Lucy Arbell

mezzo-soprano française

Lucy Arbell, nom de scène de Georgette Wallace, née Georgette Gall au Vésinet le et morte à Bougival le , est une cantatrice et artiste lyrique mezzo-soprano française dont la carrière a été principalement centrée à Paris et qui a été particulièrement orientée sur l'œuvre du compositeur Jules Massenet.

Lucy Arbell
Description de cette image, également commentée ci-après
Lucy Arbell par Paul Nadar.
Nom de naissance Georgette Gall
Georgette Wallace (à partir de 1884, après avoir été reconnue)
Naissance
Vésinet
Décès (à 68 ans)
Bougival
Nationalité Drapeau de la France Française
Activité principale Cantatrice, artiste lyrique
mezzo-soprano
Lieux d'activité Paris

Biographie

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Famille

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Georgette Gall est née le dans la nouvelle commune autonome du Vésinet, créée trois ans plus tôt. Elle est déclarée comme la fille naturelle de Suzanne Amélie Gall (1846-1925) et d'un père non dénommé[1]. Ce n'est que le que l'enfant est reconnu suivant un acte notarié établi par Maître Charles Paul Tollu à Paris[2], par Edmond Richard Wallace (1840-1887), lui-même fils naturel du philanthrope et collectionneur d'art, Richard Wallace (1818-1890).

La mère de Georgette Wallace, Émélie Suzanne Gall[3] naît à Paris dans l'ancien 4e arrondissement de Paris, le [4]. Elle exerce la profession d'artiste dramatique sous le Second Empire, notamment au théâtre du Prince Impérial, sous le pseudonyme de Mademoiselle Avril[5]. Elle met au monde un premier enfant naturel, une fille, Suzanne Théodorine Gall le dans le 10e arrondissement[6] et demeure au no 14 rue de l'Échiquier. Contrairement aux enfants suivants, Suzanne Théodorine Gall ne sera jamais reconnue et elle meurt à l'âge de 18 ans, le dans le 16e arrondissement[7]. La vie parisienne bat au rythme des Salons, des grands bals organisés par la cour impériale et des nombreux spectacles offerts par les théâtres. Edmond Richard Wallace, chevalier de la Légion d'honneur[8], fréquente ce monde des plaisirs et des frivolités. De sa rencontre avec Mademoiselle Avril, naîtront quatre enfants : Marie Richard Georges Gall, le dans le 9e arrondissement[9], Richard Henri Gall, le également dans le 9e arrondissement[10], Edmond Georges Richard Gall, le à Saint-Maur-des-Fossés[11] et enfin, Georgette Gall, le au Vésinet[12]. Ces quatre enfants seront reconnus par Edmond Richard Wallace, le à Paris[2].

Georgette Wallace n'a que 9 ans lorsque son père meurt d'une crise cardiaque le à Paris dans le 16e arrondissement, à l'âge de 46 ans. Le , Georgette Wallace et sa mère réussissent à s'échapper du dramatique incendie qui ravage le Bazar de la Charité, lors d'une vente caritative[13]. Juliette Massenet, la fille du compositeur Jules Massenet, avait également été pressentie pour participer à cette journée, mais fort heureusement, elle n'y était finalement pas présente[13].

Formation

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Lucy Arbell dans le rôle de la reine Amahelli au Théâtre de l'Opéra, lors de la création de Bacchus en 1909. Photographie de Paul Nadar.

Georgette Wallace, de confession protestante, interprète des chants liturgiques au Temple à Paris vers l'âge de douze ans[14] où la remarque un ami musicien de la famille. Afin de ménager sa voix, la jeune fille suit d'abord des cours de déclamation dramatique chez Mme Victor Roger, l'épouse du compositeur, au no 6 rue Chaptal à Paris jusqu'en 1900[14]. Elle poursuit parallèlement des études vocales chez Mme Rosine Laborde et donne une audition à la salle Pleyel au mois de . Georgette Wallace intègre également la classe de musique vocale d'ensemble de Louise Vincent-Carol en 1898 et 1899 et lors d'une nouvelle audition, le public remarque « Mlle Georgette Wallace, dont la belle voix de contralto, admirablement conduite, a fait sensation dans le grand air du Prophète »[15].

