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Al Hoceïma

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Al Hoceïma
Lḥusima / Taɣzut / Tijdit (ber)
ⵍⵃⵓⵙⵉⵎⴰ / ⵜⴰⵖⵣⵓⵜ / ⵜⵉⵊⴷⵉⵜ (ber)
الحسيمة (ar)
Alhucemas (es)
Al Hoceïma
Capitale culturelle et historique du Rif
Administration
Pays Drapeau du Maroc Maroc
Région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma
Province Al Hoceïma
Maire Najib El Ouazzani
Code postal 32000
Démographie
Gentilé Hocimi(a)
Population 56 716 hab. (2014[1])
Géographie
Coordonnées 35° 14′ 57″ nord, 3° 55′ 58″ ouest
Altitude 100 m
Divers
Site(s) touristique(s) plage Quemado, plage Sféha, Peñón dé Vélez dé la Gomera et plage Badés, Parc national d'Al Hoceïma, plage Cala Iris, plage Cala Bonita, plage Sabadilla, plage Tala Youssef, plage Matadéro, plage Isri, plage Rmoud, plage Souani, plage Tikkit, plage Taoussarte, forteresse de Torrés dé Alcala et plage Torrés, plage Boussekour et plage Boumahdi
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Maroc
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Al Hoceïma
Géolocalisation sur la carte : Maroc
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Al Hoceïma

Al Hoceïma (en berbère: ⵍⵃⵓⵙⵉⵎⴰ Lḥusima, Taghzut[2], ou encore Tijdit, en arabe : الحسيمة, en espagnol Alhucemas) est une ville située sur la côte nord du Maroc (mer Méditerranée), à 291 km de Tanger à l'ouest et à 205 km de Saïdia. La ville est la capitale culturelle du Rif[3].

La ville est située au centre de la région du Rif (Rif central), séparant le Rif occidental (Tanger, Tétouan, Chefchaouen, El jebha) du Rif oriental (Midar, Driouch, Nador, Berkane)

La ville est géographiquement et historiquement rattachée à la tribu amazighe des Ibkoyen[4], dont elle est le chef-lieu. Cette tribu est établie entre Al Hoceïma et le village de Badès dans le massif montagneux des Bokkoyas (nom arabe des Ibkoyen), là où se trouve le parc national d'Al Hoceïma[5].

En 2014, d'après le recensement, elle compte 56 716 habitants[1]. Quant à la province d'Al Hoceïma, qui comprend les villes et villages voisins, elle a plus de 300 000 habitants[1].

Depuis les élections 2021, le maire de Al Hoceima est Najib El Ouzanni.

Étymologie

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Le nom d'origine de la ville, Taghzout (Taɣzut), qualifie une terre fertile, une terre d'alluvions[6],[7], ou une parcelle de terre en berbère rifain. Elle fut aussi appelée Tijdit (qui qualifie en berbère une terre sableuse), avant de prendre l'appellation espagnole Villa Sanjurjo et Villa Alhucemas. La ville n'est pas loin du site archéologique de la ville médiévale d'Al Mazamma. Les déformations successives d'Al Mazamma durant le Moyen Âge en espagnol ou français en Buzema, Albouzèmes et Alhucemas ont fini par donner le nom définitif à l'îlot d'Alhucemas occupé par l'Espagne. Après l'indépendance, le nom «Al Hoceïma» fut adopté par l'état marocain, comme arabisation d’«Alhucemas». Les rifains surnomment la ville «Biya» dérivé de Villa Al hucemas puis Villa Sanjurjo.

Son climat est de type méditerranéen: étés secs et modérément chauds, hivers pluvieux, neigeux et frais.

  • Températures moyennes d'été : min. 17 °C, max. 35 °C
  • Températures moyennes d'hiver : min. 5 °C, max. 15 °C

Géographie

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Parc national d'Al Hoceïma.

La ville d’Al Hoceïma est géographiquement située au centre nord du Maroc sur le littoral méditerranéen, avec une superficie de 3 550 km2 caractérisée en majorité par une pente allant de 10 % à 40 % et 12 000 ha de plaines. Elle est limitée à l’ouest par Chefchaouen et Taounate, à l’est par Nador, au sud par Taza et par 120 km de côtes méditerranéennes au nord.

