Pont Jacques-Chaban-Delmas
Le pont Jacques-Chaban-Delmas, à Bordeaux, est un pont levant franchissant la Garonne entre le pont de pierre et le pont d'Aquitaine. Il se situe dans le prolongement de la rue Lucien-Faure et relie le quai de Bacalan au quai de Brazza, au nord de La Bastide, d'où son nom initial de pont Bacalan-Bastide[1]. Le conseil municipal de la ville de Bordeaux a décidé le 22 octobre 2012 de le baptiser du nom de « Jacques Chaban-Delmas », l'ancien maire de Bordeaux[2].
Pont Jacques-Chaban-Delmas | |
Le pont levé, le 15 mars 2013 | |
Géographie | |
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Pays | France |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Gironde |
Commune | Bordeaux |
Coordonnées géographiques | 44° 51′ 31″ N, 0° 33′ 06″ O |
Fonction | |
Franchit | Garonne |
Fonction | Voirie routière urbaine |
Caractéristiques techniques | |
Type | Pont levant |
Longueur | 575 m |
Portée principale | 110 m |
Largeur | 32 à 45 m |
Hauteur | 77 m |
Hauteur libre | 53 m |
Matériau(x) | Béton et acier |
Construction | |
Construction | 2009-2012 |
Inauguration | 16 mars 2013 |
Mise en service | 18 mars 2013 |
Architecte(s) | Charles Lavigne Thomas Lavigne Christophe Cheron |
Ingénieur(s) | Michel Virlogeux Egis |
Entreprise(s) | Grands travaux de Marseille, |
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Les travaux se sont déroulés d'octobre 2009 à fin décembre 2012. L'ouvrage a été mis en service et ouvert à la circulation le lundi 18 mars 2013, deux jours après son inauguration. L’exploitation et la maintenance de l’ouvrage sont sous la responsabilité de la société Eiffage[3].
Conception
modifierAppel à projets
modifierEn 2003 est engagée une consultation pour un marché de conception-réalisation. Cinq projets vont concourir avec l'objectif identique de réaliser un pont urbain privilégiant les modes de cheminements doux. L'ouvrage, d'une hauteur identique au pont d'Aquitaine situé en aval, devait se lever en 12 minutes maximum.
Les projets Gaudin-Eiffage, Zublena-Bouygues, Spielmann-Razel et Berlottier-Dodin sont écartés.
Le 27 janvier 2006, la Communauté urbaine de bordeaux retient le projet du binôme Lavigne-GTM[4]. Celui-ci s'est distingué par « l'originalité de ses passerelles piétonnes/cyclistes séparées, la profondeur des fondations, l'efficacité de la protection de ses piles et celle de son système de levage »[5].
Architecture
modifierLe cabinet d'architecture du pont est la SARL Architecture et Ouvrages d'art[6] composée de Charles Lavigne (architecte du pont de Normandie et décédé en juin 2005), son fils Thomas Lavigne et Christophe Cheron[7],
La conception de l'ouvrage et la maîtrise d'œuvre au sein du groupement de conception-réalisation mené par l'entreprise GTM sont réalisées par Egis JMI, Les architectes Charles Lavigne, Thomas Lavigne et Cecilia Amor, Hardesty & Hannover[8] et l'ingénieur concepteur Michel Virlogeux diplômé de l'École polytechnique et de l'École nationale des ponts et chaussées.
Michel Virlogeux, l'ingénieur structure de l'ouvrage, a élaboré le projet au départ avec Charles Lavigne : « Ce que je voulais (c'est) que les tours apparaissent comme secondaires. Voilà pourquoi les trottoirs sont à l'extérieur des tours, de loin on ne voit qu'une seule ligne, celle du tablier »[5].
Description chiffrée
modifierLe pont présente une longueur totale de 575 mètres avec 433 mètres de pont principal et 117 mètres de travée levante permettant de préserver les trafics maritimes, fluviaux et événementiels.
Les pylônes en acier du pont, protégés d'éventuels chocs par des îlots de béton en amont et en aval[9], présentent une hauteur de 77 mètres. Ils permettront un tirant d'air similaire à celui du pont d'Aquitaine en position haute, soit 55 mètres au-dessus du lit de la Garonne, et à celui du pont de Pierre en position basse, soit 13 mètres[10]. La distance entre les pylônes est de 110 mètres[8].
La largeur du pont varie de 32 à 45 mètres suivant les différentes sections. La largeur utile est de 27 mètres avec 15 mètres utilisés par le transport en commun en site propre, les piétons et les deux-roues et 12 mètres pour les véhicules légers et les poids lourds. Les pistes cyclables et piétonnes sont séparées de la circulation des véhicules à moteur. Ainsi cette circulation douce s'effectue à l'extérieur des pylônes du pont[11].
Le pont est configuré pour 43 000 véhicule par jour au maximum. En service, il est prévu que le pont se lève environ soixante fois par an, immobilisant la circulation pendant une heure environ[12].
Déroulement des travaux
modifierLe 8 octobre 2009, Vincent Feltesse, président de la communauté urbaine de Bordeaux, maître d'ouvrage de l'opération, signe l'ordre de service concernant le démarrage des travaux. Ainsi le groupement d'entreprises Grands travaux de Marseille (GTM), Dodin Campenon-Bernard et Cimolai SpA engagent les travaux à la suite en commençant l'installation de la base de vie du chantier[13]. Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) s'est occupé de réaliser le dimensionnement au vent en amont.
Le Alain Juppé, maire de Bordeaux, et Vincent Feltesse effectuent une visite du chantier. La première pierre de l'ouvrage est posée le [9]. Les travaux commencent sur les deux rives du fleuve, le pont reliant le quartier de Bacalan (aujourd'hui Bordeaux maritime) sur la rive gauche et le quartier de la Bastide rive droite, d'où le nom de « pont Bacalan-Bastide » ou son diminutif « pont Baba » adopté pendant le chantier de construction[14]. Les deux bases du pont, qui doivent supporter les pylônes du tablier levant, sont implantées au fond du fleuve sur un tapis de pierre en [15]. Ces bases sont des massifs en béton de 44 mètres de long sur 18 mètres de large et 16 mètres de hauteur[9], fabriqués sur les quais à Bassens puis transportés par flottaison au droit des futurs pylônes, immergés et fixés par des pieux de 25 mètres de profondeur[9].
Les quatre pylônes portant le tablier levant sont eux aussi fabriqués sur site, par coffrage autogrimpant avec des sections de 4,5 mètres. Ceux de la rive droite sont érigés à partir de [16].
Le tablier en acier, composé de deux travées fixes et d'une travée mobile de 117 mètres de long, est réalisé par la société italienne Cimolai SpA[9], basée à Pordenone, en Italie à l'est de Venise. L'acheminement des éléments de cette travée s'effectue par voie maritime, via la mer Adriatique, la mer Méditerranée, le détroit de Gibraltar, l'océan Atlantique, le golfe de Gascogne et l'estuaire de la Gironde[17].
Large de 38 mètres, haute de 5 mètres et composée de deux tronçons représentant une longueur totale de 163 mètres et un poids total de 2 100 tonnes, la première travée fixe est installée en rive droite en août 2011[17]. En , la travée rive gauche est posée. Ses dimensions sont de 40 mètres de large, 3 mètres de haut avec un poids de 1 105 tonnes[18].
L'ensemble des quatre pylônes est terminé en [19]. La travée centrale levante est posée le 23 octobre 2012[20].
L'arrimage des câbles de levage à la travée centrale est intervenu en . Des tests de fonctionnement ont été effectués début décembre[21]. Il est prévu une livraison de l'ouvrage d'art fin 2012 pour une mise en service en mars 2013[1].
Le pont est exceptionnellement ouvert aux piétons le de 10 h 16, et illuminé le soir même. L'ouvrage est inauguré le par le président de la République François Hollande[22] et Alain Juppé, maire de Bordeaux. En soirée, lors des festivités, un spectacle pyrotechnique, élaboré par le Groupe F, est organisé sur le pont[23]. Il est ouvert à la circulation deux jours plus tard[24].
