« Allégations de génocide des Palestiniens » : différence entre les versions
→Guerre entre Israël et le Hamas de 2023-2024 : Amihai Eliyahu |
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En novembre, plus d’une vingtaine de rapporteurs des Nations unies réitèrent leurs inquiétudes sur {{Citation|un génocide en cours}}. Ils mettent en évidence les preuves d’une incitation croissante au génocide, d’une intention manifeste de {{Citation|détruire le peuple palestinien sous occupation}}. Les rapporteurs s'inquiètent de {{Citation|la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien}}, ils se déclarent {{Citation|profondément préoccupés par le soutien de certains gouvernements à la stratégie de guerre d’Israël contre la population assiégée de Gaza, et par l’incapacité du système international à se mobiliser pour empêcher le génocide}}<ref>{{Lien web |auteur=Nations unis : Centre régional d'information pour l'Europe occidentale |titre=Palestine : éviter un génocide à Gaza et une nouvelle « nakba » |url=https://unric.org/fr/palestine-eviter-un-genocide-a-gaza-et-une-nouvelle-nakba/ |date=16 novembre 2023 |consulté le=17 novembre 2023}}</ref>. |
En novembre, plus d’une vingtaine de rapporteurs des Nations unies réitèrent leurs inquiétudes sur {{Citation|un génocide en cours}}. Ils mettent en évidence les preuves d’une incitation croissante au génocide, d’une intention manifeste de {{Citation|détruire le peuple palestinien sous occupation}}. Les rapporteurs s'inquiètent de {{Citation|la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien}}, ils se déclarent {{Citation|profondément préoccupés par le soutien de certains gouvernements à la stratégie de guerre d’Israël contre la population assiégée de Gaza, et par l’incapacité du système international à se mobiliser pour empêcher le génocide}}<ref>{{Lien web |auteur=Nations unis : Centre régional d'information pour l'Europe occidentale |titre=Palestine : éviter un génocide à Gaza et une nouvelle « nakba » |url=https://unric.org/fr/palestine-eviter-un-genocide-a-gaza-et-une-nouvelle-nakba/ |date=16 novembre 2023 |consulté le=17 novembre 2023}}</ref>. |
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En {{date-||novembre|2023}} [[Amihai Eliyahu]], [[Ministère du Patrimoine (Israël)|ministre israélien du Patrimoine]], affirme qu'{{Citation|il n'y a pas de non-combattants à Gaza}}<ref>{{Lien web |titre=Un ministre israélien évoque "l'option" d'une bombe nucléaire à Gaza… et se fait recadrer par Netanyahou |url=https://www.marianne.net/monde/proche-orient/un-ministre-israelien-evoque-loption-dune-bombe-nucleaire-a-gaza-et-se-fait-recadrer-par-netanyahou |périodique=[[Marianne (magazine)|Marianne]] |date=5 novembre 2023 |consulté le=6 janvier 2024}}</ref>. Il déclare dans une interview qu'une frappe nucléaire sur Gaza est {{Citation|une option}}<ref>{{Lien web |titre=Guerre Israël-Hamas : utiliser la bombe nucléaire à Gaza est « une option », selon un ministre de l’État hébreu |url=https://www.sudouest.fr/international/moyen-orient/israel/guerre-israel-hamas-utiliser-la-bombe-nucleaire-a-gaza-est-une-option-selon-un-ministre-de-l-etat-hebreu-17346102.php |date=5 novembre 2023 |consulté le=17 janvier 2024}}</ref>, et qu'{{Citation|Israël doit trouver des moyens plus douloureux que la mort pour les Palestiniens.}}<ref>{{Lien web |langue=he |titre=השר עמיחי אליהו: מוסריות היא הכרעה - כדי שלא ירצחו אותנו |url=https://www.inn.co.il/news/625408 |éditeur=[[Arutz Sheva]] |date=5 janvier 2024 |consulté le=6 janvier 2024}}</ref>. |
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Le {{date|12 décembre 2023-}}, la [[Fédération internationale pour les droits humains]] publie un communiqué appelant à {{Citation|arrêter le génocide en cours}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre='Israël mène un génocide contre le peuple palestinien', estime la Fédération internationale pour les droits humains |url=https://www.rtbf.be/article/israel-mene-un-genocide-contre-le-peuple-palestinien-estime-la-federation-internationale-pour-les-droits-humains-11299924 |site=RTBF |consulté le=2023-12-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Français |titre=Dossier : retour sur le conflit Israël/Palestine - FIDH |url=https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/israel-palestine/dossier-retour-sur-le-conflit-israel-palestine#:~:text=« La FIDH reconnaît qu'Israël,le début de l'offensive. |accès url=libre |date=12 décembre 2023 |consulté le=20 décembre 2023}}</ref>. |
