Massif des Albères
Le massif des Albères (en catalan : serra de l'Albera ou massís de l'Albera, en espagnol : sierra de la Albera) est un massif de montagnes qui constitue la partie la plus orientale des Pyrénées.
Massif des Albères | ||
Localisation sur la carte des Pyrénées. | ||
Géographie | ||
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Altitude | 1 256 m, Pic du Néoulous | |
Massif | Pyrénées | |
Administration | ||
Pays | France Espagne |
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Région Communauté autonome |
Occitanie Catalogne |
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Département Province |
Pyrénées-Orientales Gérone |
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Toponymie
modifierL'étymologie du mot « Albères » est problématique, par manque de documents anciens (les premiers sont datés du IXe siècle) et par le fait que plusieurs racines très fréquentes semblent correspondre à ce nom[1].
Une première hypothèse est qu'il soit issu du latin Albaria par adjonction du suffixe collectif -aria à l'adjectif albus, qui signifie « blanc », mais cette explication n'est pas satisfaisante, car le massif n'est pas de couleur blanche : rarement enneigé, il ne montrait sans doute pas, au Moyen Âge, de roches blanches, car il était couvert de forêts. Il pourrait aussi provenir de alba, l'aube, car il est le plus oriental des Pyrénées, ou encore de la racine pré-latine Alp qui se trouve dans de nombreux noms de montagnes en Europe occidentale[2].
Lluis Basseda penche pour la dernière hypothèse : la racine Alp suivie soit du collectif latin -aria ou du suffixe ibéro-basque -erri. Le terme Albera désignerait une montagne escarpée, haute mais riche en pâturage, à opposer à Corbera, utilisé pour un relief arrondi, moins élevé et couvert de buissons qu'on retrouve dans la région dans des noms comme la commune Corbère-les-Cabanes ou le massif des Corbières[1]. Cette hypothèse correspond à la disposition des lieux concernés.
Le nom apparaît pour la première fois, en latin, en 844 dans un texte du futur empereur Charles le Chauve qui mentionne un lieu situé in monte Albario. Le terme se retrouve indifféremment au singulier ou au pluriel au cours du Moyen Âge. Il finit par être fixé au singulier en catalan sous la forme Albera et au pluriel en français[2]. Ainsi, en français, l'expression « les Albères » désigne le massif, alors que L'Albère est le nom d'une commune française située dans ce massif.
Géographie
modifierTopographie
modifierLe massif des Albères est délimité à l'ouest par le col du Perthus et la rivière de Rome, qui le séparent du massif des Salines[4], à l'est par la mer Méditerranée entre Argelès-sur-Mer en France et Portbou et Llançà en Espagne. Les Albères dominent la basse vallée du Tech et la plaine du Roussillon au nord et la plaine de l'Empordà au sud. Les montagnes de la rive droite du Tech, à l'ouest, la délimitation est incertaine et presque impossible à déterminer. Au sud, le massif du cap de Creus, est parfois considéré comme faisant partie des Albères[5]. Il culmine à 1 256 mètres d'altitude au puig Neulós.
L'arête sommitale des Albères permet de délimiter la frontière entre la France et l'Espagne. Ainsi, le massif fait géographiquement partie des Pyrénées. Administrativement, il se trouve dans le département des Pyrénées-Orientales en France, et dans la province de Gérone en Catalogne (Espagne).
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Les Albères vues depuis les vignes à Saint-Génis-des-Fontaines.
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Les Albères à La Pave.
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Le puig Neulós, vu depuis le coll de l'Aranyó (899 m). Au loin, sous la neige : le massif du Canigou.
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Sur l'arête sommitale des Albères entre le puig dels Quatre Termes et le puig de Sallfort.
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Le massif des Albères, côté sud, province de Gérone en Catalogne (Espagne). En bas, au centre : le château de Requesens.
Géologie
modifierLe massif des Albères se trouve à l'extrémité orientale de la zone axiale de la chaîne de montagnes des Pyrénées. Cette zone est principalement constituée de formations paléozoïques et plus anciennes (datant d'environ 550 Ma à environ 300 Ma) qui affleurent dans une large ceinture allant de l'ouest vers l'est, des Hautes-Pyrénées au massif du Canigou et à la Côte Vermeille, en passant par l'Andorre[6].
