Perversion narcissique

forme de trouble de la personnalité caractérisée par un narcissisme pathologique un manque d'empathie et des comportements manipulateurs pour contrôler autrui et satisfaire ses besoins émotionnels ou égoïste

La perversion narcissique est une notion théorisée par le psychiatre et psychanalyste Paul-Claude Racamier dans le domaine de la psychopathologie. Elle indique, non pas un type de personnalité, mais une pathologie relationnelle consistant en une déstructuration de la personnalité dans laquelle la notion d'altérité n'existe pas.

Bien que les notions de perversion narcissique et de pervers narcissique aient été reprises et popularisées, elles ne sont pas reconnues par la communauté scientifique et ne figurent pas dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), ni dans l'ICD (Classification internationale des maladies). Plus encore, ces termes sont souvent galvaudés, renvoyant la plupart du temps à des troubles de la personnalité narcissique.

Historique de la notion

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Définition de Paul-Claude Racamier en 1986

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La perversion narcissique est identifiée initialement par Paul-Claude Racamier en 1986 comme une forme particulière de perversion [1]. Il précise ensuite cette notion en 1987[2] et 1992[3], ainsi que dans deux chapitres de son livre Génie des origines en 1992[4]. Il explique :

« Le mouvement pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui[3]. »

Il précise qu'il parle d'une affaire collective, loin d'être individuelle ou intrapsychique[5].

Paul-Claude Racamier, dans son article fondateur de 1986, explique que la pensée de la notion de perversion narcissique a précédé sa formalisation[1] (p. I306).

En 2012, les chapitres 9 et 10 de son livre Génie des origines[4], qui font référence sur le thème de la perversion narcissique, sont réédités sous le titre Les perversions narcissiques[6].

On trouve également en 1993 la définition concise suivante de Racamier :

« une organisation durable caractérisée par la capacité à se mettre à l'abri des conflits internes, et en particulier du deuil, en se faisant valoir au détriment d'un objet manipulé comme un ustensile ou un faire-valoir[7]. »

Autres auteurs

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La notion de perversion narcissique est explicitée par Alberto Eiguer en 1989 dans Le Pervers narcissique et son complice[8] . Il parlera plus tard d'un « cas particulier de la pathologie du narcissisme »[9].

La notion de harcèlement moral, décrite par Marie-France Hirigoyen en 1998[10], s'appuie sur celle du « pervers narcissique » et la popularise. Dès lors, de multiples articles de presse s'en emparent [11] dans lesquels il n'est plus question de l' « agonie psychique » ni du « déni psychotique » de l'article fondateur de Paul-Claude Racamier[1].

La perversion narcissique n'a jamais été un trouble clinique reconnu, contrairement au trouble de la personnalité narcissique[12].

Situation dans l'œuvre de Paul-Claude Racamier

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La thématique de la perversion narcissique émerge chez Racamier en 1978 dans son article sur les paradoxes de la schizophrénie : « Schizophrénie et Paradoxalité », au sous-titre évocateur : « Où l’on voit les schizophrènes donner une réponse inédite à la question de Hamlet » :

« Après tout, le narcissisme n'était qu’une perversion parmi d’autres dans l’inventaire d’Havelock Ellis avant que Freud, reprenant le mot, ne trouve à la notion les prolongements qui l'ont transfigurée (si l’idée du narcissisme vient à propos du paradoxe, ce n’est pas par hasard). »

[13] Deux ans plus tard, en 1980, il énonce explicitement la notion de « perversion narcissique » dans Les Schizophrènes au chapitre 2 : « De plusieurs constantes psychotiques, où l'on oppose l'anticonflictualité des schizophrènes à l'intraconflictualité des névroses »[14] :

« On s'attachera dans ce rapport à montrer que la schizophrénie s'organise de manière aléatoire le long du trajet qui va de la psychose aiguë à la perversion narcissique »

La notion de perversion narcissique n'est définie finalement par Racamier qu'en 1986 dans son article : « Entre agonie psychique, déni psychotique et perversion narcissique »[1] :

Reprenant la notion freudienne de déni, il précise :

« toute psychose avérée est le fruit d'un déni qui échoue (p. I301) »

Puis il évoque le principe de la « catastrophe psychique » (p. I304), avant d'aborder l'auto-engendrement de la psyché autour de ce qui la satisfait par des « orgasmes du moi » dont font partie les perversions narcissiques.