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Version du 17 janvier 2024 à 09:28
Allégations de génocide des Palestiniens | |
Des funérailles dans la bande de Gaza en 2023. | |
Lieu | Palestine Israël |
---|---|
Victimes | Palestiniens |
Type | Génocide Répression à l'aveugle |
Auteurs | Armée israélienne |
Ordonné par | Gouvernement israélien |
Motif | Remplacement de population Établissement d'un Grand Israël |
Guerre | Conflit israélo-palestinien Conflit Gaza-Israël |
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Les allégations de génocide des Palestiniens font référence à la controverse entourant un certain nombre d'événements violents visant les Palestiniens. Il s'agit notamment de l'accusation selon laquelle Israël a incité à commettre, a commis ou commet, un crime de génocide à l'encontre du peuple palestinien. Cette accusation est formulée à maintes reprises au cours du conflit israélo-palestinien, ce qui est parfois lié à l'idée qu'Israël est un État colonial de peuplement[1],[2]. Cette qualification des événements est faite en relation avec la Nakba, ainsi qu'avec des développements plus récents du conflit, y compris le blocus de la bande de Gaza, la guerre de Gaza de 2014 et la guerre Israël-Hamas de 2023-2024[3],[4]. Dans ce dernier conflit en particulier, de nombreux spécialistes du droit international et du génocide ont fait part de leurs préoccupations concernant l'incitation claire à commettre un génocide et l'utilisation d'un langage déshumanisant par les responsables israéliens, allant jusqu'à apparenter les Palestiniens à des « animaux »[5].
Histoire
Nakba
En 2010, les historiens Martin Shaw (en) et Omer Bartov débattent de la question de savoir si la Nakba de 1948 doit être considérée comme un génocide, Shaw soutenant que c'était le cas et Bartov n'étant pas d'accord. L'ancien secrétaire général adjoint du Conseil musulman de Grande-Bretagne, Daud Abdullah (en), déclare que « compte tenu de l'intention déclarée des dirigeants sionistes, cette destruction massive et ce dépeuplement des villages palestiniens correspondent facilement à la définition du génocide telle qu'elle figure dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ».
Massacre de Sabra et Chatila
Le , l'Assemblée générale des Nations unies condamne le massacre de Sabra et Chatila et le déclare acte de génocide. Le résultat du vote sur la section D de la résolution 37/123 est le suivant : oui : 123 ; non : 0 ; abstentions : 22 ; non-votants : 12.
Le délégué du Canada déclare : « Le terme de génocide ne peut, à notre avis, s'appliquer à cet acte inhumain particulier. ». Le délégué de Singapour — qui a voté « oui » — ajoute : « Ma délégation regrette l'utilisation de l'expression « acte de génocide » [...]. [car] le terme 'génocide' est utilisé pour désigner des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Le Canada et Singapour se demandent si l'Assemblée générale est compétente pour déterminer si un tel événement constitue un génocide. L'Union soviétique, en revanche, affirme que : « Le mot pour désigner ce qu'Israël est en train de faire sur le sol libanais est génocide. Son but est de détruire les Palestiniens en tant que nation ». Le délégué du Nicaragua affirme : « Il est difficile de croire qu'un peuple qui a tant souffert de la politique nazie d'extermination au milieu du XXe siècle utilise les mêmes arguments et méthodes fascistes et génocidaires contre d'autres peuples ».
Les États-Unis déclarent que « si la criminalité du massacre ne fait aucun doute, qualifier cette tragédie de génocide au sens de la Convention de 1948 constitue un abus de langage grave et imprudent ».
