Attentat de l'Historil
Attentat de l'Historil | |
Le café L'Historil, ici en 2013. | |
Localisation | Place du 27-Juin, Djibouti, Djibouti |
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Cible | Forces françaises à Djibouti |
Coordonnées | 11° 35′ 43″ nord, 43° 08′ 47″ est |
Date | 18 mars 1987 c.19 h 15 (UTC 3) |
Type | Attentat à la bombe |
Armes | Engin explosif improvisé |
Morts | 11 à 15 |
Blessés | > 40 |
Auteurs | Hamouda Hassan Adouani |
Organisations | Troupes des révolutionnaires et résistants |
Mouvance | Francophobie[1], nationalisme palestinien |
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L'attentat de l'Historil est un attentat à la bombe perpétré le contre le café l'Historil, fréquenté par les forces françaises à Djibouti.
Ayant fait au moins une dizaine de morts (dont quatre militaires français) et une quarantaine de blessés, il est revendiqué par un certain Hamouda Hassan Adouani au nom d'une mystérieuse organisation terroriste proche-orientale (les « Troupes des révolutionnaires et résistants ») et de la cause palestinienne. Cependant, selon la diplomatie et les renseignements ouest-allemands, l'attentat aurait en réalité été commandité par la Libye de Mouammar Kadhafi pour faire payer à la France son soutien au Tchad dans le conflit tchado-libyen.
Hamouda Hassan Adouani est condamné à mort pour l'attentat en 1991, avant de voir sa peine commuée en 1993 et d'être finalement gracié et libéré en 2000.
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le , un homme s'installe à la terrasse du café « l'Historil », lieu de rendez-vous des militaires français de la base de Djibouti[2],[3],[4]. Il y dépose une mallette contenant dix kilos d'explosifs, commande un jus d'orange et puis s'en va[2]. À 19 h 15 (UTC 3)[5], la bombe explose, tuant une dizaine de personnes et en blessant une quarantaine voire une cinquantaine[3],[6]. La déflagration est si violente que certains cadavres ne sont même pas identifiables. Les forces de sécurité bouclent rapidement la place du 27-juin, où, selon les autorités, « de nombreux Djiboutiens sont allés serrer spontanément la main des Français pour leur témoigner qu'il n'y a pas de ressentiment contre eux ». Le ministre de l'Intérieur de Djibouti, Youssouf Ali Chirdon, et l'ambassadeur de France, Robert Thomas, se rendent sur les lieux peu de temps de temps après[6].
Victimes
[modifier | modifier le code]Il existe différents bilans de l'attentat de l'Historil :
- 11 morts (5 Français, 3 Djiboutiens et 3 Ouest-Allemands) et plus de quarante ou une cinquantaine de blessés (dont 15 Français, 12 Djiboutiens, plusieurs Ouest-Allemands et un Italien)[5],[7],[8] ;
- 12 morts (5 Français, 3 Djiboutiens et 4 Ouest-Allemands) et une quarantaine de blessés[3] ;
- 15 morts et 45 blessés[9],[10].
Les cinq Français tués dont l'attentat sont quatre militaires (le sergent Pascal Huillet[5], le quartier-maître Alain Parvé[4], le matelot Martial Heyd et le sergent-chef Gérard Durek[11]) et un civil (Gérard Delbourg, professeur au lycée technique de Djibouti)[3],[7].
Les quatre ou trois Ouest-Allemands tués dans l'attentat sont des chercheurs embarqués à bord du navire océanographique Météor[2],[7].
