Utilisateur:Pradigue/Byrsa
Site archéologique de Carthage *
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Image illustrative de l’article Pradigue/Byrsa | ||
Pays | Tunisie | |
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Année d’inscription | (3e session) | |
Type | Culturel | |
Critères | (ii) (iii) (vi) | |
Région | États arabes ** | |
Localisation des divers vestiges du site de Carthage | ||
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Le site archéologique de Carthage est un site archéologique dispersé dans la ville actuelle de Carthage (Tunisie) et classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.
Le site de Carthage est dominé par la colline de Byrsa qui était le centre de la cité punique. Aujourd’hui, il se distingue par la silhouette massive de la cathédrale Saint-Louis édifiée, à la fin du XIXe siècle, à l’emplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX de France (saint Louis) qui y meurt au cours de la huitième croisade. À proximité de la cathédrale, en face de cette tombe vide, car les restes ont été rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville. Il n’en subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes mais on peut y mesurer la puissance qui émane alors de la cité : site immense, grands espaces, vues panoramiques et organisation des rues.
Le développement rapide de la ville moderne risquant de détruire à jamais les vestiges du passé, et à la suite de l’appel de grands archéologues tunisiens[1], l’Unesco lance une vaste campagne internationale afin de sauver Carthage entre 1972 et 1992. Ce tournant est parachevé avec le classement du site archéologique au patrimoine mondial.
L’article ne porte que sur les vestiges subsistants aujourd’hui et l’état actuel du site archéologique, un grand nombre d’éléments ayant été perdus anciennement ou plus récemment. La difficulté pour le visiteur réside aujourd’hui dans l’extrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués. Pour la ville et le pays, la problématique est autrement plus complexe, de faire subsister et protéger les vestiges du passé, tout en gênant le moins possible la vie quotidienne des habitants.
Géographie
modifierLocalisation
modifier« L’Histoire s’attache aux lieux qu’elle a une fois choisis » selon Serge Lancel[2]. Force est de constater que la géographie est pour beaucoup dans le rôle qui fut celui du site de Carthage, la grande cité étant comparée à un « navire à l’ancre » par Strabon[3]. Par ailleurs, la localisation des villes chez les Phéniciens est fondée sous la double exigence d’ouverture sur la mer et de protection vis-à-vis de l’intérieur des terres. Les fondations de Tyr, Sidon et Gadès s’inscrivent dans ce cadre[4]. Davantage que la colonie plus ancienne d’Utique, Carthage apparaît comme favorisée par la géographie. Le site est situé à la frontière des deux bassins de la mer Méditerranée, donc sur un site particulièrement propice aux échanges. Au fond du golfe de Tunis, face au Djebel Boukornine, le site de l’antique Carthage apparaît tel un éperon barré de collines dont la principale est Byrsa, site facile à défendre et qui plus est bordé par la mer sur trois de ses côtés. Polybe en parle comme d’une « péninsule presque entièrement entourée soit par la mer [la sebkha Ariana n’était pas encore fermée et formait une baie], soit par un lac et rattachée au continent par un isthme barré et par une chaîne de collines difficiles à franchir[5] ». Protégée du côté de la mer, la cité apparaît ainsi protégée également par les collines et par le lac de Tunis, la présence des deux sebkhas renforçant cette impression. |
Géologie
modifierBien que le sol du site reste assez pauvre en édifices complets, le terrain de Carthage est jonché de fragments des marbres les plus précieux[6]. Parmi ces fragments figurent deux ou trois variétés de marbre blanc statuaire — provenant probablement des carrières de Paros et de Luni — et une variété de marbre de Pentélique, plusieurs variétés de marbre Cipolin, de nombreux fragments de marbre jaune de Sienne, du marbre connu en Italie sous le nom de Pavonazzo, du porphyre feld-spathique en grande quantité — parfois en blocs de plusieurs pieds cubes — et du porphyre rose d’Égypte[7].
Pacho pense que, comme à Cyrène, le territoire de Carthage n’offre pas de matériaux précieux mais abrite plutôt des matériaux, comme le marbre, le porphyre et le granite, étrangers à la cité et qui sont importés de loin[6]. De Buch, savant géologue de Berlin et Mesnard de La Groye, enseignant de géologie au Collège de France, ayant étudié ces fragments, pensent qu’ils proviennent de carrières d’Italie et de Grèce[6].
Des notes sur la Cyrénaïque de Frederick William Beechey rapportent aux alentours de Carthage la présence d’un conglomérat de grès et d’un calcaire sans fossiles et donc peu solide[8].
Histoire et redécouverte du site
modifierLa grande cité africaine, dont l’expansion rapide comme civilisation du « melting pot » méditerranéen est brutalement brisée, parvient à renaître de par la volonté des vainqueurs romains et du fait de sa localisation exceptionnelle. Néanmoins, dans les tourments de la scission du monde méditerranéen, Carthage passe au second plan : d’abord pillée puis oubliée, Gustave Flaubert peut écrire en 1858 qu’« on ne sait rien de Carthage »[9]. Il faudra toute l’opiniâtreté de quelques passionnés, pour mettre fin à cet état de fait, et un risque de destruction finale afin que soit organisée une campagne internationale pour éviter que la rivale de Rome ne tombe définitivement dans l’oubli, dans « l’abîme de l’histoire »[10].
Histoire antique du site
modifierSur les premiers occupants, le substrat de population lybico-numide, on ne dispose que de peu d’informations. L’archéologie est muette à ce propos, les seules mentions disponibles étant les textes antiques d'Appien (Libyca, 1,2) et Justin (XVIII, 5, 8).
Pendant plus d’un millénaire, la cité de Carthage se place au premier plan de l’histoire de par sa situation de carrefour de civilisations léguée par sa géographie. Particularité qui lui est propre, cette cité au sol déclaré sacer, c’est-à-dire maudit, a pu renaître et devenir à chaque fois un foyer essentiel de diffusion de nouveautés culturelles, artistiques et spirituelles même si elle n’en était pas le berceau originel.
Carthage phénicienne et punique
modifierLa cité est, selon la tradition, fondée par Didon (également dénommée Élyssa) en 814 av. J.-C., soit une soixantaine d’années avant la fondation de sa rivale, Rome, qui finira par la surpasser. La cité essaime rapidement, fondant diverses colonies et affrontant les colonies grecques, notamment en Sicile. Celles-ci, particulièrement Syracuse et Agrigente, porteront la guerre sur les terres puniques au début du Ve siècle av. J.-C. puis à la fin du IVe siècle av. J.-C.. C’est lors des pérégrinations de cet antagonisme que l’on place la destruction de la cité punique de Kerkouane.
Les premières relations avec Rome sont plutôt cordiales comme en témoigne le traité d’amitié et de coopération conclu en 509 av. J.-C.. Les épisodes dénommés guerres puniques voient l’antagonisme se dérouler sur un siècle, de 264 à 146 av. J.-C., avec des vicissitudes et des périodes qui ont pu laisser penser à une issue favorable du conflit pour la cité punique — il suffit de penser à l’aventure du général Hannibal Barca — mais la page se tourne finalement sur ce qui fut qualifié de « premier génocide »[11] par Ben Kiernan[12] dont nous avons des traces tant écrites qu’archéologiques. Le premier conflit se déroule de 264 à 241 av. J.-C., aboutissant pour Carthage à la perte de la Sicile et au paiement d’un lourd tribut. Cette première défaite engendre de graves conséquences sociales avec l’épisode de la guerre des Mercenaires, se déroulant de 240 à 237 av. J.-C., la ville étant sauvée par Hamilcar Barca. On voit ensuite Carthage orienter son impérialisme vers la péninsule Ibérique et se heurter aux alliés de Rome, rendant le second conflit inéluctable (219-201 av. J.-C.).