William Schabas, directeur du Centre irlandais pour les droits de l'homme à l'université nationale d'Irlande, déclare : « le terme de génocide [...] a manifestement été choisi pour embarrasser Israël plutôt que par souci de précision juridique ».
La commission indépendante dirigée par Seán MacBride, chargée d'enquêter sur les violations du droit international signalées par Israël, estime toutefois que le concept de génocide s'applique à l'affaire, l'intention des auteurs du massacre étant « la destruction délibérée des droits et de l'identité nationale et culturelle du peuple palestinien ».
Blocus de la bande de Gaza
En 2007, Israël impose le blocus de la bande de Gaza — soutenu par l'Égypte — sur la circulation des biens et des personnes à l'intérieur et à l'extérieur de la bande de Gaza. Le nouvel historien israélien Ilan Pappé affirme que le génocide « est la seule façon appropriée de décrire ce que Tsahal fait dans la bande de Gaza »[6],[7]. Dans un article écrit en 2023 dans le Journal international des droits de l'homme, Mohammed Nijim exprime sa conviction « que les politiques israéliennes qui ont été promulguées après l'introduction du blocus de la bande de Gaza équivalent à un génocide au ralenti »[8].
Guerre de Gaza de 2014
La guerre de Gaza de 2014, également appelée opération Bordure protectrice, est une opération militaire lancée par Israël le dans la bande de Gaza. Al-Haq, une organisation palestinienne de défense des droits de l'homme, conclut dans un rapport que de graves violations du droit international ont été commises au cours de l'offensive israélienne de 2014 contre Gaza. L'organisation, ainsi que d'autres organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme, le Centre palestinien pour les droits de l'homme, le Centre Al Mezan (en) pour les droits de l'homme et Addameer, soumettent un dossier juridique à la Cour pénale internationale, l'encourageant à ouvrir une enquête et des poursuites sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis au cours de l'offensive israélienne de 2014 contre Gaza. Le crime de génocide est référencé comme un crime israélien par ces groupes. En outre, des dizaines de survivants de la Shoah, ainsi que des centaines de descendants de survivants et de victimes de la Shoah, accusent Israël de « génocide » pour la mort de plus de 2 000 Palestiniens à Gaza au cours de la guerre de Gaza de 2014.
Guerre entre Israël et le Hamas de 2023-2024
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Dégâts causés par une frappe aérienne israélienne sur la zone d'El-Remal dans la bande de Gaza le .
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Manifestant tenant une pancarte « End Palestinian Genocide » à Londres, le .
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« Arrêtez le génocide, libérez la Palestine » lors d'un rassemblement à Helsinki, le .
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Manifestation à Berlin le avec des manifestants appelant à la fin du génocide à Gaza.
La guerre Israël-Hamas de 2023 commence lorsque le Hamas attaque Israël le , tuant 1 400 Israéliens, dont la plupart sont des civils, ce qui conduit à une contre-offensive israélienne. Israël déclare officiellement la guerre au Hamas un jour plus tard. Certains Palestiniens expriment immédiatement leur inquiétude quant à l'utilisation de cette violence pour justifier un « génocide » par Israël contre les Palestiniens. Le , TWAILR publie une déclaration signée par plus de 800 juristes exprimant leur « inquiétude quant à la possibilité que le crime de génocide soit perpétré par les forces israéliennes contre les Palestiniens dans la bande de Gaza »[9].
En novembre, plus d’une vingtaine de rapporteurs des Nations unies réitèrent leurs inquiétudes sur « un génocide en cours ». Ils mettent en évidence les preuves d’une incitation croissante au génocide, d’une intention manifeste de « détruire le peuple palestinien sous occupation ». Les rapporteurs s'inquiètent de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien », ils se déclarent « profondément préoccupés par le soutien de certains gouvernements à la stratégie de guerre d’Israël contre la population assiégée de Gaza, et par l’incapacité du système international à se mobiliser pour empêcher le génocide »[10].
En Amihai Eliyahu, ministre israélien du Patrimoine, affirme qu'« il n'y a pas de non-combattants à Gaza »[11]. Il déclare dans une interview qu'une frappe nucléaire sur Gaza est « une option »[12], et qu'« Israël doit trouver des moyens plus douloureux que la mort pour les Palestiniens. »[13].