C'est probablement au cours de cette période que Georgette Wallace rencontre le compositeur Jules Massenet qui accompagne au piano les élèves de Louise Vincent-Carol[16]. Dans le courant de l'année 1900, le compositeur connaît assez bien la jeune cantatrice pour lui dédier une première mélodie : On dit… sur un poème de Jean Roux, le [17]. En effet, Georgette Wallace est à la répétition générale et à la première de Phèdre de Jules Massenet au théâtre de l'Odéon les 7 et [17].

Le pseudonyme de Lucy Arbell est mentionné pour la première fois dans les registres de l'Opéra de Paris à partir du [18] et lors d'un entretien au journal Excelsior, elle confie : « c'est M. Gailhard, mon directeur de l’Opéra, lors de mes débuts, qui m’a donné le pseudonyme de Lucy Arbell, mon nom de famille lui ayant paru trop long »[19]. Le , la jeune Lucy Arbell débute à l'Opéra de Paris, dans Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns et le , Georgette Wallace est nommée officier d'académie par publication au Journal officiel[20].

Carrière

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Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Lucy Arbell, la cantatrice âgée de 25 ans à la voix de contralto, chante deux autres fois Samson et Dalila à l'opéra de Paris, les et . L'année suivante, les 3, 5 et , elle interprète le personnage de Maddalena dans Rigoletto à l'opéra de Monte-Carlo, puis joue le rôle d'Amnéris dans Aida les 18, 23 et suivants à l'opéra de Paris.

Jules Massenet lui offre successivement plusieurs mélodies. Ainsi Lucy Arbell incarne les rôles de Perséphone dans Ariane le , de Thérèse dans l'opéra du même nom le à Monte-Carlo puis le à Paris, d'Amahelli dans Bacchus le , de Dulcinée dans Don Quichotte créé à Monte-Carlo le et à Paris le de la même année, de Posthumia dans Roma le à Monte-Carlo et Paris le . Huit mois après la disparition de Jules Massenet, Lucy Arbell joue le dernier rôle du Maître, Colombe dans Panurge, le au théâtre de la Gaîté-Lyrique à Paris[21].

Au théâtre de l'Opéra-Comique, elle chante Charlotte de Werther de 1911 à 1914, que Jules Massenet a composé en 1892[22].

Lucy Arbell se retire définitivement de la scène en 1931 et se consacre à une œuvre charitable, l'Orphelinat des Arts. À sa mort, survenue le , elle leur fait don de sa propriété, La Garenne, à Bougival[23]. Elle a également fait don à cet orphelinat de sa résidence de Saint Aubin sur Mer (Calvados), La Favorite, située côté est en front de mer, toujours visible de nos jours.

Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (37e division).

Récompenses et distinctions

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Bibliographie

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  • Jules Massenet, Mes souvenirs et autres écrits : recueillis, présentés et annotés par Jean-Christophe Branger, Paris, Éditions Vrin, , 360 p. (ISBN 978-2-71162-674-8, présentation en ligne)
  • (en) Jean-Christophe Branger, Hilary Poriss (dir.) et Kimberly White (dir.) (dans Cambridge Opera Journal, Prima Donnas and Leading Men on the French Stage), There must be something there that we don’t know about : Massenet and Lucy Arbell, vol. 30, Cambridge, Éditions Cambridge University Press, (réimpr. 13 septembre 2019) (1re éd. 2018) (présentation en ligne), p. 186 à 213
  • Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, présentation en ligne)
  • Jules Massenet, Mes souvenirs (1848-1912), Paris, Éditions Pierre Lafitte et Cie, , 370 p. (lire en ligne)Cie&rft.aulast=Massenet&rft.aufirst=Jules&rft.date=1912&rft.tpages=370&rfr_id=info:sid/fr.wikipedia.org:Lucy Arbell">

