Chalutiers armés français
Les chalutiers armés français, issus de la réquisition de nombreux chalutiers, morutiers et autres navires de pêche, ou achetés aux alliés de la France servirent à remplir diverses missions maritimes de guerre, quand la France entra en guerre le .
Ils servirent comme patrouilleurs, escorteurs de convoi et de dragueurs de mines.
Si beaucoup de ces navires ont été rapidement rendus à leurs armateurs pour qu'ils reprennent la pêche, certains ne survécurent pas aux opérations ou furent capturés par l'ennemi. D'autres sont restés en activité durant tout le conflit et ont été ainsi militarisés après le , sous réquisition ou achetés par la Marine nationale.
Certains chalutiers armés français avaient déjà servi pendant la Première Guerre mondiale.
Les chalutiers armés français pendant la Première Guerre mondiale
modifierClasse Navarin
modifierLa classe Navarin est une série de 12 chalutiers armés français, en fait des patrouilleurs de type "Navarin" (nom du premier construit) construits sous supervision française au Canada par la "Canadian Car and Foundry Company"[1] à Fort William (de nos jours c'est une partie de la ville de Thunder Bay) sur la rive ouest du Lac Supérieur vers la fin de la Première Guerre mondiale.
Les différents bâtiments étaient :
- le Navarin
- le Mantoue
- le Saint-Georges
- le Leoben
- le Palestro
- le Lutzen
- le Seneff
- le Malakoff
- le Bautzen
- le Sébastopol
- l' Inkerman
- le Cerisoles
(Tous portent le nom d'une victoire française (par exemple le Mantoue fait référence au Siège de Mantoue, le Leoben au Traité de Leoben, le Seneff à la bataille de Seneffe, le Cérisoles à la Bataille de Cerisoles, etc..) ; les trois derniers cités ont commencé à être construits en juin 1918)[2].
Deux d'entre eux, l' Inkerman et le Cerisoles disparurent corps et biens dans le Lac Supérieur lors de leur premier voyage depuis Thunder Bay en direction de la France dans la nuit du 23 au [2] avec les 78 marins de leurs deux équipages.
Chalutiers civils mobilisés
modifierLe Nord-Caper, chalutier de 40 mètres et de 750 tonnes de jauge, immatriculé à Boulogne, est mobilisé en aout 1914 et utilisé initialement comme arraisonneur au port de Calais, équipé d'un canon de 47 mm. À la suite du déploiement de 6 sous-marins allemands (dont l'U-21) en Méditerranée à partir de mai 1915, le Nord-Caper est reconfiguré en patrouilleur avec un canon de 65 mm à l'avant et un de 47 mm à l'arrière puis il est affecté à la division des chalutiers de la mer Égée à Milo en octobre 1915. Sa mission est de rechercher des sous-marins ennemis ainsi que leurs éventuelles bases clandestines de ravitaillement. Dans ce cadre, il détecte le 7 novembre 1915 au large du cap Sídheros une goélette turque sans doute en route vers la Tripolitaine, l'aborde et la capture. Ce fait d'armes réalisé avec un effectif militaire minimal lui vaut une citation à l'ordre de l'armée navale[3].
L' Ailly (1909-1943) un chalutier de Dieppe armé en patrouilleur a connu son heure de gloire le 16 mai 1918 en coulant le sous-marin allemand UC-35 au large des côtes de la Sardaigne. L' Ailly fut décoré de la croix de guerre ainsi que son commandant, le premier maître timonier Le Roux et plusieurs membres de son équipage.
Les chalutiers armés français en patrouilleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale
modifierLes chalutiers de plus de 1 000 tonnes
modifierEn 1939, la marine française réquisitionna 12 grands chalutiers français pour en faire des patrouilleurs auxiliaires.