Après 205 av. J.-C., la guerre ne sera plus portée que sur le sol africain, l’année 201 av. J.-C. marquant la victoire finale de Scipion l'Africain à Zama. Les cinquante années qui suivent voient Carthage rembourser de façon régulière le lourd tribut imposé mais aussi se doter d’équipements coûteux comme les ports puniques dans leur dernier état de développement. Pourtant, face au relèvement de la cité et à la fin du paiement du tribut, Rome impose aux Carthaginois d’abandonner la cité et de se retirer dans son hinterland[13]. À ce propos, Velleius Paterculus a pu écrire que « Rome, déjà maîtresse du monde, ne se sentait pas en sûreté tant que subsisterait le nom de Carthage »[14]. Le refus logique qui suit cette intransigeance entraîne le troisième conflit, ce dernier et le siège devant durer trois années. Même si le sel n’a pas été répandu sur le sol ainsi que la légende le relate, la destruction de la cité est totale et un tabou jeté sur son site.
Carthage romaine
modifierCaius Sempronius Gracchus, tribun de la plèbe en 123 av. J.-C., tente en 122 av. J.-C. d’établir une colonie d’anciens vétérans, tentative sans lendemain — le souvenir de la vieille rivale était vivace moins d’un quart de siècle après sa destruction — mais non sans traces archéologiques laissées dans la campagne carthaginoise, particulièrement les centuriations. Le projet d’installer des vétérans refait surface avec Jules César mais celui-ci reste à nouveau sans lendemain du fait de son assassinat intervenu aux Ides de Mars en 44 av. J.-C.. La renaissance de la cité sera l’œuvre d’Auguste qui la refonde en 29 av. J.-C. et la rebaptise du nom de Colonia Iulia Concordia Carthago. Au nom ancien qui subsiste sont apposés les noms de sa propre famille — les Julii — et celui de la concorde tant désirée après les affres des guerres civiles ayant agité Rome dans le dernier siècle avant J.-C.
Les premières constructions de la cité sont publiques avec la volonté d’en faire une vitrine de la romanité et de lancer le processus de romanisation dans cette région au riche passé à la fois libyco-numide et punique[15], les installations privées ne venant que tardivement avec l’enrichissement grandissant provenant des nombreuses exportations vers Rome : blé essentiellement mais aussi huile d'olive destinés particulièrement au système de l’annone. De cité administrative — siège du procurateur — elle devint une ville importante et prospère à la population estimée à 300 000 habitants lors de la conquête vandale[16]. La première ville romaine est pourtant mal connue de par les destructions successives qui l’ont frappées : tremblements de terre, incendie sous le règne d’Antonin le Pieux.
L’accession au pouvoir impérial de la dynastie des Sévères traduit l’enrichissement qui est celui de la terre d’Afrique à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle. Cependant, les crises qui ébranlent l’Empire romain au IIIe siècle engendrent de graves conséquences pour Carthage, en particulier au moment de l'usurpation de Gordien Ier et de la répression qui suit sa chute en 238 : la ville est pillée, y compris ses temples[17]. De même, au début du IVe siècle, la cité devient la capitale de l’usurpateur Domitius Alexander et se trouve, à l’occasion de sa chute, à nouveau livrée au pillage. Avec ce siècle, la cité retrouve néanmoins une croissance économique que traduit la vitalité des constructions tant privées, avec de multiples villas dénotant la richesse extrême de leurs propriétaires, que publiques avec en particulier les installations destinées au nouveau culte devenu dominant.
Carthage chrétienne
modifierDans un espace ouvert sur l’extérieur comme l’est alors Carthage — le port est notamment relié aux grandes cités d’Alexandrie et d’Antioche qui constituent deux importants centres d’évangélisation[18] —, il est admis que le christianisme s’est développé précocement dans le sillage des communautés juives importantes implantées dans la cité[19]. À la fin du Ier siècle, colons, commerçants et soldats comptent aussi parmi les agents de propagation du christianisme[18]. En effet, la nouvelle religion progresse rapidement dans la province en dépit des persécutions sporadiques dont elle fait l’objet, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180[18]. La cité devient ainsi l’un des foyers essentiels de diffusion de la nouvelle foi et les affrontements religieux y sont violents avec les païens.
Carthage et la province d’Afrique sont rapidement considérées comme la cité phare du christianisme latin occidental[18] : Tertullien est ainsi l’un des premiers auteurs chrétiens de langue latine. Saint Cyprien, son premier évêque, est martyrisé le 14 septembre 258[18], à une époque où la nouvelle religion est déjà largement répandue dans la société. Car cette expansion ne va pas sans heurts, en particulier lors du schisme donatiste — conséquence des rivalités de prélats avides d’occuper le siège du primat d’Afrique — qui est condamné de façon définitive au concile de Carthage ouvert le 1er juin 411[18] et organisé par son plus ardent contradicteur en la personne de l’évêque Augustin d'Hippone. Ce dernier accuse ainsi les schismatiques de s’être coupés des liens qui unissaient l’Église catholique africaine aux Églises orientales qui en étaient à l’origine[18].
En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme[20] et s’accompagne d’une organisation religieuse de la cité au IVe siècle : un découpage en six quartiers est effectué et des basiliques marquant chacun d’entre eux. Seconde ville d’Occident après Rome, Carthage compte au début du Ve siècle une population de plus de 300 000 habitants et sa superficie dépasse 321 hectares[21].
La ville est conquise par les troupes vandales de Genséric en 439. Outre les destructions opérées par les nouveaux venus attestées en particulier par un auteur tel que Victor de Vita, il faut signaler la tentative de ces derniers de faire imposer l’arianisme en lieu et place du catholicisme : la persécution est alors légitimée et les quelque 500 religieux de Carthage sont expulsés[18]. Cette période vandale coïncide avec une nouvelle ère de persécutions[22]. Finalement, le royaume vandale finit par s’effondrer et l’empereur byzantin Justinien devient le nouveau maître de la cité en 533. La période byzantine connaît divers aléas, dont la mise au pas des membres de l’Église d’Afrique, alors que la page se tourne sur l’histoire antique du site avec la conquête arabo-musulmane définitive de 698, qui voit Carthage passer au second plan de l’histoire.
Naufrage et redécouverte de la grande cité africaine
modifierCarthage passe au second plan de la grande histoire
modifierAprès 698, la capitale de la province d’Afrique se vide de ses habitants et les matériaux font l’objet d’un remploi massif : « pour des siècles, [elle] ne fut plus [qu’une] marbrière » ainsi que l’écrit M'hamed Hassine Fantar[23]. Cette récupération se fait au profit des constructions importantes de l’espace de la Tunisie actuelle — la forêt de colonnes de la mosquée Zitouna en provient — mais aussi de bâtisses importantes du bassin méditerranéen telles que la cathédrale de Pise. La récupération des « dépouilles du grand cadavre gisant aux bords du golfe »[24] ne sera pas seulement celle des matériaux les plus nobles, colonnes et chapiteaux, un grand nombre de fours à chaux s’installera sur le site et ont été retrouvés en particulier lors du dégagement des thermes d’Antonin, faisant mentir Al Bakri qui affirmait que « le marbre est si important à Carthage que, si tous les habitants de l’Ifriqiya se rassemblaient pour en tirer les blocs et les transporter ailleurs, ils ne pourraient pas accomplir leur tâche »[25]. Al Idrissi fut le témoin oculaire de cette prédation effrénée et le relate en affirmant que « ces fouilles ne discontinuent pas, les marbres sont transportés au loin dans tous les pays, et nul ne quitte Carthage sans en charger des quantités considérables sur des navires ou autrement »[26].
