Olga Tokarczuk
Olga Tokarczuk[1] (prononciation polonaise : /ˈɔlɡa tɔˈkart͡ʂuk/), née le à Sulechów (voïvodie de Lubusz) en Pologne, est une femme de lettres polonaise.
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
Olga Nawoja Tokarczuk |
Pseudonyme |
Natasza Borodin |
Nationalité | |
Domiciles | |
Formation |
Faculté de psychologie de l'université de Varsovie (d) (- |
Activités |
Éditrice (- |
Période d'activité |
Depuis |
Fratrie |
Tatiana Tokarczuk (d) |
Conjoints | |
Enfant |
Zbigniew Fingas (d) |
A travaillé pour | |
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Parti politique |
Les Verts (depuis ) |
Membre de |
Association des écrivains polonais (en) () Fondation Stefan-Batory |
Cheveux | |
Yeux | |
Genres artistiques | |
Influencée par | |
Site web | |
Distinctions |
Prix Nike () Prix Nike () Prix Nobel de littérature () Liste détaillée Paszport Polityki ( et ) Prix littéraire de la fondation Kościelski () Prix Nike ( et ) Prix Samuel-Bogumil-Linde (d) () Śląski Wawrzyn Literacki (d) () Médaille d'argent du Mérite culturel polonais Gloria Artis () Usedomer Literaturpreis (d) () Prix Vilenica (en) () Brückepreis (en) () Kulturhuset Stadsteatern (d) () Warwick Prize for Women in Translation ( et ) Insígnia d'Honor de Breslau (d) () Prix Nobel de littérature () Prix Jan-Michalski () Prix international Booker () Prix Laure-Bataillon () Citoyen d'honneur de Wrocław (d) () Prix littéraire de la BERD () Ambassador of the correct Polish language (d) () Citoyen d'honneur de Varsovie () Citoyen d'honneur de Basse-Silésie (d) () Médaille d'or du Mérite culturel polonais Gloria Artis () Ordre du mérite de la voïvodie de Basse-Silésie (d) |
Les Livres de Jakób, Les Pérégrins, Maison de jour, maison de nuit, Dieu, le temps, les hommes et les anges, Anna dans les tombeaux du monde (d) |
Elle obtient le prix Nobel de littérature 2018, décerné en 2019[2].
Biographie
modifierSa famille est d'origine polonaise et ukrainienne, de la région de Ternopil. Une partie de sa famille fut victime des massacres de Polonais par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). Bien que revendiquant ses origines ukrainiennes, elle se dit hostile au nationalisme ukrainien de Stepan Bandera[3].
Olga Tokarczuk étudie la psychologie à l'université de Varsovie[4]. Durant ses études, elle travaille, bénévolement, avec des personnes souffrant de troubles mentaux. Après avoir terminé ses études, elle devient psychothérapeute à Wałbrzych[4].
À partir de 1997, elle se consacre entièrement à l’écriture[5], se disant inspirée par William Blake[5]. Elle contribue aussi à la revue littéraire Granta[6].
En 2015, elle reçoit des menaces de mort pour avoir dit à la télévision polonaise que l'idée d'une Pologne ouverte et tolérante n'était qu'un « mythe »[4].
Son roman, Sur les ossements des morts, est adapté pour le cinéma par la réalisatrice Agnieszka Holland sous le titre Spoor en 2017[7]. Elle est également co-autrice du scénario[4]. Œuvre iconoclaste qui se structure comme un polar autour de la mort d’animaux et d’hommes et comme une illustration de la marginalisation et de la différence[8]. Le film reçoit le Prix Alfred-Bauer lors de la Berlinale 2017 et est sélectionné pour l'Oscar du meilleur film international en 2018[4].
Son roman, Les Livres de Jakób, raconte l'histoire de Jakób Frank, un chef religieux du XVIIIe siècle qui mène ses disciples à travers deux conversions forcées : vers l'Islam puis vers le catholicisme[7]. Tombé dans l'oubli, Jakób Frank a vraiment existé, ainsi que la secte juive hérétique des frankistes[9]. Pour suivre les livres hébreux, le roman est paginé à l'envers dans la version originale[4]. Il a fallu dix ans de recherche à l'autrice pour écrire ce roman[10]. Malgré les menaces liées à ses interventions à la télévision, le livre se vend à 170 000 exemplaires en Pologne et reçoit le Prix Nike 2015[7]. Traduit en français en 2018, il est en cours de traduction en anglais, la sortie était prévue pour [7].
Le , elle reçoit le Prix Nobel de littérature 2018[11]. Elle annonce la nouvelle sur les réseaux sociaux avec deux heures d'avance sur l'annonce officielle du Comité Nobel ce qui est normalement interdit[12]. Parce que Tokarczuk est considérée comme « non patriote » par le gouvernement polonais d'alors, la chaîne publique d'information en continu TVP Info met plusieurs minutes à annoncer son nom, la désignant d'abord d'un simple « une Polonaise »[13]. En effet, féministe, pro-européenne et défenseure des droits des minorités en Pologne, elle met à mal les idéaux conservateurs véhiculés par Droit et justice, le parti au pouvoir depuis 2015[13].
