Création collective du mouvement Dada au Cabaret Voltaire par la grâce des poètes Hugo Ball, Emmy Hennings, Tristan Tzara, des peintres Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber et une page de dictionnaire prise au hasard[1]. Le Cabaret Voltaire, à Zurich, est une petite taverne de la Spiegelstrasse transformée en café littéraire et artistique dont les murs sont couverts de tableaux créant une ambiance à la fois intime et oppressante[2]. Hugo Ball : « Janco a fait un certain nombre de masques […] conçus pour être vus à distance, font un effet incroyable […] Non seulement le masque réclamait aussitôt le costume, mais il imposait également des gestes précis, pathétiques, qui frôlaient la démence. Sans que nous eussions pu nous en douter […], nous fûmes en train de nous mouvoir comme dans un ballet bizarre, drapés et ornés d'objets invraisemblables, renchérissant l'un l'autre par nos idées. »
Lettre de Paul Valéry à André Breton, en réponse au poème Âge (« Aube, adieu ! Je sors du bois hanté ; j'affronte les routes, croix torrides. Un feuillage bénissant me perd. L'août est sans brèche comme une meule… ») : « Je vois maintenant que l'illumination vous gagne. La noble maladie suit son cours. Il faut l'avoir eue, guérir et en garder certaines traces. L'essentiel est de n'en être pas défiguré pour la vie. Mais je m'assure que vous ayant pris de bonne heure et vu sa violence ce mal ardent vous sera un bien. »[3]
L'arrivée de Richard Huelsenbeck dynamise le mouvement. Ball note dans son journal que la nouvelle recrue « aimerait tambouriner jusqu'à ce que la littérature disparaisse sous terre »[4].
André Breton rencontre Jacques Vaché à Nantes où ce dernier est en convalescence d'une blessure reçue en septembre 1915[5].
Constat du succès du Cabaret Voltaire par Hugo Ball : « Nous sommes tellement pris de vitesse par les attentes du public que toutes nos forces créatives et intellectuelles sont mobilisées [...] Aussi longtemps que la ville ne sera pas soulevée par le ravissement, le Cabaret n'aura pas atteint son but. »[6]
Les premiers poèmes d'Antonin Artaud paraissent dans La Revue de Hollande[8].
Philippe Soupault déclaré « bon pour le service », est affecté dans l'artillerie à Angers. « Choisi » avec une cinquantaine de ses camarades pour l'expérimentation d'un vaccin contre la typhoïde, il est évacué à l'hôpital de Creil (Oise) à cause de fortes fièvres et des crises de délire.[réf. nécessaire]
André Breton rencontre Adrienne Monnier : « Nous eûmes, écrit-elle, tout de suite de longues conversation […] Il avait des vues exclusives qui me dépaysait tout à fait […] [Son] regard restait étranger au monde et même à soi […] C'est la violence qui le fait statue. »[9]Breton : « [Elle] a su faire [de sa librairie] le foyer d'idées le plus attractif de l'époque. Le beau grain qu'elle savait mettre dans les discussions, les chances qu'elle donnait à la jeunesse et jusqu'à l'excitante partialité de ses goûts : elle ne manquait pas d'atouts dans son jeu. »[réf. nécessaire]
Walter Serner et Tristan Tzara organisent une soirée Dada dans une grande salle pouvant accueillir 1 500 personnes, celle-ci se termine en bagarre. « Victoire définitive de Dada » note Tzara avec satisfaction[10].
Parution du premier (et unique) numéro de la revue Cabaret Voltaire créée par Hugo Ball. C'est dans son éditorial, signé Hugo Ball, qu'apparait pour la première fois le mot « Dada »[13],[14].
Dernière soirée du Cabaret Voltaire à cause du couvre-feu de 10h imposé par la police (Polizeistunde) zurichoise[15].
À sa demande, Breton est affecté au centre neuro-psychiatrique de Saint-Dizier (Haute-Marne) où sont envoyées les victimes de traumatismes et troubles mentaux liés à la guerre. Découverte de Sigmund Freud dans le traité La Psychoanalyse des docteurs Emmanuel Régis et Angelo Hesnard[19].
Ball ayant fermé le Cabaret Voltaire, les dadaïstes investissent une grande salle d'exposition : Zur Waag[21].
