Affaire Marcel Lechien
Affaire Lechien | |
Titre | Affaire Marcel Lechien |
---|---|
Chefs d'accusation | viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans |
Pays | France |
Ville | Cormeilles, Chambord |
Date | de à |
Nombre de victimes | 6 avant 1989,38 entre 1989 et 2001. |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Tribunal | cour d'assises de l'Eure à Évreux, tribunal correctionnel de Rouen |
Date du jugement | et |
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L'affaire Lechien est une affaire criminelle française qui débute le [1] à Cormeilles dans l'Eure lors de la garde-à-vue de Marcel Lechien, alors instituteur de C.P. à l'école du village[2], pour 38 agressions sexuelles dont 3 viols sur mineurs de moins de 15 ans[3].
Biographie
[modifier | modifier le code]Marcel Lechien est né à Cormeilles le . À l'époque des faits, il est adjoint au maire du village voisin Saint-Sylvestre-de-Cormeilles.
Les faits
[modifier | modifier le code]L'affaire débute en 2001 par les confessions de deux mères de famille, dont les enfants ont été abusés, à un ancien parent d'élèves, l'écrivain Jean-Yves Cendrey. Ce dernier conduit l'instituteur à la gendarmerie le [4]. Il ressort des auditions de 240 élèves, que beaucoup ont été abusés[5]. Pour la plupart, ces enfants, issus des classes de Marcel Lechien entre 1989 et 2001, ne porteront pas plainte spontanément. C'est la justice qui les convoquera en audition[1], rassemblés au sein de la cellule « Mineurs27 » créée spécialement à cet effet, que Marcel Lechien aurait commis 38 agressions sexuelles dont trois viols sur des enfants âgés de 6 à 10 ans[3] qu'il a eu dans sa classe à Cormeilles[5] entre 1989 et 2001[3]. Les témoignages des enfants qui ont assisté aux faits concordent avec ceux des victimes. Les faits rapportés les plus anciens remontent à 1989, c'est-à-dire immédiatement après l'entrée en fonction de Marcel Lechien comme instituteur à Cormeilles[2]. Vingt-trois plaintes ont en outre été déposées pour violences[5]. En 2013, six nouvelles plaintes pour agressions sexuelles, commises à Cormeilles et à Chambord (Eure), viennent s'ajouter aux précédentes. Le maître d'école doit alors faire face à un second procès.
Faits antérieurs à l'affaire
[modifier | modifier le code]Marcel Lechien a enseigné dans d'autres écoles avant Cormeilles, à Mélicourt (Eure) notamment, où des faits similaires se seraient produits, remontant jusqu'au début des années 1980[5]. En 1977 déjà, l'instituteur avait été mis en cause mais ces soupçons étaient restés sans suites[3].
Arrestation et garde à vue
[modifier | modifier le code]Conduit à la gendarmerie par un parent d'élève en colère qui le dénonce, Marcel Lechien est autorisé à rentrer chez lui jusqu'au lendemain après-midi. C'est le , donc, que la garde à vue de l'instituteur commence. Alors même que ses victimes portent plainte à son insu, le suspect nie les faits[1]. Le , il admet finalement avoir commis les viols et procédé aux attouchements sexuels sur ses anciens élèves[2]. Il dit : « Je regrette le mal que j'ai pu faire aux enfants »[1]. Le , au terme de son interrogatoire, Marcel Lechien est mis en examen et écroué à la maison d'arrêt d'Évreux pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité »[5].
Non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs
[modifier | modifier le code]Dès 1996, certains parents avaient tiré la sonnette d'alarme et averti la directrice de l'école du comportement anormal de Marcel Lechien. Ces plaintes seraient cependant restées sans suites, ce qui vaudra à la directrice et à l'inspecteur une mise en examen pour « non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs »[1]. Leur garde à vue révèlera qu'une possibilité de mutation avait été offerte à Marcel Lechien, que ce dernier avait refusée[2] — ce qui leur avait semblé être un aveu fiable d'innocence. D'après son avocat Me Lec, la directrice aurait agi conformément à la loi de l'époque. Les plaintes des parents à l'encontre de la directrice aboutiront à un non-lieu[1].
Enquête
[modifier | modifier le code]Lors de la perquisition du local de classe de Marcel Lechien à l'école de Cormeilles, les gendarmes trouvent un pénis en pâte à modeler dans l'un des tiroirs du bureau de l'instituteur. Ce dernier niera en connaître l'existence et expliquera que ce devait être là l'œuvre d'un jeune élève. Plus tard, l'objet sera désigné par l'un des enfants comme fétiche utilisé par Marcel Lechien lors d'attouchements. Le morceau de plasticine ne sera cependant jamais expertisé, ce qui sera plus tard critiqué par la défense. Aucun élément compromettant ne sera par contre retrouvé au domicile du maître d'école[1].
Premier procès
[modifier | modifier le code]Le , le procès de Marcel Lechien débute à la cour d'assises de l'Eure à Évreux[3],[6],[4] après trois ans d'instruction[1]. Sa défense est assurée par les avocats Jacques Vernerey-Lecoeur et Francis Lec, qui évoquent un « complot » et « le problème de la crédibilité de la parole de l'enfant, qui se pose depuis l'affaire d'Outreau ».
