Margaux (AOC)
Le margaux[1] est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit autour de la commune de Margaux dans le Médoc, une des subdivisions du vignoble de Bordeaux.
Margaux | |
Vignoble à l'entrée du village de Margaux. | |
Désignation(s) | Margaux |
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Appellation(s) principale(s) | margaux[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Reconnue depuis | |
Pays | France |
Région parente | vignoble de Bordeaux |
Sous-région(s) | vignoble du Médoc |
Localisation | Gironde |
Climat | océanique |
Sol | graves |
Superficie plantée | 1 490 hectares[2] |
Cépages dominants | cabernet sauvignon N, merlot N et cabernet franc N[3] |
Vins produits | rouges |
Production | 60 900 hectolitres[2] |
Pieds à l'hectare | 7 000 pieds par hectare[4] |
Rendement moyen à l'hectare | maximum 57 à 63 hectolitres par hectare[4] |
modifier |
C'est la plus étendue et la plus méridionale des appellations communales du vignoble du Médoc[5].
Historique
modifierAppartenant au vignoble du Médoc, il partage son histoire avec les autres appellations de ce vignoble. Les caractéristiques de ce produit sont reconnues le par l'octroi d'une appellation d'origine contrôlée. Le cahier des charges a été mis à jour en [4], comme pour toutes les appellations viticoles françaises.
Situation
modifierAire géographique
modifierLe vignoble margalais s'étend à environ vingt-cinq kilomètres au nord de Bordeaux, sur la rive gauche de la Gironde.
Il est situé sur les communes d'Arsac, de Cantenac, de Labarde, de Margaux et de Soussans[4].
Orographie et géologie
modifierLe terrain est constitué d'un sous-sol calcaire[5]. Cette formation datant du Cénozoïque a par la suite été recouverte de sédiments détritiques. Ils forment des croupes de graves, vastes collines aux sommets arrondis à faible altitude : 15 mètres[5]. Elles sont séparées par de petits ruisseaux de drainage ou jalles.
Au centre de l'appellation, un plateau de graves blanches, de six kilomètres sur deux, produit la majorité des grands crus classés. Dans la périphérie, les croupes de graves séparées par des fossés de drainage sont autant d'îlots de vigne[2].
Climatologie
modifierC'est un climat tempéré de type océanique, assez chaud pour permettre la culture des vignes même sur terrain plat. La pluviométrie est répartie de manière assez homogène tout au long de l'année avec des automnes plutôt pluvieux. Les températures donnent des hivers doux et des étés chauds sans sècheresse. La proximité de l'estuaire de la Gironde permet d'adoucir les températures.
Les relevés de la station météorologique de Bordeaux-Mérignac (à 47 mètres d'altitude) sont représentatifs du climat de la Gironde.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 2,3 | 3,1 | 3,9 | 6,3 | 9,5 | 12,4 | 14,4 | 14,2 | 12,2 | 9,1 | 5,1 | 2,9 | 8 |
Température moyenne (°C) | 5,8 | 7,1 | 8,8 | 11,3 | 14,6 | 17,8 | 20,2 | 19,9 | 17,9 | 14 | 9,1 | 6,4 | 12,7 |
Température maximale moyenne (°C) | 9,4 | 11,2 | 13,7 | 16,3 | 19,7 | 23,2 | 26,1 | 25,6 | 23,7 | 18,9 | 13,1 | 9,9 | 17,6 |
Ensoleillement (h) | 86 | 109 | 162 | 190 | 211 | 242 | 276 | 249 | 207 | 165 | 103 | 83 | 2 083 |
Précipitations (mm) | 100,4 | 85,5 | 76,4 | 72,2 | 77,3 | 56,2 | 46,5 | 54,2 | 73,9 | 87,6 | 94,1 | 98,7 | 923 |
Vignoble
modifierEncépagement
modifierLes cépages autorisés pour l'appellation sont le cabernet franc N, cabernet sauvignon N, le merlot N, la carménère, le côt N et le petit verdot N.
Aucune règle de proportion n'est imposée[4], mais dans les faits, le cabernet sauvignon domine[5], parfois égalé par le merlot, les autres cépages n'étant que marginaux. Par exemple, sont cultivés les proportions de 55 % en cabernet et de 40 % en merlot au château Brane-Cantenac[7] ou à parts égales au château Palmer[8].