Le coût du pont s'élève à 156,8 millions d'euros, couvert par la CUB (aujourd'hui Bordeaux Métropole) pour 105,27 millions d'euros, l'État à hauteur de 18,29 millions, le département pour 18 millions d'euros et la région pour 15,24 millions d'euros[25].
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Site d'implantation (octobre 2009).
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Travaux en septembre 2012.
Éclairage
modifierLes lumières ne sont pas là pour éclairer, mais pour souligner les lignes de l’ouvrage. La lumière des pylônes est due à la présence de milliers de diodes électroluminescentes. Les pylônes changent de couleur en fonction de la marée. Lorsque la marée est haute, on voit du bleu outremer et quand elle est basse, du vert Véronèse. Les DEL scintillent pendant les fêtes. Yann Kersalé, le responsable de cet éclairage[8], de celui de l’opéra de Lyon et du cours Victor-Hugo a été interpellé par l’UNESCO pour s’occuper de l’éclairage du pont Jacques-Chaban-Delmas.
Récompenses
modifierEn 2013, Egis-JMI qui a assuré l'ingénierie du projet, reçoit le Grand prix national de l'ingénierie dans la catégorie prix Construction et Aménagement[26].
En , à Rio de Janeiro, Egis-JMI, représenté par son directeur général Nicolas Jachiet, membre de la maîtrise d'œuvre du pont Jacques-Chaban-Delmas a reçu le prix Outstanding Projects 2014 attribué par la Fédération internationale des ingénieurs-conseils. Ce prix international récompense les projets d’ingénierie remarquables[27]. EGIS-JMI partage sa première place avec d'autres concepteurs techniques de réalisations prestigieuses comme la desserte de l'aéroport de Brisbane (Australie), de la ligne 2 du métro de Xi'an (Chine), de la section souterraine du périphérique de Madrid, du barrage anti-tempête de La Nouvelle-Orléans, etc.[28]
Fréquentation
modifierLe pont a eu un impact positif sur le développement des transports de la ville de Bordeaux, autant par voie fluviale que par voie routière. En effet, en 2016, un peu plus de 25 000 véhicules l'empruntaient quotidiennement. Il permet également la circulation quotidienne de 1 500 cyclistes en moyenne[29].
Enfin, en 2015, 56 bateaux ont été comptabilisés comme étant passés sous l'ouvrage (contre 43 en 2014 et 39 en 2013). Cette augmentation de trafic fluvial a engendré 94 manœuvres (contre 74 en 2013 et 75 en 2014).
La construction de cette nouvelle voie terrestre a permis, en 2016, de diminuer de 28 % la circulation du pont de pierre[30].
En 2024, il est mentionné la traversée quotidienne du pont par 30 000 véhicules, 3 000 cyclistes, 2 000 piétons et 5 000 passagers de transports en commun[31]. Le a lieu la 1000e levée du tablier pour le passage du paquebot Silver Spirit (en) vers l'océan, une parade nautique et un spectacle pyrotechnique ont marqué l’événement[31],[32],[33].
Références
modifier- « Pont Bacalan-Bastide », sur le site de la CUB (consulté le 4 octobre 2012).
- « Pont Bacalan-Bastide de Bordeaux : le nom de Jacques Chaban-Delmas est adopté », Sud Ouest (consulté le 24 octobre 2012).
- « Pont Chaban-Delmas : l’ouvrage est opérationnel », sur SudOuest.fr (consulté le )
- Jean-Cyril Lopez, Bernard Rakotomanga, Annabelle Le Gallou et Archives Bordeaux Métropole, Le temps des ponts : quatre siècles de défis bordelais : histoire(s) des franchissements de la Garonne, (ISBN 978-2-36062-308-2, 2-36062-308-7 et 978-2-492388-02-6, OCLC 1357159532), p. 88
- « Un pont se lève », Bordeaux, 16 mars 2013, Sud Ouest, numéro hors-série.