Le , la Fédération internationale pour les droits humains publie un communiqué appelant à « arrêter le génocide en cours »[14],[15].
Le , l'Afrique du Sud lance une requête auprès de la Cour internationale de justice, pour dénoncer ce qu’elle estime être le caractère « génocidaire » de l’invasion israélienne à Gaza. Dans sa requête, l’Afrique du Sud affirme qu’Israël « s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza ». Elle dénonce des « massacres » et une intention de « détruire » ce peuple. Elle indique également que « L'État israélien, y compris aux plus hauts niveaux, du président, du Premier ministre et du ministre de la Défense israéliens expriment une intention génocidaire ». Le gouvernement israélien rejette « avec dégoût » ces accusations[16],[17]. Les États-Unis, principal soutient d’Israël, a qualifié cette accusation de génocide d’ « infondée, contre-productive et basée sur aucun fait »[18].
Selon Gideon Levy, journaliste et écrivain israélien, membre de la direction du quotidien Haaretz, « Israël n'est pas entré en guerre pour commettre un génocide - cela ne fait aucun doute - mais il le commet dans la pratique »[19].
Transfert forcé de population
L'ordre d'évacuation d'Israël est qualifié de transfert forcé de population par Jan Egeland, ancien diplomate norvégien impliqué dans les accords d'Oslo. Un « transfert forcé » est le déplacement forcé d'une population civile dans le cadre d'une attaque organisée contre elle et est considéré comme un crime contre l'humanité par la Cour pénale internationale. Dans une interview avec la BBC, Egeland déclare : « Il y a des centaines de milliers de personnes qui fuient pour sauver leur vie - [ce n'est] pas quelque chose qu'on devrait appeler une évacuation. Il s'agit d'un transfert forcé de personnes de tout le nord de Gaza, ce qui, selon la Convention de Genève, constitue un crime de guerre ». Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies, met en garde contre un nettoyage ethnique de masse à Gaza. Raz Segal (en), historien israélien et directeur du programme d'études sur l'Holocauste et le génocide à l'université de Stockton, qualifie cette opération de « cas d'école de génocide ». Un document d'orientation du ministère israélien du Renseignement ayant fait l'objet d'une fuite suggère une expulsion permanente de la population de Gaza vers l'Égypte, ce qui est décrit comme une approbation de l'épuration ethnique.
Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, préconise en janvier 2024 un départ massif des Palestiniens de Gaza et le retour des colons israéliens[20].
Le , Martin Griffiths (en) coordinateur des affaires humanitaires des Nations unies déclare que « Gaza est tout simplement devenue inhabitable », et prévient que « La famine approche »[21].
Discours juridique
Il existe depuis longtemps un débat juridique sur la question de savoir s'il est possible d'affirmer qu'Israël a violé la convention sur le génocide. C'est en 1998 que Francis Boyle, avocat américain spécialiste des droits de l'homme et professeur de droit international à la faculté de droit de l'université de l'Illinois, suggère pour la première fois qu'une telle affaire doit être portée devant les tribunaux.
Concepts de génocide
Le terme « génocide » est inventé en 1944 par un juriste juif polonais, Raphael Lemkin, qui explique que pour lui « le terme ne signifie pas nécessairement des massacres de masse ».
« Plus souvent, [le génocide] fait référence à un plan coordonné visant à détruire les fondements essentiels de la vie des groupes nationaux, de sorte que ces groupes s'étiolent et meurent comme des plantes qui ont souffert d'un fléau. Ce but peut être atteint par la désintégration forcée des institutions politiques et sociales, de la culture du peuple, de sa langue, de ses sentiments nationaux et de sa religion. Elle peut être réalisée en supprimant toute base de sécurité personnelle, de liberté, de santé et de dignité. Lorsque ces moyens échouent, la mitrailleuse peut toujours être utilisée en dernier recours. Le génocide est dirigé contre un groupe national en tant qu'entité et l'attaque contre les individus n'est que secondaire par rapport à l'anéantissement du groupe national auquel ils appartiennent. »
De nombreux analystes affirment qu'Israël a violé plusieurs dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, notamment en tuant des membres du groupe, en infligeant des atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe et en soumettant délibérément le groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle. Haifa Rashed et Damien Short ont exprimé leur conviction que le concept original de génocide de Lemkin peut être utilisé pour analyser « les relations historiques et continues, culturelles et physiques, sociales et politiques destructrices impliquées dans le conflit israélo-palestinien ». Dans une autre publication, Rashed, Short et John Docker affirment que le conflit ne reçoit pas suffisamment d'attention dans le domaine des études sur le génocide. L'historien Lawrence Davidson (en), dans son livre sur le génocide culturel, inclut un chapitre sur le conflit israélo-palestinien.
