Okina
L'okina (en anglais le plus souvent ʻOkina) est une lettre latine qui porte divers noms et dont l'encodage et la présentation sont encore incertains, notamment pour Unicode. Le caractère « ʻokina » est utilisé pour marquer une consonne glottale proche du coup de glotte (API : /ʔ/) caractéristique de nombreuses langues océaniennes et, plus généralement, austronésiennes.
Représentation de la lettre dans quelques langues polynésiennes
modifierLa représentation de cette lettre est délicate car elle peut exister sous différentes formes suivant les sources, parfois à cause de difficultés typographiques et la méconnaissance mais surtout à cause de difficultés ou ambiguïtés de codage. En marquisien, par exemple, l'Académie marquisienne préconise de la représenter par un accent grave sur la voyelle qui suit.
Cela a un impact sur l’orthographe officielle des mots polynésiens, particulièrement dans les noms propres et toponymes, car ces langues sont minoritaires partout où elles sont parlées (souvent dans de nombreuses variétés locales), face aux conventions usuelles des langues européennes dominantes (le français et l’anglais), qui sont non seulement officielles mais aussi largement utilisées comme lingua franca.
La lettre est nommée localement fakauʻa (forme honorifique du mot fakamonga, « faiseur de toux »).
Tonga a cependant entériné le choix :
- du caractère Unicode
U 02BB
ʻ MODIFIER LETTER TURNED COMMA (lettre modificative virgule culbutée).
Lettre nommée localement ʻokina (« séparateur », ce qui est la fonction phonétique du coup de glotte en notation API).
De façon transitionnelle, les textes sont encodés avec le même caractère qu'en tongien, mais ce n’est apparemment pas officialisé à Hawaï, et la question est encore très discutée.
La lettre est nommée ʻeta et sa graphie est variable. En 2008, il n'y a pas de consensus sur le caractère à utiliser pour le tahitien.
Certains[Qui ?] semblent recommander le même caractère que celui choisi pour le tonguien, et qui semble avoir aussi l’agrément de la communauté hawaïenne — à savoir, l’apostrophe culbutée.
Cependant, en raison de l’usage du français par les locuteurs des langues polynésiennes françaises dont le tahitien, de nombreuses références ont utilisé et utilisent encore l’apostrophe française, bien que celle-ci joue un rôle très différent en français (l’apostrophe française est une ponctuation marquant l’élision d’un mot, quand l’ʻeta polynésien est une lettre de l’alphabet, notant un phonème et faisant pleinement partie des mots). Ainsi l'INSEE en France, dans ses bases de données administratives nationales pour la Polynésie française, utilise l'apostrophe :
- soit le caractère Unicode ' « apostrophe » (l’apostrophe droite du jeu ASCII) ;
- soit le caractère Unicode ’ « guillemet-apostrophe » (l’apostrophe typographique, souvent en forme de chiffre 9) ; caractère généralement très bien pris en charge mais dont l'apparence (droite ou courbée, lisse ou d’épaisseur variable, avec ou sans tête en boule, ou en forme de coin) et même l'orientation[réf. nécessaire] varient d'un style de police à l’autre, ce qui ne facilite pas la distinction et peut perturber le fonctionnement des apostrophes automatiques[Quoi ?].
Ces points de code ont le défaut d’être traités informatiquement comme des ponctuations (conformément à l’écriture du français) plutôt que comme des lettres (conformément à l’écriture des langues polynésiennes), ce qui a certaines conséquences. L'ordre des alphabets polynésiens diffère d'une langue à l’autre : en Polynésie française, Wallis-et-Futuna et en Nouvelle-Calédonie, où coexistent la plupart des communautés polynésiennes, la lettre (quel que soit le nom qui lui est donné dans chaque langue polynésienne) est ignorée du tri primaire, comme si c'était une apostrophe en français, et n'est traitée que pour les éventuelles différences du tri tertiaire portant sur les diacritiques (le tri secondaire porte sur la différence minuscule/majuscule, mais cela n'affecte pas l’ʻokina ou ʻeta tahitien). Dans les autres langues polynésiennes de pays où l'anglais est lingua franca, la lettre est classée à la fin de l’alphabet, après z.[Quoi ?] Pour coder un ʻeta en forme d’apostrophe, on préfère donc le caractère Unicode ʼ « lettre modificative apostrophe », de forme identique à l’apostrophe de ponctuation, mais considéré comme une lettre.
Le choix de l’apostrophe dans l’administration existe depuis longtemps pour des raisons pratiques (usage fait sur des systèmes en français et non en tahitien et non accepté par le gouvernement de Polynésie française, les administrations locales affichant volontairement la vraie lettre[C'est-à-dire ?] chaque fois que possible pour marquer le caractère spécifique et indigène des langues polynésiennes)[réf. nécessaire]. Son utilisation par l'INSEE ne constitue ni une recommandation ni une obligation pour le tahitien ou pour l'orthographe véritable[C'est-à-dire ?], sa présentation variant fortement d'une police à l'autre[Quoi ?].
En toponymie géographique, l'IGN a préféré le choix (transitionnel) de l’apostrophe culbutée, mais les cartographies imprimées par l'IGN pour la vente locale en Polynésie affichent le caractère réel[C'est-à-dire ?] chaque fois que possible, comme nombre de guides touristiques et panneaux indicateurs.