Le lendemain de l'annonce de son prix, la ville de Wrocław où elle réside rend les transports publics gratuits aux usagers ayant sur eux un livre d'Olga Tokarczuk[14].
Ses romans sont traduits en plus de 25 langues dont le catalan, l'hindi et le japonais[4]. Elle est l'autrice polonaise la plus traduite hors de son pays[15].
Œuvres
modifierRomans
modifier- Podróż ludzi Księgi (1993, littéralement : Voyage des gens du Livre), roman historique en forme de parabole sur un couple en quête du sens de la vie dans la France du 17e siècle.
- Prawiek i inne czasy (1996) Dieu, le temps, les hommes et les anges, traduit par Christophe Glogowski, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Pavillons. Domaine de l'Est », 1998, 340 p. (ISBN 978-2-221-08615-5)[16],[17],[18] ; réédition, Paris, Robert Laffont, coll. « Pavillons poche », 2019, 416 p. (ISBN 978-2-221-24086-1)
- Dom dzienny, dom nocny (1998) Maison de jour, maison de nuit, traduit par Christophe Glogowski, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Pavillons. Domaine de l'Est », 2001, 300 p. (ISBN 2-221-09240-6)[19],[20],[21] ; nouvelle traduction par Maryla Laurent, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, 2021, 302 p. (ISBN 978-2-88250-696-2)
- Anna In w grobowcach świata (2006, littéralement : Anna dans les tombeaux du monde)
- Bieguni (2007) - Prix Nike 2008 Les Pérégrins, traduit par Grażyna Erhard, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, coll. « Littérature étrangère », 2010, 380 p. (ISBN 978-2-88250-241-4) ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 36124, 2021, 539 p. (ISBN 978-2-253-00012-9)[22],[5]
- Prowadź swój pług przez kości umarłych (2009, Littéralement: Conduisez votre charrue à travers les os des morts) – roman Sur les ossements des morts, traduit par Margot Carlier, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, coll. « Littérature étrangère », 2012, 298 p. (ISBN 978-2-88250-260-5)[23] ; réédition, Paris, Libretto, coll. « Littérature étrangère » no 473, 2014, 281 p. (ISBN 978-2-36914-115-0)
- Księgi Jakubowe (2014)[24],[25] Les Livres de Jakób, traduit par Maryla Laurent, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, 2018, 1040 p. (ISBN 978-2-88250-525-5) ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 36122, 2021, 1216 p. (ISBN 978-2-253-08009-1)
- Zgubiona dusza (2017, littéralement : Âme perdue)
- Le Banquet des Empouses (Les Éditions Noir sur Blanc, 2024) – Empuzjon – horror przyrodoleczniczy (2022, littéralement : « Empuzion – horreur de guérison naturelle ») (ISBN 978-2-88250-866-9)
Recueils de nouvelles
modifier- Szafa (1997, littéralement : Garde-robe), recueil de trois nouvelles (reprises sous le titre de L'Armoire et autres nouvelles dans la version française du recueil suivant en 2023)
- Gra na wielu bębenkach (2001, littéralement : Il joue sur de nombreux tambours) Jeu de tambours et tambourins, traduit par Maryla Laurent, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, coll. « Littérature étrangère », 2023, 346 p. (ISBN 978-2-88250-821-8) ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 37900, 2025, 480 p. (ISBN 978-2-253-25145-3)
- Ostatnie historie (2004) Récits ultimes, traduit par Grażyna Erhard, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, coll. « Littérature étrangère », 2007, 252 p. (ISBN 978-2-88250-197-4) ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 36129, 2021, 352 p. (ISBN 978-2-253-00011-2)
- Opowiadania bizarne (2018)[26],[27] Histoires bizarroïdes, traduit par Maryla Laurent, Lausanne, Éditions Noir sur Blanc, coll. « Littérature étrangère », 2020, 192 p. (ISBN 978-2-88250-657-3)
Essais
modifier- Lalka i perła (2001, littéralement : Poupée et perle), essai
- Moment niedźwiedzia (2012, littéralement : Le Moment de l'ours)
Poésie
modifier- Miasto w lustrach (1989, littéralement : La Ville en miroir), recueil de poèmes
Autres publications
modifier- E.E. (1995), texte sur une certaine Erna Eltzner
- Opowieści wigilijne (2000, littéralement : Contes de Noël), écrit en collaboration avec Jerzy Pilch et Andrzej Stasiuk
- Zielone dzieci (2016) - Petit conte philosophique Les Enfants verts[28], traduit par Margot Carlier, Lille, Éditions La Contre Allée, coll. « Fictions d'Europe »[29], 2016, 96 p. (ISBN 978-2-91781-750-6)
Prix et récompenses
modifier- Prix Nike 2008 pour Les Pérégrins[13]
- Prix du Vilenica International Literary Festival (en) 2013
- Prix Nike 2015 pour Les Livres de Jakób[7]
- Prix international Man Booker 2018 pour Flights (Les Pérégrins)[30]
- Prix Transfuge du meilleur roman européen 2018 pour Les Livres de Jakób[31]
- Prix Jan-Michalski de littérature 2018 pour Les Livres de Jakób[32]
- Prix Laure-Bataillon 2019 pour Les Livres de Jakób[33]
- Prix Nobel de littérature 2018 (décerné le )[2]
Nominations
modifier- Prix Femina étranger pour Les Livres de Jakób[34]
- Prix international Man-Booker 2019 pour Sur les ossements des morts[30]
- National Book Awards for Translated Literature 2019 pour Sur les ossements des morts[30]
Notes et références
modifier- « STOWARZYSZENIE KULTURALNE "GÓRY BABEL" | Rejestr.io », sur rejestr.io (consulté le ).
- « Le Nobel sacre deux écrivains de la Mitteleuropa, Olga Tokarczuk et Peter Handke », sur Arte (consulté le ).
- (uk)Галицький Кореспондент, Ольга ТОКАРЧУК: “Коли бачу вулицю Бандери, у мене мороз по шкірі” , 25 septembre 2011
- (en) AFP, « Poland's Olga Tokarczuk: perpetual motion literature », Yahoo News, France 24, (lire en ligne).
- Julien Burri, « Olga Tokarczuk marie le ciel et l’enfer » [archive du ], L'Hebdo (consulté le ).
- « Olga Tokarczuk », sur le site de Granta (consulté le ).
- (en) Claire Armitstead, « Olga Tokarczuk: the dreadlocked feminist winner the Nobel needed », The Guardian, (lire en ligne).
- (en) « Olga Tokarczuk: 'Literature is meant to provoke thought' », Deutsche Welle, (lire en ligne).
- « Les Livres de Jakób », Télérama, (lire en ligne).
- « Prix Nobel de littérature : Olga Tokarczuk, Polonaise cent frontières », Libération, (lire en ligne).
- « Nobel de littérature: La Polonaise Olga Tokarczuk et l'Autrichien Peter Handke récompensés », sur Le Temps, (consulté le ).
- « Olga Tokarczuk reçoit son Nobel avec un an de retard, mais s'excuse de l'avoir annoncé deux heures trop tôt », Le Huffington Post, (lire en ligne).
- (en) « Olga Tokarczuk: Poland's "Patriots" Struggle To Accept The Nobel Prize », sur Quillette, (consulté le ).
- « Un livre d'Olga Tokarczuk, Nobel 2018, à la main et on voyage gratuitement à Wroclaw en Pologne », France Info, (lire en ligne).
- « Nobel de littérature : la Polonaise Olga Tokarczuk, écrivaine au carrefour des peuples, distinguée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Dieu, le temps, les hommes et les anges, Olga Tokarczuk — Le Dévorateur », sur Le Dévorateur, (consulté le ).
- Mapero, « Olga Tokarczuk : Dieu, le temps, les hommes et les anges. », sur Blog.com, W O D K A, (consulté le ).
- « Olga Tokarczuk, de Dieu, le temps, les hommes et les anges au Prix Nobel - Le Courrier d'Europe centrale », sur Le Courrier d'Europe centrale, (consulté le ).
- Philip Marsden. The Observer, « Poles apart », sur The Guardian, (consulté le )
- R.R., « Maison de jour, maison de nuit, de Olga Tokarczuk », lemonde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Bernard Quiriny, « Olga Tokarczuk – Maison de jour, maison de nuit », chronicart.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Les Pérégrins, Olga Tokarczuk », sur Le Magazine Littéraire, (consulté le )
- Baptiste Liger, « Le polar zoologique d'Olga Tokarczuk », sur L'Express.fr, (consulté le )
- « J’ai en premier lieu voulu écrire un essai, mais, très vite, je me suis aperçue que le sujet est si puissant qu’il pulvérise les limites de la non-fiction in « Le roman a le pouvoir d’amener le lecteur à une sorte de transe » », entretien avec Olga Tokarczuk, propos recueillis par Nicolas Weill, journal Le Monde des livres du , p. 2.
- « Olga Tokarczuk », sur Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, (consulté le )
- « Il était une fois Olga Tokarczuk », sur www.franceinter.fr,
- Nicolas Weill, « « Histoires bizarroïdes » : les tendres fins du monde d’Olga Tokarczuk », sur Le Monde, (ISSN 1950-6244).
- Olga Tokarczuk, « Fictions d'Europe, un regard d'écrivains sur l'Europe » (consulté le )
- « Fictions d'Europe » (consulté le )
- (en) « Olga Tokarczuk Wins Nobel Prize for Literature », Culture.pl, (lire en ligne).
- « Tous les lauréats des prix "Transfuge" 2018 », sur Livres Hebdo (consulté le ).
- « Edition 2018 – Fondation Jan Michalski » (consulté le ).
- « Poland’s Tokarczuk wins French literary award », sur PolskieRadio.pl (consulté le ).
- « Le Femina dévoile ses premières sélections 2018 », Livres Hebdo, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie - Médias
modifier- Christine Lecerf, « Ressouder le monde : entretien avec la prix Nobel de littérature Olga Tokarczuk », France Culture, .
Liens externes
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