Causette
Causette est un magazine féminin français mensuel, créé par les Éditions Gynéthic, une maison d'édition indépendante fondée en par Gregory Lassus-Debat et Gilles Bonjour. Il a été repris par la société Causette Media, filiale du groupe Hildegarde, le . La parution papier du magazine s'arrête avec le no 148 daté d'octobre 2023 et Causette devient alors un média entièrement en ligne. Causette est placé en liquidation judiciaire le 6 juin 2024.
Causette | |
Pays | France |
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Langue | Français |
Périodicité | Mensuelle |
Genre | Presse féminine |
Prix au numéro | 5,90 euros |
Diffusion | 56 000 ex. (décembre 2015) |
Date de fondation | 2009 (il y a 15 ans) |
Ville d’édition | Paris |
Propriétaire | Causette Média SARL (Hildegarde) |
Directeur de publication | Reginald de Guillebon |
ISSN | 2100-9791 |
CPPAP | 0423 K 89819 |
Site web | Causette |
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Contenu rédactionnel
modifierSa devise est « plus féminine du cerveau que du capiton ». Sa ligne éditoriale privilégie l'enquête journalistique, le reportage, le portrait et l'interview aux classiques du genre, avec humour et sur un ton décalé. Selon The Times, qui en fait un « symbole de la renaissance féministe française », « Causette transgresse toutes les règles de la presse féminine française »[1]. Le magazine compte parmi ses sources d'inspiration la revue XXI[2].
Le magazine se revendique féministe sans vouloir s'enfermer dans une image stéréotypée du terme[3],[4].
Historique
modifierCréation et premières années
modifierLe journal sort son premier numéro le samedi à la veille de la Journée internationale des droits des femmes[5]. Selon son fondateur, les fonds de départ du journal viennent d'un crédit à la consommation[6] et d'un apport financier de la famille de Gilles Bonjour[7]. Selon son cofondateur et directeur de la publication Gregory Lassus-Debat (dont c'est la première expérience comme dirigeant d'une entreprise[6]) le magazine a la volonté de considérer les femmes non comme des consommatrices mais comme « des êtres sociaux doués d’intelligence et de subjectivité, intéressés par le monde qui les entoure et envieux de passer un bon moment »[5]. Ce premier numéro contient un portrait de Fadela Amara, un autre d'une prostituée âgée et un reportage sur la République démocratique du Congo[5]. Ce premier numéro ne contient qu'une seule page de publicité[5].
Le magazine est d'abord un bimestriel puis devient un mensuel en 2011[6].
2012-2013 : développement du magazine
modifierEn , Causette devient le premier magazine féminin à être reconnu « publication d'information politique et générale » par le ministère de la culture et à être membre de l'association Presse et Pluralisme.
Le , Causette est élu « meilleur magazine de Presse » de l'année par le jury du Grand Prix des Médias de CBnews[8].
Le , Causette gagne son premier procès après l'annulation de la citation à comparaître pour diffamation initiée par Rémi Pauvros, maire de Maubeuge[9]. Le magazine avait écrit que des affaires de viols collectifs sur une collaboratrice du maire n'avaient pas été communiqués au parquet comme le maire en avait l'obligation[9].
Le , Causette reçoit le prix « Coup de Cœur » à l'unanimité du jury du meilleur magazine de l'année, prix organisé par le Syndicat des éditeurs de la presse magazine[10].
2013 : polémiques et tensions sociales
modifierEn , le magazine publie un article qui suscite les critiques sur une affaire d'atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans : Causette est alors accusé de complaisance sexiste à l'égard de la pédophilie féminine[11]. Le magazine présente ensuite des excuses[12].
En , la manière de diriger de Gregory Lassus-Debat est très critiquée et le personnel du journal rédige une lettre « signée par l’entièreté des salariés et des pigistes » pour dénoncer son « management par la peur[6]. » L'ambiance est très mauvaise dans l'équipe du magazine : il y a plusieurs départs et l'inspection du travail a ouvert une enquête[6]. Le journal ayant connu une bonne progression de ses ventes, il semble que la pression sur les salariés se soit accrue au fil du temps[6]. La manière dont Gregory Lassus-Debat, 31 ans à l'époque, dirige le journal est très contestée, il est considéré comme très colérique, « méfiant », « gér[ant] tout à l'affect[6]. » Alors qu'il n'a pas officiellement le poste de directeur de la rédaction, les journalistes se plaignent de son interventionnisme sur les articles qu'il commande, corrige et modifie[6]. Gregory Lassus-Debat explique qu'il s'agit de problèmes de personnes et rappelle qu'ayant fondé Causette et « inventé sa ligne éditoriale » il s'estime capable de continuer à le diriger[6].