Pratiques culturales
modifierLa densité de plantation doit être d'au moins 7 000 pieds par hectare. L'écartement entre rangs ne peut être supérieur à 1,5 mètre et l'écartement entre ceps dans le rang ne peut être inférieur à 0,8 mètre. La taille de la vigne est effectuée tous les ans avant le stade des premières feuilles étalées. Elle vise à maintenir au maximum douze yeux francs par cep (un œil est un bourgeon qui donnera un rameau porteur de grappe). Les modes de taille autorisés sont la taille dite « médocaine » (nom local de la taille Guyot) à astes (baguette) ou à astes et à cots (courson) et la taille dite « à cots », reprenant les tailles traditionnellement appelées en cordon de Royat ou en éventail[4].
La hauteur du feuillage doit être d'au moins 0,6 fois l'écartement entre rangs pour les vignes plantées avec un écartement en dessous de 1,4 mètre, et cette hauteur est amenée à 0,7 fois l'écartement entre rangs pour les vignes dont l'écartement est compris entre 1,4 et 1,5 mètre. Cette règle vise à obtenir un feuillage suffisant pour assurer une bonne maturité du raisin[4].
L'entretien du sol (tonte ou désherbage) et le bon état sanitaire des vignes sont obligatoire. Le taux de ceps morts ou manquants est limité à 20 %[4]. Au-delà, le rendement de la parcelle est diminué du pourcentage de manquants.
Récolte
modifierPar décret, le rendement à la parcelle est limité à 9 500 kg/ha, ce qui correspond à 14 grappes par cep pour le cépage petit verdot et 12 grappes par ceps pour les autres cépages. Cette quantité doit donner en fin de vinification un rendement par hectare de 57 hectolitres par hectare au maximum.
La maturité optimale est appréciée par dégustation de grains de raisin mais aussi par la mesure du taux de sucre : au moins 189 grammes par litre. Le vin fini doit ainsi titrer au moins 11 % de volume[4].
Le mode de récolte n'est pas imposé par le cahier des charges de l'appellation[4]. Dans les faits, de nombreux domaines utilisent la machine à vendanger alors que certains grands crus classés vendangent manuellement (comme au château Margaux[9]). Cet usage est justifié par le fait de pouvoir y adjoindre un tri à la récolte, voire un second à l'arrivée au chai sur une table de tri.
Vins
modifierVinification et élevage
modifierÀ son arrivée au chai, le raisin peut subir un éraflage et un foulage comme au château Rauzan-Ségla[10], avant d'être mis en cuve inoxydable[10] ou mixte inox et bois, comme au château Margaux[9]. La macération entre pellicule et moût de raisin commence. La fermentation alcoolique s'effectue avec des levures du commerce sélectionnées ou avec celles naturellement présentes dans la pruine du raisin. Au cours de la fermentation, les chais équipés de la thermorégulation des cuves[8] pilotent la fermentation en empêchant la température de s'élever, puis en réchauffant la vendange en toute fin de fermentation. Cette opération vise à maintenir un milieu favorable aux levures pour qu'elles transforment bien le sucre en alcool, mais aussi pour favoriser une bonne extraction de la couleur (anthocyanes) et des tannins). La macération est longue, entre deux et quatre semaines selon les domaines et l'année.
Après écoulage du vin, le marc de raisin est pressé. Le vin de presse est dégusté. Cette analyse sensorielle détermine en fonction du cépage et du millésime, si sa qualité lui permet ou non d'être incorporé dans le vin final. Le vin est ensuite conservé en cuve à une température comprise entre 20 et 25 °C pour effectuer la fermentation malolactique.
À ce stade, la qualité de toutes les cuves est appréciée individuellement[8] avant d'être assemblées à l'éprouvette en petit volume pour tester les assemblages futurs qui détermineront le caractère des vins produits par chaque domaine en fonction du style du millésime. Cette opération menée par le vinificateur et un œnologue est déterminante.
Normes analytiques
modifierLes vins doivent avoir un titre alcoométrique minimum de 11 % volume. Lorsqu'il est jugé nécessaire d'enrichir les vins, leur titre alcoométrique ne peut pas dépasser 13,5 % volume[4]. Pour une vendange exceptionnelle sans enrichissement, il n'y a pas de limite à ce que la nature peut produire.