Caractéristiques :
- Longueur : 63 à 66 m
- Propulsion : moteur à vapeur ou diesel
- Puissance : 850 à 1100 cv
- Vitesse :10, 5 à 12 nœuds
- Armement : 3 x 1 canon de 100 mm, (parfois 2 x 1 canon AA de 37 mm), 2 x 2 mitrailleuses de 8 mm, 1 à 2 grenadeurs de sillage (parfois mortiers)
- Equipage : 44 à 56 hommes
Après la défaite de , la marine française désarma la plupart d'entre eux, mais certains tombèrent aux mains des Allemands en 1942. Les Français libres ou les Britanniques s'emparèrent de quatre.
Les unités :
- P-11 Cap Nord (ex-Islande, 1926, Chantiers Navals Français de Caen) - 1943 : Uj 2207 Kriegsmarine. Coulé le 20 novembre 1944
- P-17 Cap Fagnet (ex-Lucien Fontaine, 1926,Chantiers Navals Français de Caen) - 1945 : ?
- P-28 Heureux (ex-Heureux, 1930, Chantiers Navals Français de Caen) - 1942 : Uj 2213 Kriegsmarine. Coulé le
- P-29 Groenland (ex-Groenland, 1930, Cox & Co. au Royaume-Uni) - 1940 : Royal Navy - 1941 : Norvège
- P-37 Jutland (ex-Jutland, 1934, Frederikshavns Vaerft & Flydedok au Danemark) - 1942 : Uj 2202 Kriegsmarine. Coulé le
- P-38 Merceditta (ex-Merceditta, 1934, - 1940-44 : navire-météo WBS 9 Kriegsmarine. Sabordé en 1944 et renfloué en 1951
- P-40 Président Houduce[4] (ex-Président Houduce, 1930, Cox & Co. au Royaume-Uni) - 1940 : Forces navales françaises libres - 1951 : chalutier L'Astakos. Mis à la ferraille en 1985
- P-41 Vikings (ex-Vikings, 1935, Hall, Russell & Co au Royaume-Uni) - 1940 : FFL Vikings (P-41)[5] Forces navales françaises libres. Coulé le
- P-42 Minerva (ex-Minerva, 1937, Chantier Penhoët de Saint-Nazaire) - 1940 : Forces navales françaises libres - 1943 : Uj 2209 Kriegsmarine. Coulé le
- P-43 Sergent Gouarne (ex-Sergent Gouarne , 1928, H.C. Stülcken Sohn en Allemagne) - 1942 : FFL Président Gouarne (P-43)[6] Forces navales françaises libres. Coulé le
- P-45 Aspirant Brun (ex-Aspiant Brun, 1928, H.C. Stülcken Sohn en Allemagne) - 1944 : ?
- P-82 Vivagel (ex-Sahip V, 1927, Chantier Penhoët de Saint-Nazaire) - : Kriegsmarine. Coulé le
Les chalutiers de 800 à 1 000 tonnes
modifierCaractéristiques :
- Longueur : 60 à 64 m
- Puissance : 800 à 1000 cv
- Vitesse : 10 à 10,5 nœuds
- Armement : 3 x 1 canon de 100 mm, (parfois 2 x 1 canon AA de 37 mm), 2 x 2 mitrailleuses de 8 mm, 1 grenadeur de sillage
- Equipage : 45
Les unités :
- P-13 Victoria (1928, Danemark) - coulé le
- P-14 Vaillant (1922, Augustin Normand Le Havre) - 1940 : Forces navales françaises libres - 1945 : rendu au propriétaire. Mis à la ferraille en 1959
- P-15 Clairvoyant (ex-Joseph Vandevalle, 1922, Augustin Normand Le Havre) - 1943 : Uj 2214, puis Uj 6075 Kriegsmarine. Coulé le
- P-16 Hardi II (ex-Jules Blay, 1921) - 1943 : Uj 2211 Kriegsmarine. Coulé le
- P-31 Alfred (1926, Ateliers et Chantiers de Bretagne à Nantes) - 1943 : Uj 2208 Kriegsmarine. Coulé le
- P-32 Téméraire II (1922, France) - 1940 : rendu à sa propriétaire.
Les chalutiers de 600 à 800 tonnes
modifierCaractéristiques :
- Longueur : 52 à 60 m
- Puissance : 750 à 800 cv
- Vitesse : 10 à 11,5 nœuds
- Armement : 3 x 1 canon de 100 mm, (parfois 2 x 1 canon AA de 37 mm), 2 x 2 mitrailleuses de 8 mm, 1 grenadeur de sillage ou mortier
- Equipage : 45
Les unités :
- P-12 Capricorne (1921, Chantiers et Ateliers de Bretagne à Nantes) - 1945 : ?
- P-18 Terre Neuve (1921, Cochrane & Sons Ltd au Royaume-Uni). Coulé le
- P-33 L'Atlantique (1920, Cochrane & Sons Ltd au Royaume-Uni) - 1940 : Royal Navy - 1946 : remis à son propriétaire. Mis à la ferraille en
- P-36 Patrie (1920, Cochrane & Sons Ltd au Royaume-Uni) - 1940 : Royal Navy - 1945 : remis à son propriétaire
- P-39 Reine des Flots[7] (ex-Bois Rose, 1923, Hall, Russell & Cl. Ltd au Royaume-Uni) - 1940 : Royal Navy - 1941 : Forces navales françaises libres - 1946 : remis à son propriétaire.
Les chalutiers de 400 à 600 tonnes
modifierCaractéristiques :
- Longueur : 47 à 55 m
- Puissance : 750 à 800 cv
- Vitesse : 10 à 11,5 nœuds
- Armement : 3 x 1 canon de 100 mm, (parfois 2 x 1 canon AA de 37 mm), 2 x 2 mitrailleuses de 8 mm, 1 (2) grenadeur de sillage
- Equipage : 39
Les unités :
- P-10 Casoar (1935, Forges et Chantiers de Gironde à Bordeaux) - 1940 : Natter Kriegsmarine. Réédition en
- P-30 Capitaine Armand[8] (ex-Simon Duhamel, 1920, Hall, Russell & Co. Ltd au Royaume-Uni) - 1942 : Forces navales françaises libres . Vendu à Israël en 1951
- P-34 Asie (av. 1914, chantiers Augustin Normand Le havre) - 1940 : Royal Navy - 1946 : remis à son propriétaire
- P-95 Notre Dame de France (1931, Smiths Dock Co. Ltd au Royaume-Uni) - 1940 : FY.363 Royal Navy - 1945 : remis à son propriétaire.
Dans cette catégorie on trouve aussi des anciens chalutiers armés britanniques de la Première Guerre mondiale :
- Deux patrouilleurs issus de l'ancienne classe de chalutiers militaires Castle achetés à la Royal Navy.
- P-70 Les Illiates (ex-John Lyons, 1917, Smith's Dock Co. au Royaume-Uni) 1940 : M4404 Kriegsmarine. Coulé le
- P-73 Nazareth (ex-William Carr, 1918, Bow Mclachlan & Co au Royaume-Uni) - : FY.1815 Royal Navy - 1945 : retour en France
- Six autres issus de l'ancienne classe de chalutier militaires Classe Mersey achetés à la Royal Navy.
- P-60 Saint-Pierre d'Alcantara (ex-James Caton, 1918, Lobnitz & Co. Ltd au Royaume-Uni) - 1921 : France . Coulé le
- P-64 Duperré[9](ex-Henri Ford, 1917, Cochrane & Sons Ltd au Royaume-Uni) - 1940 : coulé.
