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Photographie/Les premiers pas/Questions fondamentales

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Giuseppe Garibaldi, par Alessandro Duroni. La photographie peut être un témoignage pour l'histoire.

Le mot « photographie » est composé de deux éléments tirés de la langue grecque: le premier, photo, vient de φωτoς (photos) qui signifie lumière, clarté et le second, graphie, de γραφειν (graphein), c'est-à-dire écrire, graver, et par extension peindre ou dessiner. Une photographie est donc fondamentalement, si l'on s'en réfère à cette étymologie, « une gravure faite avec de la lumière ».

La photographie n'est pas seulement une méthode d'enregistrement du réel. Au-delà de ses aspects techniques, elle est aussi un art, une industrie, un moyen de communication qui nous permet de mieux connaître les pays lointains, un outil de mémoire grâce auquel nous pouvons mieux nous représenter des personnes aujourd'hui disparues ou des évènements historiques, un instrument de la recherche scientifique et technique, un auxiliaire précieux lors des enquêtes policières, etc. En fait, l'image en général et la photographie en particulier nous entourent dans tous les instants de notre vie quotidienne sans que nous en soyons toujours parfaitement conscients..

Pour la plupart des amateurs qui la pratiquent, il s'agit surtout d'un moyen, devenu aujourd'hui très simple, de mémoriser les évènements familiaux ou les choses vues lors d'un voyage. Pour certains d'entre eux, c'est beaucoup plus, un art, un moyen d'expression, voire un acte « thérapeutique » qui les aide à vivre et à surmonter leurs problèmes psychologiques. Les uns et les autres, en faisant partager leurs images, leurs émotions et parfois leurs fantasmes, contribuent au rapprochement des êtres humains et à une meilleure connaissance d'eux-mêmes et du monde.

Même quand elle ne présente a priori que des objets techniques dénués de pouvoir émotionnel, une photographie porte toujours en elle la signature de son auteur. Deux photographes dotés du même appareil, face au même sujet, dans les mêmes conditions, en rapporteront souvent des images étonnamment différentes. Les photographes se comptent par millions et leurs images par milliards, une masse énorme dont émergent un petit nombre d'auteurs d'exception et d'œuvres remarquables. Parfois, la personnalité d'un photographe est si forte qu'elle imprègne toutes ses œuvres au point que celles-ci deviennent reconnaissables au premier coup d'œil.

Pourquoi une photo nous plait-elle plus que d'autres ? C'est d'autant plus difficile à dire que les goûts et les appréciations ne sont pas les mêmes pour tous. De plus, la notion de « bonne » ou de « mauvaise » photographie est très relative et ne se définit que par une référence à l'usage que l'on veut en faire : par exemple, une photographie destinée à un album de famille n'aura très probablement aucune chance de figurer au palmarès d'un concours, et inversement.

« Entrer en photographie »

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Paolo Monti, 1981

Il n'existe évidemment aucune recette pour fabriquer à coup sûr la photographie du siècle, et c'est sans doute mieux ainsi pour éviter la standardisation et l'ennui. Grâce à leurs automatismes toujours plus perfectionnés, les appareils photographiques actuels permettent à tous les photographes, parfois même malgré eux, d'obtenir des photographies nettes et bien exposées. Les « presse-bouton du dimanche » s'en contentent facilement, les autres souhaitent au contraire sortir de la banalité et progresser à la fois sur le plan technique et sur le plan artistique, pour réaliser des photographies d'un niveau sans cesse plus élevé.

Dans tous les cas, l'acte photographique part d'un sujet dont on enregistre une image grâce à l'action de la lumière (ou d'un autre rayonnement) sur une surface sensible. L'image photographique finale est destinée à être vue par un ou plusieurs spectateurs. À de rarissimes exceptions près, ce processus fait intervenir un appareil photographique et, le cas échéant, d'autres appareillages et diverses fournitures « consommables ». L'acte photographique nécessite par ailleurs toujours, de la part de l'aspirant photographe, un apprentissage qui peut parfois être très long.

Tous les mots mis en caractères gras ci-dessus méritent réflexion car ils engagent, parfois lourdement, l'avenir de celui ou celle qui veut se lancer dans l'aventure. Quelques uns font de la photographie un métier, pour d'autres elle devient une passion qui peut d'ailleurs coûter très cher, à la fois par le temps qu'on lui consacre et par les dépenses qu'elle occasionne.

Neysa McMein portant le drapeau lors d'une manifestation de suffragettes à New-York en 1917. C'est elle le sujet principal et les autres éléments qui interviennent dans la construction de l'image contribuent puissamment à la mettre en valeur.

Si vous avez entrepris la lecture de ce livre, c'est probablement que vous souhaitez faire de la photographie, et pas simplement des photographies. La nuance est de taille ...

Photographier, oui, mais quoi ? Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Si vous êtes passionné(e) par le paysage, le sport, les oiseaux, le nu, ou tout simplement par votre famille, il faut de toute manière que vous ayez une idée de ce que vous voulez faire avant de vous précipiter chez votre revendeur préféré pour acheter le premier appareil venu. En effet, vous n'aurez pas besoin du même équipement si vous voulez photographier vos enfants, une compétition de surf ou les petites bêtes de votre jardin. Du moins, si vous voulez réaliser les meilleures prises de vues possibles.

Le bon ouvrier est avant tout celui qui sait choisir le bon outil mais en photographie comme ailleurs, avoir à sa disposition le meilleur matériel possible ne suffit jamais.

Beaucoup de photographies présentent un aspect désordonné, parfois dissuasif pour le regard, tout simplement parce que le sujet n'est pas clairement perceptible. C'est presque toujours une erreur que de vouloir à tout prix faire entrer trop de choses dans le cadre. Les différents éléments se « volent la vedette » et finalement l'image devient insignifiante. Il vaut mieux au contraire choisir un des éléments de la scène qui est en train de se produire et tâcher de le mettre en valeur. Si plusieurs sujets sont présents, alors il faut faire en sorte que l'un devienne principal et les autres, secondaires, au service en quelque sorte du premier.

Une bonne façon de mettre en valeur le sujet principal est de s'en approcher, ce qui a pour effet de le grossir davantage que les autres éléments plus lointains.

« Si ta photo n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près », disait le célèbre reporter Robert Capa.

La vogue de la photographie numérique, à ses débuts, a provoqué une avalanche sans précédent de photographies médiocres, juste bonnes pour la poubelle. Médiocres, du point de vue technique, et médiocres aussi, du point de vue artistique. Le faible coût apparent des images numériques a en effet conduit bien des utilisateurs (c'est à dessein que l'on n'emploie pas ici le mot photographes) à mitrailler à tout va en se disant qu'en triant plus tard dans la masse des clichés, ils finiraient bien par découvrir l'image du siècle. En fait, ceux-ci n'ont généralement rien découvert du tout dans la mélasse de leur production, et pour cause.

La bonne méthode est de mitrailler, certes, mais il vaudrait mieux dire de multiplier les essais, de tenter ce que l'on ne tenterait pas avec un appareil chargé de diapositives, d'essayer de concrétiser toutes ses idées, et ceci en travaillant chaque prise de vue comme si elle devait être la photo du siècle. Cela suppose souvent de reprendre la maîtrise de son appareil en n'abandonnant pas tous les réglages aux automatismes qui, tout en étant aujourd'hui très perfectionnés, ne fournissent pas toujours exactement la mise au point ou l'exposition optimale. Cela suppose aussi qu'une fois les problèmes techniques réglés, le photographe s'intéresse à la composition et à l'originalité de sa photographie, ce qui demande, au moins au début, une attention beaucoup plus soutenue qu'on ne pourrait le croire.

Le fort de Zubara, au Qatar, pris au soleil couchant.

La question a l'air un peu idiote mais si jusqu'à présent la lumière du soleil est fournie gratuitement à l'humanité entière, il n'en va pas de même des installations de studio...

Les plus belles lumières ne se rencontrent pas forcément à midi lors des journées d'été ensoleillées, bien au contraire, et ce n'est pas seulement quand le soleil brille qu'il faut avoir son appareil à portée de la main. La lumière solaire directe donne très souvent des contrastes trop violents entre les zones claires et les ombres, de sorte que dans la plupart des cas les valeurs extrêmes ne peuvent pas être correctement enregistrées. Pour les portraits, mieux vaut attendre qu'un nuage passe devant le soleil pour profiter d'une lumière moins brutale, plus diffuse. Ce n'est pas sans raison que les ateliers des portraitistes, jadis très courus mais aujourd'hui presque tous désertés, étaient toujours largement ouverts au nord.

Au lever et au coucher du soleil, par temps de brume ou d'orage, on bénéficie souvent de très beaux éclairages, bien plus agréables que le soleil direct et finalement plus faciles à mettre à profit. Les couleurs sont généralement bien plus chaudes qu'à d'autres moments de la journée et il faut profiter de ces instants pour déclencher ! Beaucoup de photographes prévoient d'ailleurs leurs séances photos en fonction des heures de lever et/ou de coucher de soleil ! Certains affirment même qu'il n'y a que deux sortes de photographes, ceux qui photographient le lever du soleil et ceux qui photographient son coucher, question de rythme de vie, principalement en été !

À l'intérieur, quand c'est possible, il faut chercher à utiliser au mieux la lumière ambiante avant de penser à se servir du flash, qui a pour premier effet de casser l'ambiance des scènes photographiées. Les appareils numériques de 2014 affichent des sensibilités très élevées qui incitent heureusement à profiter au maximum de la lumière ambiante. Au studio, on dispose parfois de grosses installations à base de lampes à incandescence ou de flashes électroniques mais, comme disait le regretté Daniel Masclet, « il n'y a qu'un soleil ! ». La multiplicité des éclairages donne parfois des images trop compliquées, en particulier quand la virtuosité du technicien n'est plus au service du sujet qu'il doit mettre en valeur.

La surface sensible

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Argentique ou numérique ? Ceux qui ont connu le laboratoire, même quand ils regardent l'image qui sort de leur imprimante dernier cri, ont parfois la nostalgie des odeurs du révélateur et de l'hyposulfite. C'est vrai que le développement d'un film donne toujours lieu à une poussée d'adrénaline, même après des années de pratique. C'est vrai que l'apparition d'une image dans la cuvette a toujours un côté magique et que l'ordinateur est incapable de fournir les mêmes émotions. C'est vrai que le fait de ressusciter des procédés anciens comme la gomme bichromatée ou les tirages au platine, et surtout de réussir à en tirer la quintescence, constitue à chaque fois un petit miracle.

Le débat risque d'être tranché dans les toutes prochaines années. Lorsqu'à son tour le cinéma deviendra numérique, l'industrie du film aura véritablement, et sans doute définitivement, du plomb dans l'aile. Ce jour-là, c'est l'ensemble des appareils argentiques de la planète qui se trouvera réformé... Il restera bien sûr quelques irréductibles qui accepteront de payer leur passion au prix fort.

En revanche, il est vrai qu'il n'est pas très pratique de scanner chaque photo après l'avoir développée afin de la partager en ligne ou de lui faire subir quelque post-traitement plus ou moins justifié. Chacun choisira donc entre argentique et numérique en fonction de sa sensibilité et de l'usage qu'il souhaite faire de ses clichés.

Le(s) spectateur(s)

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Les études statistiques faites depuis une vingtaine d'années montrent que la plupart des photographies terminent leur existence au fond d'un tiroir ou d'un disque dur d'ordinateur sans avoir été regardées plus de trois ou quatre fois. Un destin pas très enviable mais, il faut bien le reconnaître, souvent mérité ...

Les photographies destinées au cercle familial perdent généralement toute leur charge émotionnelle lorsqu'elles sont examinées par un spectateur extérieur. Le photographe averti recherche donc d'autres valeurs, plus universelles, qui lui permettent de montrer ses œuvres à un plus vaste public, sans forcément suivre les dernières tendances de la mode ni chercher à plaire à tout prix. Par ailleurs, à quoi bon réaliser des centaines de photographies, si elles doivent finir aux oubliettes ? Il faut avoir l'ambition de les montrer, de participer à des expositions, de présenter le meilleur de sa production à des salons ou concours et même, pourquoi pas, de vivre au moins partiellement de son travail photographique.

L'appareil photographique

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L'appareil ne fait pas plus le photographe que la plume ou le traitement de texte ne font l'écrivain. Sinon, ça se saurait.

Le bon appareil est celui qui offre, à un moment donné de l'évolution des techniques et dans des circonstances de prise de vues données, les meilleures possibilités techniques pour réaliser un projet donné. C'est aussi celui dont on sait bien se servir. Compte tenu de l'extrême diversité des conditions de prise de vue et des habitudes ou des préférences de chaque photographe, il est clair qu'il n'existe absolument aucun appareil universel. Tout achat devrait donc être mûrement réfléchi en fonction du but à atteindre et non des « conseils » de tel ou tel agent commercial ayant enfilé, le temps d'une vente, les habits du technicien chevronné ou de l'artiste. En outre, la plupart des photographes avertis possèdent plus d'un appareil, afin de faire face à des situations et à des besoins très divers et ceci, dans les meilleures conditions possibles.