- Cabinet d'architecture Lavigne-Chéron
- « Christophe Cheron », sur Structurae
- Olivier Sorondo, « Le pont Jacques Chaban-Delmas, liaison Ba-Ba cool », sur francesudouest.com, 18 janvier 2020, mis à jour le 14 novembre 2020 (consulté le ).
- Jacky Sanudo, « Un pont se lève », Le Mag, no 26, supplément au journal Sud Ouest du 29 septembre 2012.
- Fiche technique du pont, sur Structurae
- Pour le pont baba
- « Nouveau pont de Bordeaux : ce qu'il faut savoir », Sud Ouest, 24 octobre 2012.
- « Pont Bacalan-Bastide, Vincent Feltesse a signé l'ordre de service », Le Moniteur, 8 octobre 2009.
- Denis Lherm, « Quel bon nom pour le nouveau pont ? », sur 33-bordeaux.com,
- Jean-Paul Vigneaud, « Le Pont Bacalan-Bastide à l'heure des grandes manœuvres », Sud Ouest, 5 juin 2010 (consulté le 4 octobre 2012).
- 2011 « La construction du pont Bacalan-Bastide », sur 33-Bordeaux.com (consulté le 24 octobre 2012).
- « Bordeaux : arrimage réussi pour la première travée du pont Bacalan-Bastide », Charente libre, 8 août 2011.
- « Pont Bacalan - Bastide, la travée rive gauche est posée », Sud Ouest, 19 février 2012.
- « Bacalan Bastide, construction du nouveau pont », sur 33-Bordeaux.com (consulté le 24 octobre 2012).
- Denis Lherm, « Le pont est à bon port », Sud Ouest, éditions régionales, 24 octobre 2012.
- « Vidéo - Les tests de levage du Pont Chaban-Delmas à Bordeaux en une minute », Sud Ouest, 6 décembre 2012 (consulté le 8 décembre 2012).
- François « Hollande inaugure le pont Jacques-Chaban-Delmas à Bordeaux », Libération, 16 mars 2013.
- Spectacle pyrotechnique pour l’inauguration du pont !
- « Bordeaux : le pont Chaban-Delmas ouvert à la circulation, racontez-nous ! », Sud Ouest, 18 mars 2013 (consulté le 5 novembre 2014).
- « Nouveau pont de Bordeaux : ce qu'il faut savoir », Sud Ouest (consulté le 15 avril 2013)
- « Le pont Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux récompensé par le Grand prix national de l'ingénierie », France Bleu Gironde, (consulté le ).
- Nicolas César « Chaban-Delmas, un pont levant primé à Bordeaux », La Croix, 6 août 2015.
- « Le prix Outstanding Projects 2014 a été attribué à EGIS-JMI, l'un des concepteurs du pont levant bordelais », Sud Ouest, 15 octobre 2014.
- Yves Maugue, « Bordeaux : trois ans après son ouverture, le pont Chaban-Delmas adopté par les Bordelais », sur France Bleu, (consulté le )
- « Le pont Jacques-Chaban-Delmas souffle sa troisième bougie », sur echos-judiciaires.com, consulté le 22 avril 2016.
- Jean Cittone, « Le pont Chaban-Delmas, plus haut pont levant d’Europe, fête sa 1000e levée à Bordeaux », sur Le Figaro, (consulté le )
- « 1000e levée du pont Chaban Delmas », sur Bordeaux-metropole.fr, (consulté le )
- « En images. À Bordeaux, la 1000e levée du pont Chaban-Delmas », sur Sud Ouest, (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Liste des ponts de Bordeaux
- Liste de ponts de la Gironde
- Liste de ponts sur la Garonne
- Port de Bordeaux
- Pont transbordeur de Bordeaux
Liens externes
modifier
- Ressources relatives à l'architecture :
- Pont Jacques Chaban-Delmas, sur le site de Bordeaux Métropole
- Pont Jacques Chaban-Delmas, sur le site municipal
- Mon Pont Chaban, Horaires des fermetures en temps réel.