Martin Ruzé de Beaulieu

personnalité politique française

Martin Ruzé de Beaulieu, seigneur de Beaulieu, de Longjumeau et de Chilly, né à Tours vers 1526[1] et mort à Paris le , est un homme politique français de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, qui fut secrétaire d'État de la Maison du roi (ou secrétaire du roi) sous Henri III, Henri IV et Louis XIII[2].

Martin Ruzé de Beaulieu
Fonction
Secrétaire d'État de la Guerre
-
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
ToursVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Sépulture
Tombeau de Martin Ruzé de Beaulieu, seigneur de Chilly, secrétaire d'État (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Famille
Père
Fratrie
Autres informations
Propriétaire de
Distinctions

Biographie

modifier

Martin Ruzé de Beaulieu était le petit-fils de Guillaume III Ruzé († 1504), conseiller au Parlement, et de Catherine Briçonnet (fille d'André Briçonnet) ; il était le fils d'un autre Guillaume IV Ruzé, seigneur de Beaulieu, receveur général de Touraine, maire de Tours en 1534[3]. Il avait un frère, également prénommé Guillaume Ruzé (né vers 1520 et mort le [4]), qui fut conseiller et confesseur des rois Henri II, Charles IX et Henri III, et qui sera nommé évêque de Saint-Malo en 1570, puis évêque d'Angers le [5].

Il commença sa carrière dans l'entourage du roi en 1551, auprès d'Henri II. De 1571 à 1588, il fut général superintendant des munitions et des vivres[6]. En 1573-1574, il est secrétaire ordinaire du roi de Pologne et en cette qualité, il contresignait et posait le sceau royal sur les lettres du roi[7]. En , il est nommé cinquième secrétaire d'État[8].

Martin Ruzé devient, le , conseiller du roi et secrétaire de ses finances[9] et des commandements de la reine-mère (Catherine de Médicis)[10]. En 1578, après la résignation de Louis Vallée, il fut pourvu de la charge de contrôleur de la Chancellerie.

Le , à Blois, Martin Ruzé de Beaulieu et Louis Revol, « hommes fidelles de saine reputation desinteressez et accoustumez a le servir de leurs premières années bien que toutesfois en matiere d'affaires de Cour et de Conseil, ils n'eussent jamais passé pour habiles » (Enrico Caterino Davila, « Histoire des guerres civiles de France »), ont été choisis par le roi Henri III pour remplacer Nicolas de Neufville, marquis de Villeroy, Pierre Brûlart et Claude Pinart, « chassez d'aupres de sa personne le 8e jour de  ».

Le , il est nommé grand trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit en remplacement de l'ancien secrétaire d'État Nicolas de Neufville, marquis de Villeroy, tombé en disgrâce, et il conserva cette charge jusqu'à sa mort[11].

Le , Martin Ruzé de Beaulieu installa, au nom d'Henri III, Philippe Duplessis-Mornay dans la charge de gouverneur de Saumur. La cérémonie se déroula devant la porte de la Tonnelle : Florent de Lessart, l'ancien gouverneur, fidèle d'Henri III apporta les clefs de la ville, mais, par dépit ou par honte, il les laissa tomber à terre. C'est le secrétaire du roi, Ruzé de Beaulieu, qui alors les ramassa et les présenta au nouveau gouverneur[12].

En 1590, lorsque Henri IV assiégea vainement Laon, fidèle au parti de la Ligue qui avait alors pour chef le duc de Mayenne, le roi avait auprès de lui Martin Ruzé de Beaulieu, Louis Potier de Gesvres et Louis Revol, tandis que Pierre Forget de Fresnes se trouvait à Paris. Il a été établi que Ruzé d'un côté, Forget de l'autre, ont fait de temps en temps des navettes entre les deux villes, assurant ainsi la liaison entre le roi et les organes parisiens du gouvernement et de la haute administration.

En 1596, Martin Ruzé de Beaulieu achète les terres de Chilly-Longjumeau à Michel III de Gaillard (petit-fils de Michel). N'ayant pas d'enfant, Martin Ruzé légua ses biens à Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d'Effiat, son petit-neveu, qui deviendra par la suite surintendant des Finances (1626), puis Maréchal de France (1631) (père, entre autres enfants, du malheureux Cinq-Mars).