Dans le contexte de l'attaque du Hamas contre Israël en 2023, des contre-attaques israéliennes et du blocus complet imposé, qui comprenait le refus de fournir de l'eau et de la nourriture à la population civile, l'historien israélien Raz Segal l'a décrit comme un « cas d'école de génocide » et l'a relié à la Nakba, l'expulsion des Palestiniens lors de la création d'Israël en 1948.
Michael Sfard (en), un avocat israélien spécialisé dans les droits de l'homme qui soutient au nom de Yesh Din (en) qu'Israël commet le crime d'apartheid, écrit en 2020 que la politique d'Israël à l'égard des Palestiniens « ne commence même pas à atteindre le seuil de ce qu'est un génocide » et que l'accusation « déprécie le concept très important et très grave de génocide ».
L'historien britannique Simon Sebag Montefiore, soutenant que l'occupation israélienne de la Cisjordanie était « dure, injuste et oppressive » et que plus de 100 Palestiniens ont été tués par des colons israéliens en 2022 et 2023, déclare qu'il ne considère pas qu'il s'agit d'un génocide.
Discours sur la guerre Israël-Hamas de 2023
Le , dix jours après le début de la guerre Israël-Hamas de 2023, 880 spécialistes du droit international et du génocide signent une déclaration publique dans laquelle ils affirment ce qui suit : « En tant qu'universitaires et praticiens du droit international, des études sur les conflits et les génocides, nous sommes contraints de tirer la sonnette d'alarme sur la possibilité que le crime de génocide soit perpétré par les forces israéliennes contre les Palestiniens de la bande de Gaza. ».
La déclaration appelle les organes des Nations unies, y compris le Bureau des Nations unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger, ainsi que le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale à « intervenir immédiatement, à mener les enquêtes nécessaires et à invoquer les procédures d'alerte nécessaires pour protéger la population palestinienne du génocide ».
Le , au cours de la guerre Hamas-Israël, cent organisations de la société civile et six spécialistes du génocide envoient une lettre à Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, lui demandant de délivrer des mandats d'arrêt contre des responsables israéliens pour des affaires dont le procureur est déjà saisi, d'enquêter sur les nouveaux crimes commis dans les territoires palestiniens, y compris l'incitation au génocide, depuis le 7 octobre, de publier une déclaration préventive contre les crimes de guerre et de rappeler à tous les États les obligations qui leur incombent en vertu du droit international. La lettre note que les responsables israéliens, dans leurs déclarations, ont indiqué « une intention claire de commettre des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et une incitation à commettre un génocide, en utilisant un langage déshumanisant pour décrire les Palestiniens ». Les six spécialistes du génocide qui ont signé le document sont Raz Segal, Barry Trachtenberg, Robert McNeil, Damien Short, Taner Akçam et Victoria Sanford.
Le même jour, les avocats du Center for Constitutional Rights déclarent que les tactiques d'Israël sont « calculées pour détruire la population palestinienne de Gaza » et avertissent l'administration Biden que « les responsables américains peuvent être tenus pour responsables de leur incapacité à empêcher le génocide israélien en cours, ainsi que de leur complicité, en l'encourageant et en le soutenant matériellement ». Le , l'organisation Defence for Children International accuse les États-Unis de complicité avec le « crime de génocide » d'Israël.
Discours public
Israël et la Palestine accusent fréquemment l'autre partie de planifier un génocide. La plupart des Israéliens rejettent la qualification de génocide, et certains disent que de telles accusations sont antisémites.
Dans une enquête d'opinion menée auprès de juifs américains, commandée par l'Institut de l'électorat juif à la suite de la crise israélo-palestinienne de 2021, 22 % des personnes interrogées étaient d'accord pour dire qu'« Israël commet un génocide contre les Palestiniens ».
