Antoniucci Volti

sculpteur français d'origine italienne

Antoniucci Volti, pseudonyme d'Antoniucci Voltigerno, est un sculpteur, dessinateur et lithographe français d'origine italienne, né le à Albano Laziale (Latium) et mort le dans le 14e arrondissement de Paris[1]. Sa sculpture de tradition figurative s'inscrit dans la lignée d'Aristide Maillol.

Antoniucci Volti
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Antoniucci VoltigernoVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Volti
Nationalité
Formation
Activités
Père
Gustavo Antoniucci
Mère
Celesia Fuccelli
Conjoint
Antoinette Menant
Enfant
Pierre Antoniucci, Nicolas Antoniucci
Autres informations
A travaillé pour
Distinction
  • Premier second Grand Prix de Rome pour le Martyre chrétien
  • Chevalier de la légion d'honneur
  • Officier des Arts et des Lettres
Œuvres principales
Harmonie, Méditerranée, Nikaïa, la Femme de Tours, les Trois Grâces, Athéna, Femme athlète

Biographie

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Jeunesse

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Antoniucci Voltigero, dit Antoniucci Volti, est né le à Albano Laziale[2]. Sa famille est originaire de Pérouse (Italie). Son père était tailleur de pierre professionnel. Il s'installe à Villefranche-sur-Mer dès 1905 et est naturalisé français. Il retourne cependant en Italie, où naît son fils, puis, après la naissance, il prend définitivement résidence à Villefranche en 1920.

À la suite du décès précoce de sa mère, le jeune Volti est pris en charge par son père et ses trois oncles également artisans, tailleurs de pierre et ébéniste. Très doué manuellement, il obtient une dérogation à 13 ans pour intégrer l’Ecole nationale des arts Décoratifs de Nice (devenu Villa Arson en 1970).

A 16 ans, il reçoit une médaille d’or à la foire de Marseille avec deux-bas reliefs polychromes. Ce prix lui ouvre l’année suivante, en 1932, les portes de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Jean Boucher. Durant cette période, il travaille tous les après-midis pour vivre, faisant des moulages, de la peinture en bâtiment, des décorations diverses. Il obtient différents prix de l'Ecole des Beaux Arts de Paris et de l'Institut de France (prix Roux, Prix Lemaire-Bridau).

En 1936, obtient le premier second grand prix de Rome avec l’oeuvre le Martyre chrétien.

Afin de perfectionner son savoir, il fréquente en parallèle l’académie de la Grande Chaumière. Il y rencontre sa future épouse Antoinette Menant, fille du peintre et sculpteur Julien-Michel Menant mort sur le champ de bataille, en 1915. Antoinette et ses deux soeurs, dont Claudie Fayein, sont élevées par leur grand-père le sculpteur et académicien Jules Coutan.

Volti et Antoinette se marient en 1936 et auront deux fils Pierre Antoniucci et Nicolas Antoniucci nés respectivement en 1943 et 1945[3].

De 1937 à 1939, il fait son service militaire. En 1939, la Seconde guerre mondiale éclate. Volti est mobilisé. Il est fait prisonnier de guerre en 1940.

La Seconde guerre mondiale

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La captivité le conduit au stalag VII A, à Moosburg en Bavière. Il y fait la rencontre du peintre Alfred Gaspart, de quinze ans son ainé. Une amitié solide et durable se noue entre les deux hommes. Ils travaillent ensemble et dessinent intensément les scènes de la vie quotidienne au camp[4]. Continuant de travailler avec acharnement, Volti y réalise, entre autres, quatre bas-reliefs en marbre représentant le Rhône, le Rhin, la Seine et la Loire. Après la guerre et avec son accord, ces bas-reliefs sont assemblés en fontaine par la commune de Moosburg pour devenir le mémorial dédié aux prisonniers de guerre.

En 1943, Volti malade est rapatrié en France. Il rapporte avec lui ses dessins ainsi que ceux de son compagnon Alfred Gaspart.

De retour à Paris et grâce à cette rencontre de captivité, l’univers de Volti se déploie. Il fait la connaissance de la modiste Paule Gaspart, soeur de son ami, et rentre dans un cercle littéraire avec des  écrivains et poètes tels André Salmon, Jean Follain ou Pierre Albert-Birot.

À l’automne 1943, une bombe envoyée par les alliés sur Paris, tombe sur son atelier au 5 rue Jean Ferrandi. Même si il est épargné physiquement, tout son passé artistique est détruit. Antoniucci Volti commence alors véritablement sa carrière de sculpteur et signe désormais ses œuvres « Volti ».

L’Après-guerre

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En 1945, Volti reçoit sa première commande de l’Etat pour la ville de Colombes. En 1946, Il fait sa première exposition particulière à la Galerie Breteau. En 1947 et 1948, l’artiste réalise une statue pour l’église Notre-Dame-du-Vœu à Paris, et le monument de Coutances. Puis, il réalise le Buste de Léonard qui sera acquis par les Musées de la ville de Paris et Groupe de baigneuses en terre cuite pour le Musée Matisse du Cateau-Cambresis. Il expose aux salons de Mai, aux Tuileries et au salon d’Automne à Paris.

En 1950, il est nommé professeur de sculpture sur bois à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art de Paris. Cette même année, il fait une exposition Galerie Claude et devient l’un des membres fondateurs du Comité du « Salon de la Jeune Sculpture » ou il y exposera régulièrement chaque année. Volti participe également, à l’exposition "Permanence de la forme" organisée par Jean Bouret à la Galerie de la Boétie, à l’exposition  "Le Nu de Rodin à nos jours" à la Maison de la Pensée Française, ainsi qu'à une autre exposition internationale en Belgique.

« Volti est en quelques sortes un architecte de la sensualité, un architecte des formes féminines. Ce qui frappe à première vue dans ses œuvres, c’est leur ordonnance, la liberté de leur trait et de leur volume, comment la vie, la vérité s’inscrivent dans une sorte de moule géométrique, à tel point que, vues sous certains angles, ses sculptures pourraient passer pour être complètement abstraites. Mais le rapport humain s’y découvre aussitôt, par le jeu des volumes, la finesse des passages, des attaches, finesse toute amoureuse, toute sensuelle d’ailleurs[5]. »

Carrière et Expositions

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1952 : Volti réalise la sculpture Harmonie qui entrera au Musée national d’Art moderne. Il exécute une décoration pour le sanatorium d’Abreschviller en Moselle et fait une exposition particulière au Centre des relations internationales.

1953 : Exposition particulière Galerie Chardin, rue de seine à Paris. Le musée d’Albi achète une petite Baigneuse en bronze. Volti sculpte l’Eté pour le Musée de Menton. Il réalise une décoration pour le groupe scolaire de Salins-les-Bains. Il est invité au salon « Peintres Témoins de leur Temps » où il sera réinvité les années suivantes. Il participe aussi à la biennale de Bruxelles en Belgique.

En 1958, la ville de Menton lui commande une sculpture, la Déesse aux fruits d’or. En 1961, la ville de Nice installe deux sculptures monumentales, l'une, promenade des Anglais devant le Palais de la Méditerranée, La Méditerranée en bronze et l'autre, jardin Albert Premier, Les Trois grâces en pierre.

En 1972, le Musée d'Art moderne André-Malraux du Havre présente un ensemble rétrospectif de sculptures et de dessins de Volti. Le catalogue contient une préface de Geneviève Testanière, conservatrice des musées du Havre, qui écrit : « L’œuvre de Volti nous propose une méditation paisible, qui se développe suivant sa nécessité propre, indépendante des modes, en quelque sorte hors du temps. N’est ce pas l’esprit du classicisme ?[6] »

La galerie Katia Granoff lui consacre des expositions monographiques à plusieurs reprises. Katia Granoff dira de lui dans ses Mémoires : « Si je devais définir en quelques mots l’art de Volti, je dirais qu’il est essentiellement méditerranéen, car il est l’héritier d’un patrimoine où le sensuel et le spirituel se fondent dans une perfection intemporelle[7]. »

En 1975, Volti crée des bas relief en béton monumentaux sur le thème des 5 continents pour l'Aéroport de Roissy- Charles de Gaulle (Terminal Roissy 1).