Pendant ses vacances à Locronan (Finistère), Yves Tanguy fréquente un peintre dénommé Toché qui se passionne pour la reproduction des nuances atmosphériques du paysage vespéral en regardant le motif à travers un verre teinté qui inverse les valeurs ou des lunettes noires pour obtenir une précision plus aiguës des objets[22].
Déclaré « bon pour le service », Artaud est incorporé dans le 3e régiment d'infanterie en garnison à Digne (Alpes-de-Haute-Provence)[23].
Dans une lettre adressée à Tristan Tzara, Hugo Ball annonce, sans aucune acrimonie, sa rupture avec Dada : « Croyez-moi : tout dadaïsme est sauce de réglisse. Ces pots de bruit de ma petite église de Vira. Pardonnez ! »[24]
Paul Eluard est infirmier à Haugicourt (Somme) à proximité du front. Il écrit et édite « aux armées » un recueil de poèmes Le Devoir qu'il signe Paul Eluard, du nom de sa grand-mère maternelle[25].
Première lettre de Jacques Vaché à André Breton : « Je promène de ruines en villages mon monocle de Crystal et une théorie de peintures inquiétantes. J'ai successivement été un littérateur couronné, un dessinateur pornographe connu et un peintre cubiste scandaleux. Maintenant, je reste chez moi et laisse aux autres le soin de discuter ma personnalité d'après celles indiquées. Le résultat n'importe. »[27]
Breton est envoyé dans un corps de brancardiers pendant l'offensive sur la Meuse[12].
Hugo Ball : « Ce que nous appelons Dada est un jeu de fous dans le vide, qui a impliqué tous les grands problèmes […] tel un geste de gladiateur ; un jeu avec des restes minables […] l'exécution de la moralité prétendue. »[28]
Beatrice Wood rencontre Marcel Duchamp et lui déclare que le premier venu peut faire de l'art moderne. Elle réalise aussitôt un dessin appelé Marriage of a friend que Duchamp fait paraître dans la revue d'avant-garde The Rogue[31].
Prostitution universelle, schéma d'une machinerie composée d'une lunette pyramétrique et d'un galvanomètre sensible à suspension rehaussé de peinture métallisée[45]
La Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine, illustrée de sept gravures sur bois et colorés de Marcel Janco : « Dada est notre intensité [...] Dada est l'art sans pantoufles ni parallèles ; qui est contre et pour l'unité et décidément contre le futur. »[50]
↑Tristan Tzara : « Je ne veux cependant pas dire que la légende de Dada ne correspond pas à la réalité », annotation manuscrite du début des années 1960, rapportée par Anne Sanouillet dans sa préface à Michel Sanouillet, Dada à Paris, CNRS éditions, Bayeux, 1965, édition remaniée et augmentée de 2005, (ISBN2-271-06337-X), p. XII.
↑Henri Béhar & Michel Carassou, Le Surréalisme, Librairie Générale Française, Paris, 1982, Le Livre de poche 1992, p. 8 et Laurent Le Bon (dir.), Dada (exposition, Centre Pompidou, Galerie 1, du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006), Centre Pompidou, (ISBN2-84426-277-5), p. 219.
↑96,3 × 73,8 cm. Stuttgart, Staatsgalerie. Reproduction dans Dossier de l'art no 160, février 2009, p. 5.
↑Neue Pinakothek, Munich. Reproduction dans Dossier de l'art no 160, p. 69. « 1918 » pour Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 188.
↑80,5 × 71,4 cm. Museum of Modern Art, Osaka. Reproduction dans Dossier de l'art no 160, p. 28.
↑André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 16.
↑48,2 × 36,5 cm. Collection particulière, Italie. Reproduction dans Dossier de l'art no 160, p. 28.
↑12,7 × 15,2 × 15 cm. Cité dans Didier Ottinger (sous la direction de), Dictionnaire de l'objet surréaliste, Gallimard & Centre Pompidou, Paris, 2013, catalogue de l'exposition le Surréalisme et l'objet présentée au Musée national d'art moderne, Centre Pompidou du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014, (ISBN978-2-07-014181-4), p. 208.
↑Reproduction dans Lemoine, p. 30. Également intitulé La Funambule accompagnée par ses ombres, dans Crepaldi, p. 195.
↑Reproduction dans Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 43.
↑Généralement considéré comme la première pièce de théâtre dada. (Le Bon 2005, p. 114). Dachy 2005 date la publication de cette œuvre Au Sans Pareil au mois de mars 1920, p. 506.