Pour pouvoir faire votre choix, rendez-vous au chapitre sur l'appareil photographique.

La retouche, argentique ou numérique

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À l'exception des diapositives qui constituent un original unique, non modifiable, toutes les autres photographies résultent de traitements chimiques ou numériques réalisés à partir d'un document initial qui est, selon le cas, un négatif ou un fichier informatique contenant les données brutes fournies par le capteur (fichier "RAW"). Beaucoup de gens pensent que ces traitements aboutissent à « dénaturer » l'image, c'est parfois vrai, mais ils n'en sont pas moins indispensables pour que l'on puisse obtenir une image directement observable sur un écran ou une feuille de papier. Et à l'âge d'or de la diapositive, qui n'a jamais rouspété parce que l'image obtenue ne donnait pas une image suffisamment fidèle de la scène initiale ?

Est-il possible d'enregistrer fidèlement, grâce à la photographie, la perception que nous avons d'une scène qui se déroule sous nos yeux ? Évidemment non ! En effet, la personne qui observe une scène reçoit des informations physiques sous la forme de signaux lumineux organisés pour former une image dont nos sens fournissent une première interprétation que notre cerveau « remet en forme » en temps réel, tenant compte d'une foule d'autres éléments non quantifiables de nature psychologique ou environnementale. Le fait par exemple d'être fatigué, triste, joyeux, influe profondément sur notre perception ; une scène découverte pour la première fois aura plus d'impact qu'un spectacle habituel ; des éléments d'environnement tels que le bruit, les odeurs, le froid, etc. participent à créer une ambiance dont l'auteur de la photographie se rappellera peut-être mais qu'un spectateur extérieur ne ressentira pas forcément. L'appareil photographique ne peut qu'enregistrer imparfaitement des informations objectives et son fonctionnement diffère en beaucoup de points de celui de nos yeux ; les données subjectives associées à une image lui échappent en revanche intégralement.

Avant que l'on puisse l’examiner sur une feuille de papier ou sur un écran, l'image photographique que nous souhaitons produire existe d'abord dans notre tête sous forme de souvenir. Notre matière d’œuvre est le négatif ou le fichier numérique, toujours bien plus pauvre que notre image mentale ; il faut malgré tout en tirer le maximum, et généralement aussi l'interpréter, la modifier, afin que l'image physique obtenue grâce à l'appareil photographique se rapproche le plus possible de l'idée que nous en avons. Pendant des décennies, ce travail a été effectué en chambre noire, le fait qu'il soit désormais presque toujours réalisé par des méthodes informatiques n'en modifie pas fondamentalement le but ni la nécessité.

L'apprentissage

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Il n'existe finalement que trois façons d'apprendre :

  • demander à quelqu'un qui sait, c'est l'enseignement,
  • consulter les livres, c'est la documentation,
  • essayer soi-même, c'est l'expérimentation.

On n'apprend pas à monter à bicyclette en interrogeant un champion cycliste ou en parcourant la littérature. Mieux vaut grimper sur la machine, à ses risques et périls évidemment, car en ce domaine comme en bien d'autres l'expérience est incommunicable. La photographie numérique a apporté à des millions d'utilisateurs une possibilité extraordinaire : le droit de se tromper gratuitement ! Plus besoin de payer et d'attendre le développement des tirages pour savoir si la photo correspond à ses attentes, plus besoin de noter dans un carnet les paramètres de prise de vue pour chaque photo, les données Exif les conservent pour nous ! Seules les photographies réussies coûtent un peu d'argent, car il faut bien les stocker quelque part. Toute médaille ayant son revers, la photographie numérique oblige celui qui la pratique à faire un tri sévère, faute de quoi le classement, l'archivage et la sauvegarde des fichiers se transforment rapidement en un véritable cauchemar.

Pour apprendre la photographie, il faut avant tout faire des photos, beaucoup de photos, mais la fréquentation de photographes expérimentés et la consultation de documents pertinents permettent de progresser beaucoup plus rapidement que s'il fallait tout réinventer...

Cela dit, ou plutôt écrit, celui qui veut innover ne doit compter ni sur les gens, ni sur les livres, mais uniquement sur lui-même. Quant à la chance, sans laquelle aucune bonne photographie ne saurait exister, il ne doit pas hésiter à la provoquer sans arrêt en allant sur le terrain, plutôt qu'en essayant toutes sortes de bidouillages informatiques pour tenter de transformer, ce qui ne marche jamais, un cliché raté en impérissable chef-d'œuvre !


Les premiers pas