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Abbas ibn Firnas

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Abbas Ibn Firnas
Portrait d'Abbas Ibn Firnas par Eulogia Merle.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
عباس بن فرناسVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
عبَّاس بن فِرناس بن وِرداس التاكِرنيVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Activités

Abou al-Qasim Abbas ibn Firnas ibn Wirdas al-Takurini (810-887), également connu sous le nom d'Abbas ibn Firnas, est un inventeur, médecin, chimiste, ingénieur, musicien et poète andalousi, d'origine berbère[1],[2],[3]. La racine de son nom, qui est Afernas en berbère, est assez répandue aujourd'hui au Maroc et en Algérie [4]. Il est né à Izn-Rand Onda, en al-Andalus (actuelle Ronda, en Espagne), a vécu dans l'Émirat de Cordoue, et est réputé pour avoir tenté de voler[5],[6].

Il est né dans une famille noble à Ronda[7], sous le règne des Omeyyades. Ses ancêtres ont participé à la conquête de la péninsule Ibérique[2] . Son nom complet était Abū l-Qāsim Abbās b. Firnās b. Wardas. Il pourrait descendre d'une famille d'origine berbère qui vivait à Ronda. Il y a très peu de références à ses données biographiques. On sait qu'il était un mawlà (ou "client") omeyyade et qu'il était au service des émirs al-Ḥakam I (180/206 H.- 796/822 C.), Abd al-Raḥmān II (206/238 H.- 822/852 C.) et Muḥammad I (238/273 H.-852/886 C.)[8].

Travaux scientifiques

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Abbas Ibn Firnas a conçu une horloge à eau appelée al-Maqata, conçu un moyen de fabriquer du verre incolore, inventé divers planisphères de verre, fabriqué des verres correcteurs, conçu une chaîne d'anneaux pouvant simuler les mouvements des planètes et des étoiles, et a mis au point un procédé pour couper le cristal de roche qui a permis à l'Andalousie (l'Espagne d'aujourd'hui) de cesser d'exporter du quartz en Égypte pour être coupé[5],[6]. Il aurait également élaboré une sphère armillaire et un planétarium[9].

Quelque sept siècles après la mort de Firnas, l'historien Ahmed Mohammed al-Maqqari (mort en 1632) a écrit une description de Firnas qui comprenait ce qui suit :

« Parmi d'autres expériences très curieuses qu'il a faites, l'une est son essai de voler. Il se couvrit de plumes, attacha deux ailes à son corps et, s'élevant, se jeta dans les airs, quand, d'après le témoignage de plusieurs écrivains de confiance qui assistèrent à la représentation, il vola sur une distance considérable, comme s'il avait été un oiseau, mais en atterrissant à l'endroit d'où il avait commencé, son dos était très endommagé, ne sachant pas que les oiseaux atterrissent sur leurs queues, il a oublié de s'en fournir d'une[6]. »

On dit qu'al-Maqqari a utilisé dans ses travaux d'histoire « beaucoup de sources anciennes n'existant plus », mais dans le cas de Firnas, il ne cite pas ses sources pour les détails du fameux vol, bien qu'il réclame qu'un verset dans un poème arabe du ixe siècle est en fait une allusion au vol de Firnas. Le poème a été écrit par Mu'min ibn Said, un poète de la cour de Cordoue sous Muhammad Ier (mort en 886), qui le connaissait, et généralement critique d'Ibn Firnas[6]. Le verset pertinent fait savoir : « Il a volé plus vite que le phénix dans son vol quand il a habillé son corps dans les plumes d'un vautour[10] ». Aucune autre source survivante ne se réfère à l'événement[10].

Il aurait effectué sa tentative en s'élançant d'une tour (ou d'une falaise selon la version) à l'âge déjà avancé de 60 ans et en aurait survécu miraculeusement. Il en aurait compris la nécessité des plumes de la queue des oiseaux dans la phase d'atterrissage[9].

Il a été suggéré que la tentative de vol plané d'Ibn Firnas aurait pu inspirer la tentative d'Eilmer de Malmesbury entre 1000 et 1010 en Angleterre[11], mais il n'y a aucune preuve justifiant cette hypothèse[6].

Armen Firman

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Armen Firman peut être le nom latinisé d'Abbas Ibn Firnas[12].

Le pont Abbas Ibn Firnas à Cordoue

Selon certaines sources secondaires, environ 20 ans avant qu'Ibn Firnas ait tenté de voler, il aurait pu être témoin de Firman alors qu'il s'enveloppait dans un manteau avec des entretoises en bois et avait sauté d'une tour à Cordoue, avec l'intention d'utiliser le vêtement comme des ailes sur lequel il pouvait planer. La prétendue tentative de vol a été infructueuse, mais le vêtement a suffisamment ralenti sa chute pour qu'il ne subisse que des blessures mineures[5].

Toutefois, il n'y a aucune référence à Armen Firman dans d'autres sources secondaires, dont traitent de manière exhaustive la tentative de vol d'Ibn Firnas[6],[13],[14]. Armen Firman n'est pas mentionné dans le compte d'al-Maqqari[5].