Al Hoceïma est située dans le Rif, chaîne montagneuse du Maroc méditerranéen.

Le parc national d'Al Hoceïma, d'une superficie de 47 000 ha, englobe une partie terrestre les villages de la tribu des Ibkoyen et une partie située en mer, il englobe les sites côtiers les mieux préservés de la côte nord marocaine, de hautes falaises et l'arrière-pays montagneux du Rif. L'eau de la mer d'Al Hoceïma se distingue par une limpidité favorisant une richesse marine de biodiversité. On y trouve de nombreux groupes marins tels les cnidaires, les annélides, les mollusques, les crustacés, les échinodermes, les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères marins. La présence simultanée dans le parc de trois espèces de dauphins, dauphin commun, dauphin bleu et blanc et grand dauphin, constitue un fait remarquable en Méditerranée. Il offre également abri à des espèces très rares telles que le goéland d'Audouin et le phoque moine, espèce en voie de quasi-extinction[évasif] en mer Méditerranée. Le parc présente un intérêt ornithologique particulier : soixante-neuf espèces d'oiseaux y sont dénombrées, dont spécifiquement une des plus grandes concentrations mondiales de balbuzards pêcheurs.

La mer d'Al Hoceïma compte également de nombreuses îles, comme les minuscules îles de Sabadilla et de Cala Iris et surtout de très nombreux petits îlots rocheux. L'île Peñón de Alhucemas (plage Sféha) a la particularité d'être sous souveraineté espagnole et la presqu'ile de Badés (Peñón de Vélez de la Gomera) (plage Badés) aussi sous souveraineté espagnole.

Elle est située à 126 km de Nador, 127 km de Melilla, 228 km de Taourirt, 291 km de Tanger et à 268 km de Ceuta à lˋOuest, à 272 km de Fés au sud et à 205 km de Saïdia et de la frontière algérienne.

Politique et administration

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Depuis les élections de septembre 2021, le maire de la ville est monsieur Najib Ouzanni.

Al Hoceïma est devenu province d’après le Dahir du complété par celui de . Elle est organisée en un Pachalik à la ville d’Al Hoceïma avec trois arrondissements et une municipalité, et en trois cercles :

  • cercle de Aït Ouaryaghel composé de cinq caïdats, treize communes rurales et deux municipalités ;
  • cercle de Targuist avec quatre caïdats, quatorze communes rurales et une municipalité ;
  • cercle de Bni Boufrah constitué de deux caïdats, quatre communes rurales.

Al Hoceïma formait avec les provinces de Taza et de Taounate la quinzième région du royaume entre la loi 47-96 du , qui avait mis un terme au découpage du royaume en sept régions économiques pour le remplacer par un nouveau découpage de seize régions, et la loi de 2015.

En 2014, d'après le recensement, la commune d'Al Hoceïma compte 56 716 habitants[1]. Avec sa province, elle compte plus de 300 000 habitants[1]. La population de cette province a la particularité de tripler en période estivale, avec le retour des ressortissants vivant en Europe et le tourisme balnéaire[réf. souhaitée].

Les habitants d'Al Hoceïma sont les Hoceimi, terme peu utilisé au Maroc. Les habitants sont souvent identifiés par le terme Ryafa en arabe, terme qui regroupe les habitants de la région du Rif.

Langue et culture

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La langue parlée à Al Hoceïma est le rifain, de la famille des langues berbères, la langue vernaculaire est majoritairement le rifain (tarifit). Les langues enseignées à l'école sont le Berbere (Rifain) et l'arabe littéraire. Al Hoceïma ayant été colonie espagnole, comme la majorité du nord marocain, la langue espagnole y est très parlée. Les historiens linguistes rattachent le rifain à la catégorie des langues berbères amazighes de type Zénète (Z'natiy). Comme les dialectes tamazigh et tachelhit parlés dans d'autres régions du Maroc ou le kabyle en Algérie, le rifain resté longtemps de tradition et transmission orale renaît aujourd'hui sous sa forme écrite grâce à l'alphabet amazighe, le tifinaghe.

Abdelkrim El Khattabi.