Des voyageurs aux recherches scientifiques
modifierLe début du XIXe siècle est celui des précurseurs, à la fois voyageurs et visionnaires : C.T. Falbe, consul du Danemark, dresse la première topographie des vestiges du site dans ses Recherches sur l’emplacement de Carthage publiées en 1833. Une société historique et archéologique voit le jour à Paris et suscite un intérêt qui débouche sur une « mode d’un attrait irrésistible »[27] qui trouve un certain point d’orgue avec la publication de Salammbô par Gustave Flaubert en 1858. Charles Ernest Beulé, pour sa part, met en évidence au cours d’un voyage les absides romaines sur la colline de Byrsa mais se heurte vite aux difficultés des fouilles sur cet espace maintes fois remanié non sans affirmer que « Carthage aura son tour, comme l’Égypte, comme Ninive et comme Babylone »[28]. Le rôle joué par les Pères blancs mérite d’être également rappelé. Ainsi, le père Delattre est installé à partir de 1875 par le cardinal Charles Martial Lavigerie avec un but non seulement apostolique mais archéologique affirmé[29]. Il s’intéresse surtout aux nécropoles puniques ainsi qu’aux basiliques chrétiennes[30]. Les premières années du protectorat français voient le bey de Tunis signer plusieurs décrets dont l’un concerne la création du Musée national du Bardo et l’un autre réglementant les fouilles et protégeant le patrimoine[31].
Le site voit ensuite une poignée de passionnés, le plus souvent archéologues amateurs, travailler de manière acharnée afin de sortir le site de l’oubli. Même si certaines méthodes de fouilles de l’époque peuvent sembler contestables, il faut relever, comme l’a fait l’archéologue et historien Serge Lancel, que ces personnes « ont multiplié remarques et observations encore utilisables à une époque où l’archéologie officielle se cantonnait aux nécropoles ou se désintéressait de Carthage »[32]. Grâce à ces passionnés, œuvrant à une époque encore floue au plan de la protection du patrimoine, des éléments essentiels sont sauvegardés, parfois au prix de leurs deniers personnels. Tel est le cas de la découverte du tophet en 1921 par Paul Gielly et François Icard dans des circonstances rocambolesques. Il faut aussi citer le docteur Carton qui découvre la « fontaine aux mille amphores »[33] même si les fouilles entreprises ne sont alors pas dénuées d’intérêts personnels, la récupération d’éléments trouvés lors de celles-ci étant chose courante à l’époque.
Quant à Charles Saumagne, par ses observations du terrain, il trace le plan de la ville romaine dès 1924, plan qui reste pour une grande partie valide même après les dernières campagnes de fouilles[34]. Le dernier de ces pionniers reste Pierre Cintas, fonctionnaire de l’administration des douanes, qui entreprend des études universitaires afin de se consacrer au sujet, et auteur d’un Manuel d’archéologie punique (1970-1976) inachevé en raison de sa mort mais qui reste un outil essentiel de synthèse sur les premiers travaux effectués à Carthage.
À partir de mai 1972, les équipes internationales de la mission internationale de l’Unesco[35] travaillent sur le site sous la coordination du conservateur du site Abdelmajid Ennabli[36] :
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Cité des vivants
modifierPar ce terme, il faut entendre les espaces privés tels qu’ils ont pu subsister. Même si de très nombreuses villas romaines ont fait l’objet de fouilles depuis fort longtemps, paradoxalement peu de vestiges ont été mis en valeur sur le site, hormis dans le parc dit des villas romaines. Les éléments décoratifs, principalement les mosaïques, ôtés, les pans de murs ont très souvent été abandonnés et le site livré au pillage. Pour cette raison, et de façon quelque peu paradoxale, il est plus aisé de déambuler dans un quartier d’époque punique tardive, protégé par la gangue que constitua pendant deux millénaires les remblais romains de la colline de Byrsa. Un autre quartier punique plus ancien, dit quartier Magon, a été fouillé en bord de mer.
Byrsa
modifierSur le sommet de la colline de Byrsa, emplacement du forum romain, a été mis au jour un quartier d’habitation punique du dernier siècle d’existence de la ville, daté plus précisément du début du IIe siècle[37]. Il a été fouillé par l’archéologue français Serge Lancel. La visite de ce site est particulièrement intéressante pour qui ne peut se rendre à Kerkouane (cité punique du cap Bon). En effet, l’organisation du quartier et des habitations entre magasins et espaces privés est particulièrement significative[38].
L’habitat est particulièrement typique et stéréotypé : un local sur la rue pouvant être utilisé comme magasin, une citerne étant installée au sous-sol afin de récupérer l’eau destinée à l’utilisation domestique, et un long couloir sur le côté droit qui mène à une cour percée d’un puisard et autour de laquelle se situe un nombre variable de petites pièces. Certains sols sont couverts de mosaïques dites pavimenta punica, au milieu parfois d’un mortier rouge particulièrement typique.
Les vestiges de la ville ont été conservés du fait des remblais romains, substruction du forum dont les piles de fondation parsèment le quartier. Les différents îlots d’habitation dégagés sont séparés par des rues orthogonales, d’une largeur approximative de six mètres, dont la chaussée est constituée de terre battue[39]. On voit aussi in situ des escaliers destinés à faire face au dénivelé existant sur la colline. Ce programme édilitaire ayant nécessité une organisation et une volonté politique a suscité le nom donné au quartier baptisé « quartier Hannibal » en référence au suffétat du grand général au début du IIe siècle av. J.-C..
Magon
modifierNon loin de la mer a été fouillée une zone de la ville punique par des archéologues allemands qui y ont découvert un pan du rempart qui protégeait la cité au Ve siècle av. J.-C. ainsi que tout un quartier d’habitation dont ils ont pu décrypter l’évolution durant les deux siècles précédant la destruction de 146 av. J.-C.[40]. Même si le site fouillé est ouvert aux touristes, il est difficile d’interprétation pour les non spécialistes. En dépit de ceci, l’exposition de fragments de colonnes puniques ainsi que celle d’éléments supérieurs de la muraille du front de mer sont des témoignages particulièrement émouvants quoique ténus. On peut notamment y voir une villa à péristyle.
Les archéologues ont pu déterminer un schéma d’organisation urbaine dès les aménagements les plus anciens dont on ait gardé des traces, avec des rues larges de trois mètres environ et une exception notoire en la présence d’une vaste rue de neuf mètres se dirigeant vers une « porte marine » ouverte dans le rempart[41].
Dans un petit antiquarium sont exposées des restitutions du site à diverses époques de la ville punique ainsi qu’une maquette d’un puits d’extraction de blocs de pierre situé à El Haouaria.
Villas romaines
modifierNon loin du théâtre a été dégagée une zone constituant de nos jours le parc dit des « villas romaines ». Il abrite, outre la célèbre « villa de la volière », du nom de la mosaïque principale qui l’orne, de nombreux vestiges significatifs liés à la topographie des lieux. La pente en ce lieu est assez forte et certains éléments intéressants de plusieurs villas ont été dégagées dont un cryptoportique qui abritait une partie des collections épigraphiques du Musée national du Bardo[42].
La « mosaïque de la volière » est située dans la villa du même nom, autour d’une cour à colonnade, et figure des oiseaux parmi les feuillages[43]. Cet édifice daté du IVe siècle a fait l’objet d’une restauration soignée. Tant par son plan faisant la part belle aux salles de réception que par son décor, en particulier de mosaïques, la richesse du propriétaire transparaît dans ce qui reste l’un des exemples les plus parlants qui soient visibles sur le site de Carthage. La « mosaïque des chevaux », replacée non loin de cette villa, est un mélange de mosaïques et de panneaux de marbre de diverses origines où alternent les carrés de marbre en opus sectile et les mosaïques de chevaux dont le nom est suggéré par une sorte de rébus.
Vers l’arrière du parc se trouvent les vestiges de la basilique Damous El Karita ainsi que ceux d’un monument circulaire dont la destination reste mystérieuse.
Cité des morts
modifierLes nécropoles de la cité antique sont assez difficiles à reconnaître sur le site actuel, les seuls vestiges relativement significatifs découverts et encore visibles étant un certain nombre de tombes puniques présentes en particulier dans le parc des thermes d’Antonin et sur le flanc sud de la colline de Byrsa. Il faut signaler que la redécouverte de la cité et de la civilisation punique a longtemps été tributaire des seules fouilles de nécropoles[44].
Nécropoles puniques
modifierLes nécropoles puniques qui ont fait l’objet d’une identification, d’un nombre supérieur à 3500, sont relativement disséminées dans la ville et forment une sorte d’arc de cercle au milieu duquel se situait l’habitat :
- flanc sud de la colline de Byrsa
- aire nord de l’actuel parc des thermes d’Antonin, les tombes étant antérieures au VIe siècle av. J.-C.[45]
- espace occupé par le parc actuel des villas romaines, la zone de l’odéon ainsi que la colline de Junon
- colline de Bordj Djedid et de Sainte-Monique avec la nécropole dite des Rabs (dont sont issus les deux sarcophages du prêtre et de la prêtresse), utilisée à partir du Ve siècle av. J.-C.-IVe siècle av. J.-C. et ce jusqu’à la destruction de la cité punique[46]
Leurs fouilles, qui ont donné lieu à des cérémonies mondaines à la fin du XIXe siècle[47], ont livré un important matériel : céramiques, masques et divers petits objets révélant des influences égyptiennes, l’influence hellénique devenant de plus en plus marquée à partir des Ve siècle av. J.-C.-IVe siècle av. J.-C.. Une grande partie des fouilles concerne surtout des sépultures du VIIe siècle av. J.-C.[48].
Les sépultures anciennes furent réutilisées au Ve siècle avant que de nouveaux espaces soient consacrés aux morts, selon le même schéma en arc de cercle souligné, les lieux étant situés intra muros[49]. Deux types de sépultures doivent être distinguées, une partie des sépultures étant située au fond de puits parfois profonds d’une trentaine de mètres et contenant diverses chambres funéraires, l’autre étant constituée de bâtiments de type « tombe à dromos ».
Une place doit être faite à part au tophet qui a la particularité d’être à la fois un cimetière et un sanctuaire.
Nécropoles romaines et byzantines
modifierContrairement aux nécropoles puniques, celles de l’époque romaine étaient situées hors des limites de la cité. Accessibles et transportables aisément, les éléments en élévation ont été la plupart du temps détruits ou réemployés. De ce fait, peu d’éléments funéraires sont désormais visibles.
Les fouilles récentes ont mis en évidence plusieurs cimetières dont le cimetière des officiales réservé aux fonctionnaires de l’administration proconsulaire aux abords des citernes de La Malga[50].
Des mausolées avec bas-reliefs stuqués ont été anciennement mis au jour dans le même secteur et déposés au Musée national du Bardo[51].
Édifices publics
modifierDes puissantes constructions publiques de l’époque punique, mentionnées par les textes dont nous disposons (citadelle de Byrsa et agora située près des ports), aucune trace n’a traversé les siècles. Les vestiges existants concernent essentiellement l’époque romaine, en particulier les monuments qui étaient les plus importants de la « Rome africaine », vestiges qui malgré leur présence n’en restent pas moins peu significatifs de la grandeur passée de la cité.
Byrsa à l’époque romaine
modifierLa colline de Byrsa a vu de vastes travaux d’urbanisation dès le début de la colonie romaine, la groma de la nouvelle Rome d’Afrique se situant au sommet. La vaste plate-forme était occupée par les éléments du forum, capitole et basiliques civile et judiciaire bâtis dès la naissance de la colonie romaine. Une curie et un tabularium complétent la parure monumentale de la colline[52].
Les dernières recherches (en particulier celles de Pierre Gros) ont mis en exergue le caractère éminemment politique de la parure monumentale de la Colonia Iulia et le décalage dans le temps entre ces constructions et l’expansion des bâtisses privées[52]. Toutefois, les fouilles sont très difficiles sur une telle surface, de par l’occupation du site par la cathédrale Saint-Louis et par les anciens bâtiments du couvent des Pères blancs[53].
Une aquarelle montrant les travaux d’arasement de la colline par les Romains, ainsi qu’une maquette du forum, se trouvent au Musée national de Carthage. Les vestiges conservés dans la zone du jardin archéologique s’en trouvent extrêmement limités, les vestiges les plus parlants étant ceux des absides découvertes par Beulé ainsi que ceux d’une basilique sur le flanc oriental de la colline.
Théâtre et odéon
modifierLe théâtre du IIe siècle a fait l’objet d’une vaste restauration, les restes d’époque romaine étant très modestes. De l’édifice conçu pour accueillir 5000 spectateurs ne subsistaient que de faibles ruines au début du XXe siècle, tant des gradins que de la scène ou du frons scaenae.
L’édifice est d’un type intermédiaire entre le théâtre grec (structure creusée dans le sol) et le théâtre romain. Les fouilles ont révélé une destruction précoce par les Vandales[54] suivi d’une occupation du site par une population indigente.
Il est difficile d’imaginer que l’édifice ait fait l’admiration d’auteurs tel Apulée de par la richesse des marbres utilisés et les divers éléments de décor. Cette volonté délibérée de détruire afin de récupérer les matériaux confirme le qualificatif qui fut apposé au peuple responsable de tels actes par l’abbé Grégoire. Toutefois, de nombreuses statues y ont été découvertes et sont à présent déposées au Musée national du Bardo[55], dont le célèbre Apollon citharède.
Le théâtre sert au début du XXe siècle à des représentations théâtrales diverses, en particulier des pièces en costumes d’inspiration antique. Dans cet espace sont également prononcés d’importants discours, notamment de Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale[56]. Il abrite chaque année le Festival international de Carthage.
De l’odéon ne subsistent que peu de vestiges dont l’état permet toutefois de se rendre compte des travaux de restitution effectués au théâtre, qui lui est adossé, afin de lui donner son aspect actuel. Des fouilles ont été effectuées de 1994 à 1999 sur ce bâtiment dont la structure était entièrement bâtie. On sait par un texte de Tertullien qu’il fut construit sous le règne de Septime Sévère[57].
Thermes d’Antonin
modifierL’édifice des thermes d’Antonin est édifié en bord de mer après un grand incendie ayant ravagé la cité au IIe siècle, étant daté précisément d’une période située entre 145 et 162[58]. Même si le bâtiment constitue l’ensemble thermal le plus important construit à Carthage, il n’était pas le seul même si aucune partie en élévation ne subsiste des autres édifices du même type ayant pu exister. Des restaurations ont eu lieu sur le bâtiment après un tremblement de terre survenu au IVe siècle. Après l’écroulement d’une partie des voûtes du frigidarium à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle, le bâtiment continue d’être utilisé, l’abandon final des fonctions thermales se produisant en 638 selon Alexandre Lézine[59]. Ce dernier a travaillé en particulier avec Gilbert Charles-Picard durant l’après-guerre au dégagement, à l’étude et à la mise en valeur des ruines au sein du parc archéologique.
