Ars longa, vita brevis
L'expression Ars longa, vita brevis est une citation qui constitue les deux premières lignes de la traduction en latin d'un aphorisme énoncé par le médecin grec Hippocrate. Elle peut être traduite en français par « L'art est durable, la vie est brève ». Le texte en latin est :
« Ars longa,
vita brevis,
occasio praeceps,
experimentum periculosum,
iudicium difficile. »
Dans cette traduction, relativement courante, les deux premières phrases ont été inversées relativement au texte original en grec ancien.
La signification du mot « art » a évolué depuis la publication du texte original. Au début du XXIe siècle, il est interprété comme un « bel art » alors qu'il désigne à l'origine une technique, un savoir-faire (ars, τέχνη technê).
La traduction du texte latin est moins idiomatique :
« Art long,
vitalité brève,
occasion précipitée,
expérimentation périlleuse,
jugement difficile. »
En grec ancien
[modifier | modifier le code]Ce texte apparaît dans les Aphorismes (sect. I, no. 1) d'Hippocrate :
« Ὁ βίος βραχύς,
ἡ δὲ τέχνη μακρή,
ὁ δὲ καιρὸς ὀξύς,
ἡ δὲ πεῖρα σφαλερή,
ἡ δὲ κρίσις χαλεπή. »
Translittération :
« Ho bios brachys,
hê de technê makrê,
ho de kairos oxys,
hê de peira sphalerê,
hê de krisis chalepê. »
Ce texte peut se traduire par :
« La vie est courte,
[L']art long,
opportunité rapide,
expérimentation faillible,
jugement difficile. »
Ou encore :
« La vie est courte,
la science interminable,
l'opportunité fugace,
l'expérimentation faillible,
le jugement difficile. »
La traduction française d'Émile Littré de l'aphorisme complet est : « La vie est courte, la science est longue, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants et les choses extérieures y concourent »[1].
En français
[modifier | modifier le code]Le médecin Louis de Fontenettes, reprend les aphorismes d'Hippocrate sous forme de poèmes dans son ouvrage Hippocrate dépaysé (1654). « Ars longa, vita brevis » est ainsi développé par ces vers[2] :
« Or sans m'arrêter à l'ennui,
Je dis que si courte est la vie,
L'Art est bien long tout au rebours,
Qu'il faut avoir bien fait son cours »
.
Dans « Le Guignon » (poème des Fleurs du mal), Charles Baudelaire écrit « L’Art est long et le Temps est court. ».
Le narrateur reprend cet aphorisme, dans Le Temps retrouvé de Marcel Proust, qui sert de prémisse à une réflexion sur l'écriture : « si l'inspiration est courte, les sentiments qu'elle doit peindre ne sont pas beaucoup plus longs ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Hippocrate, œuvres complètes (trad. Émile Littré, préf. Georges Duhamel), t. I, Union Littéraire et artistique, , p. 181.
- Louis de Fontenettes, Hippocrate dépaïsé, (lire en ligne), Section I Aphorisme I.