Néo-rétro

style ou tendance en design, caractérisé par un mélange de styles nouveau et ancien

Néo-rétro (de néo [nouveau] et rétro [ancien]) est un style ou une tendance en design, caractérisé par un mélange de styles nouveau et ancien[1], variante des styles rétro, vintage, Streamline Moderne, Kustom Kulture, ou rétrofuturiste. Ce style s'inscrit plus largement dans le mouvement néoclassique et postmoderne.

Étymologie

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Néo, du grec ancien néos (« nouveau ») qui exprime la nouveauté[Note 1].

Rétro, qui appartient au passé[Note 2], style rétro, reprenant des codes anciens en design, arts, musiqueetc.

Exemples de véhicules néo-rétro

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Ce style s'applique à des objets, voitures, motos, arts plastiquesetc., à base de mélanges souvent nostalgiques de formes et de concepts aux charmes anciens, souvent iconiques ou emblématiques d'une époque rétro ou vintage, associés à des formes et concepts de technologies et de design modernes.

Automobiles

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Les constructeurs automobiles présentent régulièrement des modèles de style néo-rétro (concept car ou modèles de série) qui reprennent des lignes stylistiques de modèles iconiques ou emblématiques de l'histoire de la marque, ou de marques anciennes disparues. Ce style inspire également le monde de la Kustom Kulture, du tuning, et du custom. Par leur valeur symbolique et émotionnelle, ainsi que leur forte personnalité, les voitures néo-rétro tranchent avec la plupart des autres modèles contemporains, plus anonymes les uns que les autres sur le plan du style[2]. Butiner des idées dans l’histoire de l'automobile est une habitude ancienne. Plusieurs designers américains s’y sont amusés, de Brooks Stevens avec la Gaylord et les Excalibur, à Virgil Exner et ses « revivals » de Mercer, Duesenberg ou Stutz[2]. Cependant, ce n'est qu'à la fin des années 1990 et au début des années 2000 que cette tendance prend vraiment de l'ampleur. Avant cette période, c'est plutôt le modernisme et le progrès qui sont plébiscités, les voitures plus anciennes n'étant pas forcément bien vues : moins de confort, moins de style, idée d'obsolescence et envie d'aller de l'avant. C'est avant tout l'innovation et la nouveauté qui sont alors demandés, pas de ressasser continuellement un passé qui avait fini par lasser[3]. À l'inverse, avec la normalisation et la fadeur des véhicules des années 80-90, le public a été rapidement ennuyé par toutes ces carrosseries carrées sans aspérité ni charme. Ce que le futur avait amené était finalement plus ennuyeux et plus fade que ce que l'on avait vu par le passé. En effet, en regardant dans le rétroviseur on s'aperçoit vite que les véhicules d'antan étaient de véritables petites œuvres d'art, avec des personnalités bien plus affirmées et des lignes plus originales et moins agressives[3].

Par leur appétit pour le néo-rétro, les constructeurs semblent reconnaître que le passé était parfois plus abouti que le présent en terme d'offre stylistique. Loin des normes techniques et commerciales, les créations du passé laissaient plus de libertés à leurs auteurs, avec comme résultat plus de diversité et de pluralisme dans la forme et la conception[3]. Les esprits étaient plus libres et moins formatés avec moins de contraintes techniques et légales (sécurité et pollution), moins d'apriori sur ce que doit être un véhicule, car le marché était plus jeune donc ouvert à plus de perspectives, et moins de pression commerciale qui vise à ne fabriquer que ce qui se vend bien, en évitant les produits de niches originaux. La normalisation a tué la créativité et l'originalité ainsi que les aspérités[3].

De nos jours, même s'il existe encore de jolies choses à la fois désirables et originales, il y une normalisation généralisée des styles et des proportions qui fait que toutes les voitures se ressemblent désormais. Les lignes et carrosseries se rejoignent toutes car pour être performant en terme d'aérodynamisme et de sobriété (Cx) tout comme de sécurité (crash-test et collision piéton), la conception d'un véhicule est contrainte à certaines formes. Il n'y a pas mille manières de faire pour avoir de bons résultats. Les voitures actuelles doivent entrer dans un prisme de plus en plus étroit avec un champ des possibles qui se réduit au fur et à mesure[3].