La psyché, incomplètement construite, heurtée par des blessures infantiles et une mauvaise estime de soi , tente de se construire, ou du moins de calmer sa douleur, par la main-mise sur autrui et un plaisir de toute-puissance.

Il rappelle l'utilisation préalable de cette terminologie par lui-même, ainssi que par P. Greenacre et J. Chasseguet (p. I306), avant de la définir (p. I307) comme une :

« propension active du sujet à nourrir son propre narcissisme aux dépens de celui d'autrui. Ce n'est donc pas d'une perversion sexuelle, plutôt d'une perversité »

qu'il s'agit.

Il explique :

« Sa fonction est double : il s'agit pour le perversif d'assurer sa propre immunité, par-devers le conflit et les douleurs de deuil, et de se valoriser narcissiquement (par rapport à des failles profondes et cachées) en attaquant le moi de l'autre et en jouissant de sa déroute. Cette déroute lui est ensuite imputée, ce qui fait que la jouissance perversive est toujours redoublée. (p. I307[1]) »

D'autre part, il attache la perversion narcissique à un rapport singulier à la verbalisation (p. I308) :

« Dans la psychose, les mots sont surinvestis à la place des objets. Mais dans la perversion narcissique, c'est la parole qui est surinvestie au détriment des êtres. Et ce n'est pas, comme dans la psychose, la réalité qui est surinvestie, c'est la vérité »

Ce qu'il synthétise :

« Pour eux, un mensonge réussi compte comme une vérité. »

Il précisera encore la notion de perversion narcissique dans ses articles de 1987 : « De la perversion narcissique »[2] et de 1992 « Pensée perverse et décervelage »[3].

Réutilisations et réajustements

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En 1989, un autre auteur, Alberto Eiguer, utilise cette notion de « perversion narcissique » pour décrire "le pervers narcissique et son complice" dans un ouvrage du même nom[8]. Il y cite Racamier, mais décrit une personnalité, alors que Racamier se borne plutôt à expliquer un mécanisme, lui parle de mouvement, et dans l'article de 1992 il explique :

« Je parle au singulier. Il faudrait parler au pluriel. C’est que la perversion narcissique est loin d’être une affaire individuelle : c’est une affaire collective, et à partir du moment où les espaces psychiques sont transgressés, nous savons que tous les débordements sont possibles.
Pareillement, le mouvement pervers est loin d’être une affaire intrapsychique. C’est une affaire hautement interactive. Car il est tellement, ce mouvement, tourné vers autrui, qu’il ne cesse de s’en servir[15]. »

Selon Gérard Bayle, Racamier ne cherche pas à qualifier des individus mais à identifier l'origine d'un dysfonctionnement dans les interactions : il explique que la notion « sert son souci de décrire et de traquer les processus pervers dans les familles et dans les groupes »[16]. Racamier qui précise « Il n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s’en sortir indemne. »[17].


Concept de Racamier par rapport aux notions respectives de perversion et de narcissisme

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Par l'étymologie, la perversion peut être définie au sens B donné par le CNRTL comme l'« action de détourner quelque chose de sa vraie nature »[18].

En référence au mythe de Narcisse, le narcissisme peut être défini psychologiquement (Sens A du CNRTL) comme un « intérêt excessif pour (l'image de) soi, associant survalorisation de soi et dévalorisation de l'autre, habituel chez l'enfant, courant chez l'adolescent, compensatoire chez l'adulte »[19].

En tant que notion de Paul-Claude Racamier au départ, la « perversion narcissique » est issue de l'association théorique opérée par celui-ci des notions freudiennes de « perversion » et de « narcissisme » auxquelles il fait référence : dans l'article originel[1] il invoque Freud à de nombreuses reprises et utilise la sexualisation de la psyché en parlant d'« orgasme psychotique du moi » et d'« érotisation des défenses » pour intituler les chapitres qui précédent celui intitulé « perversions narcissiques » (p. I306)[source insuffisante].

Racamier propose dans le cadre de cette théorie le principe d'une réorganisation psychique alternative à la psychose, mais utilisant pourtant les mêmes ressorts d'« érotisation des défenses », mais dans un cadre théorique nouveau. Une distinction peut alors être présentée relativement à la perversion « non narcissique » et au trouble de la personnalité narcissique.[réf. nécessaire]

Il n'additionne pas ces deux notions décrites, mais renvoie aux notions telles que dépeintes par Freud pour décrire une situation singulière et non assimilable à ces dernières : relativement au narcissisme il a même été défendu que le rapport était inversé[pas clair]. La Revue française de psychanalyse fait le lien avec la notion d'anti-narcissisme de Francis Pasche pour expliquer que :

« Dans la perversion narcissique décrite par Racamier, la dimension anti-narcissique est devenue inapparente : elle aurait disparu, se serait effacée. Mais le pervers narcissique a pourtant “besoin” des autres comme “ustensiles” pour échapper à sa conflictualité interne[20] »

Le trouble de la personnalité narcissique serait encore compensé par une pulsion inverse, vers plus d'image de soi-même, qui serait rendue imperceptible dans le cas de cette perversion narcissique puisque c'est l'image de l'autre qui est utilisée.[réf. souhaitée]

Relativement à la perversion chez Freud, la distinction conceptuelle de la perversion narcissique ne fait pas l'unanimité en matière de pertinence. Paul-Claude Racamier distingue une perversion à but exclusivement narcissique, ce qu'il exprime dans la phrase « Tuez-les, ils s’en foutent, humiliez-les, ils en crèvent »[21]. D'autres psychanalystes, dont Marie-Claude Defores, Dominique-France Tayebaly ou Serge Reznik, soutiennent que, dans la réalité clinique, elle ne diffère pas de la perversion selon Freud[22]. Cette notion suffirait dans la mesure où « le mot de perversion est employé pour qualifier l'instrumentalisation de l'humain et toutes les entreprises de désubjectivation »[23].

La distinction relativement à la perversion sexuelle est explicite chez Racamier « Ce n'est pas une perversion sexuelle, plutôt une perversité. »(p. I307)[1]. Ce qui rejoint le cadre[Qui ?] défini pas Jean Bergeret qui distingue la « perversion de caractère »[24] dont l'objectif est de dénier à l'autre la possibilité de ressentir des intérêts propres afin de nourrir les siens, de la « perversion sexuelle » dont le but est d'imposer ses pulsions et fantasmes sexuels aux autres sans leur accord[réf. souhaitée].

Le placement de la perversion narcissique relativement à chacune de ces deux pathologies est pourtant explicite dans la définition de 1986[1](p. I307) :

« Il est cependant vrai que les narcissiques les plus pervers se dérobent à nos regards de clinicien ; mieux vaudrait même pour nous de ne pas avoir trop à croiser leur chemin. C'est bien de ceux-là qu'il s'agit quand on décrit les imposteurs (P. Greenacre) et les escrocs. »

Racamier précise avant qu'il peut s'agir de « psychotiques plus ou moins cicatrisés sur le mode perversif ou de mère de psychotique ». On a donc, d'après la formalisation de la notion de 1986, affaire à la fois à une sorte de narcissique, et une sorte de pervers, mais hors du cadre clinique habituel, car, comme il le précise ensuite, « la perversité est tournée vers le social ».

Références psychiatriques

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Le trouble narcissique correspond à l'installation durable d'une attitude compensatoire chez l'adulte, répertoriée sous la catégorie des troubles spécifiques de la personnalité[12] du classement international des maladies (CIM) et dans l'axe 2 (Troubles de la personnalité) du DSM.

La psychiatrie définit une organisation perverse comme caractérisée par « une apparence de génitalité, de fonctionnement social adapté et mentalisé ». En fait, on aurait affaire à un « déni de la réalité » […][25][source insuffisante]. « Le pervers se croit donc à l'origine de la loi. Lui-même fera sa loi. Ainsi, il sera d'une part délinquant, et d'autre part indélicat »[25]. « Le pervers n'a pas un désir, mais un besoin demandant une satisfaction immédiate. L'autre n'existe pas »[25].

Réception

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Popularisation de la notion

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Une incarnation de la notion de perversion narcissique a été faite par l'ouvrage d'Alberto Eiguer en 1989 Le Pervers narcissique et son complice[8]. Cette idée très marquante « du pervers narcissique », demeure même si Paul-Claude Racamier a signifié qu'il parlait pour sa part des « mouvements pervers narcissiques » au pluriel, décrivant des processus interpersonnels, relatifs aux familles et aux groupes, n'étant pas assimilables à un processus intrapsychique. C'est ensuite la notion de harcèlement moral, décrite par Marie-France Hirigoyen en 1998[10], qui met en lumière un type d'acte pouvant être le fait du personnage préalablement décrit du "pervers narcissique". C'est alors une véritable notion populaire qui émerge, reprise dans de nombreux articles de magazines et ouvrages divers[26].

Le terme s'étend alors dans la psychologie populaire commune, où il prend des sens qui relèvent d'un jugement de valeur. On enseigne ainsi en 2013 dans une école d'avocats que "l’utilisation de la notion du pervers narcissique, notion psychanalytique, est devenue inquiétante tant l’expression est galvaudée et employée sans qu’un diagnostic médical ait été porté par un médecin psychiatre"[27].

Le thème est ainsi fortement relayé dans les médias[28], au travers le plus souvent d'une stigmatisation du « pervers narcissique », et non plus de la notion de perversion narcissique elle-même. Ce phénomène de la dérive populaire de l'idée originelle est également traité par les médias, par exemple dans une émission intitulée : « Le pervers narcissique existe-t-il vraiment ? »[29]

Critiques du concept

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Marie-France Hirigoyen, une des théoriciennes et vulgarisatrices du concept, dit regretter le succès populaire qu'a connu cette expression pour désigner toutes sortes de personnes extraverties, alors que selon elle cette pathologie demeure « beaucoup plus rare qu'on ne le pense »[30].

On trouve des critiques du principe de Racamier, discutant le cadre d'admissibilité comme la position de Claude Nachin en 1996 :

« À la fin de son rapport, G. Bayle relève après les Barande le caractère pervers polymorphe de la sexualité humaine et le différencie de la perversité. Sa description du « trio pervers » et du "pervers narcissique" me laisse un sentiment de malaise et je préfère la position de Harold Searles décrivant "l'effort (inconscient) pour rendre l'autre fou" à l'inflation de la notion de "pervers narcissique" avec les redoutables confusions qu'elle peut susciter dans l'esprit des patients et des familles qui lisent nos textes. Même s'il y a des cas intermédiaires, il m'apparaît important de distinguer ceux qui mettent en œuvre consciemment, volontairement et délibérément des activités propres à leur procurer de fortes jouissances au détriment d'autrui de ceux qui sont placés dans la nécessité psychique inconsciente de violer les lois fondamentales sans être capables de se l'expliquer, même à eux-mêmes, réduits qu'ils sont à inventer une histoire de leurs malheurs sous la pression de leurs avocats ou des experts[31]. »

Pour Marcel Sanguet, le concept de pervers narcissique est une invention, comme l'a été l'hystérie au XIXe siècle[32]. Ce concept n'est selon lui pas utilisé dans d'autres pays que la France, comme les États-Unis, et est fortement galvaudé[33].

Cependant, le sens du concept de NPD (narcissistic personality disorder), et plus précisément celui du malignant narcissist bien connu aux États-Unis, est proche de celui du concept de perversion narcissique. Jordan B. Peterson parle également de narcissistic psychopath[34].

Thérapie cognitivo-comportementale

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La thérapeute comportementaliste et cognitiviste Isabelle Nazare-Aga[35] estime qu'il faut qu'une personne corresponde à au moins 14 des 30 comportements caractéristiques suivants pour qu'on puisse parler de perversion narcissique :

