Aller au contenu

Armeria muelleri

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Arméria de Müller, Armérie de Müller, Armérie de Mueller

Armeria muelleri est une espèce de plante à fleur de la famille des Plumbaginaceae, endémique des Pyrénées.

L'espèce Armeria muelleri est décrite par Alfred Huet du Pavillon (1829-1907) en 1853 d'après un spécimen récolté en 1852 dans les environs du pic du Canigou (2 784 m) lors d'un voyage en Languedoc et dans les Pyrénées[1]. Le nom est d'abord orthographié Armeria mulleri, puis devient Armeria muelleri, Mueller étant l'équivalent de Müller. L'espèce est dédiée au botaniste suisse Jean Müller[2], venu herboriser dans le Midi de la France en 1851[3].

Synonymes[4]
  • Armeria alpina subsp. muelleri (A.L.P.Huet) Malag., 1968
  • Armeria alpina var. muelleri (A.L.P.Huet) Nyman, 1881
  • Armeria halleri subsp. muelleri (A.L.P.Huet) Rouy, 1892
  • Armeria maritima subsp. muelleri (Huet) O.Bolòs & Vigo
  • Armeria maritima subsp. salvadorii (Bernis) Malag., 1976
  • Armeria maritima var. minor Rouy, 1892
  • Armeria mulleri Huet, 1853
  • Armeria muelleri var. minor Rouy, 1902
  • Statice armeria subsp. muelleri (Huet) P.Fourn., 1937
  • Statice muelleri (Huet) P.Fourn., 1937

Armeria muelleri est le nom majoritairement accepté, mais certaines bases de données considèrent parfois ce nom comme le basionyme de Statice muelleri[5].

Distribution

[modifier | modifier le code]

Armeria muelleri est originaire de la partie orientale des Pyrénées[6], et est présente principalement dans les Pyrénées-Orientales, dans le nord de la Catalogne et en Andorre[4].

Description

[modifier | modifier le code]
Exemplaire récolté en 1986 à 2 700 m près du sommet du Canigou.
Armeria muelleri sur les pentes du Cambre d'Ase, juillet 2021.
Armeria muelleri sur les pentes du Cambre d'Ase, juillet 2021.

En 1912, Charles Flahaut (1852-1935) en donne la description suivante : « Plante vivant plusieurs années, à racine allongée, à souche ligneuse, courte et ramifiée, sans poils ; feuilles planes ; étroites presque filiformes, molles, à une seule nervure ; tiges florales grêles ; fleurs réunies en capitule large de 18-20 mill., enveloppé, pendant son développement , par une gaine qui reste plus longue que lui au moment de la floraison ; involucre formé de folioles extérieures plus petites que les intérieures, ovales étroites, écailleuses et terminées en pointe, de couleur fauve ; calice marqué de côtes et terminé brusquement en pointes. Corolle rose vif. Fleurit en été. »[6]

En 1853, Alfred Huet du Pavillon décrit l'espèce comme une plante vivace, d'une hauteur de 20 à 30 cm. En plus de sa description complète en latin[Note 1], il donne plusieurs clefs afin de la distinguer d'espèces proches. Elle diffère[2] :

  • de l'Armérie maritime « par le tube du calice ; de beaucoup plus long que le pédicule, par la hauteur de ses scapes, etc. » ;
  • de l'Armérie du Roussillon « par ses feuilles molles, non mucronées ; par la hauteur de ses scapes ; par ses capitules plus petits et plus denses » ;
  • de l'Armeria multiceps « par les limbes du calice plus courts ou égaux au tube ; par ses feuilles non mucronées, non cartilagineuses, ni transparentes sur ses bords, etc. » ;
  • de l'Armeria juncea (synonyme de l'Armeria girardii)[7] « par ses feuilles uniformes uninerviées, non ciliées ; les intérieures non canaliculées dans leur moitié inférieure, toutes obtuses ; scapes plus élevées ; fleurs plus foncées » ;
  • de l'Armeria majellensis (synonyme de l'Armeria canescens subsp. nebrodensis)[8], « par les folioles extérieures extérieures de son involucre plus petites que les intérieures, toutes plus ou moins scarieuses sur les bords par les sillons du calice, velus ainsi que les côtes qui les égalent ; par ses feuilles uniformes, etc. ».

L'espèce Armeria muelleri se rencontre dans les pelouses et rochers siliceux de l'étage alpin, entre 2 300 m et 2 900 m d'altitude[6].

En 1934, Léon Conill cite Armeria muelleri parmi les 80 espèces de phanérogames que l'on peut trouver dans le massif du Canigou entre 2 700 m et son sommet à 2 784 m[9].

De par son habitat montagneux riche en métaux, Armeria muelleri a développé des capacités qui en font une espèce métallophyte, ayant un potentiel de plante bioindicatrice. Elle peut accumuler des métaux lourds dans ses racines, ses tiges ou ses feuilles, mais pas dans ses fleurs où, alors, un taux trop important diminue la qualité du pollen[10],[11].

L'espèce Armeria muelleri ne figure pas sur la liste rouge de l'UICN[4]. Néanmoins, une étude de 1998 sur les espèces endémiques, rares ou menacées de la flore de Catalogne, appliquant les mêmes critères que l'UICN, a évalué son statut de conservation comme espèce quasi menacée (NT, Near threatened), donc avec « probabilité d'être en danger dans un futur proche »[12]. Une étude similaire de 2013 présentant une liste des plantes menacées dans la région Midi-Pyrénées la classe comme espèce vulnérable (VU), avec « haut risque de mise en danger »[13].

Armeria muelleri est menacée par le réchauffement climatique qui, à terme, risque de réduire drastiquement la surface de l'étage alpin, sur laquelle elle vit, pour la transformer en étage subalpin. Elle sera obligée alors de se rapprocher toujours plus des sommets les plus élevés[14].

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Huet (1853). De quelques plantes nouvelles des Pyrénées. Annales des sciences naturelles. ser.3, t.19: 255.

Référence Biodiversity Heritage Library : 41552274 (consulté le )

  • Charles Flahaut (ill. Mlle. Bissonnet), Nouvelle flore coloriée de poche des Alpes et des Pyrénées, t. 3, Paris, P. Klincksieck, coll. « Bibliothèque de poche du naturaliste », , 201 p. (BNF 30439604, lire en ligne), p. 124.

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Ressources relatives au vivantVoir et modifier les données sur Wikidata :

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Perennis, scapo elongato, foliis linearibus mollibus obtusis universis, involucri foliis exterioribus herbaceis anguste scarioso-marginatis, interioribus obtusissimis scariosis, vagina capitulum vix duplo superante, calyce sulcato, villoso, sulcis costas aequantibus. Planta 2-3 decim. - Hab. in monte Canigou (Pyr. or.). » (Huet, 1853)

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean-Jacques Amigo, « Huet du Pavillon (Alfred) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  2. a et b Huet (1853). De quelques plantes nouvelles des Pyrénées. Annales des sciences naturelles. ser.3, t.19: 255. Référence Biodiversity Heritage Library : 41552274 (consulté le )
  3. John Briquet, Notice sur la vie et les œuvres de Jean Müller // Bulletin de l'Herbier Boissier, Genève, 1896
  4. a b et c (fr   en) Référence GBIF : Armeria muelleri
  5. (en) Référence IPNI : Armeria muelleri Huet, 1853 (consulté le )
  6. a b et c Charles Flahaut (ill. Mlle. Bissonnet), Nouvelle flore coloriée de poche des Alpes et des Pyrénées, t. 3, Paris, P. Klincksieck, coll. « Bibliothèque de poche du naturaliste », , 201 p. (BNF 30439604, lire en ligne), p. 124.
  7. (fr   en) Référence GBIF : Armeria juncea (consulté le )
  8. (fr   en) Référence GBIF : Armeria majellensis (consulté le )
  9. Léon Conill, « Notes scientifiques sur Vernet-les-Bains et ses environs », Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, vol. 58,‎ , p. 325 (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Anita Biskup et Romana Izmaiłow, « Endosperm development in seeds of Echium Vulgarel.(Boraginaceae) from polluted sites », Acta Biologica Cracoviensia Series Botanica, vol. 46,‎ , p. 39-44 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Esteban Remon, Tolérance et accumulation des métaux lourds par lavégétation spontanée des friches métallurgiques : vers denouvelles méthodes de bio-dépollution, Saint-Étienne, Université JeanMonnet, , 157 p. (lire en ligne).
  12. (ca) Llorenç Sáez, Josep Antoni Rosselló Picornell et Josep Vigo, « Catàleg de plantes vasculars endèmiques, rares o amenaçades de Catalunya. I. Tàxons endèmics », Acta Botanica Barcinonensia, vol. 45,‎ , p. 309-321 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, « Liste rouge des plantes vasculaires de Midi-Pyrénées », Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Nora Pérez-García, Xavier Font, Albert Ferré et Jordi Carreras, « Drastic reduction in the potential habitats for alpine and subalpine vegetation in the Pyrenees due to twenty-first-century climate change », Regional Environmental Change, vol. 13,‎ , p. 1157–1169 (lire en ligne, consulté le ).