Depuis ses aveux pendant la garde à vue, le suspect s'est rétracté et n'a eu de cesse de clamer son innocence. Ses avocats plaident l'acquittement au bénéfice du doute[3]. Sous-entendant qu'il n'a rien à se reprocher et que les parents mentent, Marcel Lechien demande un procès public. Pour faire preuve de bonne foi, les familles de victimes se liguent alors contre lui pour demander que le procès ne se tienne pas à huis clos. La cour entend les auditions des victimes et considère leurs témoignages fiables. Tout au long du procès, Lechien continuera quant à lui de scander : « les enfants mentent ». Sa froideur choque[1].
Le , l'avocat général François Perain requiert une peine de quinze ans de réclusion criminelle[7],[8]. La défense demande l'acquittement « au bénéfice du doute ».
Le , en dépit de l'ombre d'Outreau qui plane sur la cour, Marcel Lechien est reconnu coupable des 38 agressions sexuelles et des 3 viols retenus par la justice. Il est condamné à 15 ans de réclusion criminelle[3],[9] et à une interdiction définitive d'exercer une profession en lien avec des mineurs[10]. Aucune circonstance atténuante ne lui est reconnue[3].
Lechien annonce qu'il va faire appel du verdict[11], puis finalement renonce[12], ne souhaitant pas faire endurer à sa famille, et notamment sa mère, malade, un nouveau procès.
Expertises psychologiques
[modifier | modifier le code]Les experts psychologues concluent à une personnalité fonctionnant sur les modes du rejet et de la dénégation des faits : à ce titre, Marcel Lechien se rend inaccessible aux soins psychothérapeutiques et à la guérison. La récidive est considérée inévitable, affirment les spécialistes : le suspect doit être tenu à l'écart par mesure de protection citoyenne[1].
Second procès
[modifier | modifier le code]À la suite de la condamnation de 2004, d'autres anciens élèves victimes déposèrent à leur tour plainte pour agressions sexuelles[9]. Lors d'un second procès en devant le tribunal correctionnel de Rouen, Marcel Lechien, bénéficiant d'une libération conditionnelle sous bracelet électronique depuis 2011, sera condamné à 5 ans de prison le [13],[14],[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Christophe Hondelatte, « Marcel Lechien, le maître d'école », Faites entrer l'accusé, , France 2.
- Julien Dumond, « Les terribles aveux de Marcel Lechien », Le Parisien, (lire en ligne)
- « Marcel Lechien condamné à 15 ans », L'Obs, (lire en ligne)
- Jean-Marc Ducos, « L'instituteur pédophile jugé pour 38 agressions », Le Parisien, (lire en ligne)
- Julien Dumond, « Affaire Lechien : les méthodes des gendarmes en question », Le Parisien, (lire en ligne).
- « Eure. Un instituteur violeur devant les assises », Le Télégramme, (lire en ligne)
- Jean-Marc Ducos, « Quinze ans requis contre l'instituteur pédophile », Le Parisien, (lire en ligne)
- « Quinze ans requis contre Lechien », La Dépêche du Midi, (lire en ligne)
- Édouard Kerfriden, « L'instituteur pédophile Marcel Lechien à nouveau mis en cause », L'Éveil de Pont-Audemer, (lire en ligne)
- Ondine Millot, « Marcel Lechien condamné à quinze ans de réclusion », Libération, (lire en ligne)
- « Marcel Lechien va faire appel », Le Nouvel observateur, (lire en ligne)
- « Marcel Lechien ne fera pas appel », Le Nouvel observateur, (lire en ligne)
- « Pédophilie : Cinq ans de prison pour un ancien instituteur déjà condamné », 20 minutes, (lire en ligne)
- « Pédophilie : 5 ans de prison pour un instituteur récidiviste », Le Point, (lire en ligne)
- Thomas Renard, « Cormeilles : 5 ans de prison pour l'ex-instituteur pédophile Marcel Lechien », L'Éveil de Pont-Audemer, (lire en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Médiagraphie
[modifier | modifier le code]Articles de presse
[modifier | modifier le code]- Olivier Talles, « Un instituteur de l'Eure est soupçonné de pédophilie », , La Croix.
- Sophie Bouniot et Isabelle Duriez, « Pédophilie. Les plaintes se multiplient à Cormeilles », , L'Humanité.
- Ondine Millot, « À Cormeilles, le silence assourdissant autour d'un instit pédophile », , Libération.
- « L'instituteur pédophile aurait agressé 38 enfants », , La Dépêche du Midi.
- Ondine Millot, « Lechien, "on se moquait de son nom et de son physique" », , Libération.
- Jean-Marc Ducos, « Les deux visages de Marcel Lechien », , Le Parisien.
- « Lechien : la défense conteste l'interview d'une victime », , Le Nouvel observateur.
- « Procès Lechien : l'interview d'une victime contestée par la défense », , La Dépêche du Midi.
- « Procès Lechien : la directrice de l'école savait depuis 1996 », , Le Parisien.
- « L'instituteur pédophile de Cormeilles de nouveau au tribunal », , Paris Normandie.
Documentaire télévisé
[modifier | modifier le code]- Christophe Hondelatte « Marcel Lechien, le maître d'école », Faites entrer l'accusé, , France 2.
Émission radiophonique
[modifier | modifier le code]- Jean-Alphonse Richard, « Marcel Lechien, pédophile en série », Un été de faits divers, , RTL.
- Christophe Hondelatte « Marcel Lechien », Hondelatte raconte, , Europe 1.