  1. la personne culpabilise les autres en invoquant l'amour, l'amitié, la famille et la conscience professionnelle ;
  2. elle exige la perfection de la part des autres, qu'ils doivent être omniscients, totalement disponibles à lui/elle et ce, immédiatement, capables de répondre à toutes les questions et qu'ils ne doivent jamais changer d'avis ;
  3. elle exploite les sentiments moraux des autres (devoir, générosité, courtoisie, humanisme…) pour satisfaire ses besoins ;
  4. elle remet en cause la compétence, la personnalité et les qualités des autres : elle critique et dévalorise afin de créer le désarroi et, après, elle juge ;
  5. elle jalouse tout le monde (y compris sa famille) ;
  6. elle recourt aux flatteries, aux cadeaux et aux services rendus pour se faire bien voir ;
  7. elle se pose constamment en victime ;
  8. elle ne s'estime jamais responsable de rien, rendant ainsi les autres responsables de tout ;
  9. elle n'énonce pas clairement ses sentiments, ses opinions, ses besoins ni ses demandes ;
  10. elle répond toujours de manière évasive ;
  11. elle peut changer de sujet sans transition au cours d'une conversation ;
  12. elle évite ou quitte les réunions et les entretiens ;
  13. elle utilise des moyens indirects, tels qu'autrui, les répondeurs téléphoniques ou les messages écrits pour faire passer ses messages ;
  14. elle invoque des raisons logiques pour faire passer ses demandes d'emprise ;
  15. elle déforme, interprète et raconte des mensonges pour cacher (ou découvrir) la vérité ;
  16. elle refuse la critique et nie les évidences ;
  17. elle recourt parfois au chantage et aux menaces implicites ;
  18. elle crée des conflits dans le but de manipuler son entourage ;
  19. elle se comporte différemment et modifie l'expression de sa pensée en fonction des personnes et des situations ;
  20. elle ment (y compris par omission) ;
  21. elle utilise l'ignorance de ses vis-à-vis et tente de faire admettre qu'elle leur est supérieure ;
  22. elle est égocentrique ;
  23. ce qu'elle dit ne correspond pas à ce qu'elle fait ;
  24. elle invoque l'urgence pour obtenir un avantage d'autrui ;
  25. elle renie les sentiments, les désirs, les besoins et les droits d'autrui ;
  26. elle rejette implicitement les demandes en prétendant s'en occuper ;
  27. elle génère des sentiments de malaise, de désarroi et/ou d'absence de liberté ;
  28. elle parvient à faire accomplir à autrui des actes non désirés ;
  29. elle atteint ses objectifs au détriment des autres ;
  30. elle fait l'objet de discussions fréquentes et récurrentes.

Pour Isabelle Nazare-Aga, qui a analysé en détail le comportement des pervers narcissiques au sein du couple, la personne perverse narcissique va tenter de couper son conjoint de son entourage et tenter de détruire sa confiance en lui pour mieux le manipuler quitte à le détruire[35].

Les experts qui peuvent être amenés à porter leur concours à la justice peuvent s'appuyer sur toute forme de diagnostic psychiatrique. Ceux employant des manuels tels que le DSM s'appuieront davantage sur des diagnostics tels que trouble de la personnalité narcissique et psychopathie[réf. souhaitée], qui la plupart du temps correspondent à la même structure de personnalité que ce qui est appelé perversion narcissique en psychanalyse[réf. nécessaire]. D'autres peuvent également recourir à la notion de structure perverse, qui font le lien entre l'état et l'acte commis. C'est du moins ce qu'avance Daniel Ajzenberg qui écrit que cela nécessite la certitude « que la perversion s'est structurée dans le passage à l'acte qui a été commis »[36].

D'autre part, la nature de l'acte peut renvoyer au harcèlement moral décrit par Marie-France Hirigoyen en 1998, et dont les termes ont été repris dans le code du travail français par exemple (article L 1152-1), ou au harcèlement ainsi défini par le code pénal français (article L 222-33) :

« Le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. »

