Nouvelle objectivité

mouvement artistique

La nouvelle objectivité (en allemand : Neue Sachlichkeit) est un mouvement artistique, actif entre 1918 et 1933. Il se développe en Allemagne dans les années 1920 et succède à l'expressionnisme, dont il découle par bien des aspects. La nouvelle objectivité embrasse toutes les disciplines.

Histoire du mouvement

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Contexte historique

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La Nouvelle Objectivité se développe dans plusieurs grandes villes allemandes[1]. La situation du pays est alors catastrophique[1] : l'Allemagne a perdu la Première Guerre mondiale. Elle doit payer de lourdes réparations. Elle compte plus de deux millions de soldats tués ou disparus. Sur le plan politique, la république de Weimar est née dans un contexte révolutionnaire. Lors des premières années, elle doit lutter contre des révoltes de gauche et de droite (1919-1923). La monnaie allemande s'effondre, provoquant l'hyperinflation de 1923. Dans les rues, le désordre est provoqué par des bagarres, opposant communistes et nazis.

Contexte artistique

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Le début du XXe siècle est marqué par l'épanouissement de l'art moderne : les artistes rejettent les traditions passées et ont tendance à s'éloigner de la narration et de la figuration pour aller vers l'abstraction.

La république de Weimar (1918-1933) est une période d'essor artistique en Allemagne. Cet essor est interrompu par l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et des nazis en 1933. Entre 1918 et 1923, en peinture, l'expressionnisme domine ; il est ensuite relayé, à partir de 1923, par le courant de la Nouvelle Objectivité. L'expressionnisme produit encore quelques chefs-d'œuvre, comme le Metropolis de Fritz Lang, en 1927. En architecture, le Bauhaus, institut des arts et des métiers, fondé en 1919, s'oriente vers des projets d'architecture fonctionnelle.

Genèse de la Nouvelle Objectivité

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Dans ce contexte, la Nouvelle Objectivité réunit alors beaucoup de grands artistes et intellectuels qui, provenant souvent du mouvement dadaïste, ont fortement pris conscience de leur responsabilité politique et de leur « devoir contestataire ».

Cette appellation a été inventée en 1925, à l'occasion d'une exposition très médiatisée et qualifiée de post-expressionniste, qui s'est tenue à la Kunsthalle de Mannheim[2]. Les principaux artistes exposants sont Max Beckmann, Otto Dix, George Grosz , Alexandre Kanoldt, Georg Schrimpf et Niklaus Stoecklin.

La Nouvelle Objectivité n'a ni programme ni manifeste[1], contrairement au surréalisme qui se développe à la même époque en France. Elle se divise toutefois en deux branches bien distinctes qui, chacune à sa manière, affichent une même volonté, après certains débordements expressionnistes, de revenir au réel et au quotidien. Le clivage s'inscrit d'abord sur le plan politique : la branche dite « de droite », raccordée à Karlsruhe et Munich, retourne ainsi à un classicisme harmonieux et intemporel alors que, la branche de gauche, centrée sur « Berlin la rouge », s'engage radicalement dans une vision froide et cynique de la société[3]. Vers 1930, le mouvement dépasse les frontières de l'Allemagne.

Cependant, outre ce clivage politique, trois courants formels se distinguent. Ils peuvent être qualifiés de :

  • vériste : ancré dans le politique et le social, donnant des représentations entre cynisme et cruauté ;
  • classique : le peintre Giorgio De Chirico, rattaché au surréalisme, en est quasiment l'archétype ;
  • magico-réaliste : introduit par Franz Roh, ce troisième courant interne constitue parfois un pont avec le surréalisme (veine fantastique, sciences parallèles, irrationnel, etc.).

D'un point de vue global, la Nouvelle Objectivité se caractérise par une volonté de représenter le réel sans fard. « Entre jugement et constat », elle tend un miroir froid à la société malsaine et corrompue de l'après-guerre. L'art lui sert d'arme. Formellement, le mouvement se caractérise par l'emploi d'un dessin précis plus que par l'utilisation de couleurs, contrairement à l'expressionnisme[4].

En photographie, ce mouvement s'est caractérisé par sa forte dimension sociale et son refus du pictorialisme.