Des installations d’origine ne subsistent plus que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué des espaces de service, situés à proximité du rivage de Carthage[60]. En effet, le site sert de carrière de pierres pendant des siècles afin d’édifier de nombreux monuments tant à Tunis que dans de nombreuses villes du nord du bassin méditerranéen comme Pise[61]. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim ont pu dire de l’édifice qu’il n’était plus qu’« un colosse abattu et dépouillé de presque tous ses éléments tant architecturaux qu’ornementaux »[60]. Par ailleurs, la topographie des lieux a beaucoup changé depuis l’Antiquité, les hommes ayant asséché une zone qui était initialement marécageuse et la ligne de rivage étant beaucoup moins nette qu’elle ne l’est désormais[62]. Il faut noter également que le niveau de la mer Méditerranée s’est trouvé relevé d’une cinquantaine de centimètres, engloutissant une partie des vestiges dont la piscine de l’ensemble thermal.
Les vestiges s’étendent sur une longueur supérieure à 200 mètres le long du rivage. L’anastylose d’une colonne du frigidarium par une mission archéologique tunisienne pendant la campagne internationale menée par l’Unesco (1972-1992) permet de se faire une idée de la magnificence des lieux à l’apogée de la ville romaine[63], les voûtes disparues s’élevant à une hauteur supérieure à 29 mètres, c’est-à-dire approximativement un immeuble de six étages[64].
Amphithéâtre et cirque
modifierDe l’amphithéâtre d’une capacité de 30 000 personnes ayant selon la tradition vu le martyre des saintes Perpétue et Félicité le 7 mars 203[18],[65] — tradition selon toute vraisemblance erronée, les chercheurs s’accordant pour placer cet événement dans un autre lieu, un amphitheatrum castrense dont la localisation est inconnue[66] — il ne reste que l’arène, le reste du monument ayant disparu sous les coups des pilleurs de monuments ayant sévi à Carthage pendant plus d’un millénaire, et les descriptions enthousiastes des visiteurs du Moyen Âge, en particulier Al Idrissi :
« Au sommet de chaque arcade est un cartouche rond, et sur ceux de l’arcade inférieure on voit diverses figures et représentations curieuses d’hommes, d’artisans, de navires, sculptées sur la pierre avec un art infini. Les arcades supérieures sont polies et sans ornements[26]. »
Un sort analogue a été réservé au cirque, ce dernier monument n’étant plus suggéré que par une longue dépression à proximité de Douar Chott, une route le traversant désormais. Les fouilles effectuées par l’équipe américaine dans le cadre de la mission archéologique de l’Unesco permettent d’envisager une capacité d’accueil de 60 000 personnes[67]. Elles ont également démontré son occupation tardive (VIIe siècle) par une population indigente en raison des sépultures indiquant une malnutrition manifeste[68].
Édifice à colonnes
modifierSitué sur la colline de Junon, la fonction précise de l’édifice appelé ainsi reste à ce jour inconnue. Les archéologues ont dégagé des colonnes corinthiennes jumelées alors que le sol est pavé de mosaïques[69]. Ils envisagent deux hypothèses pour son utilisation comme édifice civil : la première en fait une basilique civile, la seconde envisage d’en faire une palestre de thermes dont il serait le dernier vestige[70]. Une activité religieuse a été déterminée pour l’époque byzantine, certains historiens s’accordant en particulier pour en faire l’un des lieux essentiels lors de la condamnation du donatisme par saint Augustin en 411[71].
Édifices religieux
modifierDes édifices à vocation religieuse ne subsistent que des traces ténues liées aux fouilles incomplètement effectuées. Des puniques, on ne dispose d’aucun élément pour ce qui était leur sanctuaire principal selon les textes, le temple d’Eshmoun, qui se situait à proximité de la citadelle. Il reste toutefois l’aire sacrée du tophet, au caractère à la fois funéraire et votif. De la Carthage romaine et des temples principaux situés sur le capitole, il ne reste rien même si certaines statues liées au culte ont traversé les siècles. L’Antiquité tardive a légué quant à elle un certain nombre de basiliques chrétiennes qui, à l’avènement du christianisme, remplacent les temples païens quand ils ne sont pas détruits[72]. Ces dernières basiliques ont été fortement explorées par les Pères blancs au XIXe siècle et ont parfois subi des restitutions intempestives, particulièrement à l’occasion du jubilé de 1930.
Tophet de Salammbô
modifierLe tophet, situé non loin des ports puniques, est un enclos sacré où les Carthaginois auraient sacrifié leurs enfants aux divinités protectrices Tanit et Ba'al Hammon selon une historiographie bien ancrée mais remise en cause par certains auteurs, particulièrement Sabatino Moscati[73]. A la suite des auteurs anciens et d'une vision romantique favorisée par le roman de Flaubert, un certain nombre de chercheurs a vu dans le lieu la matérialisation de cette tradition.
Découvert en 1921 par Paul Gielly et François Icard, l’espace a vu les fouilles interrompues et reprises plusieurs fois par diverses équipes, les dernières recherches en date étant celles de Lawrence E. Stager, qui se place dans la tradition du sacrifice répandu[74]. Dès les premiers coups de pioche, les vestiges retrouvés ont pu confirmer l'interprétation qui prévalait. La stèle du prêtre à l'enfant a été un élément qui a pesé lourd dans l'interprétation donnée au site. Cependant la médecine jusqu'à présent n'a pu certifier que les enfants enterrés là furent les victimes de sacrifices, des ossements autres qu'humains ayant été découverts. Ces analyses posent davantage de problèmes à l'interprétation du site qu'elles n'apportent de réponses.
Quoi qu'il en soit, les cendres des enfants brûlés — au-delà des causes du décès — étaient recueillies dans des urnes puis enterrées au-dessous de cippes ou stèles votives. Lorsque l’espace était rempli, on remblayait et reformait ainsi une nouvelle couche[75].
Les archéologues ont pu déterminer trois types dans les dépositions retrouvées (Tanit I, Tanit II, Tanit III), chaque style se caractérisant par des caractères propres et des stèles aux différences marquées, tant dans la forme que dans l'éventuel décor. Une constance doit être notée, l'utilisation de symboles astraux et du signe de Tanit. De même les inscriptions sont stéréotypées[76], indiquant une dédicace pour un voeu ou un remerciement suite à un voeu exaucé.
L’image bien connue du tophet est constituée par les stèles situées sous des voûtes qui sont toutefois plus tardives car datant de l’époque romaine. Il faut signaler que la présentation actuelle du site, même si elle est hétéroclite et artificielle, met surtout en valeur des stèles anciennes de grès d'El Haouria et peu de stèles tardives plus travaillées mais plus fragiles car étant de calcaire. On trouve celles-ci exposées surtout au Musée national de Carthage.
À l’époque romaine, le site sert à d’autres usages : entrepôts, fours de potiers et maisons mais on y trouve également un sanctuaire dédié à Saturne, équivalent romain de Ba’al Hammon, et divinité principale du panthéon africain.
Complexe de la basilique de Carthagenna et quartier paléo-chrétien
modifierUn quartier de l’Antiquité tardive a fait l’objet d’un dégagement par des archéologues. Deux bâtisses s’y sont succédé, dont un bâtiment à colonnes de la fin du IVe siècle dont on a pu déterminer la fonction religieuse et chrétienne de par son décor, ce qui fait du site un cas unique d’église connue à Carthage pour cette époque[77].
Il abrite en outre une grande basilique paléochrétienne de cinq nefs et à deux absides bâtie au VIe siècle, à laquelle fut adjointe un baptisphère. Un certain nombre de vestiges liés à l’édifice font interpréter l’ensemble comme un complexe ecclésiastique[78].
Un petit musée qui conserve quelques éléments trouvés sur le site ou à proximité a été construit. Parmi les éléments remarquables exposés figurent une mosaïque portant des inscriptions grecques, la mosaïque dite des auriges grecs qui donna son nom à la villa où elle fut découverte, et une statuette représentant Ganymède, découverte brisée dans une citerne, probablement brisée lors de sa mise en place et jetée aussitôt dans le lieu où elle fut retrouvée[79].