Pour autant, appliquer le style d'un modèle ancien sur une voiture moderne n'est pas une mince affaire, car il faut tenter de conserver les gables tout en les asservissant aux normes actuelles. Ces deux objectifs sont relativement antagonistes avec la performance énergétique et sécuritaire. C'est tout le talent du designer qui permet de conserver l'ADN d'origine avec plus ou moins de réussite, car le but est de rappeler les anciennes tout en bénéficiant d'un taux de pénétration dans l'air peu contraignant[3]. La première utilité du néo rétro est de donner du charisme et de la personnalité à des voitures qui les ont un peu perdu. À l'époque actuelle où la surabondance d'offre induit beaucoup de modèles sans âme, utiliser le néo rétro permet de conférer de la matière et de l'épaisseur aux modèles qui en bénéficient. En matière de style automobile, l'histoire apporte de la consistance[3].

Une déclinaison qui existe depuis plus de cinq décennies est plus valorisante qu'une voiture qui vient juste de sortir et qui a tout à prouver. Pour un acheteur potentiel, une Volkswagen Golf rassure plus qu'une Hyundai i30 par exemple. Le long passif rassure quant aux qualités d'un modèle qui a forcément été bon pour tenir aussi longtemps[3].

Le monde la Moto connaît également un engouement pour la mode Néo-Rétro comme en témoignent des modèles tels que la Triumph Thruxton, les Honda CB 1000 R et CB 650R, les BMW R9T et R18 ou encore les Kawasaki W650, Z 650RS et Z 900RS.

Le néo-rétro c'est la tendance principale depuis 2010 en matière de deux-roues motorisés. Certaines catégories de motos, notamment les pures sportives, connaissent des heures difficiles, tandis que le charme de l'ancien a opéré un retour en grâce auprès des utilisateurs[5].

Dans le secteur de la moto, tout comme pour l'automobile, le terme de néo-rétro désigne les productions modernes arborant une esthétique ou des éléments vintage[5].

Le néo-rétro qualifie initialement une moto, ou un scooter, à la mécanique et aux technologies modernes associées à un design qui renvoie à une époque donnée, le plus souvent celle de l'âge d'or de la catégorie de moto en question. La réinterprétation des productions est cependant très variable d'une marque à l'autre. On retrouve aussi bien des machines au look calqué sur celui de l'époque, comme des design modernes et remis au goût du jour. Il en va de même pour les mécaniques qui se montrent parfois très sophistiquées, mais restent également sur des standards relativement dépassés. Il existe un peu de tout dans l'univers de la moto. Certaines marques sont très portées sur le rétro alors que d'autre sont plus sur le néo[5].

Il est également difficile dater exactement l'arrivée de ces néo-rétro sur le marché car certaines marques historiques n'ont jamais discontinué leur production et restent dans la droite ligne de ce qu'ils ont toujours fait. C'est notamment le cas des Harley-Davidson dont les customs conservent la même esthétique, des scooters Vespa ou encore des Royal Enfield qui sont restés quasi identiques en look depuis les années 1950[5].

Notes et références

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  1. « néo- », sur fr.wiktionary.org.
  2. « rétro », sur fr.wiktionary.org.

Références

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  1. « Définition : néo-rétro », sur lerepairedesmotards.com.
  2. a et b Serge Bellu, « DESIGN by BELLU : Ambiguïté postmoderne », sur Caradisiac, (consulté le ).
  3. a b c d e f g et h « Le phénomène du néo rétro ( compilation de modèles) », sur www.fiches-auto.fr, (consulté le ).
  4. « New Stratos », manifatturaautomobilitorino.com,
  5. a b c et d « Définition : Néo-rétro - Le charme de l'ancien/vintage associé aux technologies modernes - La tendance du vintage en vogue du début du 21e siècle », sur www.lerepairedesmotards.com, (consulté le ).

Voir aussi

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Liens externes

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