Ashley Mears
Ashley Mears est une sociologue et ancienne mannequin américaine. Elle est actuellement professeur de sociologie à l'Université d'Amsterdam. Elle est l'autrice de Very Important People, Argent, gloire et beauté : enquête au sein de la jet-set, et de Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model (non-traduit en français). Elle est régulièrement citée dans les médias comme une experte du monde de la mode, et plus généralement de la circulation des stéréotypes de genre.
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
A travaillé pour |
---|
Biographie
modifierAshley Mears grandit aux États-Unis, près d'Atlanta[1]. En complément d'un emploi dans une salle de cinéma, elle devient mannequin à temps partiel à 16 ans[1],[2]. Elle poursuit cette activité de mannequinat tout en suivant ses études à l'université de Géorgie[3]. Après avoir travaillé comme mannequin un an en Asie, elle déménage à New York à 23 ans pour réaliser un doctorat en sociologie[1].
À New York, elle est de nouveau repérée pour des activités comme mannequin, et décide de consacrer ses recherches à la culture et à l'économie de l'industrie du mannequinat[4]. Pour son travail de thèse, elle mène une étude ethnographique à couvert en travaillant comme mannequin à New York et à Londres[2],[5].
Après avoir obtenu son doctorat de l'université de New York en 2009[6], Ashley Mears devient professeur adjoint de sociologie à l'université de Boston[7].
En 2022, Ashley Mears est promue professeure titulaire de sociologie à l'université de Boston[8]. En 2023, elle est invitée en France par Sciences-Po et l'EHESS pour donner un séminaire consacré aux créateurs de contenu sur les réseaux sociaux[9].
Travaux
modifierEn 2011, elle publie un livre tiré de ses recherches doctorales : Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model. La sociologue Heather Laine Talley note que si Pricing Beauty ne traite pas que de « la façon dont les acteurs de la mode créent une valorisation esthétique », mais également de « l'organisation des marchés, le processus de production culturelle et la reproduction des inégalités[10]. » Mears souligne que la plupart des mannequins agissent à l'encontre de leurs intérêts économiques à court terme en acceptant des emplois peu rémunérés qui, espèrent-elles, pourront leur donner accès à plus de reconnaissance et à des emplois plus prestigieux. En fait, très peu de mannequins parviennent à atteindre une telle reconnaissance, et les autres sont peu à peu considérées comme trop vieilles pour prétendre au succès dans le mannequinat. Elles se retirent alors de cette industrie — en étant parfois auprès de leurs agences — ou passent au mannequinat commercial, plus lucratif mais moins prestigieux[11].
Dans Pricing Beauty, Ashley Mears montre que les normes de beauté spécifiques à l'industrie du mannequinat constituent un obstacle au succès de certains mannequins, non seulement en valorisant les « taille zéro », mais aussi en préférant les femmes blanches aux autres femmes — y compris dans la catégorie « taille zéro »[12]. Ainsi, et comme à d'autres modèles issus de minorités « ethniques », il a été spécifiquement conseillé à Ashley Mears de ne pas mentionner son ascendance coréenne lors des castings[13]. L'autrice en conclut que les acteurs de la mode ne font pas qu'appliquer des normes sociales préexistantes, mais qu'ils produisent aussi de manière active des idéaux qui reflètent des « hiérarchies de valeurs sexuées et racialisées attachées à la beauté »[14]. Publishers Weekly salue le livre comme « une étude bien documentée, bien écrite et approfondie de cette industrie »[15].
Ashley Mears écrit également pour le New York Times à propos de ses recherches après Pricing Beauty, y compris ses recherches ethnographiques sur les femmes qui sont recrutées par des « promoteurs » pour assister à des soirées VIP et à des événements dans des boîtes de nuit[16]. Cette recherche a servi de base à la publication en 2020 d'un livre, traduit en français en 2023 : Very Important People, consacré à « la manière dont la beauté féminine est continuellement exploitée dans le business du clubbing. » Ashley Mears y analyse la jet set comme « un monde complexe d'échange et d'exploitation » dans lequel les propriétaires de boîtes de nuit, les promoteurs et les femmes perçues comme attirantes négocient leurs relations et leurs statuts dans un monde social de « hiérarchies genrées et racialisées[14]. » Ashley Mears montre que les hommes, en particulier les promoteurs, jouent un rôle important pour déterminer la valeur de la beauté des femmes dans l'univers festif de la jet-set, mais que les femmes sont également des participantes volontaires qui cherchent à réaliser leurs propres aspirations[17].