Basilique de Damous El Karita
modifierLa basilique de Damous El Karita se situe sur le plateau de l’odéon et a fait l’objet d’un dégagement en 1878 par le père Delattre, l’un des premiers fouilleurs du site de Carthage[80]. Premier monument chrétien découvert à Carthage, il est supposé que le nom actuel du site provient d’un détournement du latin domus caritatis (maison de la charité).
Les fouilles intensives qui ont eu lieu afin de trouver tombeaux et inscriptions paléo-chrétiennes ont dépouillé le monument dont les vestiges ne sont plus guère impressionnants[81]. Fouillé jusqu'au sol vierge, le monument a fait l'objet de restaurations intempestives en 1930. Fort heureusement, des documents antérieurs ont permis d'identifier les diverses phases du bâtiment, dont le premier état semble dater de la fin du IVe siècle[82]. Immense bâtisse dans son premier état (de 65 sur 45 mètres, neuf nefs et onze travées pour son espace central), l'ensemble se composait outre la basilique d'un baptisphère et d'un ensemble pouvant avoir abrité des moines. Dans son dernier état, le monument est très réduit ( trois nefs et cinq travées uniquement), dénotant une forte décadence[83].
À proximité des vestiges, on peut observer un monument circulaire en partie souterrain dont certains archéologues supposent qu’il était destiné à honorer des martyrs[84]. Pour d'autres, à la suite du père Delattre, et jusqu'au dernier fouilleur du site dans le cadre de la campagne internationale, S. Boyadjiev, il s'agit d'un baptisphère. D'autres encore y voient une finalité funéraire[85]. L'édifice n'a jamais fait l'objet de fouilles exhaustives et il reste mal connu. Les recherches effectuées permettent néanmoins de signaler qu'il possède une rotonde souterraine, coiffée jadis d’une coupole, à laquelle on accède par deux escaliers[86], supposant une circulation organisée d'individus[87]. À proximité immédiate a été construite la mosquée El Abidine inaugurée en 2003.
Basilique de saint Cyprien
modifierSur le plateau de Borj Djedid a été dégagée la basilique dite de saint Cyprien. Ce vaste édifice a été retrouvé en 1915 et identifié à la basilique de saint Cyprien du fait d’un texte de saint Augustin qui la situait « en avant de la ville, près de la mer »[88].
Constitué de sept nefs, cet édifice était entouré d'un vaste cimetière. Dans ce lieu mais dans un édifice antérieur, sainte Monique, mère de saint Augustin, aurait passé la nuit précédant le départ de celui-ci pour l'Italie[88].
Bénéficiant d’un panorama exceptionnel sur le golfe de Tunis et le Djebel Boukornine, ces vestiges ont fait l’objet de fouilles importantes, avec retraits des dalles et pavages antiques, ainsi que d’une restauration à l’occasion du jubilé organisé à Carthage en 1930 avec des anastyloses hétéroclites[89].
La façade d'accès au bâtiment se trouvait à proximité du ravin donnant sur la mer, sur un site dédié vraisemblablement à la sécurité des marins depuis longtemps. Il est supposé que le corps de Saint Cyprien y fut déposé, ce qui pourrait expliquer une longue utilisation du bâtiment à partir de la fin du IVe siècle et un usage y compris durant l'époque vandale[90].
Basilique Majorum
modifierSur le site dénommé Mcidfa a été mis au jour un édifice identifié comme la basilique Majorum depuis sa découverte en 1906-1909 par le père Delattre. L'utilisation du site comme cimetière païen dès le Ier siècle confirmerait l'hypothèse de l'identification à la basilica maiorum, lieu de sépulture des saintes Perpétue et Félicité après leur martyre. Mieux, une inscription qui mentionne la présence des corps des martyrs, dont nous savons par un texte de Victor de Vita qu'ils furent inhumés dans ladite basilique, fut retrouvée ici[91]. Saint Augustin y a prêché plusieurs sermons[92]. Nous savons par un texte du même Victor de Vita que l'église fut réquisitionnée par les vandales et destinée au culte arien, l'édifice étant rendu au catholicisme de façon certaine à l'époque byzantine, l'abandon du site étant avéré au début du VIIe siècle du fait du rétrécissement du tissu urbain dans son environnement proche[93]. L'identification de l'édifice à la Perpetua Restituta[92], c'est-à-dire la basilique catholique de la ville, n'est avérée en rien, les archéologues n'ayant aucun élément matériel en leur possession à ce jour.
Le lieu a été daté du début du IVe siècle par les archéologues[94]. L'édifice retrouvé était composé de sept nefs et de treize travées, et subit quelques transformations sous la domination byzantine. Surcreusé par les fouilles, ses fûts de colonnes et les quelques murs subsistants ne sont guère impressionnants. Cela s’explique par le fait que l’édifice a été systématiquement détruit[95]. Déjà le père Delattre avait noté l'état médiocre des vestiges, dû selon lui au réemploi des matériaux la composant dans les habitations proches[96]. C’est pourquoi, situés à l’écart des autres éléments du site, les quelques vestiges qui en subsistent sont laissés quasiment à l'abandon.
Basiliques de Douimès
modifierLes deux basiliques dites de Douimès (mot qui signifie "les voûtes") se situent actuellement dans le parc archéologique des thermes d’Antonin[97]. Relativement bien conservées lors de leur découverte, l’exposition montée sur le site des basiliques a entraîné une dégradation très importante tant des structures que des mosaïques, dégradation dûe au ruissellement de l’eau et au flux touristique du parc archéologique.
Le premier édifice, qui date du début de l’époque byzantine et fut retrouvé relativement endommagé, comprenait trois nefs. Dans son environnement archéologique immédiat se situaient un cimetière chrétien ainsi qu'un tombeau punique du Ve siècle av. J.-C.[98].
La seconde basilique était plus grande avec ses cinq nefs et deux sacristies. En outre y étaient accolés un baptistère ainsi qu’un autre élément ayant sans doute servi de martyrium, lieu où un culte était rendu à des saints[99].
Infrastructures
modifierLes infrastructures de l’ancienne Carthage sont relativement bien connues pour ce qui concerne l’époque romaine. La cadastration ainsi que la centuriation de l’espace ont fait l’objet d’études très complètes. Dès 1833, le consul du Danemark à Tunis C.T. Falbe effectue les premiers relevés mais les autres historiens de Carthage ne sont pas en reste, une longue liste de travaux étant consacrée au sujet[100]. Parallèlement, l’organisation de la ville romaine est assez bien restituée. Quant aux infrastructures de l’époque punique, elles sont peu connues, outre un certain nombre de citernes, et concernent surtout essentiellement les ports puniques identifiés pendant longtemps à deux lagunes. De l’époque romaine sont particulièrement impressionnantes les 18 citernes qui constituaient le débouché de l’aqueduc de Zaghouan afin d’alimenter les thermes d’Antonin.
Ports puniques
modifierLa question des ports de la cité de Carthage est fondamentale du fait de l'importance du rôle du monde maritime pour les Phéniciens. Les deux pauvres lagunes actuelles, situées le long du rivage et dénommées l’une « port marchand »[101] et l’autre « port militaire »[102] — avec l’îlot dit de l’amirauté en son centre où a été mise en valeur une cale de radoub —, ne seraient probablement pas le lieu essentiel qu’on a voulu y voir à la suite des affirmations de Chateaubriand au début du XIXe siècle et de l’interprétation abusive d’un texte d’Appien[103]. La surface des lagunes, huit hectares pour le "port militaire", et le double pour la seconde a pu faire douter que là se situaient les ports de la fière rivale de Rome[104].
En effet, il est attesté que les Carthaginois laissaient leurs navires sur le rivage au début de l’histoire de la ville mais probablement aussi plus tardivement. Les lagunes conservées pourraient n’être que le cothon de la cité punique dans le dernier demi-siècle de son existence[105]. Sur le pourtour du port militaire et sur l'îlot se trouvaient déployées des cales d'hivernage, dont le nombre a été estimé à environ 170[106]. Aucune trace du pavillon du navarque n'est visible actuellement.
Le quartier des ports a été remanié à l’époque romaine avec l'aménagement d'une place publique cernée d'une colonnade, au milieu de laquelle se trouvait deux bâtisses dont un temple. L’activité commerciale y resta fondamentale, en particulier afin de charger les navires du blé destiné à l’annone[67].
Citernes de La Malga
modifierÀ l’époque punique existaient de modestes citernes car l’approvisionnement en eau était une affaire privée. De nombreuses citernes puniques ont traversé les siècles et permettent aux chercheurs de travailler sur la densité du peuplement de l’antique cité, en particulier dans le quartier de Mégara[107]. Un seul équipement hydraulique nous est connu, la « fontaine aux mille amphores », désormais inaccessible aux visiteurs car située dans la zone de sécurité du palais présidentiel.
Au nord de la ville romaine se situent de vastes citernes relativement bien conservées qui étaient le point d’arrivée principal des aqueducs alimentant la ville romaine dont le fameux aqueduc de Zaghouan. Un musée y a été installé afin d’expliciter les aménagements hydrauliques antiques. Ces vastes citernes, dont la contenance a été estimée à 2,5 millions de m³, étaient en particulier reliées au vaste complexe des thermes d’Antonin par des canalisations surtout souterraines utilisant la forte déclivité du terrain[108],[109].
Pièces archéologiques majeures trouvées à Carthage
modifierÀ partir de la fin du XIXe siècle, le produit des fouilles effectuées à Carthage est partagé entre les musée Lavigerie (actuel Musée national de Carthage) et Alaoui (Musée national du Bardo). Les fouilles effectuées par les Pères blancs n’ont pas quitté la ville, les recherches du service des antiquités aboutissant au Bardo.
Musée national de Carthage
modifierLe Musée national de Carthage est situé à proximité de la cathédrale dans les locaux autrefois occupés par les Pères blancs. Il permet au visiteur de se rendre compte de l’ampleur de ce qu’étaient les installations de la ville aux époques punique puis romaine[110]. Certaines des plus belles pièces trouvées dans les fouilles depuis le XIXe siècle s’y trouvent parmi lesquelles se trouvent entre autres :
- une vaste collection de bétyles et de stèles provenant du tophet de Salammbô. Sont particulièrement remarquables des stèles de calcaire figurant des éléments sculptés, animaux, végétaux, voire humains.
- les sarcophages en marbre dits « du prêtre » et « de la prêtresse » (IIIe siècle av. J.-C.) découverts dans la nécropole des Rabs
- du matériel funéraire comme des masques à motifs apotropaïques et des bijoux en pâte de verre
- des mosaïques romaines dont la célèbre « dame de Carthage » considérée traditionnellement comme le portrait d’une impératrice byzantine. La tenue du personnage féminin, mélancolique et grave, en fait une pièce majeure de l'art mosaïcal de l'Antiquité tardive[111].
- des éléments sculptés caractéristiques de l’art officiel impérial, en particulier la tête dite de Julie et des représentations de Victoires du IIe siècle
- une vaste collection d’amphores romaines
Musée national du Bardo
modifierUn grand nombre de pièces majeures découvertes à Carthage se trouvent désormais au Musée national du Bardo, anciennement dénommé Musée Alaoui, ouvert en 1882. Connu essentiellement pour la richesse de ses mosaïques d’époque romaine, le musée possède également certaines des pièces les plus intéressantes d’époque punique qui nous soient parvenues :
- stèle du prêtre à l’enfant, du tophet, où l'on voit un individu couvert du chapeau traditionnel des prêtres puniques portant un enfant dans ses bras. Cette découverte en 1921 fut le point de départ d'une vaste polémique, certains historiens trouvant là concrétisation archéologique des multiples sources antiques décrivant le sacrifice des enfants aux divinités Tanit et Ba'al Hammon.
- La mosaïque du seigneur Julius, décrivant la vie d’un domaine agricole au IVe siècle av. J.-C. a pu être considérée comme le document le plus complet sur l'économie et la société de l'Afrique romaine[112]. Sur trois registres superposés sont décrites à la fois les activités du domaine agricole aux différentes saisons et celles des propriétaires des lieux. L'ampleur de la bâtisse qui figure au centre de la composition témoigne de la concentration du pouvoir économique dans les mains d'un petit nombre de propriétaires terriens dans l'Antiquité tardive.
- statue d’Apollon citharède, provenant du théâtre, la divinité étant appuyée nonchalemment sur une cithare.
- mausolée orné de bas-reliefs[113]
Retrouvé à proximité de la colline de Byrsa, l’autel de la gens augusta reprend à un niveau moindre les thématiques mises à l’ordre du jour par l’Ara Pacis, en reprenant l’ascendance d’Énée et en mettant en exergue les vertus en particulier religieuses de l’empereur[114]
Enjeux actuels : cohabitation entre cité antique et ville moderne
modifierPréservation et classement du site
modifierFace à la menace de dégradation pesant sur Carthage, le directeur général de l’Unesco René Maheu se rend sur le site, le 19 mai 1972, et lance un appel international en faveur de sa protection :
« [...] Dût-on ne rien trouver de capital ou de spectaculaire, il est beau, il est bon, qu’en ce lieu [...] se rassemble, venant de tous les horizons du monde la grande fraternité de ceux pour qui il n’est pas de quête plus noble et plus enrichissante que celle de la vérité sur l’homme. À l’âpre voix, issue du fin fond des âges qui, en chaque peuple, répète inlassablement son message de haine et qui disait jadis Il faut détruire Carthage !, opposons l’appel de l’avenir, vieux lui aussi comme l’humanité, qu’il a guidée hors des ténèbres. C’est la voix de la concorde, de cette Concorde sous le signe de laquelle Auguste édifia la ville qui effaça les ruines de Scipion. Et c’est en pensant à notre avenir plus encore qu’à notre passé, à cet avenir si menacé par nous-mêmes, que nous disons aujourd’hui : Il faut sauver Carthage ! Ensemble, nous la sauverons[115],[116]. »
À la suite de cet appel, une campagne internationale se met immédiatement en place et dure jusqu’en 1992[117] avec comme objectif, selon l’archéologue et historien tunisien Abdelmajid Ennabli de « fouiller d’abord, étudier, puis publier, certes, mais aussi consolider, mettre en valeur ces vestiges et les rendre accessibles au public »[118].
Durant la campagne, le gouvernement tunisien fait inscrire le site sur la liste du patrimoine mondial en 1979, à l’occasion de la troisième session du Comité du patrimoine mondial qui se déroule en Égypte, plus précisément à Louxor et au Caire. Par la suite, un plan de classement est approuvé par décret du président de la République tunisienne le 7 octobre 1985[119] :
« Il apparaît clairement que la décision attendue dépasse largement le niveau technique et budgétaire. Le parc de Carthage-Sidi Bou Saïd est un acte de protection et de valorisation du patrimoine national et mondial; c’est aussi un acte d’aménagement et comme tel, il est aussi un acte politique, et c’est ce choix politique qui est espéré[120]. »
Menaces actuelles
modifierPourtant, malgré les diverses mesures de préservation, le site reste aujourd’hui soumis à diverses pressions de son environnement qui menace sa pérennité. Banlieue dépeuplée de Tunis[121] au début du XXe siècle, Carthage est très largement mise en danger par l’urbanisation rapide des années 1950 et 1960, en particulier l’expansion démographique du Grand Tunis, passé de 300 000 à plus de deux millions d’habitants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale[122],[123]. La proximité du palais présidentiel de Carthage construit à la fin des années 1950 et le prestige du nom de la cité antique en font un « lieu de pouvoir emblématique » selon Sophie Bessis[122] et de fait un quartier très prisé, en particulier des ambassades. De nombreuses villas y sont également construites.
Or, face à cette déferlante, certains scientifiques s’émeuvent de voir le site condamné à être au mieux inaccessible aux chercheurs, au pire victime des bétonnières. Les recherches effectuées dans le cadre de la mission de l’Unesco, la mise en place de la protection du site ne sont pas suffisantes même si elles sont nécessaires.
En effet, le danger guette toujours car des procédures de déclassement ont abouti à une réduction de la zone non aedificandi et à des constructions parfois aux portes des lieux les plus emblématiques du site, en particulier la zone des ports puniques[122]. De même, la construction de la mosquée El Abidine de Carthage a pu alimenter une polémique, de par sa situation sur la colline de l’odéon.
Mais l’urbanisation n’est pas la seule menace qui pèse sur la conservation du site de Carthage. En effet, l’absence de moyens suffisants pour la stabilisation et l’entretien des ruines, la destruction des vestiges par érosion et ruissellement et sa surexploitation par le secteur touristique constituent des problématiques auxquelles les acteurs institutionnels tunisiens doivent faire face. Là n’est pas le moindre des paradoxes ou des dilemmes : Carthage ne sera sauvée que si la prise de conscience est la plus large possible, cette prise de conscience ne pouvant s’effectuer que par une connaissance du site. Parallèlement, pour le pays, la présence sur son territoire national d’un tel héritage — non seulement les vestiges mais aussi l’importance de Carthage dans la mémoire de l’humanité — en fait l’un des atouts majeurs de l’économie touristique tunisienne, l’un des moteurs du développement du pays.
Notes et références
modifier- Azedine Beschaouch, La légende de Carthage, éd. Découvertes Gallimard, Paris, 1993, p. 48
- Serge Lancel, Carthage, éd. Cérès, Tunis, 1999, p. 8
- Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001, p. 34
- François Decret, Carthage ou l’empire de la mer, éd. du Seuil, Paris, 1977, p. 55
- Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., pp. 33-34
- Dureau de la Malle, Recherches sur la topographie de Carthage, éd. Didot, Paris, 1835, p. 245
- Dureau de la Malle, op. cit., p. 246
- Étienne Jules Adolphe, Histoire des progrès de la géologie de 1834 à 1852, éd. Société géologique de France, Paris, 1853, tome 5, p. 434
- Azedine Beschaouch, op. cit.
- François Decret, op. cit., p. 7
- Ben Kiernan, « Le premier génocide. Carthage 146 A.C. », Diogène, n°203 (2003/3), pp. 32-48 (ISBN 9782130539940)
- Professeur à l’Université Yale et spécialiste du génocide cambodgien
- Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, éd. Les belles lettres, Paris, 2006, p. 56
- Aïcha Ben Abed, « Carthage. Capitale de l’Africa », Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 28
- Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 33
- Christophe Hugoniot, Rome en Afrique. De la chute de Carthage aux débuts de la conquête arabe, éd. Flammarion, Paris, 2000, p. 292
- Hérodien, Histoire des empereurs romains, livre VII, XXIV
- (fr) Jean-François Decret, « Carthage chrétienne », Clio, octobre 2002
- Fethi Bejaoui, « La Carthage de saint Augustin », Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 55
- Aïcha Ben Abed, op. cit., p. 44
- Christophe Hugoniot, op. cit., p. 292
- Fethi Bejaoui, op. cit., pp. 55-56
- M’hamed Hassine Fantar, Carthage la cité punique, éd. Cérès, Tunis, 1995, p. 8
- Docteur Carton, La Tunisie illustrée, février 1921 cité par M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 10
- Al Bakri, Description de l’Afrique septentrionale, traduction de M. Guckin de Slane, éd. Adrien-Maisonneuve, Paris, 1965, p. 93 cité par M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 8
- Al Idrissi, Description de l’Afrique et de l’Espagne, traduction de R. Dozy et M. de Goeje, Leiden, 1968, p. 132 cité par M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 10
- M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 12
- Charles Ernest Beulé, Fouilles à Carthage, éd. Imprimerie impériale, Paris, 1861, p. 84 cité par M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 13
- Azedine Beschaouch, op. cit., p. 94
- Édouard Lipinski [sous la dir.], Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, éd. Brépols, Paris, 1992, p. 128
- Décrets beylicaux du 7 novembre 1882 et du 8 mars 1885
- Serge Lancel, « Problèmes d’urbanisme de la Carthage punique », Carthage et son territoire dans l’Antiquité, éd. du CTHS, Paris, 1990, p. 29
- Édouard Lipinski [sous la dir.], op. cit., p. 93
- Azedine Beschaouch, op. cit., pp. 90-92
- « Récapitulatif des travaux des équipes internationales ayant travaillé à Carthage. 1973-1994 », La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995, p. 119
- Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., p. 33
- Édouard Lipinski [sous la dir.], op. cit., p. 94
- Serge Lancel et Jean-Paul Morel, « Byrsa. Les vestiges puniques », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 43-59
- M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 40
- Friedrich Rakob, « L’habitat ancien et le système urbanistique », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 29-37
- M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 40
- Colette Picard, Carthage, éd. Les belles lettres, Paris, 1951, p. 45
- Colette Picard, op. cit., p. 44
- Édouard Lipinski [sous la dir.], op. cit., p. 92
- Colette Picard, op. cit., p. 39
- Colette Picard, op. cit., pp. 57-59
- Serge Lancel, op. cit., p. 71
- Édouard Lipinski [sous la dir.], op. cit., pp. 92-93
- M’hamed Hassine Fantar, op. cit., p. 49
- Yann Le Bohec, Histoire de l’Afrique romaine, éd. Picard, Paris, 2005 , p. 118
- Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, Carthage. Le site archéologique, éd. Cérès, Tunis, 1993, p. 32
- Yann Le Bohec, op. cit., p. 117
- Pierre Gros, « Colline de Byrsa. Les vestiges romains », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 99-103
- Selon Victor de Vita cité par Colette Picard, Carthage, éd. Les belles lettres, Paris, 1951, p. 43
- Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., 1993, p. 49
- Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 50
- Christophe Hugoniot, op. cit., p. 293
- Colette Picard, op. cit., p. 51
- Alexandre Lézine, Les thermes d’Antonin à Carthage, éd. Société tunisienne de diffusion, Tunis, 1969
- Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 39
- Azedine Beschaouch, op. cit., pp. 42-43
- Colette Picard, op. cit., p. 47
- (fr) [PDF] Jacques Vérité, Thermes d’Antonin. Anastyloses au frigidarium, rapport technique n°4, éd. Unesco, Paris, 1985
- Alexandre Lézine, op. cit.
- Christophe Hugoniot, op. cit., p. 188
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- Liliane Ennabli, Carthage, une métropole chrétienne du IVe à la fin du VIIe siècle, pp.121-122
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- Colette Picard, op. cit., p. 62
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- Prière de se référer à la carte qui replace le site archéologique dans le Grand Tunis : [1]
Bibliographie
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- Collectif, « La Méditerranée des Phéniciens », Connaissance des arts, n°344, octobre 2007