Henri Evenepoel
Henri Jacques Édouard Evenepoel est un peintre, dessinateur et graveur belge né le à Nice et mort le à Paris.
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Henri Jacques-Edouard Evenepoel |
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École nationale supérieure des beaux-arts (à partir de ) École nationale supérieure des beaux-arts (à partir de ) |
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Gustave Moreau (à partir de ) |
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Biographie
modifierFamille
modifierHenri Evenepoel est né de parents bruxellois[1], d'une famille qui trouve ses origines, dès le XIVe siècle, dans des villages de l'ouest de Bruxelles, à Wambeek, Borchtlombeek et Ternat[2].
Le père d'Henri, Charles Edmond Armand Evenepoel, né[3] à Molenbeek-Saint-Jean le 23 mars 1846, est employé de commerce, professeur de piano, puis haut fonctionnaire belge[4] — il était chef de division au Ministère de l'Intérieur en 1893 — et est mort à Uccle le 1er mars 1931. Edmond Evenepoel était très cultivé, et un mélomane critique musical dans le journal La Flandre libérale et le Guide Musical (1889-1914). Henri restera très lié à son père. Edmond Evenepoel était le fils de Jacques-Charles Evenepoel[5], comptable, né à Bruxelles le 6 juin 1824, et mort à Schaerbeek le 7 mai 1892 en sa maison du n° 78 rue Dupont, et d'Elisabeth Caroline Célestine van Swyngenhoven[6].
La mère d'Henri, Anne Émilie Peppe, née à Saint-Gilles le 19 mai 1846, et morte à Schaerbeek en sa maison du n° 30 rue Royale-Sainte-Marie, le 19 octobre 1874, alors que Henri n'avait que deux ans, était la fille de Henri Marie Jacques Peppe, comptable, puis employé à la Banque de Belgique, puis négociant, et de Sophie Jeanne Mathilde Christine van Gelder qui s'étaient mariés[7] à Bruxelles en 1842. Notons que cette dernière était veuve en premières noces de Félix Devis, mort en 1840, et que de ce premier mariage elle avait eu une fille Sophie Devis, née le 18 août 1838 à Anvers, qui épousa à Schaerbeek le 22 juillet 1857 le statuaire Charles-Auguste Fraikin. C'est cette Tante Sophie, une dame riche, cultivée et mondaine, qui aidera beaucoup Henri Evenepoel même dans ses heures sombres[8].
Henri avait un frère aîné, Maurice Charles Henri Edmond Evenepoel, né à Schaerbeek le 20 janvier 1870, qui était directeur d'usine à Tournai, qui épousa[9] en 1893 à Bruxelles[10] Euphémie - dite Kikine - Marie Eugénie Annez. À ce mariage assistait l'architecte parisien Henri Parent, âgé de 74 ans et qualifié d'oncle[11]. Maurice est mort en 1933 et il n'eut pas de descendance[8].
Jeunesse et formation
modifierHenri Evenepoel est né le à Nice, dans le quartier Saint-Barthélémy, dans un logis de hasard, pris en location par ses parents pour un séjour de longue durée sur la Côte d'Azur, afin de permettre à sa mère, épuisée par sa première grossesse deux ans auparavant, de retrouver des forces et se refaire une santé[8].
Le jeune Henri suit les cours de dessin à l'Académie de Saint-Josse-ten-Noode ainsi que les cours de l'atelier du peintre Ernest Blanc-Garin et du décorateur Adolphe Crespin à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. À Bruxelles, il réside au no 78 rue Dupont, dans la commune de Schaerbeek, là où son grand-père avait sa demeure.
En 1892, il s'installe à Paris. Il loge chez sa cousine, Louise De Mey, qui sera l'un de ses modèles préférés[12],[15], notamment pour Portrait de Madame D. (en deuil) ou le Chapeau blanc. Elle avait deux enfants de son mari : Henriette, née en 1890 à Paris, immortalisée dans le tableau Henriette au grand chapeau, et Sophie Suzanne De Mey, née en 1891 à Paris. Louise était apparentée au peintre Charles Hermans[16].
Henri Evenepoel se forme à l’atelier de Gustave Moreau à l'École des beaux-arts de Paris[17], et y rencontre Henri Matisse, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot, Georges Rouault et Charles Milcendeau. Il se liera d'amitié avec ce peintre vendéen, et lui fera rencontrer l'artiste espagnol Francisco Iturrino qui est représenté dans L'Espagnol à Paris (musée de Gand)[18].
En 1894, sa cousine Louise donne naissance à leur fils Charles, qui figurera sur plusieurs de ses portraits d'enfant et notamment dans le tableau Charles au jersey rayé. Louise étant toujours mariée, l'enfant portera toujours le nom de De Mey[19] et à cause de la mort prématurée de son père, il ne put jamais porter le nom d'Evenepoel.
En 1895, il se lie d'amitié avec le peintre Henri Huklenbrok.
En 1897, Henri Evenepoel tombe malade et séjourne quelques mois en Algérie pour se soigner. Il se lie d'amitié avec le peintre français Raoul du Gardier qui, comme lui, a fréquenté l'atelier de Gustave Moreau.
Il est invité par les organisateurs de la section belge de l'Exposition universelle de Paris.
Dernières années
modifierIl envisage de rentrer en Belgique afin d'épouser sa cousine Louise, dont le divorce sera bientôt prononcé, et de reconnaître son fils Charles.
Quelques jours avant son retour à Bruxelles, le , il meurt prématurément à Paris, emporté par la fièvre typhoïde. Louise meurt à Ixelles le 25 novembre 1941. Elle avait cédé plusieurs tableaux d'Henri aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Il est inhumé au Cimetière de Bruxelles à Evere.
Œuvre
modifierLe tableau le plus emblématique de son séjour algérien de 1897 est le Marché d'oranges à Blida (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique)[20]. La couleur de ses toiles se modifie après ce séjour.
De retour à Paris, il réalise de grandes compositions comme Promenade du dimanche au bois de Boulogne. Sa carrière démarre, il a du succès et son travail est apprécié.
En 1899, il reçoit une invitation d'Octave Maus pour participer au Salon de La Libre Esthétique en 1900. Il y présente, notamment : L'Espagnol à Paris, La Foire aux Invalides, Café d'Harcourt au Quartier latin[21], mais meurt le , avant de voir ses œuvres exposées.
- 1891 : Dimanche au Bois de Boulogne, huile sur toile, 59 × 90 cm, musée royal des beaux-arts d'Anvers[22]
- 1892 : L'Artiste devant un paysage, fusain, ENSBA.
- 1894 : Louise en deuil, huile sur toile, 78 × 46 cm, musée royal des beaux-arts d'Anvers[23]
- 1895 : Le Bébé ou Le Jouet brisé, au musée des beaux-arts de Liège.
- 1896 :
- Portrait d'Hélène Roulet, l'épouse du peintre Adolphe Crespin, 1896, huile sur toile, 186 × 94 cm, Musée des beaux-arts de Gand[24]
- Anvers Exposition, affiche reproduite dans Les Maîtres de l'affiche (1895-1900).
- 1897
- Au Moulin Rouge, huile sur toile, 73 × 60 cm, Musée des beaux-arts de Houston[25]
- La Dame au chapeau vert, au musée des beaux-arts de Liège.
- La Cuisinière.
- Au square, 1897–1899, lithographie in L'Estampe moderne, 33 × 23 cm, Musée des beaux-arts de Houston[26]
- La Foire aux Invalides le dimanche, huile sur toile, 64 × 92 cm, musée royal des beaux-arts d'Anvers[27]
- Café d'Harcourt au Quartier latin, huile sur toile, 114 × 148 cm, Musée Städel de Francfort-sur-le-Main[28]
- 1898
- Le petit Charles au jersey rayé, huile sur toile, 73 × 50 cm, Patrimoine. Roi Baudoin[29]
- 40e exposition du Salon des Cent, Lithographie en couleurs, 63 × 45 cm, Bibliothèque de l'INHA[30]
- 1899 :
- L'Espagnol à Paris (portrait du peintre Francisco Iturrino), huile sur toile, 217 × 152 cm, Musée des beaux-arts de Gand[31]
- La Tasse de thé
- Mademoiselle Matisse
- Henriette au grand chapeau, musées royaux de Bruxelles, musée Fin de siècle
- Portrait de Madame D. (en deuil)
- Portrait du peintre Paul Baignères[32] (ou Portrait d'homme en rouge), musée Fin de siècle, 1894
Hommages
modifierLa commune de Schaerbeek (Bruxelles) lui rend hommage en donnant son nom à une de ses artères : la rue Henri Evenepoel. La commune de Fooz-Wépion lui consacre également une de ses artères appelée du même nom.
La Belgique émet deux timbres commémoratifs représentant des œuvres d'Henri Evenepoel : Henriette au grand chapeau et Le Petit Charles au jersey rayé.
Galerie
modifier-
Le Bébé (Le Jouet brisé) (1893), musée des beaux-arts de Liège.
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Foire aux Invalides (1897), musée des beaux-arts de Liège.
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Le Marché aux oranges de Blidah (1898), Bruxelles, musée Fin de siècle.
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L'Espagnol à Paris (1899), musée des beaux-arts de Gand.
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Promenade du dimanche au bois de Boulogne (1899), musée des beaux-arts de Liège.
Notes et références
modifier- Marcel Bergé, Evenepoel, dans L'Intermédiaire des généalogistes, n° 52, juillet 1954, pp. 215 et 216.
- Dr Jan Lindemans, Généalogie Evenepoel, dans Oude Brabantse Geslachten, n° 34, 16 p., Extrait de Eigen Schoon en De Brabander, 1954.
- Molenbeek-Saint-Jean, acte de naissance n° 106 du 24 mars 1846. Jacques Charles Evenepoel, employé, âgé de 21 ans, demeurant au n° 18 de la rue du Niveau, né à Bruxelles, a déclaré la naissance de son fils, Charles Edmond Armand, né de son épouse Charlotte Van Swijgenhoven, ménagère, âgée de 23 ans, née à Bruxelles, et y mariés.
- Marcel Bergé écrit que c'est sans doute lui qui devient Directeur au Ministère de l'Instruction publique et qui fut commissaire de la Commission des fêtes en 1905, pour les 75 ans de la Belgique. Voir : Jubilé National, préface de Sauveur, p. 29 (son portrait).
- Jacques Charles Evenepoel était le fils de Pierre Evariste Evenepoel, épicier à Bruxelles, et de Marie Thérèse Elisabeth Lenaerts. Alors domicilié rue de Flandres à Bruxelles, et employé, il épousa Elisabeth Caroline Van Swijngehoven à Bruxelles - acte n° 566 - le 4 juin 1845.
- Elisabeth Caroline Célestine Vanswygenhoven ou van Swijgenhoven était née à Bruxelles le 5 février 1823. À son mariage, elle habitait à la rue des Moineaux à Bruxelles. Elle était la fille du chirurgien accoucheur Jean Vanswygenhoven (né à Geetbets le 29 janvier 1774 et fils de Charles Joseph van Swijgenhoven et de Marie Thérèse van Sulperen) et de son épouse Marie Elisabeth Cappuyns (née le 16 avril 1784 à Hekelgem et morte à Bruxelles le 30 octobre 1844, fille d’Antoine Cappuyns et de Jeanne Josine Schoonjans) qui s’étaient mariés à Bruxelles le 29 avril 1815 (acte n° 221).
- Bruxelles, acte de mariage n° 914 du 3 octobre 1842. L'un des témoins était l'avocat Jean Auguste Van Dievoet.
- (nl) Eric Min, Een schilder in Parijs: Henri Evenepoel (1872-1899), De Bezige Bij, .
- Voyez le tableau Monsieur et madame Maurice Evenepoel, aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, sous le lien suivant [1].
- Acte de mariage de Bruxelles n° 1376 du 3 octobre 1893.
- Henri Parent était le frère d'Euphemie Elisabeth Thérèse Parent, née à Berlin le 16 septembre 1811, institutrice, résidant à Bruxelles au boulevard du Régent. Celle-ci, fille d'Aubert Joseph Parent et de Marie Anne Marguerite Thérèse Carly, institutrice, résidant à Paris, avait épousé à Bruxelles le 18 janvier 1844 Gustave Victor Ferdinand Eugène De Meurs, né à Rhode-Saint-Genèse le 5 mai 1817. Leur fille, Euphémie Ferdinande Julie Demeurs ou De Meurs épousa Alphonse Marie Joseph Annez et ces derniers furent les parents d'Euphémie Marie Eugénie Annez.
- (en) Liza Strelka, « Henri Evenepoel and Louise de Mey: Star-crossed cousins/lovers », sur phillipscollection.org, (consulté le ).
- Commune d'Ixelles, registre supplétoire pour l'année 1901, acte de divorce n° 56 du 25 mai 1901 transcrivant à l'état civil le jugement de divorce par consentement mutuel obtenu du tribunal de première instance de Bruxelles le 9 mai 1901. Les témoins de l'acte étaient Eugène De Mey, capitaine commandant du génie, Edmond Evenepoel, directeur au Ministère de l'Intérieur, Charles Hermans, artiste peintre, qualifié de cousin de Louise van Mattemburgh. Louise habitait alors au n° 107 de la rue Vondel à Schaerbeek et Michel De Mey habitait au n° 29 de la rue Guillaume Stocq à Ixelles.
- Sur les ascendants de Louise van Mattemburgh, voyez W. J. F. Juten, Genealogische Kwartierstaten van Nederlandsche Katholieken uit vroeger en later tijd, Tweede Serie, Bergen-op-Zoom, Gebroeders Juten, 1910, n° 55. Lire en ligne [2].
- Louise De Mey était née Louise Sophie Henriette van Mattemburgh le 15 mars 1869, à Salatiga, sur l'île de Java, où son père, militaire de l'armée néerlandaise, avait été caserné. Elle avait épousé à Schaerbeek le 4 mai 1889, commune dans laquelle elle résidait au n° 205 de la chaussée d'Haecht, son petit-cousin, le négociant Michel Jules Marie De Mey, né à Anvers le 1er août 1864, domicilié à Anvers mais résidant au n° 3 de la rue de Choiseul à Paris à cette date. Michel De Mey, divorcé[13] de Louise en 1901, se remaria à Cannes en 1907, et y mourut le 13 janvier 1909. Il était le fils de Michel Pierre De Mey, négociant à Anvers, et de Jeanne Marie Peppe, morte à Anvers le 27 avril 1870. Louise était la fille[14] de Edouard Maximilien Constantin van Mattemburgh, un capitaine retraité de l'armée néerlandaise, et d'Anne Henriette Peppe, qui était morte à Paris le 31 octobre 1884.
- Voyez l'acte de divorce de Louise van Mattemburgh qui qualifie Charles Hermans de cousin de Louise.
- Notice, catalogue du fonds de l'ENSBA, Paris.
- Gustave Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes, Paris, Ollendorff, 1914, p. 78-80.
- Charles De Mey, né à Paris le 27 novembre 1894, fut décorateur, et collabora avec des architectes célèbres, tant en Belgique qu'à l'étranger, surtout dans le sud de la France. Il se maria deux fois, d'abord en 1921 à Woluwe-Saint-Lambert, à Yvonne Maes, sœur aînée du peintre Jacques Maes, et veuf, il épousa en secondes noces Antoinette Chriptchenko (1913 - Ixelles, 2013, à l'âge de cent ans). Il est mort à Bruxelles le 14 août 1964. Un enfant Marie-Julie, était née de sa première union. Elle épousa en 1946 le peintre Roger de Coninck. Charles, qui avait longtemps habité dans le village de Biez est inhumé au cimetière de Biez avec sa seconde épouse et sa mère.
- « Marché d'oranges », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- Rédaction, « La Libre esthétique », Journal de Bruxelles, no 62, , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
- « Dimanche au bois de Boulogne », sur kmska.be, (consulté le )
- « Louise en deuil », sur kmska.be, (consulté le )
- « Hélène Roulet », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Au Moulin rouge », sur emuseum.mfah.org, (consulté le )
- « Au square », sur emuseum.mfah.org, (consulté le )
- « Foire aux Invalides », sur kmska.be, (consulté le )
- « Café d'Harcourt », sur sammlung.staedelmuseum.de, (consulté le )
- « Charles au jersey rayé », sur patrimoine-frb.be, (consulté le )
- « Affiche Salon des Cent », sur bibliotheque-numerique.inha.fr, (consulté le )
- « L'Espagnol à Paris », sur mskgent.be, (consulté le )
- Il s'était lié d'amitié avec Paul Baignères, son condisciple à l'atelier de Gustave Moreau.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Édouard Michel, « Henri Evenepoel 1872-1899 », dans Gazette des beaux-arts, 1922, p. 62.
- Édouard Michel, « Gustave Moreau et Henri Evenepoel », dans Mercure de France, , p. 383-410.
- Liliane Sabatini, Le Musée de l'Art wallon, collection Musea Nostra, Ministère de la Communauté française de Belgique / Crédit Communal de Belgique, Bruxelles, 1988.
- Henri Evenepoel, Lettres à mon père 1892-1899, Bruxelles, Danielle Derrey-Capon, .
- Philippe Roberts-Jones, « Evenepoel et l'art de son temps », dans Signes ou traces. Arts des XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1997, p. 99-121 (lire en ligne [PDF]).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) « Evenepoel, Henri », sur le site du Directory of Belgian Photographers