En 1981 : création de la Fondation-Musée Volti. Bien que demeurant à Paris, Volti, enfant de Villefranche sur mer, reste très attaché à sa ville. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le 24ème bataillon de chasseurs alpins quitte la citadelle Saint-Elme à Villefranche sur mer. La citadelle abandonnée se dégrade. Un projet de restauration est entrepris par la commune sous l’égide de son maire, Joseph Calderoni, ami d’enfance de l’artiste. L’Hotel de ville y est installé en 1981, les projets culturels foisonnent. Grâce à différents mécènes et de multiples soutiens, les oeuvres de Volti se lovent dans les casemates de la citadelle, bastion de la Turbie. Réelle consécration du vivant de l’artiste, la fondation-Musée Volti voit le jour.

En 1985, la ville de Nice fait l'acquisition de la sculpture monumentale en cuivre martelé Nikaia de 4 mètres de haut.

Ecce Homo

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En novembre 1985, Volti fait un accident vasculaire cérébral dans son atelier du XIVème arrondissement de Paris. Il en garde des séquelles : hémiplégique du côté gauche, il ne peut plus sculpter ni marcher. « Dépassant sa souffrance physique, Volti plongea alors complètement dans un univers spirituel, celui qui l’avait accompagné  toute sa vie, mais de façon plus discrète[8]

Il dessine sans relâche au pastel gras, à la craie ou au feutre sur des grandes feuilles blanches. Mélangés aux influences des objets de sa vie quotidienne, des thèmes récurrents se détachent des « dessins nouveaux ": Les masques, le Christ, les autoportraits, les tentations, les femmes, la captivité. Il appela cette période de création ultime, son dernier souffle, Ecce Homo :« Voici l’Homme ».

Le 14 décembre 1989, il décède à Paris à l’hôpital Broussais des suite d’une nouvelle attaque. Le 19 décembre il sera inhumé au cimetière de Villefranche sur mer, port méditerranéen si cher à son coeur.

Expositions posthumes

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En 1996 une importante retrospective des oeuvres de Volti est organisée au Palais Bénédictine à Fécamp.

En 1998, l’aéroport de Roissy accueille pour plusieurs mois une exposition de sculptures monumentales et, en 1999, à Belle Île-en-Mer une exposition importante dans la citadelle de Palais construite par Vauban.

En 2014, dans le cadre du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine une exposition de prestige : VOLTI, Architecte de la sensualité, parrainé par le ministère des affaires étrangères, reçoit le label « France-Chine 50 ». Cette exposition itinérante des œuvres de Volti se déplace dans cinq villes majeures de Chine : Beijin, Musée des Arts du monde.Tianjin, Musée des Beaux Arts. Chengdu, Musée de la province du Sichuan. Wuhan, Musée de la ville de Wuhan. Shanghai, China Art Museum. entre mai 2014 et juillet 2015. A l’issue de cette exposition rétrospective, la sculpture Composition entre dans la collection permanente du musée China Art Museum à Shanghai.

En 2021, une exposition de sculptures monumentales est organisée dans les rues de Villafranca di Vérone en Italie.

1915-2015 Centenaire Volti, retour de Chine

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La Fondation-Musée Volti, les villes de Villefranche sur mer et de Cap d’Ail dans les Alpes- Maritimes accueillent dans leurs murs l’exposition : VOLTI, Architecte de la sensualité. Cette exposition est scindée entre les deux villes, et devient : « 1915-2015 centenaire Volti, retour de Chine ». En parallèle, les deux villes organisent tout au long de l’année 2015 des événements variés autour de l’artiste.

Ses oeuvres sont conservées dans des collections publiques, et intégrées à des collections privées comme celle d’Alain Delon qui comptait deux Muses de Volti et Rêverie en bronze.

De son vivant il participe à de nombreux salons et expositions dans des galeries nationales et internationales dont en Suisse, au Canada et au japon.

