Richard Serra
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Prix Princesse des Asturies pour les arts () Liste détaillée Kaiserring de Goslar () Prix Wilhelm-Lehmbruck () Praemium Imperiale () Prix Princesse des Asturies pour les arts () Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d) Bourse Guggenheim Commandeur des Arts et des Lettres |
Philibert et Marguerite, Slat, Le Hérisson et le Renard (d), Fulcrum |
Richard Serra, né le à San Francisco (Californie)[1] et mort le à Orient (New York)[2], est un artiste plasticien multidisciplinaire américain en art contemporain.
Il est rattaché au minimalisme et est connu pour ses sculptures en métal. Il a également réalisé des films. Il vivait et travaillait à New York (États-Unis) et en Nouvelle-Écosse (Canada).
Biographie
[modifier | modifier le code]Richard Serra naît en 1938 à San Francisco, aux États-Unis, d'un père espagnol de Majorque et d'une mère russe d'Odessa[3]. Après des études de lettres, il étudie les Beaux-Arts à l'université Yale entre 1961 et 1964. Il se marie avec l’artiste peintre et sculptrice Nancy Graves dont il divorce en 1970[4]. Pour financer ses études d'arts plastiques, il travaille dans une aciérie, ce qui aura une grande importance dans ses travaux futurs, tout comme le fait que son père ait travaillé sur des chantiers navals[5].
De même, un séjour à Paris en 1965, où il travaille à l'Académie de la Grande Chaumière, lui permet de découvrir et d'admirer l'œuvre de Constantin Brancusi :
« C'est là que s'est produit mon passage vers la sculpture [5]. »
Il expose pour la première fois à Rome en 1966 et chez Leo Castelli à New-York en 1969. Il retourne à New York fin 1966, où il vit et travaille depuis lors.
Âgé de 85 ans, Richard Serra meurt chez lui à Orient (New York), le 26 mars 2024, des suites d'une pneumonie[6].
L'œuvre
[modifier | modifier le code]Les premières œuvres réalisées par Richard Serra — des projections de plomb fondu sur les murs — sont directement influencées par l'expressionnisme abstrait. Mais très vite, il se tourne vers le minimalisme et des œuvres plus ambitieuses. Il réalise alors d'imposantes sculptures en acier Corten avec de grandes plaques ou des rouleaux d'acier inoxydable, posés en équilibre sur le sol. Il applique au pinceau sur les plaques une solution qui leur donne un aspect de rouille. Il peut ainsi contrôler la couleur de ses sculptures avant d'interrompre la corrosion. Il met en scène le poids des lourdes plaques comme une épreuve de force dramatique imposée au fer, à l’acier, au plomb, et transpose ainsi en qualités plastiques le poids, les masses, la pesanteur et leur développement vers l'orientation, le déroulement, l'horizon. Il utilise alors une nuance d'acier résistant aux intempéries, le DIWETEN 235 qui, — par un ajout de cuivre dans sa composition — vient former à la surface de la tôle une sorte de patine. Les tôles sont laminées et la surface de la tôle doit rester libre de tout marquage, poinçonnage ou traces de graisse, afin de conserver l'aspect le plus brut possible. Il n'y a après formage/fabrication de la pièce aucune intervention sur la surface : c'est avec le temps et le contact avec l'air que le matériau doit se patiner.
Les sculptures permettent une vision nouvelle d'un lieu et d'un espace. Elles participent à un subtil dialogue avec leur environnement. Les jeux d'équilibre, le poids de l'acier et la hauteur des plaques créent pour le spectateur — qui peut souvent circuler entre celles-ci — un sentiment d'insécurité et de petitesse, nuancé par la beauté de la couleur de la rouille ou les perspectives offertes par les lignes courbes, élancées et pures des plaques en équilibre avec leur environnement. Le côté instable des montages est parfois amplifié par la matière utilisée dans certaines œuvres : le plomb, destiné, tôt ou tard, à s'affaisser[7]. Ainsi, il réalise One Ton Drop (house of cards), en 1969, faite de quatre plaques de plomb en équilibre à la manière d'un château de cartes[6].
