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Arundhati Roy

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Arundhati Roy
Description de cette image, également commentée ci-après
Arundhati Roy en 2013.
Naissance (63 ans)
Shillong (Inde)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Anglais

Œuvres principales

Signature de Arundhati Roy

Arundhati Roy (née le à Shillong en Inde) est une écrivaine et militante indienne. Elle est notamment connue pour son roman Le Dieu des Petits Riens, qui lui a valu le prix Booker en 1997 et a été cité par le New York Times et le Guardian comme l'un des livres les plus remarquables de l'année, ainsi que pour son engagement en faveur de l'écologie, des droits humains, de l'altermondialisme, de la réduction des inégalités et de la dignité humaine. D'inspiration chrétienne, sa réflexion littéraire s'interroge notamment sur les questions de l'amour universel et de la justice sociale.

Elle a également travaillé ponctuellement pour le cinéma et la télévision, comme scénariste et actrice.

Selon le New Yorker, elle est considérée comme l'un des 20 auteurs anglo-saxons les plus significatifs du XXIe siècle.

Arundhati Roy est née en Inde, à Shillong, au sein d'une famille et d'un environnement chrétiens, dans l'État d’Assam[1]. Sa mère, Mary Roy, est une chrétienne de saint Thomas (chrétienne syriaque malayalie) et militante des droits des femmes, originaire du Kerala[2]. Son père est Rajib Roy, bengali hindou originaire de Calcutta et gestionnaire d'une plantation de thé. Ses parents divorcent quand elle a deux ans et elle retourne vivre avec sa mère et son frère au Kerala[2], dont elle se considère ainsi originaire[3].

N'étant pas les bienvenus à cet endroit, ils déménagent chez le grand-père maternel de Roy à Ooty, au Tamil Nadu. Lorsqu'elle a cinq ans, la famille retourne au Kerala, où sa mère fonde une école[2].

Arundhati Roy fréquente l'école Corpus Christi de Kottayam, puis la Lawrence School de Lovedale (en), au Tamil Nadu. Elle étudie ensuite l'architecture à l'École d'aménagement et d'architecture (en) de Delhi, où elle rencontre l'architecte Gerard da Cunha. Roy et da Cunha vivent ensemble à Delhi, puis à Goa, avant de se séparer. Roy retourne alors à Delhi, où elle obtient un poste à l'Institut national des Affaires urbaines (en)[2]. En 1984, elle écrit le scénario du film Massey Sahib en collaboration avec le réalisateur Pradip Krishen, qui deviendra son mari. Ils collaborent ensuite sur une série télévisée qui porte sur le mouvement pour l'indépendance de l'Inde et sur deux films, In Which Annie Gives It Those Ones et Electric Moon[2]. Déçue par le monde du cinéma, Roy enchaîne plusieurs emplois et se sépare de Krishen[2].

Son roman Le Dieu des Petits Riens, publié en 1997, lui permet de poursuivre sa carrière d'écrivaine.

Au début de sa carrière, Arundhati Roy travaille pour la télévision et le cinéma. Elle écrit les scénarios de In Which Annie Gives It Those Ones en 1989, un film basé sur ses propres expériences en tant qu'étudiante en architecture et dans lequel elle apparaît, et de Electric Moon en 1992[4], les deux étant réalisés par son mari de l'époque Pradip Krishen. Elle reçoit le Lotus d'argent du meilleur scénario pour In Which Annie Gives It Those Ones.

En 1994, Roy critique La Reine des bandits de Shekhar Kapur, un film basé sur la vie de Phoolan Devi[4]. Dans sa critique, intitulée The Great Indian Rape Trick, elle s'interroge sur le droit de « rejouer le viol d'une femme encore en vie sans sa permission » et accuse Kapur d'utiliser Devi et de représenter sa vie de manière inexacte[5],[6].

Le Dieu des Petits Riens

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Arundhati Roy commence à écrire son premier roman, Le Dieu des Petits Riens (The God of Small Things) en 1992. Elle le termine en 1996[7]. Le livre est inspiré de sa vie et une grande partie est basée sur son enfance au Kerala[1].

La publication du Dieu des Petits Riens rend Roy célèbre à travers le monde. Le livre reçoit le prix Booker en 1997 et fait partie de la liste des livres remarquables du New York Times la même année[8]. Le livre est également un succès commercial : publié en mai, il est vendu dans 18 pays dès juin[7] et atteint la quatrième place sur la New York Times Best Seller list pour la fiction indépendante[9].

Le Ministère du Bonheur Suprême

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En raison de son lieu de publication et des enjeux qui y sont liés, le livre passe pratiquement inaperçu dans le monde littéraire français. Pourtant, les rares critiques francophones sont globalement très favorables[10],[11],[12],[13].

Militantisme et analyses politiques

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Arundhati Roy est aussi connue pour son activisme pacifiste ses multiples combats « pour l’environnement, le droit foncier des autochtones, la cause indépendantiste du Cachemire et contre le fondamentalisme hindou »[3]. Son premier essai, intitulé The End of Imagination (La Fin de l'imagination), était une réaction aux tests nucléaires indiens de Pokharan au Rajasthan. Suivront The Greater Common Good (Le plus grand bien commun), contre la politique des grands barrages menée par le gouvernement indien, et The Reincarnation of Rumpelstiltskin (La réincarnation de Rumpelstiltskin), qui analyse la privatisation des canaux de distribution de choses essentielles comme l'eau et l'électricité.

Elle défend l'idée d'après-développement et a participé à sa conceptualisation, ainsi elle a participé à plusieurs forums sociaux, notamment celui de Mumbai (2004).

En mars 2002, elle est condamnée par la Cour suprême indienne pour avoir dénoncé la décision de justice autorisant la construction d'un barrage sur la Narmadâ, condamnation symbolique d'un jour de prison et de 2000 roupies (35 € au cours de ). En 2004, Roy reçut le prix Sydney de la Paix pour son engagement dans des campagnes sociales et son appui au pacifisme. En 2005, elle participa au Tribunal mondial sur l'Irak.

Le , le magazine indien Outlook publie le récit de sa visite dans les zones contrôlées par la guérilla naxalite[14]. Ce récit qui veut apporter au public les raisons de cette lutte connaît un écho national et international. Bien qu'elle-même ne partage pas le projet politique et les méthodes des insurgés maoïstes, elle a été durement critiquée par la plupart des médias indiens. Son domicile a été attaqué par des membres de la branche féminine du Bharatiya Janata Party (BJP, nationalistes hindous)[14]. Le , le ministère de l’Intérieur indien et la police de l’État du Chhattisgarh annoncent avoir enregistré une plainte contre l'auteure, pour violation des dispositions du CSPSA (loi spéciale de sécurité publique du Chhattisgarh).

Dans son livre The End of Imagination, elle soutient qu'un grand nombre d'organisations non gouvernementales sont des instruments utilisés par les gouvernements occidentaux, la Banque mondiale, l'ONU et certaines compagnies multinationales pour neutraliser la résistance au néolibéralisme[15].

Le 5 mai 2021, dans le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, particulièrement grave en Inde, elle publie un appel invitant le Premier ministre Narendra Modi à démissionner pour céder la place à un gouvernement d'union compétent pour gérer l'urgence sanitaire[16],[17].

En , le vice-gouverneur de New Delhi, Vinai Kumar Saxena (en), autorise son inculpation (et celle de Sheikh Showkat Hussain (en)) selon la loi sur la prévention des activités illégales (dite UAPA Law), une loi anti-terroriste. La plainte concerne des propos tenus en 2010 dans lesquels elle considère que la région du Cachemire ne fait pas partie intégrante de l'Inde[18],[19].

Pour son engagement politique (sur les attaques contre les droits de l'homme en Inde, sur les problèmes environnementaux, sur la guerre et le capitalisme) et la qualité de son travail littéraire, elle reçoit le Prix PEN Pinter (en) en 2024[20].

Traductions en français

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  • Essais
    • Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli), Le Coût de la vie, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », , 163 p. (ISBN 978-2-07-075728-2)
    • Arundhati Roy (trad. Frédéric Maurin), Ben Laden, secret de famille de l'Amérique, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », , 32 p. (ISBN 978-2-07-076470-9, lire en ligne)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Claude Demanuelli), L'Écrivain-militant, intégralité des essais et articles politiques écrits depuis 1998, Paris, Gallimard, , 389 p. (ISBN 978-2-07-030281-9, BNF 39090898)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Claude Demanuelli), La Démocratie : notes de campagne, Paris, Gallimard, coll. « Du Monde Entier », , 345 p. (ISBN 978-2-07-012661-3, BNF 42374016)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Juliette Bourdin), Capitalisme : une histoire de fantômes, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », , 147 p. (ISBN 978-2-07-011748-2, BNF 45145358)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Juliette Bourdin, Claude Demanuelli, Irène Margit et Frédéric Maurin), Mon cœur séditieux : Essais, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », , 1056 p. (ISBN 978-2-072-84459-1)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Irène Margit), Azadi. Liberté - Fascisme - Fiction, Gallimard, , 288 p. (ISBN 978-2-072-92066-0)
    • Arundhati Roy (trad. de l'anglais), Aucun d'entre vous ne doit prétendre qu'il ne savait pas, Gallimard, (ISBN 978-2-073-06158-4)

Ouvrages en anglais

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Sur l'album Ce que l'on sème de Tryo, le morceau Mrs Roy, écrit et composé par Christophe Mali, lui est dédié.

Notes et références

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  1. a et b (en) « Arundhati Roy, 1959– », sur Bibliothèque du Congrès, New Delhi Office, (consulté le ).
  2. a b c d e et f (en) Siddhartha Deb, « Arundhati Roy, the Not-So-Reluctant Renegade », sur New York Times, (consulté le ).
  3. a et b « Arundhati Roy, écrivaine : « En Inde, les idéologues du parti de Narendra Modi vouent ouvertement un culte à Hitler et à Mussolini » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b « Arundhati Roy, Author-Activist », sur india-today.com (consulté le ).
  5. « Arundhati Roy: A 'small hero' », sur BBC News, .
  6. Randeep Ramesh, « Live to tell », sur The Guardian, (consulté le ).
  7. a et b (en) Amitabh Roy, The God of Small Things : A Novel of Social Commitment, Atlantic, , 152 p. (ISBN 978-81-269-0409-9, lire en ligne), p. 37–38.
  8. (en) « Notable Books of the Year 1997 », sur The New York Times, (consulté le ).
  9. « Best Sellers Plus », sur The New York Times, (consulté le ).
  10. franceinfo, « "Le Ministère du Bonheur Suprême" : Arundhati Roy dénonce l'Inde identitaire à travers le destin d'un trans... », sur francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  11. « Le Ministère du Bonheur Suprême, Arundhati Roy », sur lacauselitteraire.fr (consulté le ).
  12. Thierry Guinhut, « L’Inde des Hijras et des romanciers engagés par Arundhati Roy, Anosh Irani & Jeet Thayil : Le Dieu des petits... », sur litteratures.com, thierry-guinhut-litteratures.com, (consulté le ).
  13. « Entretien avec Arundathi Roy - En attendant Nadeau », sur En attendant Nadeau, (consulté le ).
  14. a et b Naïké Desquesnes et Nicolas Jaoul, « Les intellectuels, le défi maoïste et la répression en Inde », sur Le Monde diplomatique,
  15. Extrait du livre The End of Imagination sur le site Beautiful Rising.
  16. « Inde. L’écrivaine Arundhati Roy à Narendra Modi : “Va-t’en !” », sur Courrier international, (consulté le )
  17. « Le débat sur l’avenir de Narendra Modi s’ouvre en Inde », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) BBC News, « Will India's Booker Prize-winning author face jail for 14-year-old remark? », .
  19. (en) « ’Trying to prove they’re back’: Opposition slams ’political’ UAPA action against Arundhati Roy for old Kashmir speech », sur livemint.com, .
  20. (en) Cherylann Mollan, « Arundhati Roy wins PEN Pinter Prize for 'powerful voice' », BBC News, .
  21. The End of Imagination.
  22. The Greater Common Good.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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