La quantité de sucre fermentescible résiduel ne doit pas dépasser 2 grammes par litre (la fermentation alcoolique doit avoir été achevée). L'acidité volatile du vin doit rester dans la limite de 13,26 milliéquivalents (correspond à 0,79 exprimé en gramme par litre d'acide acétique ou 0,65 g/l de H2SO4). la première année d'élevage (avant le ). Ensuite, la limite est fixée à 16,33 meq. (correspond à 0,98 exprimé en gramme par litre d'acide acétique ou 0,80 g/l de H2SO4)[4].
Dégustation
modifierLes vins de margaux sont dits féminins[5] par l'étymologie (prénom féminin[2]), la voluptueuse générosité[5] de leur structure tannique et leur délicatesse[2]. Ils sont fruités (fruits rouges) dans leur jeunesse, l'âge leur faisant acquérir une grande complexité.
La capacité de garde d'un margaux peut être très longue, plus de 50 ans pour les années exceptionnelles, comme c’est le cas des millésimes comme 1945, ce dernier possédait en 2002 une structure tannique toujours présente[11].
Accords mets-vins
modifierC'est un vin qui se marie très bien avec les viandes rouges. Dans son livre L'École des alliances, les mets et les vins, Pierre Casamayor dit, « les viandes rouges ont une qualité essentielle, leurs protéines amabilisent les tanins les plus virils »[12].
La délicatesse des margaux accompagne bien le gibier (canard, perdreau[2]) et l'inévitable recette locale, l'entrecôte à la bordelaise[2].
Grands crus de Margaux
modifierAvec vingt-et-un châteaux, l'appellation margaux est celle qui compte le plus grand nombre de crus classés en 1855. Les communes de Margaux et de Cantenac en comptent neuf chacune, Labarde en compte deux Arsac un.
Premiers crus
Château Margaux |
Crus bourgeois
modifierMargaux se signale également par quelques crus bourgeois :
- Château Bellevue de Tayac
- Château d’Arsac
- Château Deyrem Valentin
- Château Grand Tayac
- Château Haut Breton Larigaudière
- Château La Tour de Bessan
- Château La Tour de Mons
- Château Mongravey
- Château Paveil de Luze
- Château Pontac Lynch
- Château Pontet Chappaz
- Château Marsan Seguineau
Crus artisans
modifier- Clos de Bigos ( Soussans)
- Château des Graviers (Arsac)
- Château Gassies du Vieux Bourg (Arsac)
- Château Les Barraillots
Domaines sans classement
modifier- Clos des quatre vents
- Château d'Angludet
- Château Bel Air-Marquis d'Aligre
- Château Bessane
- Château Chantelune
- Château Charmant
- Château Coteau
- Château des Eyrins
- Château Ferme d’Angludet
- Château Galiane
- Château Gallen
- Château La Galiane
- Château La Gurgue
- Château Labégorce
- Château Labégorce Zédé
- Château Le Coteau
- Château Larrieu Terrefort
- Château Larruau
- Château Ligondras
- Château Marojallia
- Château Martinens
- Château Monbrison
- Château Moulin de Tricot
- Château Rose Maucaillou
- Château Saint-Marc
- Château Siran
- Château Tayac
- Château Tayac-Plaisance
Notes et références
modifier- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Collectif, Le Guide Hachette des vins 2010, Paris, Hachette pratique, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237514-7), p. 366-367.
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- [PDF] « Cahier des charges de l'appellation »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur agriculture.gouv.fr, homologué par le « décret no 2011-1587 du 17 novembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Margaux » », JORF, no 0269, , p. 19520.
- « Fiche de l'AOC margaux », sur medoc-bordeaux.com (consulté le ).
- « Station météo de Bordeaux-Mérignac », sur infoclimat.fr.
- « Notre vin », sur brane-cantenac.com (consulté le ).
- « Rubrique « Vignoble » du château Palmer »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur chateau-palmer.com (consulté le ).
- « La gerbaude à château Margaux », sur chateau-margaux.com (consulté le ).
- « Le travail du vin à Rauzan-Ségla », sur rauzan-segla.com (consulté le ).
- Placido Llorca, « Appellation viticole Margaux », sur Vin-Vigne, (consulté le ).
- Pierre Casamayor, L'école des alliances, les mets et les vins, Paris, Hachette pratique, , 301 p. (ISBN 2-01-236461-6), p. 179.