En , une nouvelle polémique éclate après un dossier anti-prostitution et notamment un article intitulé « 55 raisons de résister à la tentation ». Il s'agit d'un article listant d'une façon qui se veut humoristique les raisons de ne pas avoir recours à des prostituées. Des militantes féministes considèrent cet article insultant et méprisant à l'égard des prostituées[13]. Le Syndicat du travail sexuel (STRASS) publie un communiqué sur son site où il accuse le magazine de « putophobie », de « sexisme », « [d']incitation au viol » et de « racisme[14]. » Le magazine Les Inrockuptibles déplore fin l'absence d'explications données par Causette lors de cette polémique[13]. Une journaliste expliquera en 2014 que « personne n’assumait ces blagues » et que des membres de la rédaction ont essayé vainement d'en empêcher la parution mais que Gregory Lassus-Debat aurait tenu à ce que l'article paraisse[6]. Grégory Lassus-Debat expliquera qu'il s'agissait « [d']ironie par antiphrases[6]. »
Cette polémique n'améliore pas le climat à l'intérieur du journal. Une motion de défiance à l'égard de la rédactrice en chef et une grève sont votées en et une médiation est menée par le Syndicat national des journalistes qui constate un certain manque de rigueur de la direction du journal[6].
Depuis 2014
modifierEn , pour ses 5 ans, Causette publie le livre La Guerre Invisible : Révélation sur les violences sexuelles dans l'armée française (co-édition Les Arènes - Causette). Causette a détaché de sa rédaction deux de ses journalistes, Julia Pascual et Leila Minano, sur cette enquête qui a duré près de 2 ans. Au lendemain de la publication du livre, le Ministère de la Défense (France) lance une enquête interne au sein de l'armée[15].
En , le mensuel reçoit le prix du magazine de l'année dans la catégorie « Passion » de la part du jury du Syndicat des Éditeurs de Presse Magazine [16]. Mais quelques jours après il est placé en redressement judiciaire[17]. Le magazine souffre d'un déficit de 600 000 euros venant du manque à gagner des deux numéros non sortis lors de la grève de 2014, du financement des ruptures conventionnelles de contrat de travail qui ont suivi ce conflit et de graves erreurs comptables venue du cabinet extérieur responsable du magazine[17].
En , selon le site d'actualité BuzzFeed, la société éditrice de Causette, Gynethic, est condamnée pour des faits de harcèlement moral sur l'une de ses employées, Anne-Laure Pineau, sentence confirmée en première instance le . À cette condamnation s'ajoutent des faits de « manquement à l’obligation de sécurité de résultat », ce qui qualifie le fait que l’employeur n’a pas pris les mesures nécessaires pour la santé de son salarié[18].
En , Iris Deroeux alors correspondante pour Mediapart à New-York est nommée rédactrice en chef d'un journal dont les ventes baissent fortement depuis [19]. Les ventes remontent dans les mois suivant [20],[19] mais en souffrant de « sérieuses difficultés financières », notamment dues à une dette d'exploitation chronique s'élevant de 0,5 à 2 millions d'euros selon les sources [21], Causette lance un appel au dons auprès de ses lecteurs[22]. Les ventes du magazine ont chuté de 20 % en une année, alors que 95 % de son chiffre d'affaires sont liés à la vente en kiosques et aux abonnements[23]. Plus de 100 000 € sont récoltés[24], tandis que les ventes repartent à la hausse depuis [22].
Dépôt de bilan, controverse sur la marque et reprise du titre, deuxième dépôt de bilan
modifierLe journal dépose une première fois le bilan le [25]. Début 2018, le tribunal de commerce de Paris autorise le magazine à poursuivre son activité jusque fin février[24], dans l'attente d'un dossier de reprise[26].
La reprise est rendue difficile par le fait que « la marque Causette n’appartient pas aux Editions Gynéthic, la société qui publie le magazine et fait l’objet de la procédure judiciaire. Elle est détenue par son cofondateur et gérant, Grégory Lassus-Debat, qui ne souhaite pas s’en séparer »[27]. L'équipe du journal souhaite alors porter plainte contre Grégory Lassus-Debat pour abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux, estimant qu'il s'était cédé en 2011 la marque à titre personnel, ce qui lui permettait de la louer ensuite à la société éditrice, pour un montant annuel qui atteignait par exemple 108 000 euros en 2016-2017[27].
À l'issue du jugement du tribunal de commerce de Paris, le magazine Causette est repris par le groupe Hildegarde, présidé par Réginald de Guillebon, le .