La ville d'Al Hoceïma dans ses contours actuels a été créée en 1920 par l'Espagne.

Al Hoceïma est principalement connue pour son histoire de ville rebelle contre le pouvoir colonisateur espagnol. Abdelkrim El Khattabi (né à Ajdir et issu de la tribu Beni Ouriaghel) est président d'une des premières formes démocratiques de pouvoir en Afrique, la république du Rif. La guerre du Rif, qui voit un débarquement espagnol en 1925 dans la baie, est un épisode symbolique fort dans l'histoire du Maroc et de l'Afrique. Elle est la première guerre anti-coloniale du XXe siècle et précède les conflits liés à la décolonisation en Afrique et dans le reste du monde.

Le port est ouvert officiellement au commerce en 1931.

Al Hoceïma est aussi connue pour son histoire douloureuse et ses liens difficiles avec le pouvoir central marocain, avec notamment l'insurrection du Rif de 1958, et le sentiment d'une ville un peu livrée à elle-même après le départ des colonisateurs espagnols jusque la fin du règne de Hassan II.

Dans la nuit du , un tremblement de terre d'une magnitude de 6,3 degrés sur l'échelle ouverte de Richter ravage une partie de la ville ainsi que des localités avoisinantes comme Imzouren. Le bilan définitif de ce séisme est de 629 morts, 926 blessés et 15 230 sans-abris, selon un communiqué du du ministre de la communication Nabil Benabdallah. Un vaste programme de relogement et d'infrastructures est lancé par la suite.

La ville a également connu une série de secousses au début de l'année 2016. Un séisme de 4,9 sur l'échelle de Richter a été enregistré le à 13h47, faisant 15 blessés.

En , un vendeur de poisson de la ville, nommé Mouhcine Fikri, meurt broyé par le mécanisme d'une benne à ordures. Alors qu'il transportait du poisson pêché illégalement, il est arrêté par la police et son poisson est jeté dans la benne. En voulant s'opposer à la destruction de son gagne-pain, il se jette dans le camion poubelle quand les policiers ont donné l'ordre au chauffeur de broyer la benne, il mourra quelques instants plus tard[8]. Cet événement provoque un mouvement de contestation qui se diffuse rapidement au reste du pays ainsi que dans le monde, et qui se prolonge plusieurs mois dans la région d'Al-hoceïma, où il prend le nom de Hirak[9]. Plusieurs manifestations sont organisées dans différents pays (Espagne et Belgique principalement). La répression gouvernementale vise les médias qui couvrent l'événement, et passe par des interdictions de manifester et des ralentissements, voire coupures d'Internet[10] mais aussi par la détention des manifestants. Les peines vont de 5 à 20 ans.

Orientée vers la pêche et le tourisme, Al Hoceïma est une des plus grandes stations balnéaires du Maroc et d'Afrique du Nord. La venue massive pendant l'été des ressortissants (M.R.E) et touristes intérieurs est favorisée par la multitude des plages dans la région: complexe hôtelier Quemado, Tala Youssef, complexe Chafarinas, Cala Iris (parc national d'Al Hoceïma), Souani, Sféha (complexe hôtelier et site archéologique «Al mazamma», corniche et plage), Cala Bonita, Badés (parc national d'Al Hoceïma), Rmoud, Sabadilla (corniche et plages), Torrés (parc national d'hoceïma), Boussekour, Boumahdi, Isri, Matadéro (complexe), plage Tikkit (parc national d'Al Hoceïma) et plage de Taoussarte (parc national d'Al Hoceïma).

Al Hoceïma est la première ville au Maroc et en Afrique à avoir accueilli un village Club Méditerranée au début des années 1960, ouvert seulement en été, ouvrant la voie aux villages clubs d'Agadir ou Marrakech. Le village très fréquenté dans les 30 premières années va marquer le pas. Malgré des améliorations et modernisations des installations, le «Club Med» d'Al Hoceïma déficitaire sera fermé en 2003 après la saison pour cause de fréquentation insuffisante et de standing insuffisant.

Al Hoceïma est stimulée économiquement aux niveaux touristique et infrastructures depuis des années grâce aux centaines de milliers de ressortissants originaires d'Al Hoceima et de sa province qui viennent chaque année en masse en période estivale, ressortissants installés en France, en Allemagne, en Espagne et surtout en Belgique et aux Pays-Bas où ils constituent l'essentiel de la population d'origine marocaine.

Al Hoceïma est connue pour ses belles plages et ses maisons luxueuses.

Plage Quemado, vue prise à partir de la corniche "Moroviejo" -by D.M

Infrastructures et transports

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Les grands chantiers de la Route nationale 16 ont permis depuis 2007, un désenclavement routier de la ville d'Al Hoceïma, longtemps marquée par une accessibilité restée difficile par la route et dangereuse depuis des décennies. L'aboutissement de cette rocade Méditerranée le long des côtes maritimes était attendu depuis plus de dix ans par les populations locales et ressortissantes. Troisième port du Maroc pour le traitement du trafic passagers, le port d'Al Hoceïma dispose d'une gare maritime à infrastructures modernes, inaugurée par le roi Mohammed VI en 2007 et qui reste souvent fermé durant l'année par manque de volonté politique, le port n'est que très peu desservi, durant les périodes des vacances d'été (très peu de ferries présents par peur de voir le nouveau port de Tanger et de Nador diminuer en capacité). Cependant, depuis 2012, la compagnie maritime originaire des Îles Canaries, Naviera Armas permet des rotations avec Motril en Espagne à bord de ferries de nouvelle génération tels que les Volcán de Tamasite, Volcán de Timanfaya et le Catamaran à grande vitesse, Volcán de Teno. Ceci est en complète rupture par rapport aux années précédentes, car Al Hoceïma n'accueillait que très peu de ferries depuis 2003 et le peu de navires qui assuraient une liaison avec l'Espagne étaient pour la grande majorité vétustes. De plus, aujourd'hui, les rotations ne se font pas uniquement durant la période estivale, mais toute l'année.

Al Hoceïma possède un aéroport international, l'aéroport Al Hoceima - Cherif Al Idrissi, (code IATA: AHU). Celui-ci ne dessert que très peu de lignes régulières avec l'Europe. Les liaisons directes les plus fréquentées sont celles avec Bruxelles Zaventem (agence ML tours pour Brussels Airlines) et Amsterdam Schiphol (Transavia), compte tenu des nombreux ressortissants rifains vivant en Belgique et aux Pays-Bas et l'aéroport Charleroi Bruxelles-Sud (TUI Fly).

Clubs de football

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Logo de Chabab Rif Al Hoceima

Chabab Rif Al Hoceima, est une équipe de football qui représentait la ville d'Al Hoceïma en 1re division (Botola Pro).

Personnalités

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Ibrahim Afellay avec les Pays-Bas.

Footballeurs

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Personnalités politiques
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Personnalités religieuses
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  • Abou Chayma, exorciste et prédicateur en Europe du Nord-Ouest, y est né en 1952 ;

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b c d et e « population légale de la province d'Al Hoceima par communes. », sur Direction Régionale de Taza-Al Hoceima-Taounate.
  2. Documents sur Al Hoceima, nom originel de la ville : Taghzout (lire en ligne)
  3. « Historique d'Al Hoceima »
  4. « GPR Survey at the Archaeological Site of Almazamma, Al Hoceima (Morocco) », sur citeseerx.ist.psu.edu (consulté le )
  5. « Journal Lematin - AL-HOCEIMA : UNE FAUNE ET UNE FLORE TRÈS RICHES »
  6. Mohand Akli Haddadou, Dictionnaire des racines berbères communes (lire en ligne)
  7. « Taɣzut - Amawal, Dictionnaire de la Langue Amazighe de l'Association Culturelle Imedyazen », sur amawal.wikidot.com (consulté le )
  8. Charlotte Bozonnet, « Au Maroc, Al-Hoceima exige la vérité sur la mort de Mouhcine Fikri, broyé dans une benne », sur le.monde.fr, (consulté le )
  9. Propos recueillis par Charlotte Bozonnet, « Maroc : « La longévité du Hirak s’explique par l’absence de démocratie locale » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  10. Ghalia Kadiri, « Le difficile travail des journalistes pour couvrir la contestation dans le Rif marocain », sur lemonde.fr, (consulté le ).