Léo Joannon

cinéaste français du XXe siècle

Léo Joannon est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le à Aix-en-Provence et mort le à Neuilly-sur-Seine.

Léo Joannon
Nom de naissance Léon Gabriel Paul Joannon
Naissance
Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône, France
Nationalité Drapeau de la France Français
Décès (à 64 ans)
Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, France
Profession Réalisateur, scénariste, producteur, acteur

Il a réalisé, depuis le début du parlant jusqu'à la fin des années 1960, plus d'une trentaine de films.

Biographie

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Origines

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Léo Joannon naît sous le nom d'état civil de Léon Gabriel Paul Joannon le à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône[1].

Du cinéma populaire au cinéma engagé (1922-1940)

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À vingt ans, rebuté par des études de droit[2], Léo Joannon se rêve romancier. Il écrit quelques nouvelles et publie des critiques cinématographiques, qui lui ouvrent un poste de régisseur chez Gaumont, où il s'initie au métier de cadreur[2]. Devenu un expert en optique et mécanique cinématographiques, il est embauché comme assistant par Georg Wilhelm Pabst[2] puis Augusto Genina et Carmine Gallone[2]. En 1930, il entreprend sa première réalisation.

Il se lance alors dans une production commerciale, légère ou sentimentale, d'où l'originalité technique n'est pas toujours absente, comme lorsqu'il réalise un film musical, Le Chanteur de minuit, ou une pièce de théâtre filmée dans laquelle joue Raimu, Vous n'avez rien à déclarer ? Ce n'est qu'en 1938 qu'il peut exprimer une première fois l'ambition sociale qu'il assigne au cinéaste dans un plaidoyer pacifiste porté par Pierre Fresnay : Alerte en Méditerranée, sorti vingt jours avant les accords de Munich, glorifie le sens de l'honneur de la marine allemande et la collaboration entre militaires de camps opposés face à d'obscurs malfaiteurs sans morale. Le film obtient le grand prix du cinéma français.

Au début de l'année 1940, Léo Joannon dirige dans L'Émigrante, aux côtés d'Edwige Feuillère, l'actrice Foun-Sen, éternel personnage de l'Indochinoise du cinéma français qui deviendra son épouse[3] et auprès de laquelle il finira ses jours.

Un cinéaste au service de l'Occupation (1941)

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En 1941, plusieurs mois après le début de l'Occupation allemande, Léo Joannon se rapproche de la société de production Continental, créée à l'initiative de Joseph Goebbels, qui a subordonné toute l'industrie cinématographique française. Avec l'acteur Jean Brochard, il récupère pour le compte de cette société les studios de Boulogne, qui ont été aménagés juste avant la défaite dans l'ancienne usine de blanchisserie Heuzé[4] pour concurrencer les studios de Billancourt.

Fort de cette position, il force son collègue Raymond Bernard à lui abandonner le scénario de Caprices que Bernard, en tant que juif, ne peut plus lui-même réaliser. Il menace de faire déporter les neveux du réalisateur et son frère Jean-Jacques Bernard[5]. Celui-ci est en effet interné depuis le à Compiègne en vertu de la loi de discrimination des juifs du 2 juin 1941. Le film, dialogué par André Cayatte, sort le et Jean-Jacques Bernard est libéré pour raisons de santé[6] mais un des fils de celui-ci, François, mourra à Mauthausen.

Ce sera la seule collaboration directe de Léo Joannon avec la Continental. Le directeur de celle-ci, Alfred Greven, obtient qu'il soit nommé administrateur délégué de la Maîtrise artisanale de l'industrie cinématographique, maison de production au service de la propagande de Vichy[7]. La MAIC produira deux de ses trois films suivants.

Un propagandiste du régime de Vichy (1942-1944)

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Léo Joannon soumet au Secrétariat général à la Jeunesse, que préside Henri Caillemer, et à la Direction générale du cinéma un projet de propagande cinématographique sur le redressement moral que prône la Révolution nationale à l'endroit d'une jeunesse « dévoyée ». Il en obtient respectivement une subvention d'un million de francs et un prêt de trois millions, soit un tiers du budget[7]. Le COIC, par l'intermédiaire du Comité d'attribution des avances du Crédit national dont le président Wilfrid Baumgartner a été déporté, avance en outre les trois millions et demi nécessaires au montage[7]. En contrepartie des financements publics, en mai 1942, le réalisateur doit s'engager à laisser à M. Schiltz, chef-adjoint de la propagande au Secrétariat général à la Jeunesse, « un droit absolu de regard et de contrôle sur le plan moral et national »[7].

En 1943, six mois après l'occupation de la Zone libre par la Wehrmacht, Léo Joannon est nommé par le ministre du travail Hubert Lagardelle président d'une commission d'hommes de métier chargée d'organiser la Famille professionnelle des spectacles[7]. Créée par un décret du de la même année, la FPS est un organe de contrôle et de développement de l'industrie du spectacle prévu par la Charte du travail dans le cadre de la politique corporatiste mise en œuvre par le régime de Vichy. La FPS s'attribue la supervision du COIC, qui est depuis l'instance de décision financière et de censure du cinéma au sein du Comité d'organisation. L'acteur Pierre Fresnay y prend la présidence de la première sous-commission[8], la plus mportante, et Léo Joannon s'y réserve la direction d'un département[7].

Fin 1943, Léo Joannon commence le tournage du Carrefour des enfants perdus, qui sortira en avril 1944, et donne à cette occasion son cinquième rôle à Serge Reggiani. Le projet fait étrangement écho à Prison sans barreaux, film soutenu par Jean Zay et le Front populaire en 1938, prônant comme lui une relation fondée sur la confiance avec les mineurs délinquants plutôt que sur les méthodes répressives des bagnes d'enfants, retournant seulement contre la IIIe République la responsabilité des échecs antérieurs[7]. Le livre, l'instruction, la culture sont soigneusement évités dans cette rééducation, qui ne repose que sur la vertu affirmée du travail manuel[7].