Le magazine supprime son édition papier en automne 2023, arguant d'une augmentation de ses coûts, et se consacre entièrement à sa publication en ligne. Cette initiative ne suffit toutefois pas à redresser les finances du magazine, qui dépose bilan le 22 mai 2024. Causette est à nouveau placé en liquidation judiciaire le 6 juin, les activités du magazine et le travail de ses journalistes s'interrompant immédiatement en attente d'un éventuel repreneur[28]. Le site n'est plus mis à jour à partir du 6 juin.
En juillet 2024, Melody Madar, fondatrice du média féminin Les Eclaireuses, reprend le magazine Causette avec l’ambition de développer le média et trouver de nouvelles solutions de monétisation[29].
Diffusion
modifierD'après l'éditeur, le premier numéro de Causette est paru à 20 000 exemplaires le , à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.
Dès 2010, l'OJD certifie les chiffres de diffusion du magazine[30]. En 2013, la diffusion totale payée s'élève à 67 208 exemplaires/numéro.
En , pour ses quatre ans, il est tiré à 147 000 exemplaires distribués dans plus de 17 000 points de vente dans toute la France métropolitaine, en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, au Québec, en Suisse, en Belgique et en Polynésie. Il est également diffusé par Internet et en format numérique.
Le , Causette reçoit une « étoile de l'OJD » pour récompenser la meilleure progression de vente en pourcentage entre 2011 et 2012 ( 44,1 %)[31].
Le , Causette reçoit une « étoile de l'OJD » pour récompenser la meilleure progression de vente en volume entre 2012 et 2013 ( 28,1 %)[31]. Néanmoins les ventes décroissent de 11 % en 2014, avant de remonter à environ 67 000 exemplaires mensuels au premier trimestre 2015[17].
Notes et références
modifier- « Magazine Hailed as a Symbol of France's Feminist Renaissance », The Times, 2 décembre 2010.
- Sabrina Champenois, « Tout feu tout femmes », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « Presse magazine féminine : on fait la causette ? », sur jefaisletemps.com, (consulté le ).
- « Edito du numéro #5 », sur causette.fr, (consulté le ).
- Emmanuelle Bourget, « Causette, un nouveau féminin en kiosques », Rue89, (lire en ligne).
- Isabelle Hanne, « Cassure à «Causette» », Libération, (lire en ligne).
- Marie Kirschen, « «Pour rien au monde je ne voudrais retourner travailler à Causette» », BuzzFeed, (lire en ligne, consulté le )
- CBnews.
- Carole Boinet, « Procès de Causette : le verdict est tombé », Les Inrockuptibles, (lire en ligne).
- « Les Magazines de l’année 2013 », sur Graphiline.com, (consulté le ).
- Cécile Schilis-Gallego, « Après le Nouvel Obs, Causette se prend les pieds dans la pédophilie féminine », Slate.fr, (lire en ligne).
- Grégory Lassus-Debat et Liliane Roudière, « « Une liaison particulière » : Causette s’explique et s’excuse », Rue89, (lire en ligne).
- Carole Boinet, « Causette : nouvelle polémique autour d’un article contre la prostitution », Les Inrockuptibles, (lire en ligne).
- « Causette est abo, Causette est minable, Causette est abominable », sur STRASS (consulté le ).
- AFP, « Violences sexuelles contre les femmes soldats : une enquête est ouverte », Libération, (lire en ligne).
- « Les Magazines de l’année 2015 », sur lapressemagazine.fr, .
- « Le magazine féminin « Causette » placé en redressement judiciaire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- «Pour rien au monde je ne voudrais retourner travailler à Causette» (consulté le )
- Le Monde avec AFP, « Le mensuel « Causette » placé en liquidation judiciaire », Le Monde, (lire en ligne , consulté le ).
- Gary Assouline, « "Causette" : le magazine féministe cherche un repreneur », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
- Jérôme Lefilliâtre, « A «Causette», une histoire de propriété intellectuelle met en péril le titre », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- « En grand danger, le magazine féministe "Causette" pourrait disparaître », Challenges, (lire en ligne, consulté le ).
- « Causette lance un appel aux dons », Le Figaro, encart « Économie », samedi 14 / dimanche 15 octobre 2017, page 26.
- Jérôme Lefilliâtre, « Liquidé, le magazine «Causette» attend son sauveur », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « Le magazine Causette dépose le bilan », La Voix du Nord, (lire en ligne)
- Arrêt sur Images, « En pleine affaire Weinstein, pourquoi Causette pourrait disparaître », sur Medium, (consulté le )
- Jérôme Lefilliâtre, « A «Causette», une histoire de propriété intellectuelle met en péril le titre », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le média féministe « Causette », en liquidation judiciaire, cherche un repreneur », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Causette repris par Melody Madar des Eclaireuses », sur PoleSocietes, (consulté le )
- OJD.
- OJD.
Liens externes
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- Site officiel
- Ressource relative à la recherche :