- P-65 Jean Frédérique (ex-James Hulbert, 1919, Lobnitz & Co. Ltd au Royaume-Uni) - : Pays-Bas. Coulé le
- P-67 Mont Cassel (ex-William Leech (1918, Cochrane & Sons Ltd au Royaume-Uni) - 1922 : France - : V 1804 Kriegsmarine - : reddition
- P-68 Pierre André (ex-Robert Cahill, 1920, Royaume-Uni) - 1921 : France - : FY.1944 Royal Navy - 1946 : rendu à son propriétaire
On y trouve encore 8 chalutiers militaires de :
Les chalutiers de moins de 400 tonnes
modifierCaractéristiques :
- Longueur : 41 à 45 m
- Puissance : 500 cv
- Vitesse : 10 à 12 nœuds
- Armement : 2 x 1 canon de 100 mm, (parfois 2 x 1 canon AA de 37 mm),
- Equipage : 18 à 27
Les unités :
- P-46 Aiglon[10] (1907, J. Dutie Torrie S.B. Co. au Royaume-Uni) - : FY.1841 Royal Navy - 1946 : remis à son propriétaire
- P-47 Notre Dame d'Espérance (1920, Ateliers et Chantiers du Boulonnais) - : FY.1714 Royal Navy - 1945 : remis à son propriétaire
- P-48 Ambroise Paré[11] (1906, Royaume-Uni) - : FY.346 Royal Navy - 1946 : remis à son propriétaire
- P-49 Mouette[12] (1906,Ateliers et Chantiers de France à Dunkerque) - : sabordé.
- P-60 Surmulet[13] (ex-Surmulet, 1906, Bonn & Mees des Pays-Bas) - 1940 : V 1806 Kriegsmarine. 1945 : ?
- P-62 Orient (ex-Orient, 1908, De la Brosse et Fouché à Nantes) - 1942 : V 1802 Kriegsmarine. Coulé le
- P-63 Petit Poilu (1920, ?) - 1941 : HS O4, puis V 725 Kriegsmarine. Coulé le
Le chalutier Ailly qui, armé en patrouilleur lors du premier conflit mondial, coule un sous-marin allemand, est de nouveau mobilisé en 1939. Il est armé en auxiliaire de dragage, AD 60 et basé à la Palice. Démobilisé et navigant à la pêche, il est perdu corps et biens avec les 11 marins de son équipage en sautant sur une mine au large de La Rochelle, le 13 janvier 1943.
Voir aussi
modifierNotes et références
modifier- https://archive.wikiwix.com/cache/20220921144800/https://www.alamyimages.fr/canadian-car-foundry-a-port-william-en-ontario-a-construit-des-meneurs-pour-la-france-a-la-premiere-guerre-mondiale-legende-originale-l-equipage-d-un-minesweeper-francais-peut-etre-les-cerisoles-inkerman-ou-sebastopol-est-vu-a-bord-du-navire-lors-d-un-proces-sur-le-lac-superieur-au-large-de-fort-william-ontario-le-21-novembre-1918-deux-jours-avant-que-ces-trois-navires-ne-soient-partis-pour-l-europe-les-cerisoles-et-l-inkerman-ont-disparu-dans-une-tempete-en-traversant-le-lac-superieur-et-une-nouvelle-expedition-travaille-a-resoudre-le-mystere-de-ce-qui-est-arrive-aux-deux-navires-et-aux-78-hommes-qu-ils-ont-transportes-archives-de-la-ville-de-thunder-bay-adhesion-19-image352356874.html.
- « 24 novembre 1918. Le mystère de l’Inkerman et du Cerisoles », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- Paul Chack. On se bat sur mer. Éditions de France, Paris, 1926, pp. 3-51.
- Prés. Houduce sur site fécemp-terre-neuve.fr
- FFL Vikings (P-41) sur site uboat.net
- FFL Président Gouarne sur site uboat.net
- REINE DES FLOTS sur site Alamer
- C. ARMAND sur site Alamer
- Duperré sur site netmarine
- AIGLON sur site pages14-18
- AMBROISE PARE sur site Alamer
- MOUETTE sur site dkepaves.free.fr
- SURMULET sur site pages14-18
Liens internes
modifierLiens externes
modifierSources :