Miriam Cahn
Miriam Cahn, née le à Bâle, est une peintre, dessinatrice, photographe, performeuse et sculptrice suisse[1].
Naissance | |
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Lieu de travail |
Berlin () |
Père |
Herbert Cahn (en) |
Distinctions |
Karl Ströher Award (d) () Prix Oskar Kokoschka () |
Biographie
modifierFamille
modifierMiriam Cahn naît en 1949 à Bâle. Son père, Herbert Adolf Cahn (de), est un archéologue et numismate allemand issu d'une famille juive de Francfort.
La famille émigre en Suisse en 1933. En 1953, elle vit à Rome.
La sœur cadette de Miriam Cahn se suicide à l'âge de 20 ans[2].
Études
modifierDe 1968 à 1973, Miriam Cahn fait ses études à l'école de design de Bâle auprès d'Armin Hofmann dans la section graphisme[3]. Elle s'engage lors de cette période dans les mouvements féministes et écologistes[4]. À sa sortie elle rejette cette forme de maîtrise de l'art et retourne au dessin : « l'urgence, l'existentialité, l'émotionalité évincées par le savoir-faire me manquaient. »[réf. nécessaire]
Parcours artistique
modifier« Après la classe de graphisme, je me suis fait un plan quinquennal, c'est-à-dire je me suis donné cinq ans pour voir si l'art était vraiment ma voie. Mon père m'a donné de l'argent et je me suis juré d'arriver à vivre de mon art à la fin de cette période. J'ai regardé comment travaillaient les galeries, entre autres à la foire Art. J'ai donné un carnet de dessin à la galerie Stampa. Puis en 1976, j'y ai fait ma première exposition. Ce fut le début. »
— Miriam Cahn, Zeichnen/drawing/dessiner[5]
Miriam Cahn commence par utiliser le fusain et la craie[6]. Elle fait essentiellement des dessins au fusain, à grande échelle sur papier et parfois à même les murs, à l'intérieur dans les espaces d'expositions mais aussi à l'extérieur dans l'espace public qu'elle occupe spontanément et sans autorisation préalable. Son travail se développe aussi autour de la sculpture, de la performance, du son et de la photographie.
Elle représente la Suisse à la Biennale de Venise en 1984[7].
Son travail connaît une rupture formelle à la fin des années 1980 : elle commence à employer la couleur et en sus du dessin, se met progressivement à pratiquer la peinture[8], ne pouvant plus travailler au sol[6]. Elle commence par frotter les pigments de couleur sur le papier[8], puis utilise la peinture à l'huile à partir des années 1990[6]. Ce travail de peinture à l'huile en couleur est aujourd'hui emblématique de sa pratique[réf. nécessaire].
En 2017, l'exposition à Paris « Devoir-aimer », présente des silhouettes, hagardes, hydrocéphales, à la fois monstrueuses et attendrissantes. Miriam Cahn traite de sujets sociaux et politiques : conflits armés, populations vulnérables, réfugiés. Pour cela, elle fait corps avec ses sujets mettant les corps représentés à dure épreuve[9].
Depuis les années 1990, son travail se réfère de plus en plus aux grands conflits du monde (guerres de Yougoslavie, guerre du Golfe, attentats du 11 septembre 2001, printemps arabe, guerre en Ukraine)[4].
Polémiques
modifierTableau Fuck Abstraction
modifierMiriam Cahn fait l'objet en 2023 d'une polémique autour de son tableau Fuck Abstraction exposé au palais de Tokyo à Paris, qui représente une figure humaine attachée et forcée de faire une fellation à une autre figure beaucoup plus grande[10]. L'œuvre est critiquée sur les réseaux sociaux, à la suite des commentaires de Karl Zéro et de Caroline Parmentier, députée du Rassemblement national, qui l'accusent d'incitation à la pédocriminalité. Or l'artiste explique que le tableau fait référence au massacre de Boutcha, en Ukraine : « Il s’agit ici d’une personne aux mains liées, violée avant d’avoir été tuée et jetée dans la rue. La répétition des images de violence dans les guerres ne vise pas à choquer, mais à dénoncer »[11],[12]. Le tribunal administratif de Paris déboute fin les associations Juristes pour l'enfance, PornoStop, Innocence en danger et Face à l'inceste qui en réclamaient le décrochage[13], décision confirmée le par le Conseil d'État[14]. Le , Pierre Chassin, ancien élu Front national, dégrade volontairement le tableau en jetant sur la toile, non protégée d'une vitre, de la peinture violette qu'il avait dissimulée dans un flacon de médicaments pour échapper au contrôle des gardiens du Palais de Tokyo[15]. Il entendait ainsi protester contre ce qu'il perçoit comme « la mise en scène sexuelle d’un enfant et d’un adulte »[16],[17],[18].