En peinture, les mêmes préoccupations sociales aboutissent à des œuvres parfois aux limites de la caricature.

D'autres domaines comme le cinéma, la littérature, la musique, le graphisme et l'art décoratif s’entrouvrent à la Nouvelle Objectivité.

Liés à la république de Weimar, les artistes de la Nouvelle Objectivité sont nombreux à être pointés du doigt comme « artistes dégénérés » par le régime nazi. C'est d'ailleurs pourquoi le mouvement s'éteint en 1933, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir. De nombreux artistes choisissent alors l'exil.
Le musée Correr de Venise consacre une grande exposition à la Nouvelle Objectivité ( - ), reprise au LACMA, Los Angeles, du au [5].

En France, les premières expositions consacrées à ce courant se sont tenues à Saint-Étienne et à Chambéry en 1974.[réf. nécessaire] Il y eut ensuite l'exposition "Paris-Berlin 1900-1933" de 1978 (M.N.A.M. Paris) dans laquelle la Nouvelle Objectivité fut très présente[6].

Artistes de la Nouvelle objectivité

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Paul Wolff

La Nouvelle Objectivité au cinéma

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Torrebenn recense dix films pouvant être rattachés à la Nouvelle Objectivité[8] :

Expositions

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  • 1925 : Neue Sachlichkeit. Deutsche Malerei seit dem Expressionismus, Kunsthalle, Mannheim
  • 1929 : Tentoonstelling van de Onafhankelyken, Stedelijk Museum, Amsterdam
  • 2018 : Neu. Sachlich. Schweiz. Malerei der Neuen Sachlichkeit in der Schweiz, Museum Oscar Reinhart, Winterthour[réf. nécessaire]
  • 2018 : Nouvelle Objectivité en Suisse, Musée des beaux-arts, La Chaux-de-Fonds
  • 2022 : Allemagne 1920 la nouvelle objectivité, centre Pompidou, Paris
  • 2024 : Die Neue Sachlichkeit – Ein Jahrhundertjubiläum, Kunsthalle, Mannheim
  • 2024 : Sachlich neu, Reiss-Engelhorn-Museen, Mannheim

En France

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De nombreux artistes furent influencés par la Nouvelle Objectivité dont Balthus, Salvador Dalí (dès 1924)[pas clair], Auguste Herbin, Lisa Krugell et Quentin Spohn..

En Suisse

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Des artistes tels que Arthur Riedel, Niklaus Stoeklin, Johannes Robert Schürch, en Suisse-allemande et les frères François Barraud, Charles Barraud, Aurèle Barraud et Aimé Barraud ou Charles Humbert et Erich Hermès en Suisse romande ont pris part à ce mouvement.

Galerie

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Références

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  1. a b et c Philippe Dagen et Françoise Hamon, Histoire de l’art, époque contemporaine, XIXeXXIe siècle, Paris, Flammarion, , p. 372-373
  2. Jean Luc Daval, Journal des avant-gardes, les années vingt, les années trente, Genève, Skira, , p. 124
    Le titre de l'exposition est La nouvelle objectivité. La peinture allemande depuis l'expressionnisme.
  3. Cette distinction est faite dès 1925 par le critique Gustav Friedrich Hartlaub, dans la préface du catalogue de l'exposition à la Kunsthalle de Mannheim. cf. Jean-Luc Daval.
  4. « Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité) [Mouvement] Lexique », sur mam.st-etienne.fr
  5. « Nouvelle Objectivité. L'Art en Allemagne lors de la République de Weimar 1919-1933 / Nuova Oggettività. Arte in Germania al tempo della Repubblica di Weimar 1919-1933 // Musée Correr, Venise », sur lecurieuxdesarts.over-blog,
  6. Marcel-André Stalter, Neue Sachlichkeit (die) La Nouvelle Objectivité, vol. Dictionnaire des courants picturaux, Paris, Larousse, , 448 p. (ISBN 2-03-740061-6), pp. 268-270.
  7. (en) « Otto Weber », sur wikidata.org (consulté le ).
  8. « La "Neue Sachlichkeit" (Nouvelle Objectivité) sous la République de Weimar, liste de dix films », sur www.vodkaster.com

Voir aussi

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Bibliographie

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Filmographie

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Articles connexes

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Liens externes

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