Dans le massif des Albères, les deux principaux groupes de formations sont les formations métamorphisées d'origine sédimentaire (notamment les schistes), et les formations d'origine plutonique (principalement granites et gneiss)[7].
Sur son versant nord, la faille des Albères (qui s'étend approximativement d'ouest en est depuis les environs du Boulou jusqu'aux environs d'Argelès) marque une limite géologique et topographique nette entre les formations paléozoïques et plus anciennes du massif des Albères et les dépôts néogènes du bassin de Roussillon[8].
De souche géologique principalement siliceuse, ce massif produit des sols acides ; d'où la présence de maquis et non de garrigues (présentes sur sols calcaires).
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Affleurement schisteux à l'est de La Jonquera.
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Affleurement granitique à l'est de La Jonquera.
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La crête de la tour Madeloc (« grès de la Tour Madeloc [...] d'affinité volcanosédimentaire » - Édiacarien)[10].
Climat
modifierLe climat méditerranéen se traduit par une végétation dominante de chêne-liège et de maquis. En altitude, la forêt de hêtre s'est maintenue. Des mesures de protection ont été mises en œuvre pour ce massif avec notamment une réserve naturelle pour la forêt de la Massane.
Histoire
modifierPréhistoire
modifierAntiquité et haut Moyen Âge
modifierLes Albères ont été un point de passage vers la péninsule ibérique depuis l'Antiquité, comme l'attestent les vestiges romains de la Via Domitia et les ruines du col de Panissars.
Un sanctuaire gréco-romain a existé au site de la Fajouse, sur l'actuelle commune d'Argelès-sur-Mer[11].
Période féodale
modifierAu Moyen Âge, elles ont été un point-clef dans la défense de la région (notamment du royaume de Majorque aux XIIIe siècle et XIVe siècle), comme l'attestent les tours à signaux de Madeloc et de la Massane, et les restes du château d'Ultrera.
Les Espagnols y furent vaincus par Dugommier les 27 et [12].
Activités
modifierPatrimoine culturel et touristique
modifierLes Albères possèdent un patrimoine non dénué d'intérêt. Outre la beauté des paysages, l'Histoire a laissé de nombreuses traces, allant de la Préhistoire à aujourd'hui.
Le col de Panissars et le col du Perthus sont des points de passage millénaires entre la péninsule Ibérique et la France, il y reste de nombreux vestiges datant de l'Antiquité : complexe fortifié des Cluses, tracé de la Via Domitia, vestiges du trophée de Pompée au col de Panissars.
Fortifications médiévales :
- la tour Madeloc et la tour de la Massane (anciennes tours à signaux du XIIIe siècle) offrent toutes deux un remarquable point de vue sur la plaine littorale et la côte ;
- le château d'Ultrera, dont les ruines remontent pour partie à l'Antiquité.
Les monuments religieux :
- le massif abrite plusieurs constructions religieuses remontant pour la plupart à l'époque préromane, ce qui les rend très intéressantes des points de vue archéologique et historique ;
- on peut citer l'ancien ermitage Notre-Dame du Château d'Ultrera (XVIIIe siècle), l'ancienne abbaye cistercienne de Valbonne (propriété privée et non visitable), la chapelle Saint-Martin du hameau de Lavall (La Vall), les chapelles de Laroque, … ;
- et bien sûr, les trois monuments incontournables : les anciennes abbayes de Saint-Génis-des-Fontaines et de Saint-André (Pyrénées-Orientales), ainsi que l'ancien prieuré Sainte-Marie du Vilar de Villelongue-dels-Monts.
Autres sites :
- le tombeau de Maillol, qui se situe à Banyuls-sur-Mer ;
- le jardin méditerranéen du Mas de la Serre à Banyuls-sur-Mer.
Sites touristiques et sportifs de nature
modifierDécollages de vol libre :
- Puig Naud (ND du Château).
Sites d'escalade :
- Le Rimbau, proche de Collioure, un site historique de l'escalade dans le département et actuellement principalement équipé de voies faciles[13] ;
- Le rocher de la Massane, ancien site des années 1960 ;
- Notre-Dame du Château, site le plus connu du massif[14] ;
- le roc Fouirous, situé proche du col de l'Ouillat[15] ;
- le roc du Midi ;
- le puig de Sant Cristau.
Navigation et canoë-kayak :
- la Massane (haute rivère) ;
- zones côtières (mer).
Notes et références
modifier- Basseda 1990, p. 293, 294
- Lacombe Massot et Tocabens 2000, p. 11.
- « Carte topographique » sur Géoportail.
- André Suchet, « Le massif des Albères entre avant-pays et arrière-pays : précisions géographiques », Cahiers de la Rome, AsPaVaRom, Association pour le Patrimoine de la Vallée de la Rome, no 28, , p. 20-31
- Lacombe Massot et Tocabens 2000, p. 8.
- M. Padel, S. Clausen, J.J. Álvaro, J.M. Casas, « Review of the Ediacaran-Lower Ordovician (pre-Sardic) stratigraphic framework of the Eastern Pyrenees, southwestern Europe », Geologica Acta, Vol. 16, no 4, décembre 2018, pages 339-355 {{DOI: 10.1344/GeologicaActa2018.16.4.1}} (Figure 1).
- « Carte géologique » sur Géoportail. Avec B. Laumonier et al., notice explicative de la feuille Argelès-sur-Mer - Cerbère (1097) à 1/50 000, BRGM Éditions, Orléans, 2015, ficheinfoterre.brgm.fr, consulté le 22 décembre 2022.
- Marc Calvet, Magali Delmas, Yanni Gunnell, Bernard Laumonier, Geology and Landscapes of the Eastern Pyrenees, Springer International Publishing, Édition du Kindle, 2022, pages 314-333.
- Les roches qui affleurent dans et au-dessus du lit de la rivière près de La Vall sont bien connues des géologues pour leurs remarquables formations gneissiques, et pour plusieurs veines minéralisées "exceptionnelles" d'origine magmatique. Ces derniers ont été injectés dans le gneiss environnant lors de l'orogenèse hercynienne, il y a environ 300 millions d'années. On trouve dans ces filons des minéraux tels que almandin, béryl et colombo-tantalite. Voir : Élisabeth Le Goff, Marc Calvet, Anne-Marie Moigne, Curiosités géologiques des Pyrénées-Orientales, Orléans, BRGM Éditions, 2018 (ISBN 978-2-7159-2660-8), site 20, « Le champ filonien du Val de la Massane », pages 94-95. Voir aussi : Lavail (La Vall) sur www.mindat.org.
- B. Laumonier et al., ficheinfoterre.brgm.fr Notice explicative de la feuille Argelès-sur-Mer - Cerbère (1097) à 1/50 000, BRGM Éditions, Orléans, 2015, page 22.
- Les vestiges d'un sanctuaire gréco-romain mis au jour sur la commune dans les Albères, L'Indépendant, 7 août 2013
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang, « Albérès », dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang, t. 1, Librairie Hachette, (lire sur Wikisource), p. 35.
- Le Rimbau, camptocamp.org
- Notre-Dame du Château Ultréra, camptocamp.org
- Roc Fouirous, camptocamp.org
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t. 1, Prades, Revista Terra Nostra, , 796 p.
- Jean-Pierre Lacombe Massot et Joan Tocabens, L'Albera : 2000 ans d'histoire et plus..., Perpignan, Sources, , 400 p. (ISBN 2951593708)
- Thierry Baumgarten, François Herbert, Escalade au Roc Fouirous, Saint-Martin-d'Albères, années 1980.
- Thomas Dulac, Pascal testas, Les Pyrénées du Levant.
- (ca) « Serra de l'Albera », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
- (ca) « La serra de l'Albera », dans L'Història natural dels Països catalans (lire en ligne)
- Fiche FR9101483 - Massif des Albères
- « Le massif des Albères », sur Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, Diren Languedoc-Roussillon - Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
- « La côte rocheuse des Albères et son vignoble », sur Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, Diren Languedoc-Roussillon - Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes