Albert Guay
Albert Guay, avec ses complices Généreux Ruest et Marguerite Ruest-Pitre (en), fut l’un des auteurs d'un des premiers attentats à la bombe de l’histoire de l’aviation, qui causa la Tragédie aérienne de Sault-au-Cochon de 1949.
Jeunesse
modifierNé à Québec, dans la paroisse Saint-Sauveur, le , Joseph-Albert-David Guay est le fils de Joseph-Arthur Guay et d'Éva Landry. Le , il épouse Rita Morel, fille de Wilfrid Morel et d'Imelda Dionne, dans la paroisse Saint-Roch, également dans la ville de Québec.
Meurtre
modifierLe crime eut lieu le vendredi , à 10 h 45, au-dessus de Sault-au-Cochon, à 65 km au nord de Québec. Le vol 108 de la Canadian Pacific Airlines, un DC-3 immatriculé CF-CUA et effectuant le trajet Montréal-Baie-Comeau, s’écrasa près de cette localité à la suite d’une explosion, entendue par plusieurs témoins. L’avion venait de faire une escale à Québec, et les 23 personnes à bord périrent.
Les analyses effectuées en laboratoire établirent bientôt l’origine criminelle de l’explosion : une bombe placée dans la soute à bagages. Un journaliste identifia alors une mystérieuse « femme en noir » qui avait fait embarquer un paquet à bord de l’avion, juste avant le décollage. La femme était Marguerite Ruest-Pitre, et le paquet avait été expédié à une adresse fictive.
L’enquête policière révéla bientôt que « la femme Pitre », comme les journaux la surnommaient, était la complice de Guay, un bijoutier-horloger de la ville de Québec et associé de Généreux Ruest, frère de Marguerite. Parmi les victimes de l’attentat se trouvait Rita Morel, épouse de Guay qui venait de prendre une assurance-vie au montant de 10 000 dollars canadiens ( 112627 dollars actuels) au nom de sa femme. Le , jour de son 31e anniversaire, Guay fut arrêté et inculpé de l’attentat.
Comme ce type d’attentat était encore inconnu et que des hommes d’affaires américains en vue y avaient péri, les médias de toute l'Amérique du Nord envoyèrent des correspondants à Québec pour couvrir le procès dans une atmosphère sensationnaliste.
Le procès révéla que Guay et son épouse se querellaient fréquemment, qu'il avait des aventures extraconjugales et qu’il avait logé sa dernière maîtresse, une serveuse de restaurant de 17 ans, Marie-Ange Robitaille, chez le couple Ruest-Pitre. Il avait ensuite décidé de se débarrasser de sa femme avec la complicité de son associé, Ruest, qui fabriqua la bombe à retardement et convainquit l'épouse de Guay de se rendre à Baie-Comeau pour effectuer une course pour le compte de la bijouterie.
Communauté minière, Baie-Comeau était une ville-champignon où les affaires étaient florissantes. Marguerite Pitre fit embarquer la bombe déguisée en colis inoffensif, pendant que Guay prenait l’assurance sur son épouse. La minuterie était réglée de façon que l’explosion se produisît lorsque l’appareil survolerait le fleuve Saint-Laurent. Les pièces à conviction auraient ainsi été englouties dans les eaux du fleuve. Un retard de 5 minutes au décollage eut pour effet que l’avion s’écrasât sur la rive, permettant ainsi aux enquêteurs d’examiner les débris.
Guay, Ruest et Pitre furent accusés de 23 meurtres. Tous les trois furent jugés coupables et condamnés à mort. Guay fut pendu le à l'âge de 32 ans, Généreux Ruest en 1952 et Marguerite Ruest-Pitre en 1953.
Références culturelles
modifierDans les années 1980, le romancier Roger Lemelin, qui avait créé le téléroman la Famille Plouffe pour la Télévision de Radio-Canada dans les années 1950 et qui connaissait personnellement Guay, s’inspira fortement de l’affaire pour en tirer un roman, Le Crime d'Ovide Plouffe. En 1984, le cinéaste Denys Arcand l’adapta au cinéma.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Jack Gilbert Graham, auteur d'un crime similaire en 1955 (il piégea la valise de sa mère, passagère du Vol 629 United Airlines qui explosa au dessus du Colorado, afin de toucher une police d'assurance vie qu'il avait souscrite juste avant le départ du vol) et qui fut également condamné à mort et exécuté.