Klesha
Klesha (sanskrit IAST kleśa ; devanāgarī : क्लेश ; pāli : kilesa ; japonais : bonnō) signifie « souffrance, affliction[1] », « souillure[2] » ou « entrave, carcan[3] ».
Hindouisme
modifierDans les Yoga Sūtra
modifierLes Yoga Sūtra[4] de Patañjali mentionnent cinq sortes d'afflictions[5] ou d'obstacles qui empêchent l'individu d'atteindre la libération (nirvana, moksha).
Ils sont par ordre de cause de souffrance :
- Avidyā : l'ignorance due à la prédominance du guṇa tamas.
- Asmitā : l'égoïsme rattaché à l'ahaṃkāra: l'ego dans l'hindouisme.
- Rāga : la passion, les désirs.
- Dvesha : l'aversion.
- Abhinivesha : l'attachement à l'existence, la peur de la mort.
Bouddhisme Théravada
modifierLe Visuddhimagga distingue dix souillures de l'esprit (termes pālis)[2] :
- la convoitise (lobha),
- la haine, l'aversion (dosa),
- l'égarement (moha),
- l'orgueil (māna),
- la spéculation (diṭṭhi),
- le doute sceptique (vicikicchā),
- la torpeur mentale (thīna),
- l'agitation (uddacca),
- l'impudeur (ahirika),
- l'absence de crainte morale ou inconscience (anottappa).
Les trois poisons (lobha, dosa, moha) sont les racines karmiquement mauvaises (akusala-mūla) qui conduisent à dukkha.
Bouddhisme Vajrayana
modifierSous l’empire des obscurcissements, les cinq sagesses primordialement présentes chez les êtres animés se manifestent obscurément en l’espèce des cinq passions[6].
- l’ignorance-stupidité en lieu de la sagesse du dharmadhatu
- la colère en lieu de la sagesse du miroir
- l’orgueil en lieu de la sagesse de l’équanimité
- le désir-attachement en lieu de la sagesse du discernement
- la jalousie en lieu de la sagesse tout-accomplissante.
Le véhicule du Vajrayana n’a pas pour objectif le renoncement ni l’éloignement de ces passions, mais leur purification et transmutation en ayant recours aux moyens habiles.
Notes et références
modifier- The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet.
- Nyanatiloka, Vocabulaire pali-français des termes bouddhiques, Adyar, .
- Alexis Lavis, La conscience à l’épreuve de l’éveil : Lecture, commentaire et traduction du Bodhicaryāvatāra de Śāntideva, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. « Sagesses d’Asie », , 546 p. (ISBN 978-2-204-12762-2)
- Ce texte sanskrit est à la base de l'école dite Sāṃkhya Yoga
- avidyāsmitārāgadveṣābhiniveśāḥ kleśāḥ (Y.S. II,3). Cette forme translittérée du sanskrit selon IAST est donnée par le Digital Corpus of Sanskrit de l'université de Heidelberg.
- Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme [détail des éditions], « Sagesses », p. 493–495.