Richard Serra travaille également sur le cube. Sollicité au monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse, il préfère — pour ne pas rivaliser avec « l'objet parfait » que constitue l'église — s'inscrire dans un intérieur-extérieur, un des cloîtres du monastère. Écho des tombeaux du couple princier à l'origine du lieu, deux blocs d'acier Corten incitent le visiteur à renouer avec la « déambulation spirituelle ».
Octagon for Saint Eloi, octogone[8] posé sur la place de l'église de Chagny (Saône-et-Loire), est un autre exemple de son travail, hommage à saint Eloi, dédicataire de l'église et patron des forgerons. En effet, ses formes simples répondent à la simplicité de l'architecture et à la « sobriété cistercienne » de l'église, tandis que la couleur rouille de l'acier répond aux briques des toits de la place.
Conçue pour le jardin des Tuileries en 1983, puis installée de 1985 à 1990 au parc de Choisy à Paris, avant d'être reléguée dans un entrepôt, Clara-Clara a été réinstallée sur son site initial en 2008 pour quelques mois[9]. Cette œuvre est représentative des jeux d'équilibres et des perspectives entre de longues plaques d'acier. Son actuel emplacement, dans un lieu fermé qui limite la force de l'œuvre, montre bien que les sculptures de Serra sont indissociables du lieu pour lequel elles ont été créées.
Les œuvres de Richard Serra ont souvent suscité des réactions violentes. Ce fut le cas en France, à Chagny. La polémique la plus connue est celle suscitée dans les années 1980 à New York autour de sa sculpture monumentale, Tilted Arc (en), commandée en 1979 et inaugurée en 1981[10]. À la suite d'une pétition des riverains et malgré les protestations de l'artiste, cette œuvre fut démontée en 1989.
En 2021, il réalise une installation permanente nommée Est-Ouest/Ouest-Est, dans la réserve naturelle de Brouq au Qatar au milieu du désert, composée de quatre plaques d'acier de 15 mètres de hauteur chacune[6]. Selon l'artiste, « ces plaques connectent les mers situées à l'est et à l'ouest de ce paysage ». Cette œuvre a été commandée par Cheikha Al-Mayassa qui dirige l'Autorité des musées du Qatar (QMA)[11].
Galerie d’œuvres
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Fulcrum (1987), intérieur détail
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Bramme für das Ruhrgebiet, Essen
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Monument aux victimes du Programme Aktion T4, Berlin
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Bloc pour Charlie Chaplin, Berlin
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The Hours of the Day, au musée des Bons-Enfants (Bonnefantenmuseum) de Maastricht.
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Tilted Spheres à l'aéroport international Pearson de Toronto (Terminal 1, Pier F)
Principales expositions individuelles
[modifier | modifier le code]- 1969 : exposition chez Leo Castelli, New York ;
- 1983 : Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris ;
- 1985 : Exposition monographique, Le Consortium, Dijon[12].
- 1990 : « Threats of Hell », CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux
- 2005 : « La Matière du Temps », exposition permanente au musée Guggenheim de Bilbao.
- 2007 : « Rétrospective Richard Serra » au Museum of Modern Art de New York.
- 2008 : « Promenade» dans le cadre du cycle d'expositions Monumenta au Grand Palais, Paris.
Décoration
[modifier | modifier le code]Prix et distinctions
[modifier | modifier le code]- 1996 : Membre de l'Académie des arts de Berlin[1]
- 2010 : Prix Prince des Asturies des Arts[13]
Citations
[modifier | modifier le code]- « Pour ma part, je suis essentiellement impliqué dans un processus intellectuel qui trouve son origine dans l'ingénierie et l'architecture. Et alors cette construction mentale a été confrontée à des constructions matérielles de sorte qu'elle est devenue une critique de l'architecture[14]. »
- « Le poids est pour moi une valeur, non qu'il soit plus contraignant que la légèreté, mais j'en sais davantage sur le poids que sur la légèreté (...)[15]. »
- « Ma préoccupation est toujours de savoir comment aborder l'espace. Dans un site urbain, je vais tenir compte de la circulation, des rues, de l'architecture. Je construis une sorte de disjonction, quelque chose qui situera ce lieu et dans lequel on pénétrera au milieu de l'architecture environnante. »
- « La signification de l’installation n’existant pas en dehors de l’expérience du spectateur, chacun devient le sujet de l’installation. »
- « Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage »[11].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (de) Richard Serra - Seit 1996 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin, Sektion Bildende Kunst sur le site de l'Akademie der Künste
- « Richard Serra, sculpteur américain maître de l’acier, est mort à 85 ans », sur Le Monde (consulté le )
- « Richard Serra logra el "Príncipe" por su "audacia" en la creación de espacios – La Nueva España – Diario Independiete de Asturias », Lne.es, (consulté le )
- Antoinette Fouque, Béatrice Didier, Mireille Calle-Gruber (dirs), Le Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Editions des femmes, , 10005 p. (ISBN 978-2-721-00631-8)
- Interview de Richard Serra dans l'émission À suivre sur France Culture le 4 mai 2008.
- « Le sculpteur américain Richard Serra, connu pour ses œuvres monumentales en acier rouillé, est mort à 85 ans », sur Franceinfo, (consulté le )
- Hindry A, Serra, maître du suspens depuis 1968, Richard Serra, Monumenta 2008, Beaux-arts éditions, p 13-19
- Lequeux E, détours par La Défense et la Bourgogne, Richard Serra, Monumenta 2008, Beaux-arts éditions, p 24
- Richard Serra, un sculpteur monumental dans Le Figaro du 5 mai 2008.
- Jone N, L'affaire du Tilted Arc(, Richard Serra, Monumenta 2008, Beaux-arts éditions, p. 29
- « Au Qatar, une sculpture de Richard Serra installée en plein désert », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Richard Serra | Le Consortium », sur www.leconsortium.fr (consulté le )
- (es) Richard Serra sur le site officiel du Prix Prince des Asturies
- Un entretien avec Richard Serra in Sans titre, Lille, octobre-décembre 1988.
- Richard Serra, Le Poids in Richard Serra : Écrits et Entretiens 1970-1989, Daniel Lelong éditeur, Paris, 1990.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Richard Serra, Écrits et entretien 1970-1989, Daniel Lelong Editeur, 1990, Paris (ISBN 978-2868820082).
- Daniel Klébaner, Richard Serra. L'origine de la gravité, Neuchâtel, Suisse, Éditions Ides et Calendes, 2011, 84 p. (ISBN 978-2-8258-0245-8).
- Fabien Faure, Richard Serra. Ma réponse à Kyōto, Fage Editions, 2008 (ISBN 978-2849751381).
Document audiovisuel
[modifier | modifier le code]- « Monumenta 2008 Richard Serra - Promenade Grand Palais », réalisateur Fodil Chabbi, musique de Pascal Dusapin, 52 min, coproduction Centre national des arts plastiques, Carlson Prod. Paris 2008
- "Hand Catching Lead" (1968) 3 min
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Académie des arts de Berlin
- AGORHA
- Art Institute of Chicago
- Artists of the World Online
- Auckland Art Gallery
- Bénézit
- British Museum
- Collection de peintures de l'État de Bavière
- Delarge
- Galerie nationale de Finlande
- Grove Art Online
- Kunstindeks Danmark
- MNBAQ
- Musée d'art Nelson-Atkins
- Musée des beaux-arts du Canada
- Musée national centre d'art Reina Sofía
- Musée national du Victoria
- Musée Städel
- Museum of Modern Art
- MutualArt
- National Gallery of Art
- RKDartists
- Royal Academy of Arts
- Smithsonian American Art Museum
- Tate
- Union List of Artist Names
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à la recherche :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Richard Serra sur le site de la Galerie m Bochum
- Naissance en novembre 1938
- Naissance à San Francisco
- Étudiant de l'université de Californie à Santa Barbara
- Boursier Guggenheim
- Plasticien américain contemporain
- Artiste contemporain américain
- Artiste minimaliste
- Lauréat du Praemium Imperiale
- Lauréat du prix Princesse des Asturies en arts
- Membre de l'Académie des arts de Berlin
- Membre de l'Académie européenne des sciences et des arts
- Membre de l'Académie américaine des arts et des lettres
- Membre de la guilde de Saint-Luc de Rome
- Commandeur des Arts et des Lettres
- Récipiendaire de la croix Pour le Mérite (ordre civil)
- Décès à 85 ans
- Décès dans le comté de Suffolk (New York)
- Décès en mars 2024