Auteur et responsabilités
[modifier | modifier le code]Quelques jours après l'attentat, un suspect est arrêté à l'aéroport de Djibouti[3]. Il s'agit de Hamouda Hassan Adouani, un ressortissant tunisien de 26 ans, arrivé le 8 mars 1987 à Djibouti avec un visa de dix jours[12]. Il déclare à la police avoir commis l'attentat pour le compte des « Troupes des révolutionnaires et des résistants », une organisation terroriste qui l'aurait recruté à Damas, en Syrie[3]. Son mobile officiel est le soutien à la cause palestinienne[2],[13],[14]. En réalité, il aurait été l'instrument d'un règlement de compte entre la Libye et la France[15],[16]. Selon un télégramme de du service de renseignement extérieur ouest-allemand, le BND, « les services partenaires affirment avec certitude » que Kadhafi a commandité cet attentat pour se « venger de la position française dans le conflit tchado-libyen ». Dans un autre télégramme, envoyé au ministère ouest-allemand des Affaires étrangères en 1988, les fonctionnaires de l'ambassade d'Allemagne de l'Ouest au Yémen du Nord (de) écrivent que les enquêteurs locaux croient que « l'attaque a clairement été ordonnée par la Libye ». Malgré cela, aucune action judiciaire n'est engagée contre l'État libyen. Les tribunaux djiboutiens s'abstiennent de le faire, « faute de preuves et pour des raisons politiques », selon le ministère ouest-allemand des Affaires étrangères. Quant au procureur fédéral ouest-allemand, Kurt Rebmann (en), il ne saisit pas du dossier car il n'y a aucune preuve que l'organisation à l'origine de l'attentat soit active en Allemagne de l'Ouest[2]. Hamouda Hassan Adouani est donc le seul à être jugé pour l'attentat. En , il est condamné à la peine de mort par la cour criminelle de Djibouti, ce qui fait de lui le seul condamné à mort de l'histoire du pays depuis son indépendance[17],[16]. En , sa peine est commuée en emprisonnement à perpétuité[14] (ou en emprisonnement de 20 ans[1],[16]) par le président Hassan Gouled Aptidon[18]. En , il est finalement gracié par le président Ismaïl Omar Guelleh[19]. Depuis, il vit en liberté en Tunisie, dans sa région natale de Bizerte[2],[12],[20],[21].
Références
[modifier | modifier le code]- Aziz Zemouri, « Affaire Borrel : le test ADN du principal suspect est négatif », Le Figaro, (consulté le )
- (en) Sven Becker et Holger Stark, « Victims of Gadhafi Terror Hope for Compensation », sur Spiegel Online, (consulté le )
- « Attentat antifrançais à Djibouti Le terrorisme et les répercussions de la crise du Golfe », Le Monde, (lire en ligne)
- « La Coupe du monde pour se souvenir », L'Est républicain, , p. 17 (lire en ligne)
- (en) « 1987 Attack on L'Historil in Djibouti », sur French Foreign Legion Information, (consulté le )
- « Plus de dix morts et cinquante blessés Djibouti : cinq Français tués dans un attentat », Le Monde, (lire en ligne)
- « DJIBOUTI : l'attentat de " l'Historil " Les autorités "n'excluent aucune piste" », Le Monde, (lire en ligne)
- « DJIBOUTI : un mois après l'attentat au café Historil Campagne électorale tranquille pour la réélection du président Gouled », Le Monde, (lire en ligne)
- Christian Bouquet, « Espace, territoire, lieu, au crible de la géographie politique. L’émergence de l’Etat à Djibouti », L’Espace Politique, no 7, (ISSN 1958-5500, DOI 10.4000/espacepolitique.1225, lire en ligne, consulté le )
- « LE JUGE BORREL s'est-il suicidé ou a-t-il été assassiné sur ordre du président de la République de Djibouti ? », Le Parisien libéré, (lire en ligne)
- « matchID - recherche personne décédé.e le 18/03/1987 en Djibouti » (consulté le )
- « L'attentat dans un café de Djibouti Un Tunisien aurait avoué en être l'auteur », Le Monde, (lire en ligne)
- (en) « Torture and political imprisonment », Amnesty International (consulté le )
- Alain Salles, « Un suspect de l'assassinat du juge Borrel prêt à s'expliquer », Le Monde, (consulté le )
- Aziz Zemouri, « LE MYSTÈRE DE SA MORT S'ÉPAISSIT », Le Figaro, (consulté le )
- « Peine de mort: les sentiers de l'abolition » [PDF], Cornell Center on the Death Penalty Worldwide, (consulté le )
- « Djibouti to Hang Tunisian », Los Angeles Times, (lire en ligne)
- (en) « Amnesty International Report 1994 - Djibouti », sur Refworld (consulté le )
- « Assassinat du juge Borrel : la justice française vise deux pontes de Djibouti », Le Figaro, (consulté le )
- Aziz Zemouri, « Affaire Borrel : un suspect auditionné », Le Figaro, (consulté le )
- (ar) « قائد عسكري سابق في جيش التحرير لـ«الشروق» المقاومة حقّقت انتصارا نوعيا صدم العدو » [« Un ancien commandant militaire de l'Armée de libération a déclaré à « Al Chourouk » : La résistance a remporté une victoire qualitative qui a choqué l'ennemi. »], Al Chourouk, (consulté le )