Eric Levitz, dans un article publié le dans The Intelligencer, affirme que les administrations des États-Unis, telles que l'administration Biden, ont donné une approbation tacite aux crimes de guerre et au génocide israéliens lors de la guerre Israël-Hamas de 2023.
Ramzy Baroud, dans un article paru le dans Arab News, met en parallèle la déshumanisation et l'intention génocidaire dans les médias israélo-américains et occidentaux avec le langage utilisé au Rwanda avant le génocide rwandais. Il fait référence à la similitude entre le refrain de la Radio télévision libre des Mille Collines (RTLM) au Rwanda selon lequel les Tutsis « sont des cafards. Nous vous tuerons » et une citation de l'ancien chef d'état-major de l'armée israélienne Rafael Eitan, datant de 1983, selon laquelle les Arabes sont comme des « cafards drogués dans une bouteille ». Dans le conflit de 2023, il note un sentiment similaire exprimé dans des commentaires tels que celui du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant : « Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence », et d'Ariel Kallner, membre de la Knesset pour le Likoud, qui déclare à propos de la guerre de 2023 : « Pour l'instant, un seul objectif : la Nakba. Une Nakba qui éclipsera la Nakba de 1948 ». Chris McGreal, un journaliste du Guardian qui a remporté un prix d'Amnesty International pour sa couverture du génocide rwandais, décrit également la rhétorique contre les Palestiniens comme étant « étrangement familière », la rapprochant de celle utilisée contre les Tutsis.
Discours politique
Le , le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian qualifie le siège et l'interruption de l'approvisionnement en produits essentiels de « génocide de tous les habitants de Gaza ». Le , le ministre pakistanais des Affaires étrangères Jalil Abbas Jilani qualifie directement de génocide les frappes aériennes et le blocus d'Israël sur Gaza. Reuters rapporte le que le président de la Palestine, Mahmoud Abbas, a qualifié le conflit à Gaza de « guerre de génocide et de massacres commis par les forces d'occupation israéliennes ».
L'ambassadeur d'Israël aux Philippines, Ilan Fluss, nie l'existence d'un génocide contre les Palestiniens, d'après le Manila Bulletin du ; selon Fluss, les attaques d'Israël visent les membres du Hamas, Israël « prenant toutes les mesures pour éviter que les civils soient touchés », y compris « en informant les civils avant même les attaques : tenez-vous à l'écart de l'infrastructure du Hamas ».
La députée américaine d'origine palestinienne Rashida Tlaib plaide en faveur d'un cessez-le-feu lors d'un rassemblement le , en déclarant : « Nous sommes littéralement en train de regarder des gens commettre un génocide et tuer une grande majorité d'entre eux comme cela, et nous restons là sans rien dire. ». Ses remarques lors du rassemblement conduisent le groupe républicain du Congrès à rédiger une résolution, parrainée par Marjorie Taylor Greene, visant à censurer Tlaib.
Craig Mokhiber (en), directeur du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, démissionne en raison de ce qu'il qualifie de « cas exemplaire de génocide » dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas en 2023. Il critique le HCDH, les États-Unis et les médias occidentaux pour leurs positions sur le conflit : « Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l'Organisation que nous servons semble impuissante à l'arrêter », tout en appelant à « l'établissement d'un État laïque unique et démocratique dans toute la Palestine historique, avec des droits égaux pour les chrétiens, les musulmans et les juifs », ce qui nécessiterait « le démantèlement du projet profondément raciste et colonial des colons ».
Complicité américaine présumée
Certains commentateurs ont accusé les gouvernements occidentaux de soutenir le génocide contre les Palestiniens, en particulier ceux des États-Unis d'Amérique[22],[23],[24],[25], ces derniers ont fourni une aide importante à Israël (en)[26].