En plus de ses propres travaux, Ashley Mears est régulièrement interrogée par la presse sur des questions liées à la culture, aux marchés ou au travail, par exemple sur le fait que de nombreux mannequins viennent d'une même région des États-Unis[18], sur la façon dont des scandales publics peuvent affecter hôtels et boîtes de nuit[19], sur le mannequinat comme étant une servitude sous contrat[20], sur les « sexbots »[21], ou encore le travail émotionnel des femmes sur le lieu de travail[22].
Bibliographie
modifier- (en) Asley Mears, Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model, University of California Press, (ISBN 9780520270763)
- Asley Mears (trad. Marc Saint-Upéry), Very Important People : Argent, gloire et beauté : enquête au sein de la jet-set, La Découverte, (ISBN 9782348079597)
Références
modifier- (en-US) Alyssa GiacobbeJanuary 15 et 2012, « A former model delves into the industry - The Boston Globe », sur BostonGlobe.com (consulté le )
- (en-US) Stephen Heyman, « A Model Professor », sur T Magazine, (consulté le )
- (en) Christina Lamb, « Model student », The Times, (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consulté le )
- Vallas, « Conversations: Ashley Mears Talks about the Ethnography of Desire » [archive du ], Work in Progress, American Sociological Association Section on Organizations, Occupations, and Work, (consulté le )
- Ashley Mears, interview par Neal Conan, The Life Of A Fashion Model: Grueling, Not Glitzy, (consulté le ).
- « NYU Alumni Magazine: Models of the World, Unite! », sur web.archive.org, (consulté le )
- « Ashley Mears » [archive du ], BU Sociology, Boston University (consulté le )
- « Faculty Research Fellow Ashley Mears Promoted to Full Professor » [archive du ], Boston University Pardee School of Global Studies, (consulté le )
- « Ashley Mears, une sociologue dans la jet-set », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Talley, « Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model. By Ashley Mears. », American Journal of Sociology, vol. 117, , p. 1853–1855 (DOI 10.1086/664830)
- (en-US) Libby Copeland, « America’s Next Top Sociologist », Slate, (ISSN 1091-2339, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Fashion industry gets an insider's look in 'Pricing Beauty' | Chattanooga Times Free Press », sur www.timesfreepress.com, (consulté le )
- Causey, « Fashion industry gets an insider's look in 'Pricing Beauty' » [archive du ], Chattanooga Times Free Press, (consulté le )
- (en) Laura Grindstaff, « Book Review: Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model », Gender & Society, vol. 27, no 2, , p. 260–262 (ISSN 0891-2432 et 1552-3977, DOI 10.1177/0891243212461302, lire en ligne, consulté le )
- « Pricing Beauty: The Making of a Fashion Model » [archive du ], Publishers Weekly, (consulté le )
- Mears, « Who Runs the Girls? » [archive du ], The New York Times, (consulté le )
- Pryke, « Very Important People by Ashley Mears », The Sociological Review, (DOI 10.51428/tsr.isgh1821, S2CID 238051152, lire en ligne [archive du ], consulté le )
- (en) Olga Khazan, « Why So Many Supermodels Are From the Midwest », sur The Atlantic, (consulté le )
- Tierney Sneed, « A Mixed Bag of Publicity for NYC's Standard Hotel After Elevator Spat », US News, (lire en ligne)
- (en-GB) Rose Hackman, « Model life: to call it indentured servitude is no exaggeration », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Of Wives and Widgets », sur National Review, (consulté le )
- Bennett-Smith, « The case for being grumpy at work » [archive du ], Quartz, (consulté le )