En 1601, sous le règne d'Henri IV, Martin Ruzé, seigneur de Beaulieu, est nommé Grand-maître des mines, et Pierre de Beringhen, contrôleur-général. Sully leur ordonne de former une commission chargée de faire des études et de diriger les fouilles minières dans le royaume de France.

Le , Martin Ruzé de Beaulieu obtient d'Henri IV qu'on lui adjoigne Antoine de Loménie, conseiller du roi en ses Conseils, secrétaire du Cabinet, qui avait été longtemps son premier commis, pour le soulager dans sa tâche, en raison de son âge. Les lettres patentes données à Paris ce jour portent que « le Roy donne audit sieur de Lomenie ledict estat et office de son Conseiller secretaire d'Estat et de ses commandemens et finances que tenoit ledict sieur de Beaulieu a condition de survivance et sans que ledit de Lomenie peust pretendre aucuns gages et proffictz y appartenans durant la vie dudict sieur de Beaulieu auquel ils appartendroient entierement, les provisions sont pures et simples et non par commission comme celles dudict sieur de Beaulieu ».

Le , il institue par testament pour héritiers universels ses petits-neveux Antoine Coëffier d’Effiat (1581-1632), petit-fils de sa sœur Bonne Ruzé, et Martin de Rueil (1576-1623), petit-fils de son autre sœur Marie Ruzé, à la condition qu'ils prennent le nom et les armes de Ruzé[13],[14].

Martin Ruzé, sieur de Beaulieu, remplit sa tâche jusqu'à son décès le .

Le tombeau en marbre noir, surmonté d'une statue représentant le défunt agenouillé, de Martin Ruzé de Beaulieu, seigneur de Chilly, peut être vu dans l'église Saint-Étienne de Chilly-Mazarin. Ce tombeau est classé en tant qu’objet monument historique[15].

Notes et références

modifier
  1. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, vol. 19, [lire en ligne], p. 870. Il serait plutôt né vers 1529 d'après l'âge indiqué sur l'acte d'inhumation (84 ans), acte rédigé par le curé de Chilly le .
  2. Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, tome 80, 1847, [lire en ligne], p. 219-220.]
  3. Jean Liron, Singularités historiques et littéraires, tome 1, [lire en ligne], p. 343.
  4. François Grude de La Croix Du Maine, Antoine Du Verdier et Jean-Antoine Rigoley de Juvigny, Les bibliothèques françoises, vol. 4, [lire en ligne], p. 167.
  5. Jacques-Paul Migne, Encyclopédie théologique, [lire en ligne], p. 92.
  6. Jean-Eric Iung, L'organisation du service des vivres aux armées de 1550 à 1650, 1983, vol. 141, [lire en ligne], p. 269-306.
  7. Pierre de l'Estoile, Registre-journal Du Regne de Henri III, tome 1 (1574-1575), [lire en ligne].
  8. Nicolas Le Roux, La faveur du roi, éditions Champ Vallon, [lire en ligne].
  9. Les secrétaires d'État de 1400 à 1500 (manuscrit Cinq Cents Colbert 136, folio 432-455).
  10. M. Beaucousin, Entrée à Rouen du roi Henri IV en 1596, Société rouennaise de bibliophiles, no 65, 1887, [lire en ligne].
  11. M. Borel d'Hauterive, État actuel des membres de l'ordre du Saint-Esprit, Annuaire de la noblesse, 1864, [lire en ligne], p. 261.
  12. Duplessis-Mornay et la place de sûreté (1589-1621), histoire de Saumur, chapitre 9, sur Saumur-Jadis.
  13. Jacques Antoine Dulaure & Jules Léonard Belin, Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, 1838, tome 6, [lire en ligne], p. 110.
  14. « Les Ruzé, les Coëffier et les Rueil, p. 369 », sur Remarques sur les vies de Pierre Ayrault et Guillaume Ménage, par Gilles Ménage, chez Christophe Journel, à Paris,1675
  15. Notice no PM91000106, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture

Annexes

modifier

Sources et bibliographie

modifier

Liens externes

modifier