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Art Polaroid

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Exemple de manipulation d'émulsion sur film Polaroid SX-70.

L'expression « art Polaroid » désigne un ensemble de pratiques artistiques ayant pour base l'utilisation de clichés argentiques instantanés, le plus souvent de la marque Polaroid[1].

Ces pratiques regroupent des travaux à partir d'images uniques, de compositions construites avec des clichés multiples, un travail de graphisme allant jusqu'à l'altération du processus de développement à l'aide d'outils dans le cas du film de type SX-70, et d'autres.

Dès les années 1970, plusieurs photographes et plasticiens explorent les possibilités techniques permises par cette technologie. L'américain Lucas Samaras initie entre 1969 et 1971 une première série d'auto-polaroids, puis, découvrant en 1973 les propriétés malléables du film SX-70 avant séchage, il produit des autoportraits dont il retravaille l'émulsion à l'aide d'outils et qu'il qualifie de « photo-transformations »[2].

L'artiste américain Andy Warhol s'est servi du Polaroid pour préparer ses portraits sérigraphiés[3].

Tirages grand format et compositions

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L'artiste américain David Hockney se sert des clichés instantanés comme outils graphiques à partir des années 1980 (Polaroid SX-70). Il réalise des photomontages de grandes dimensions qu'il appelle « joiners » constitués de multiples images.

Lucien Clergue de son côté recourt à la technique Polaroid à partir de 1981 et expose des collages noir et blanc et couleur en 1984, avant d'utiliser de très grands formats (50 x 60) l'année suivante[4]. Le photographe André Kertész a réalisé à la fin de sa carrière une série de polaroids remarquée[5],[6],[7].

« Photographisme » et photographie plasticienne

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Polaroid SX-70 d'Augusto De Luca (collection internationale Polaroid).

La découverte par certains professionnels et des plasticiens de la technique du Polaroid a assuré, à la suite du mec'art et dans les lignes générales de son esprit, la relance d'une photographie plasticienne qualifiée de « photographisme Polaroid » par ses auteurs. Des plasticiens tels que Stefan de Jaeger, Alain Fleig ou David Hockney en ont expérimenté les possibilités[8].

En 1981, le critique d'art français Pierre Restany, sur le catalogue de l'exposition Ars Machina I de la Maison de la Culture de Rennes, déclare : « L'art Polaroid dont Andreas Mahl[9], Ange Magnelli, Odile Moulinas et Pedro Uhart se sont révélés être, au cours de ces dernières années, les protagonistes militants, demeure l'une des options les plus ouvertes du photographisme contemporain[10]. »

Paolo Gioli, qui explore à la fois les compositions graphiques, et le travail sur le processus de développement, est plus volontiers qualifié de « néo-pictorialiste »[11].

Réception par les critiques

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L'exposition Photographismes au Centre Polaroid inspire au journaliste critique d'art Christian Caujolle une violente diatribe en 1980 : « Faut dire qu'ils n'y vont pas avec le dos de la cuiller. Copy-art, interventions textuelles, surimpressions sémiotiques et miroirs à la Lacan. Ils ne respectent même plus le polaroid des familles. »[12],[13] Vingt ans plus tard, Brian Neville et Johanne Villeneuve considèrent à propos du photographisme que « l'effet conceptuel et sensuel de ce graphisme est indissociable des spécificités des matériels photographiques utilisés : les films Polaroid « négatif/positif » apportent cette dualité. »[14].

Ces échanges de points de vue sont représentatifs d'une opposition entre tenants d'une photographie « classique » ou « pure », et représentants de l'art contemporain qui n'acceptent l'entrée de la photographie dans le domaine des arts que sous réserves. Cette analyse est développée dans une critique rétrospective faite par un journaliste de Artpress sur le traitement de la photographie par le journal auquel il participe. L'art Polaroïd a particulièrement été à la charnière des débats puisque, en raison du caractère unique de chaque photo, tirée à un seul exemplaire, il se rapprochait de l'idéal-type de l'œuvre d'art unique, non reproductible[15].

Plus généralement l'introduction des techniques Polaroïd, quel que soit le nom donné aux courants ayant utilisé ce média, est jugée comme ayant influencé l'art contemporain de façon significative, aussi bien par les critiques académiques[11] que par la presse grand public[16].

Développements récents

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Des photographes comme Jean-François Bauret, Paolo Roversi, Jean-François Joly[17], Guido Mocafico[18], Corinne Mercadier[19], ou la chanteuse Patti Smith[20] utilisent ou ont utilisé ce média, de même que des plasticiens comme Julian Schnabel. La styliste Vanessa Bruno publie en 2010 Dancing in the Moonlight, un livre dont les cinquante premiers exemplaires sont enrichis d’un Polaroid original signé de l'auteur[21].

Depuis 2000, les compositions graphiques à base de photographie Polaroid donnent régulièrement lieu à un concours organisé par la librairie-galerie parisienne Artazart et parrainé en 2012 par Patti Smith[22]. En , un festival qui lui est consacré est programmé à Paris, le Pola Festival. Le Polaroid Festival prendra la suite à partir de 2015[23].

La collection internationale Polaroid couvrant les années 1970 à 1990, qui regroupe des œuvres de 800 artistes et comporte 4 400 photos et montages (dont 1 400 grand-formats 50 × 60 cm), est sauvée de l'oubli et présentée au public au musée Westlich de Vienne, en Autriche[24].

Notes et références

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  1. Graphie du terme : en français, « Polaroid » se réfère à la marque, tandis que le substantif « polaroïd » s'écrit avec un tréma. Voir « Polaroïd » sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. (en) Lucas Samaras - J. Paul Getty Museum.
  3. Le retour des photos Polaroid - Philippe Rioux, La Dépêche, 13 septembre 2008.
  4. Biographie Lucien Clergue
  5. André Kertész au Jeu de Paume sur le site du magazine Forks.
  6. André Kertész, la photographie réflexive sur le site du quotidien Le Temps
  7. (en) Robert Gurbo, Eelco Wolf, André Kertész: The Polaroids, 2007.
  8. Polaroid: in instant we trust - Benjamin Bottemer, Luxuriant no 8, 8 août 2009.
  9. « Andreas Mahl, manipulateur de couleurs », Photo Reporter, no 33-37, p. 21, 1993.
  10. Pierre Restany, catalogue Ars Machina I, infographismes, photographismes, reprographismes : la création artistique et les nouvelles technologies : exposition de la Maison de la Culture de Rennes, 1981.
  11. a et b Camille Saint-Jacques (dir.), 1950-2000 Arts contemporains, CNDP, p. 339.
  12. Robert Pujade, Art et photographie : La critique et la crise, Éditions L'Harmattan, 2005 (ISBN 978-2-7475-8778-5), p. 81 [lire en ligne]
  13. Libération du 15 avril 1980
  14. (en) « The conceptual and sensual effect of this graphism is indissociable from the specifics of the materials that were used. Polaroid « positive/negative » films yieds this duality […] » — Brian Neville et Johanne Villeneuve, Waste-Site Stories: The Recycling of Memory, Suny Press, 2002 (ISBN 978-0-7914-5341-4), p. 233 [lire en ligne].
  15. « La photographie sous la férule de la critique » - Sylvain Maresca, Livhic, EHESS, 2008.
  16. « Polaroid, histoire d'un instant magique » - Luc Desbenoit, Télérama, 3 juillet 2010.
  17. « Une image du passé très très court ». Trois photographes partagent leur passion pour Polaroid. Paolo Roversi, Isabelle Waternaux, Jean-François Joly - Brigitte Ollier, Libération, 13 décembre 1997.
  18. Polaroid ne fera plus "bzzzzzzz" - Reproduction de l'article de Claire Guillot pour le journal Le Monde, 1er mars 2008.
  19. L'étrange univers de Corinne Mercadier - Ouest-France, 6 février 2012.
  20. Patti Smith à la Fondation Cartier : Land 250 - Arte, 1er septembre 2008.
  21. Vanessa Bruno, Dancing in the Moonlight, édition limitée, Collection Couleurs contemporaines, Bernard Chauveau Éditeur, 2010 (ISBN 978-2-915837-71-1).
  22. Polart et Artazart - Culture Bleue (blog), 3 février 2012.
  23. Polaroid Festival - Site officiel.
  24. (en) The International Polaroid Collection: Impossible And WestLicht Museum Of Photography Preserve A Legacy Of Images - 14 novembre 2011.

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Bibliographie

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Liens externes

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