L'identité de la lettre ʻeta est très différente de celle de l'apostrophe française (qui ne sera utilisée que pour accéder à certaines données administratives)[Quoi ?].[réf. nécessaire]
De plus, la forme traditionnelle de la lettre tahitienne ʻeta semble différer de celle de l’apostrophe culbutée choisie pour le tongien ; la letttre tahitienne apparait souvent tournée de 90°[Par qui ?], en une forme intermédiaire entre l’apostrophe culbutée et l’apostrophe française. Le choix de ce glyphe particulier pourrait correspondre à la volonté locale de contenter les partisans des deux formes qui peuvent l'interpréter comme une variante glyphique consensuelle de l’une ou l’autre. Or, aucune des deux n'admettent une telle variante qui pourrait être traitée de façon ambiguë entre les deux lettres modificatives candidates (apostrophe ou apostrophe culbutée).[Quoi ?] Cette forme alternative n'a pas de codage propre dans Unicode.[réf. nécessaire]
Aussi, il n'est pas certain qu'on puisse identifier l’ʻeta du tahitien (ou les formes équivalentes des langues polynésiennes françaises) de la même façon[Quoi ?], ce qui justifierait un codage séparé (alors que le wallisien et le tongien ont de fortes similitudes et des racines morphologiques et phonétiques communes et sont presque la même langue mais ont un alphabet différent). Par ailleurs, les diacritiques utilisés en Polynésie française diffèrent de ceux des communautés polynésiennes anglophones. Cela constitue deux systèmes d’écriture distincts, et donc deux orthographes séparées pour les mêmes racines orales.[réf. nécessaire]
L'Académie marquisienne préconise un simple accent grave sur la voyelle même (à, è, ì, ò, ù).
Pourtant le nom officiel en marquisien de l'Académie marquisinne utilise une lettre okina en forme de virgule culbutée (ʻ : U 02BB), telle qu'apparue au Journal officiel de la République française pour sa création.
Le même choix a été officialisé pour la dénomination en tahitien de l'Académie tahitienne. Le gouvernement de la Polynésie française continue à soutenir une représentation maintenant l'identité de la lette okina (ou eta) et pour les autres langues austronésiennes (avec le soutien également du gouvernement de Nouvelle-Calédonie), y compris le wallisien, le futunien et le javanais (bien que le javanais parlé en Indonésie ne l'utilise pas), et non un signe diacritique ou une ponctuation.
Le samoan
modifierLe samoan emploie l'okina sous le nom de virgule renversée (koma liliu). Il est expressément recommandé depuis 2012 bien que son usage initial remonte au XIXe siècle. Il est souvent remplacé par une apostrophe dans les textes publiés et n'a pas été systématiquement employé entre 1962 et 2012.
La lettre nommée localement fakamoga (« faiseur de toux »).
L'utilisation et le codage sont les mêmes qu'au tahitien.
En Nouvelle-Zélande, la glottale occlusive n'est prononcée que dans les variantes dialectales de Wanganui et du Taranaki bien qu'avec la standardisation du māori de Nouvelle-Zélande, sa notation tend à disparaître au profit du « h ».
Appelé « 'amata » (« hamsah ») ou « 'akairo 'amata » (« marque du hamsah »), il est rarement noté, bien que la glottale occlusive soit phonologiquement pertinente. Voir Phonologie du māori (îles Cook).
Autres approximations
modifierOn trouve diverses autres approximations palliatives (non recommandées) dans toutes les langues polynésiennes :
- le caractère Unicode
U 2018
‘ TURNED APOSTROPHE-QUOTE (guillemet-apostrophe simple de gauche, souvent en forme de chiffre 6 par rotation à 180° de l'autre guillemet-apostrophe simple de droite) ; caractère généralement très bien supporté, mais l’apparence (droite ou courbée, lisse ou d'épaisseur variable, avec ou sans tête en boule, ou en forme de coin) et même l'orientation varient d'un style de police à l’autre, ce qui ne facilite pas la distinction et peut perturber la conversion automatique des apostrophes simples en apostrophes typographiques. - le caractère Unicode
U 0060
` GRAVE ACCENT (accent grave avec chasse) ; cet usage est incorrect mais encore assez courant puisqu'il est compatible avec le codage ASCII (code 96 en décimal). - le caractère Unicode
U 00B4
´ ACUTE ACCENT (accent aigu avec chasse) ; cet usage est incorrect mais encore assez courant puisqu'il est compatible avec le codage ISO/CEI 8859-1 ou Windows 1252 (code 180 en décimal).
Certains auteurs font une approximation par transcription phonétique, ce qui n’est pas forcément correct pour l’API dont les symboles suivants proviennent initialement :
- le caractère Unicode
U 0294
ʔ LATIN LETTER GLOTTAL STOP (lettre latine coup de glotte) ; cet usage est incorrect et son apparence (en forme de point d’interrogation sans point) est trop éloignée de la lettre polynésienne originale, et la lettre réservée normalement à l’API se confond trop facilement avec un point d’interrogation. - le caractère Unicode
U 02C0
ˀ MODIFIER LETTER GLOTTAL STOP (lettre modificative coup de glotte) ; cet usage est très proche de ce qui serait souhaité pour le tahitien, mais son support est très limité et est plutôt réservé à l'API ou la transcription phonétique de langues sans orthographe.
Bibliographie
modifier- (en) Eseta Magaui Tualaulelei, Fepuleai Lasei John Mayer et Galumalemana A Hunkin, « Diacritical Marks and the Samoan Language », The Contemporary Pacific, vol. 27, no 1, , p. 183-207 (DOI 10.1353/cp.2015.0007, lire en ligne)
Voir aussi
modifierLiens externes
modifier- (en) Okina, description complète et discussion des alternatives possibles sur la Wikipédia anglophone.