Expositions
modifierMiriam Cahn est représentée par la galerie Jocelyn Wolff[19] à Romainville, la galerie Meyer-Riegger à Berlin et Karlsruhe (Allemagne), et la galerie Elizabeth Dee à New York (États-Unis)[20].
- Ma pensée sérielle, Paris, palais de Tokyo, du au [21].
Distinctions
modifierMiriam Cahn est notamment reconnue dans le monde germanophone[22] :
- 1984 : prix du Land de Bade-Wurtemberg ;
- 1985 : bourse d'études DAAD, Berlin ;
- 1988 : prix de la Hypobank, Genève ;
- 1996 : bourse Landis Gyr[23], Londres ;
- 1997 : prix Ströher (de), Francfort ;
- 1998 : prix Käthe-Kollwitz[24], Berlin ;
- 2001 : prix de la Fondation pour les arts graphiques en Suisse ;
- 2005 : prix Meret-Oppenheim[25] de l'Office fédéral de la culture, Suisse ;
- 2009 : prix Art Master[26], Saint-Moritz ;
- 2013 : prix Kunstkredit de Bâle (de)[27] ;
- 2014 : prix Oberrheinischen[28] (Rhin supérieur) remis par le Groupe de soutien Art Culture de la ville d'Offenbourg.
Publications
modifierNotes et références
modifier- « Miriam Cahn », sur paris-art.com (consulté le ).
- (de) Max Glauner, « Unbedingt, absolut, frei », Republik, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Kunstmuseum Bern, « Biografie Miriam Cahn » [PDF],
- Eric Tariant, « Au Palais de Tokyo résonnent les "cris" de colère de Miriam Cahn », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne , consulté le ).
- Miriam Cahn, Zeichnen/drawing/dessiner, Fribourg-en-Brisgau, Modo, 2014, p. 126 (ISBN 978-3-86833-155-4).
- Marie-Cécile Burnichon, « Miriam Cahn », artpress, no 354, , p. 93-94 (lire en ligne).
- « Le labyrinthe émotionnel de Miriam Cahn », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Peter Burri, « Miriam Cahn in an interview with Peter Burri », Art, directly, (lire en ligne).
- Judicaël Lavrador, « Les âmes vulnérables de Miriam Cahn », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- Paris : Un tableau accusé de « pédopornographie » vandalisé, Macron dénonce une atteinte « à nos valeurs », 20 minutes, 8 mai 2023
- Claire Moulène, « Une députée RN veut censurer un tableau de l’artiste Miriam Cahn au Palais de Tokyo », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- Olivier Perrin, « Miriam Cahn et l’invraisemblable polémique qui s’abat sur son expo à Paris », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Agence France Presse, « Expo à Paris: la justice derrière l’artiste suisse Miriam Cahn », sur 20minutes.ch, (consulté le )
- vajo avec ats, « Le tableau de Miriam Cahn qualifié de "pédopornographique" reste accroché à Paris », sur rts.ch, (consulté le )
- Agathe Hakoun, « Tableau de Miriam Cahn vandalisé au Palais de Tokyo : un ancien élu d’extrême droite suspecté », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
- « Une œuvre polémique de Miriam Cahn a été vandalisée au Palais de Tokyo », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « L’auteur de la dégradation de l’œuvre de Miriam Cahn au Palais de Tokyo serait un ancien élu du Front national », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- « L’oeuvre de Miriam Cahn vandalisée - La représentation de la violence dans l’art », sur France Culture, (consulté le )
- « Miriam Cahn | Galerie Jocelyn Wolff », sur galeriewolff.com (consulté le ).
- (en) Elizabeth Dee, « Miriam Cahn », sur elizabethdee.com (consulté le ).
- Voir sur palaisdetokyo.com.
- « Miriam Cahn », sur galeriewolff.com (consulté le ).
- « Landis & Gyr Stiftung | Boursiers depuis 1987 », sur lg-stiftung.ch (consulté le ).
- (de) Liste des lauréats du Käthe-Kollwitz-Preis, Akademie der Künste.
- Lauréates et lauréats - Prix Meret-Oppenheim, Office fédéral de la culture.
- « St. Moritz Art Masters: Artists 2009 », sur stmoritzartmasters.com (consulté le ).
- (de) Basler Kunstpreis, site du canton de Bâle.
- (de) Oberrheinischen Kunstpreis 2014, Städtische Galerie Offenburg.
- Format : 38 × 27 cm, 100 p., français/anglais/allemand.
Graphisme : Jocelyne Fracheboud. - « Centre culturel suisse / Events », sur ccsparis.com (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :