Éostre
Éostre est une déesse du panthéon anglo-saxon mentionnée par le moine Bède le Vénérable dans son traité De temporum ratione (en). En s'appuyant sur la linguistique comparée, le philologue allemand Jacob Grimm postule au XIXe siècle l'existence d'une divinité similaire dans le panthéon germanique nommée Ostara. L'étymologie de son nom suggère qu'elle est associée à l'aube et au printemps. Le nom anglais de la fête chrétienne de Pâques, Easter, dérive de celui d'Éostre.
Étymologie
[modifier | modifier le code]Les théonymes *Ēastre (vieil anglais) et *Ôstara (vieux haut allemand) sont des cognats issus du proto-germanique Austrō(n)[1],[2], lui-même issu de l'indo-européen commun *h₂ews-reh₂ (cf. auš(t)rà « aube » en lituanien), formé à partir de la racine *h₂ews- « briller, luire d'une couleur rouge[3],[2]. Cette racine est également à l'origine de l'anglais moderne East « Est » via l'adverbe proto-germanique aust(e)raz[2].
Le nom vieil-anglais Ēostre est donc un parent éloigné de celui des déesses de l'aube d'autres peuples de langue indo-européenne, comme Ushas dans le panthéon védique, Éos dans la mythologie grecque et Aurore dans la mythologie romaine[4].
Attestations
[modifier | modifier le code]Dans son traité De temporum ratione (en), achevé en 725, le moine northumbrien du VIIIe siècle Bède le Vénérable décrit plusieurs calendriers, dont celui utilisé par les Anglo-Saxons avant leur adoption du calendrier julien. Il explique que le quatrième mois de l'année, Ēosturmōnaþ, doit son nom à la déesse Éostre, qui était l'objet de célébrations au cours de ce mois.
Plusieurs toponymes anglais conservent la trace d'un élément *ēoster, comme Austerfield dans le Yorkshire du Sud, Eastry dans le Kent, Eastrea (en) dans le Cambridgeshire et Eastrington dans le Yorkshire de l'Est[5]. Eosterwine est également le nom porté par un abbé de Wearmouth au VIIe siècle[6].
L'existence d'une déesse germanique de l'aube est confirmée en 1958 par la découverte, à Morken-Harff (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), d'une centaine d'inscriptions votives produites entre 150 et 250 ap. J.-C. et adressées aux matronæ Austriahenæ, dont le nom est visiblement un cognat de celui d'Éostre[7].
Postérité
[modifier | modifier le code]Le nom anglais de la fête de Pâques, Easter, est directement issu de celui d'Éostre[1],[8]. Certains adeptes du néopaganisme germanique vénèrent une déesse du printemps et de l'aube appelée Éostre ou Ostara, dont la fête est célébrée aux alentours de l'équinoxe de printemps[9].
L'astéroïde (343) Ostara, découvert en 1892 par l'astronome allemand Max Wolf, est nommé d'après la déesse.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ēostre » (voir la liste des auteurs).
- Simek 1996, p. 74.
- Kroonen 2013, p. 43.
- Watkins 2006.
- Mallory et Adams 1997, p. 148-149.
- Shaw 2011, p. 59-60.
- Shaw 2011, p. 60.
- Shaw 2011, p. 52, 63.
- West 2007, p. 217-218.
- Cusack 2008, p. 354-355.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Carole M. Cusack, « The Return of the Goddess : Mythology, Witchcraft and Feminist Spirituality », dans Murphy Pizza et James R. Lewis (éd.), Handbook of Contemporary Paganism, Brill, (ISBN 978-90-04-16373-7).
- (en) Gus Kroonen, Etymological Dictionary of Proto-Germanic, Brill, (ISBN 978-90-04-18340-7).
- (en) J. P. Mallory et Douglas Q. Adams, Encyclopedia of Indo-European Culture, Taylor & Francis, (ISBN 1-884964-98-2).
- (en) Philip A. Shaw, Pagan Goddesses in the Early Germanic World : Eostre, Hreda and the Cult of Matrons, Bristol Classical Press, (ISBN 978-0-7156-3797-5).
- (en) Rudolf Simek, Dictionary of Northern Mythology, D. S. Brewer, (ISBN 978-0-85991-513-7).
- (en) Calvert Watkins, The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Harcourt, (ISBN 0-618-08250-6).
- (en) Martin L. West, Indo-European Poetry and Myth, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-928075-9).