Quelques œuvres

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  • Harmonie, sculpture monumentale en bronze, Paris, carrefour des Arts-et-Métiers
  • Mélancolie, sculpture monumentale, Rêverie ou Femme de Tours (1964)
  • Déesse aux fruits d’or en pierre à Menton
  • Intimité en bronze au Musée des Beaux arts d'Albi
  • La Sagesse en cuivre martelé de 4 mètres de haut à Angers.
  • La Terre, sculpture monumentale en pierre à Rosny-sous-bois.
  • Maternité en bronze, et Sagesse en cuivre martelé de 4 mètres de haut dans le jardin Aimé Césaire à Tremblay en France.
  • Méditerranée en bronze devant la mairie de Villefranche sur mer.
  • Nikaïa, sculpture monumentale en cuivre martelé à Nice.
  • Pensive, sculpture monumentale en pierre au Parc Floral d’Orléans.
  • Rêverie ou Femme de Tours en bronze à l’entrée de la citadelle de Villefranche sur mer et à L’ile-rousse en Corse.
  • Saint-Michel, sculpture monumentale en cuivre martelé de 6 mètres de haut sur le port de Menton.
  • Souvenir, Maternité assise et Taureau, sculpture monumentale en bronze dans le parcours de sculpture du Carla-Bayle en Ariège.
  • Trois Grâces en pierre, jardin Albert premier à Nice.

Élèves

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Notes et références

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  1. Insee, « Acte de décès de Antoniucci Voltigerno », sur MatchID (consulté le )
  2. Le Delarge
  3. Nicolas Antoniucci, L'odyssée de Volti: sculpteur-dessinateur, 1915-1989, Libres d'écrire, coll. « Les cahiers de couleur sodium », (ISBN 978-2-37692-389-3)
  4. Rafaèle Antoniucci, Alfred Gaspart et Michel Blay, Alfred Gaspart: peindre en captivité, 1940-1945, Stalag VII A, Somogy, (ISBN 978-2-85056-876-3)
  5. Pierre Descargues, Volti, Collection artiste de ce temps, Paris, Ed. PLF,
  6. Jacques Ratier. Préface : Geneviève Testanière, Catalogue de l’exposition Volti, Paris, Ed. Smi-paris,
  7. Katia Granoff, Chemin de ronde: mémoires, Union générale d'éditions, coll. « 10-18 », (ISBN 978-2-264-00084-2)
  8. Nicolas Antoniucci, L'odyssée de Volti: sculpteur-dessinateur, 1915-1989, Libres d'écrire, coll. « Les cahiers de couleur sodium », (ISBN 978-2-37692-389-3)

Annexes

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Bibliographie

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  • Pierre Descargues, Volti, Paris, P.L.F., collection « Artistes de ce temps », 1949.
  • Le Delarge (lire en ligne).
  • (en) « Antoniucci Volti », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit  , sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  • Volti-1915 par Jean-Albert Cartier. Les cahiers d’Art-Documents. Ed Pierre Cailler. 1957
  • L’Amour sans preuve de Luc Decaunes. Vingt dessins de Volti. Ed. Robert Laffont. 1959
  • Volti. Collection : Peintre et Sculpteurs d’hier et d’aujourd’hui. Ed. Pierre Cailler. 1965
  • Belle Chair d’Émile Verhaeren. Illustration de Volti . Ed. Pierre de Tartas. 1967
  • Volti. Préface Jean-Robert. Delahaut. ed. Pierre Cailler. 1968
  • Volti par Jacques Ratier. Préface : Geneviève Testanière. Ed. Smi-paris. 1979
  • Volti. Préface : Geneviève Testanière. Ed. Du Chêne Vert. 1985
  • Ecce Homo de Volti, 1989
  • L’Art avant toute chose, l’artiste français Antoniucci Volti prisonnier de guerre au stalag VII A de Christine Fössmeier. 2018
  • Volti - les dessins de Nicolas Antoniucci. Les cahiers de couleur sodium. Ed. Couleur Sodium. 2023
  • L’odyssée de Volti de Nicolas Antoniucci. Les cahiers de couleur sodium. Ed. Couleur Sodium. 2023

Liens externes

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