Notes et références

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  1. a b c d e f g et h Paul-Claude Racamier, « Entre agonie psychique, déni psychotique et perversion narcissique », Revue française de psychanalyse, vol. 50, no 5 (1986)
  2. a et b Paul-Claude Racamier, « De la perversion narcissique » ; Gruppo, Revue de psychanalyse groupale, no 3 (1987) p. 11-27.
  3. a b et c Racamier, Paul-Claude (1992), « Pensée perverse et décervelage », Secret de famille et pensée perverse, Gruppo n° 8, Revue de psychanalyse groupale, Paris : Apsygée, p. 137-155.
  4. a et b Paul-Claude Racamier, Génie des origines, 4e partie p. 279–340, Payot, 1992 (ISBN 978-2228885126).
  5. « Je parle au singulier. Il faudrait parler au pluriel. C’est que la perversion narcissique est loin d’être une affaire individuelle : c’est une affaire collective, et à partir du moment où les espaces psychiques sont transgressés, nous savons que tous les débordements sont possibles. Pareillement, le mouvement pervers est loin d’être une affaire intrapsychique. C’est une affaire hautement interactive. Car il est tellement, ce mouvement, tourné vers autrui, qu’il ne cesse de s’en servir. » Source : Racamier, Paul-Claude (1992), « Pensée perverse et décervelage », Secret de famille et pensée perverse, Gruppo n° 8, Revue de psychanalyse groupale, Paris : Apsygée, p. 137-155.
  6. Paul-Claude Racamier, Les Perversions narcissiques, Payot, 2012 (ISBN 2228907790).
  7. P.-C. Racamier, Cortège conceptuel, Apsygée, 1993 (ISBN 290787408X). [réf. incomplète] Source secondaire qui ne permet pas de trouver la source primaire
  8. a b et c Le Pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989 (ISBN 2 10 002843 X).
  9. Dans une Interview Vidéo
  10. a et b Le Harcèlement moral : la violence perverse au quotidien, Marie-France Hirigoyen, Éditions La Découverte & Syros, 1998 (ISBN 978-2266222778).
  11. http://familles.blogs.liberation.fr/2007/05/06/petite_leon_de_/
  12. a et b Catégorie F60.8 du CIM-10 inclus les troubles de la personnalité narcissique.
  13. Paul-Claude Racamier, 1978, « Schizophrénie et Paradoxalité. Où l’on voit les schizophrènes donner une réponse inédite à la question de Hamlet » (texte en ligne).
  14. Les Schizophrènes (1980), Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001 (ISBN 978-2-228-89427-2), partie Les paradoxes des schizophrènes, chap. 2. p. 66.
  15. Pensée perverse et décervelage, 1992, Mouvement pervers narcissique Plaisir manipulatoire, et faire-valoir narcissique, paru dans Trait pour trait. Mouvement de travail et de recherche autour de la psychanalyse, Paul-Claude Racamier.
  16. Gérard Bayle, Paul-Claude Racamier, PUF, « Psychanalystes d’aujourd’hui », 1997. (source)
  17. P.-C. Racamier, Cortège conceptuel, Éd. Apsygée, Paris, 1993. (source)
  18. Définition de perversion par le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL), sens B.
  19. Définition du narcissisme par le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL), sens A.
  20. Revue française de psychanalyse, 2003/3 (Vol. 67) éd. P.U.F. (ISBN 213053564X) DOI 10.3917/rfp.673.0797 (source).
  21. Paul-Claude Racamier, Génie des origines (source)
  22. Serge Reznik et al., Le Malaise pervers, Che Vuoi ? n° 32, L’Harmattan, décembre 2009.
  23. Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière, Histoire et Trauma, La folie des guerres, Stock, L'Autre Pensée, 2006, p. 322.
  24. Jean Bergeret (psychanalyste), La Personnalité normale et pathologique, Dunod, 2007, p.160 & 169.
  25. a b et c Définition de la perversion par « psychiatrie infirmière » (Dominique Giffard et Comité de lecture).
  26. Maurice Hurni, Saccages psychiques au quotidien perversion narcissique dans les familles, L'Harmattan, 2002 (ISBN 2747532542), p. 48. Jeanne Defontaine, L'Empreinte familiale : Transfert, Transmission, Transagir, L'Harmattan, 2007 (ISBN 2296034683), p. 81.
  27. Le pervers narcissique, « Les violences morales et psychologiques au sein du couple et dans le monde du travail », EDAGO, 2013.
  28. France Info, chronique Tout comprendre, entretien avec Anne Dufourmantelle sur la manière de déjouer les pervers narcissiques.
  29. « Le pervers narcissique existe-t-il vraiment ? » sur France Inter. Citation : « à partir du moment où ce terme est trop galvaudé, il ne veut plus rien dire » (11 min Serge Hefez psychiatre psychanalyste) ; « Pour ne pas devenir fou, il rend l'autre fou dans un phénomène projectif » (9 min, Yvonne Poncet-Bonnissol, experte psychologue).
  30. « Le narcissisme dans notre société », sur France Inter, .
  31. Claude Nachin, « Les clivages », Revue française de psychanalyse, n° 60, PUF, 1996/5.
  32. Émilie Lanez, « Le pervers narcissique n'existe pas », sur Le Point, (consulté le )
  33. Guillaume Erner, Serge Hefez, Marie-France Hirigoyen et Yvonne Poncet-Bonnissol, « Le pervers narcissique existe-t-il vraiment ? », sur France Inter, (consulté le )
  34. (en) Bite-sized Philosophy, « Jordan Peterson - How Narcissistic Psychopaths Fool You », (consulté le ).
  35. a et b Isabelle Nazare-Aga, Les manipulateurs et l'amour, Québec, Les éditions de l'homme, , 212 p. (ISBN 978-2-7619-3633-0)
  36. Daniel Ajzenberg (expert auprès des tribunaux et psychanalyste), dans Perversions, aux frontières du trauma…, Erès, 2006 (ISBN 9782749206639).

Voir aussi

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Bibliographie

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Par ordre chronologique de première parution.

Années 1990
Années 2000
Années 2010

Articles connexes

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Liens externes

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