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Notices et ressources

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Notes et références

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  1. Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, lire en ligne), p. 13 à 20.
  2. a et b Archives nationales. Acte de reconnaissance au Minutier central des notaires de Paris : archives de l'étude XVIII, Maître Charles Paul Tollu. Cote du document : MC/ET/XVIII/1509.
  3. Émélie est le premier prénom officiel dans l'état civil et qui sera transformé par la suite en Amélie. Suzanne est le prénom usuel.
  4. Archives de Paris : État civil - Acte de naissance reconstitué du 4e arrondissement ancien de Paris. Cote du document : V3E N/950. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  5. Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, lire en ligne), p. 17.
  6. Archives de Paris : État civil du 10e arrondissement de Paris - acte de naissance no 4396 de Suzanne Théodorine Gall. Cote du document : V4E 1245. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  7. Archives de Paris : État civil du 16e arrondissement de Paris - acte de décès no 1165 de Suzanne Théodorine Gall. Cote du document : V4E 7327. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  8. « Cote LH/2744/61 », base Léonore, ministère français de la Culture
  9. Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de naissance no 760 de Marie Richard Georges Gall. Cote du document : V4E 3484. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  10. Archives de Paris : État civil du 9e arrondissement de Paris - acte de naissance no 505 de Richard Henri Gall. Cote du document : V4E 3517. Archives de Paris, no 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  11. Archives départementales du Val-de-Marne : État civil de Saint-Maur-des-Fossés - acte de naissance no 151 de Edmond Georges Richard Gall. Cote du document : 1NUM /SAINTMAUR 9 2 (naissances 1876-1880). Archives départementales du Val-de-Marne, no 10 rue des Archives 94054 Créteil Cedex.
  12. Archives départementales des Yvelines : État civil du Vésinet - acte de naissance no 75 de Georgette Gall. Cote du document : 4E 5278 - 2084653 - NMD1878-1880. Archives départementales des Yvelines et de l'ancienne Seine-et-Oise, no 2 avenue de Lunca 78180 Montigny-le-Bretonneux.
  13. a et b Jules Massenet, Mes souvenirs (1848-1912), Paris, Éditions Pierre Lafitte et Cie, , 370 p. (lire en ligne), p. 221Cie&rft.aulast=Massenet&rft.aufirst=Jules&rft.date=1912&rft.pages=221&rft.tpages=370&rfr_id=info:sid/fr.wikipedia.org:Lucy Arbell">.
  14. a et b Jean Prudhomme, « Mlle Lucy Arbell et sa carrière : de Dalila à Thérèse », Comœdia, Paris, no 1332,‎ , p. 1 et 2 (lire en ligne).
  15. Ferrari, « Le Monde et la ville », Le Figaro, Paris, no 162,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  16. Annuaire des artistes et de l'enseignement dramatique et musical, Professeurs de chant : Mme Vincent-Carol, Paris, Éditions A. Maréchal, , 1400 p. (lire en ligne), p. 512 à 513Mme Vincent-Carol&rft.aulast=Annuaire des artistes et de l'enseignement dramatique et musical&rft.date=1906&rft.pages=512 à 513&rft.tpages=1400&rfr_id=info:sid/fr.wikipedia.org:Lucy Arbell">.
  17. a et b Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, lire en ligne), p. 27.
  18. Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, lire en ligne), p. 28.
  19. Excelsior, « Vous avez pris un pseudonyme… Pourquoi ? », Excelsior, Paris, no 465,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  20. Hervé Oléon, Lucy Arbell : voix d'ombres et de lumière, Saint-Mandé, Éditions Res.Lyrica et Lulu.com, , 322 p. (ISBN 978-1-326-92220-7, lire en ligne), p. 30.
  21. Jean Gourret, Dictionnaire des cantatrices de l'Opéra de Paris, Paris, Éditions Albatros, , 320 p. (ISBN 978-2-7273-0164-6).
  22. Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique (1900-1950) : les œuvres, les interprètes, Paris, Éditions André Bonne, , 340 p.
  23. « La Garenne à Bougival », sur Office de tourisme de Bougival.