Triphragmium ulmariae
Rouille de la reine des prés
Triphragmium ulmariae est une espèce de champignons basidiomycètes (Fungi) de l'ordre des Pucciniales et du genre Triphragmium. Ce microchampignon est un agent de la maladie cryptogamique de la rouille de la Reine des prés dont il s'agit de l'unique hôte.
À l'instar de nombreux agents de la rouille des Pucciniomycotina, le cycle de vie de Triphragmium ulmariae passe par de nombreuses étape complexes : les stades asexués spermogonie et urédies primaire et secondaire se succèdent avant le stade sexué télie qui produit des téliospores dans lesquelles le champignon hiverne.
Description
modifierTriphragmium ulmariae produit au tout début du printemps des spermogonies formant des points orange rougeâtre et brillants sur les taches jaunes des feuilles[2],[3],[4].
Les urédies primaires provoquent des déformations printanières généralement courbes, très visibles, orangées et pulvérulentes, mesurant jusqu'à 2 cm de long de part et d'autre des pétioles et des nervures des feuilles. À cette étape, leurs urédospores mesurent 23 à 28 μm de long pour 18 à 21 μm de large, leur paroi mesurent 2 à 3 μm d'épaisseur[2],[3],[4].
Les urédies secondaires se présentent au début et au milieu de l'été sous la forme de petits dépôts mesurant jusqu'à 1 mm de diamètre, pulvérulants, jaune-brun ou orange, accrochés à la face inférieure des feuilles à l'intérieur de taches foliaires très claires, jaunes ou rouges. À cette étape, leurs urédospores mesurent 20 à 30 μm de long pour 18 à 25 μm, leur paroi est épaisse de 1 à 1,5 μm et leurs pores germinaux sont indistincts ou absents[2],[3],[4].
Quant aux télies, elles sont visibles en fin d'été et en automne. De même forme que les urédies secondaires, elles se situent également sur l'envers des feuilles mais sont poudreuses, plus petites et colorées d'un brun noirâtre. Leurs téliospores sont pétiolées, globulaires, constituées de trois cellules et sont nettement verruqueuses autour des pores germinatifs. Elles mesurent 30 à 50 μm de long pour 24 à 42 μm de large[2],[3],[4].
Étant donné que la partie aérienne de la Reine des près disparaît à l'orée de l'hiver, la plante passant la morte saison dans son rhizome souterrain, la survie du pathogène pendant cette période se fait exclusivement sous forme de téliospores. Celles-ci germent au printemps suivant pour initier un processus de recombinaison sexuelle et établir de nouvelles infections[5].
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urédies I
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Urédospores I
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Taches symptomatiques de la phase urédie II
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Télies
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Téliospores
Impact parasitaire et répartition
modifierTriphragmium ulmariae est étroitement monophage, parasitant une seule espèce et ne présentant pas d'alternance d'hôte : Filipendula ulmaria[3]. Ce microchampignon est répandu en Europe de mai à novembre[2],[4]. Il est également présent en Asie jusqu'au Japon et en Amérique du Nord[6].
Triphragmium ulmariae a un impact parasitaire conséquent sur la survie des plantules de Filipendula ulmaria. Lors d'une étude de 5 ans portant sur plusieurs populations suédoises, le microchampignon était la cause de la mort de 90% d'entre elles. Par contre, les plants survivants ont constamment montré une forte résistance à la maladie, sans qu'une adaptation locale au pathogène n'apparaisse[5].
L'infection se manifeste typiquement par une distribution très inégale de la maladie au sein des populations hôtes, l'épidémie se propageant de loin en loin à partir d'un nombre limité de foyers[5].
Liste des taxons de rang inférieur
modifierListe des variétés selon MycoBank (4 juin 2022)[1] :
- Triphragmium ulmariae var. alpinum Lagerh.
- Triphragmium ulmariae var. anomalum (Tranzschel) Lohsomb. & Kakish., 1990
- Triphragmium ulmariae var. ulmariae
Espèce proche
modifierTrifragmium filipendulae est une espèce proche mais plus rare qui provoque une rouille sur Filipendula vulgaris dans les zones sèches[2].
Notes et références
modifier- V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 4 juin 2022
- (de) Julia Marlene Kruse, Faszinierende Pflanzenpilze Erkennen und Bestimmen, Quelle&Meyer, , 528 p. (ISBN 978-3-494-01780-8)
- (en) W.N. Ellis, « Triphragmium ulmariae (de Candolle) Link, 1825 », sur Plant Parasites of Europe : leafminers, galls and fungi,
- (de) Friedemann Klenke & Markus Scholler, Pflanzenparasitische Kleinpilze : Bestimmungsbuch für Brand-, Rost-, Mehltau-, Flagellatenpilze und Wucherlingsverwandte in Deutschland, Österreich, der Schweiz und Südtirol, Berlin, Heidelberg, Springer Spektrum, , 1174 p. (ISBN 978-3-662-46162-4, DOI 10.1007/978-3-662-46162-4)
- L. Erickson, J. J. Burdon & W. J. Müller, « The rust pathogen Triphragmium ulmariae as a selective force affecting its host, Filipendula ulmaria », Journal of Ecology, vol. 90, , p. 167–178 (DOI 10.1046/j.0022-0477.2001.00648.x, lire en ligne)
- GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 4 juin 2022
Liens externes
modifier- (en) Référence BioLib : Triphragmium ulmariae (DC.) Link (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Triphragmium ulmariae (DC.) Link (consulté le )
- (fr en) Référence EOL : Triphragmium ulmariae (DC.) Link 1825 (consulté le )
- (en) Référence Index Fungorum : Triphragmium ulmariae (DC.) Link (consulté le )
- (fr en) Référence GBIF : Triphragmium ulmariae (DC.) Link (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Triphragmium ulmariae (DC.) Link, 1825 (TAXREF) (consulté le )
- (en) Référence IRMNG : Triphragmium ulmariae (DC.) Link, 1825 (consulté le )
- (en) Référence MycoBank : Triphragmium ulmariae (DC.) Link (consulté le )
- (en) Référence OEPP : Triphragmium ulmariae (de Candolle) Link (consulté le )