Pour répondre à la censure, il a dû renoncer aux scènes qui dénoncent les violences familiales et les bagnes d'enfants[7]. Il a dû également effacer certaines séquences documentaires qui donnaient au film l'aspect d'un reportage et rendait trop voyant le zèle du réalisateur à servir le gouvernement[7]. Un centre de redressement par le travail, mis à disposition par le ministère de la Jeunesse, sert de plateau, plusieurs centaines d'enfants placés là se détournant de leur quotidien pour servir à la figuration[9].

Le résultat mêle curieusement la tradition humaniste qui dénonçait les bagnes d'enfants dans les années 1930 et l'apologie de l'éducation par l'inculcation de l'idéologie du chef[7]. Or Joannon présente à l'écran cette apologie, au moment même où la milice de Darnand réalise cela sur le terrain : la récupération des mauvais garçons au service du régime et même du nazisme. La critique reçoit le film comme une œuvre de propagande, que ce soit pour dénoncer ou pour louer la démarche[7]. Avec Mermoz de Louis Cuny et Coup de tête de René Le Hénaff, Carrefour des enfants perdus est un des rares films fascisants produit par le cinéma français durant l'Occupation[10].

Un prosélyte du catholicisme et du colonialisme (1945-1969)

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À la Libération, Léo Joannon réussit à sortir un film réalisé avec le même Jean Brochard durant la drôle de guerre mais les sympathies qu'il a affichées durant l'Occupation lui valent d'être mis au ban de la profession pendant cinq années.

En 1951, il a l'occasion de réunir pour une dernière fois Laurel et Hardy. L'opération finit par un échec[11]. Il renoue avec son ambition édificatrice en réalisant entre 1954 et 1958 quatre apologies du prêtre affrontant le mal, de la rédemption par la foi ou du salut par le pardon. Ce sont successivement Le Défroqué, où il retrouve Pierre Fresnay, Le Secret de sœur Angèle, L'Homme aux clés d'or, également joué par Pierre Fresnay, Le Désert de Pigalle.

En 1963, il réalise le second[12] film français, après Patrouille de choc de Claude Bernard-Aubert, consacré à la guerre d'Indochine. Mélodrame tiré d'un scénario très original qu'a écrit Georges Kessel[13] (alias Jean Sorgues) le frère de Joseph Kessel[14] et ex-directeur des magazines Détective[15] puis Voilà[16] et enfin Confessions, Fort du fou raconte, non sans nostalgie pour l'époque coloniale, l'abandon des Tonkinois catholiques par une armée française impuissante.

Léo Joannon meurt le à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine[1].

Filmographie

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Comme réalisateur

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Moyens métrages
Longs métrages

Comme scénariste

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Distinctions

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Contributions littéraires

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Scénarios transcrits en romans, illustrés par les images des films correspondants
Paroles de chanson

Notes et références

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  1. a et b « Fiche de Léo Joannon », sur lesgensducinema.com (consulté le )
  2. a b c et d François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, p. 550, Karthala, Paris, 2012 (ISBN 978-2-8111-0790-1).
  3. Claude Beylie et Philippe d'Hugues, Les Oubliés du cinéma français, p. 103, préface de Jean-Charles Tacchella, Éditions du Cerf, Paris, 1999.
  4. E. Couratier, « Rue de Silly », in E. Couratier, Les rues de Boulogne-Billancourt, Boulogne-Billancourt, archives municipales, 1962.
  5. Henri Jeanson, Le Canard enchaîné, Paris, 4 octobre 1944, cité in Henri Jeanson, Jeanson par Jeanson, p. 255, René Chateau, Paris, 2000 (ISBN 2-85-85-20-526).
  6. Jean-Jacques Bernard, Le Camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942., Paris, Albin Michel, 1944, (ISBN 2748169301) ; rééd. Paris, Le Manuscrit, 2006 (ISBN 978-2-7481-6930-0).
  7. a b c d e f g h i j k et l Gabrielle Houbre, « Rééduquer la jeunesse délinquante sous Vichy : l'exemple du "Carrefour des enfants perdus" de Léo Joannon », in Rhei, n° 3, Rennes, PUR, 2000, pp. 159-177 (ISSN 1777-540X).
  8. Serge Added, Le Théâtre dans les années Vichy: 1940-1944, Paris, Ramsay, 1992, p. 195.
  9. Combat, Paris , 13 mai 1944, cité in Houbre, op. cit.
  10. François Garçon, « La tardive tentation fasciste du cinéma français, septembre 1942-septembre 1943 », in Marc Ferro, Film et histoire, Paris, EHESS, 1984, p. 122.
  11. An., « Biographie », in Allmovie, New York Times, New York, [s. d.]
  12. « Cinéma français », in Jacques Dalloz, Dictionnaire de la Guerre d'Indochine : 1945-1954, Paris, Armand Colin, février 2006.
  13. « Georges Kessel » (présentation), sur l'Internet Movie Database
  14. André Asseo, Que sont mes amis devenus… : Brassens, Gary, Kessel et les autres, Paris, Le Cherche midi, mars 2013, p. 11.
  15. D. Garcia, « Gallimard, la maison aux cent ans de création », in L'Express, Paris, 22 mars 2011.
  16. Paul Aron, « Entre journalisme et littérature, l’institution du reportage. », in COnTEXTES, Bruxelles, septembre 2011 (ISSN 1783-094X).

Annexes

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Liens externes

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