d'une foule en délire et, renforçant ou plutôt soutenant l'interprétation des premières (la foule d'un voyage est nécessairement en liesse), des gros plans individuels de comportements idolâtres qui permettent d'introduire, en quelque sorte par contagion descriptive, de la motivation individuelle dans les corps de l'ensemble des participants » (Mariot 2006, p. 66).
  3. Nicolas Mariot indique que les médias évoquent rarement certaines des raisons possibles de la participation du public aux bains de foules (raisons nettement moins nobles que des témoignages de popularité ou d'adhésion, telles que la participation à une attraction pour y prendre du bon temps et entretenir le FOMO, l'assistance aux festivités associées à la venue de la célébrité, la manifestation de conformisme…) (Mariot 2006, p. 23).
  4. « Le casse-tête de la sécurité d'un pape adepte des bains de foule », sur lepoint.fr, .
  5. Nicolas Mariot note « la grande rareté des travaux proposant une comparaison entre descriptions médiatiques (vues du cortège) et observations avec les yeux des spectateurs (vues des barrières). Cette absence renvoie évidemment au fait que les sources mobilisées pour traiter des rituels politiques, même lorsqu'il est indiqué s'agir d'études sur leur « réception » , ne sont quasiment jamais des matériaux relayant le point de vue des participants. Qu'il s'agisse des exégèses médiatiques postérieures à l'événement ou des attendus de ceux qui le préparent ou le promeuvent, les commentaires consistent toujours à faire parler le public, soit pour préciser ce qu'il a voulu dire, soit pour indiquer ce qu'il est souhaité ou prévu qu'il éprouve (le glissement inavoué de la prévision au constat étant l'une des figures courantes de cette littérature) » (Mariot 2006, p. 23).
  6. Plusieurs journalistes tels que Jean-Pierre Farkas ou Jacques Aubertin créditent de Gaulle d'avoir inventé en France les véritables bains de foule en cultivant un contact très rapproché avec les gens. « Même dans les bains de foule bon enfant, le caractère sacré de l'échange entre de Gaulle et le peuple assemblé n'échappe à personne. La démocratie directe commence dans le gaullisme avec cette théophanie directe, sur le pavé des villes pavoisées ». Cf Michel Winock, « Les Français et de Gaulle », L'Histoire, no 102,‎ , p. 13.

Références

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  1. Lasserre 2021. Article paru dans Sud Ouest
  2. Daoud 2021. Article paru dans Le Point
  3. Mariot (2006), p. 197 et 299-305.
  4. Mariot (2006), p. 132.
  5. Mariot (2006), p. 176-178 et 294-298.
  6. Mariot (2006), p. 79-87.
  7. Mariot (2006), p. 84-87.
  8. Mariot (2006), p. 41 et 66.

Bibliographie

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Articles connexes

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