Comme cette histoire n'a été notée que dans une seule source primaire, al-Maqqari[10], et que le saut de Firman aurait été la source d'inspiration d'Ibn Firnas[5], l'absence de mention de Firman dans le compte d'al-Maqqari peut indiquer que le saut de la tour a plus tard été confondu avec la tentative de planer d'Ibn Firnas, dans les écrits secondaires[5].

Postérité

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Le cratère Ibn Firnas sur la Lune est nommé en son honneur et l'un des ponts sur le fleuve Guadalquivir, à Cordoue, inauguré en 2011[15]. La Libye a produit un timbre-poste à son effigie.

Notes et références

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Références

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  1. Bibliotheque de l’école des hautes études, (lire en ligne), p. 160.
  2. a et b Nicolas Witkowski (dir.) et al., Dictionnaire culturel des sciences : art, littérature, cinéma, sociologie, mythe, politique, histoire, humour, religion, éthique, économie, poésie, vulgarisation, Paris, Editions du Regard ; Éditions du Seuil, , 441 p. (ISBN 978-2-84105-128-1, OCLC 1014772597), Ibn Firnas ('Abbâs) », par Ahmed Djebbar.
  3. (en) Lynn Townsend White, Jr, Eilmer of Malmesbury, an Eleventh Century Aviator : A Case Study of Technological Innovation, Its Context and Tradition, , p. 97-111

    « Ibn Firnas était un polymathe : un médecin, un poète plutôt mauvais, le premier à faire du verre à partir de pierres (quartz), un étudiant en musique, et inventeur d'une sorte de métronome »

    .
  4. (en) Lévi-Provençal, E., « ʿAbbās b. Firnās », Encyclopaedia of Islam, Second Edition,‎ (ISBN 9789004161214, DOI 10.1163/1573-3912_islam_sim_0021, lire en ligne, consulté le ).
  5. a b c d e et f Épisode Abbas Ibn Firnas, 1910e épisode de la série University of Houston - The Engines of Our Ingenuity. Réalisation de John H. Lienhard. Visionner l'épisode en ligne Transcript.
  6. a b c d e et f (en) Lynn Townsend White, Jr, Eilmer of Malmesbury, an Eleventh Century Aviator : A Case Study of Technological Innovation, Its Context and Tradition, , p. 97-111.
  7. Evariste Lévi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, vol. 1, Maisonneuve et Larose, , 403 p. (ISBN 978-2-7068-1386-3, lire en ligne), p. 274.
  8. (es) Fernando Gómez del Val, Real Academia de la Historia,, « article Abbas Ibn Firnas », sur dbe.rah.es (consulté le ).
  9. a et b Violet Moller Les sept cités du savoir - Comment les plus grands manuscrits de l'antiquité ont voyagé jusqu'à nous, Payot & Rivages, Paris, 2023, p. 146
  10. a b et c (en) Lynn Townsend White, Jr, Eilmer of Malmesbury, an Eleventh Century Aviator : A Case Study of Technological Innovation, Its Context and Tradition, , p. 97-111

    « L'historien marocain al-Maqqari, qui est mort en 1632 après J.-C. mais qui utilisa de nombreuses sources anciennes qui n'existaient plus, parle d'un certain Abu'l Qasim 'Abbas b. Firnas, qui a vécu à Cordoue au cours du neuvième siècle. [...] Aucun historien moderne ne peut se contenter d'une source écrite 750 ans après l'événement, et il est étonnant que, si plusieurs témoins oculaires ont enregistré le vol de Firnas, aucune mention d'elle indépendante d'al-Maqqari n'a survécu. Pourtant, al-Maqqari cite un poème contemporain de Mu'min b. Said, un poète mineur à la cour de Cordoue sous Muhammad Ier (mort en 886), qui semble se référer à ce vol et qui a la plus grande valeur probante parce que Mu'min n'aimait pas b. Firnas : il critiquait l'une de ses métaphores et désapprouvait son retentissement artificiel. [...] Bien que la preuve soit mince, nous devons conclure que b. Firnas fut le premier homme à voler avec succès, et qu'il a la priorité sur Eilmer pour cet honneur. Mais il n'est pas nécessaire de supposer qu'Eilmer avait besoin d'un stimulus étranger pour construire ses ailes. L'Angleterre anglo-saxonne à son époque a fourni une atmosphère propice à l'originalité, peut-être en particulier dans la technologie »

    .
  11. (en) John H. Lienhard, « The flying monk », The Engines of Our Ingenuity, no 3,‎ 1988-1997 (lire en ligne).
  12. (en) « Illustrious Names in the Heavens: Arabic and Islamic Names of the Moon Craters », sur www.muslimheritage.com (consulté le ).
  13. Elias Terias, "Sobre el vuelo de Abbas Ibn Firnas", Al-Andalus, Vol. 29, No. 2 (1964), p. 365-369
  14. Lévi-Provençal, E. "ʿAbbās b. Firnās b. Wardūs, Abu 'l-Ḳāsim." Encyclopaedia of Islam, 2e édition, Édité par : P. Bearman, Th. Bianquis, C.E. Bosworth, E. van Donzel and W.P. Heinrichs, 2009
  15. Pont Abbas Ibn Firnás [1]

Bibliographie

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  • Syed Iqbal Zaheer, An Educational Encyclopedia of Islam, Iqra Welfare Trust, , 1280 p. (ISBN 978-603-95004-4-0)

Articles connexes

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Liens externes

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