Le , le journaliste Eric Levitz de The Intelligencer a soutenu que les administrations gouvernementales des États-Unis ont approuvé les crimes de guerre israéliens contre les Palestiniens dans la guerre Israël-Hamas de 2023, et la seule solution militaire qui peut atteindre les objectifs de sécurité d'Israël en dehors du nettoyage ethnique et du génocide[27],[28]. Le , au milieu de la guerre, les avocats du Center for Constitutional Rights (en) ont exprimé leur conviction que les actions d'Israël étaient « calculées pour détruire la population palestinienne de Gaza »[29]. Le , le gouvernement des États-Unis a reconnu qu'il ne procédait pas à des évaluations formelles pour déterminer si Israël violait le droit international humanitaire[30].
En , le président Joe Biden a été surnommé « Joe le génocidaire » par les détracteurs de son soutien à Israël[31]. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby, décrit par le média israélien Ynet comme « un défenseur d'Israël exceptionnellement accompli », a déclaré : « Israël essaie de se défendre contre une menace terroriste génocidaire. Alors si nous commençons à utiliser ce mot, très bien, utilisons-le de manière appropriée »[32]. Le , le Center for Constitutional Rights (CCR), basé à New York, a poursuivi Biden pour avoir prétendument manqué à ses devoirs, définis par les lois nationales et internationales, d'empêcher Israël de commettre un génocide à Gaza lors de la guerre Israël-Hamas de 2023. La plainte alléguait que les « massacres de masse » d'Israël, le ciblage des infrastructures civiles et les expulsions forcées équivalaient à un génocide. Le CCR a déclaré : « En tant que plus proche allié d'Israël et son plus grand soutien, en tant que son plus grand fournisseur d'assistance militaire par une large marge et avec Israël étant le plus grand bénéficiaire cumulé de l'assistance étrangère américaine depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont les moyens disponibles pour avoir un effet dissuasif sur les responsables israéliens qui poursuivent actuellement des actes génocidaires contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza »[33]. Dans une déclaration faite dans le cadre du procès, le spécialiste du génocide William Schabas a déclaré qu'à son avis il y avait un « risque sérieux de génocide » et que les États-Unis étaient « en violation de leurs obligations » en vertu de la Convention sur le génocide de 1948 et du droit international[34],[35].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Palestinian genocide accusation » (voir la liste des auteurs).
- « Moyen-Orient: le Conseil de sécurité « consterné » par les mesures israéliennes d’expansion des colonies de peuplement », (consulté le )
- Michaël Séguin, « Israël : un colonialisme de peuplement plus que centenaire », (consulté le )
- (en) Center for constitutional rights, « The Genocide of the Palestinian People: An International Law and Human Rights Perspective » [archive du ] [PDF],
- (en) Rabea Eghbariah, « The Harvard Law Review Refused to Run This Piece About Genocide in Gaza » [archive du ] , sur The Nation,
- (en) « Public Statement: Scholars Warn of Potential Genocide in Gaza » [archive du ] [PDF],
- « The Israeli Recipe For 2008: Genocide in Gaza, Ethnic Cleansing in the West Bank », (consulté le )
- Laila El-Haddad, « Slowly strangled », (consulté le )
- Mohammed Nijim, « Genocide in Palestine: Gaza as a case study », (consulté le )
- « Des universitaires mettent en garde contre un potentiel génocide à Gaza », (consulté le )
- Nations unis : Centre régional d'information pour l'Europe occidentale, « Palestine : éviter un génocide à Gaza et une nouvelle « nakba » », (consulté le )
- « Un ministre israélien évoque "l'option" d'une bombe nucléaire à Gaza… et se fait recadrer par Netanyahou », Marianne, (consulté le )
- « Guerre Israël-Hamas : utiliser la bombe nucléaire à Gaza est « une option », selon un ministre de l’État hébreu », (consulté le )
- (he) « השר עמיחי אליהו: מוסריות היא הכרעה - כדי שלא ירצחו אותנו », Arutz Sheva, (consulté le )
- « 'Israël mène un génocide contre le peuple palestinien', estime la Fédération internationale pour les droits humains », sur RTBF (consulté le )
- « Dossier : retour sur le conflit Israël/Palestine - FIDH » , (consulté le )
- « L’Afrique du Sud accuse Israël devant la justice internationale d’«actes de génocide» à Gaza », (consulté le )
- « Pretoria en appelle à la CIJ contre le « génocide » à Gaza. Israël exprime son « dégoût ». », (consulté le )
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